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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Sylvio De Franceschi, « Préface. Le GSRL à lEPHE »

Ce texte prend appui sur une allocution prononcée lors du colloque qui a commémoré la fondation du Groupe sociétés, religions, laïcités. Il semploie à replacer les recherches du laboratoire dans lhistoire de lÉcole pratique des hautes études, mais aussi dans le champ des sciences sociales du religieux en France.

Sylvie Ollitrault, « Préface. La religion nouveau fait politique ? »

Ce chapitre introductif a pour objectif de replacer lhistoire du GSRL et de ses travaux dans le paysage de la recherche contemporaine. Ce texte reflète une allocution orale ayant pour finalité dintroduire les journées dhommage aux travaux du centre de recherche CNRS, travaux reconnus internationalement sur le fait religieux.

Philippe Portier, « Introduction. Une brève histoire du GSRL »

Laboratoire de lÉcole pratique des hautes études et du Centre national de la recherche scientifique, le Groupe sociétés, religions, laïcités occupe, comme lindique lAgence française dévaluation de la recherche, une « place prépondérante dans le champ des sciences sociales des religions » en Europe. Ce texte rappelle les étapes de son développement depuis sa fondation en 1995, présente ses objets de recherche, et analyse les paradigmes sur le fondement desquels il organise ses analyses.

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Patrick Cabanel, « Une religion civile à la catholique en France. Dun polychromisme lautre »

Trois types de religion civile à la française sont identifiables : le premier est une sorte de « contre-religion » ; le second relève du modèle proposé par Robert Bellah pour les États-Unis. Le troisième, sur lequel larticle insiste, sinscrit dans un remploi républicain du catholicisme, de ses images et de ses rituels. Son étude permet de définir un idéal-type de religion civile à la catholique, qui correspond assez bien au modèle de pilarisation développé par la sociologie des religions.

Anna Bozzo, « Les effets méconnus du processus de laïcisation et de sécularisation dans lAlgérie coloniale »

Les avatars de la laïcité dans lAlgérie coloniale ont des effets actuels. Les mesures contradictoires des autorités coloniales vis-à-vis des religions, les vifs conflits didentité entre minorité européenne et population algérienne ont produit lémergence du citoyen, effectif ou potentiel, qui entre en conflit avec le pouvoir et en même temps se sécularise. Ces facteurs expliquent lexistence dune « laïcité autoritaire » de lÉtat et la montée de lislam politique algérien, fruit dune sécularisation paradoxale.

Dorra Mameri-Chaambi, « De la Charte au CFCM (1995-2015). Retour sur vingt années de tentatives de construction dun islam de France »

Lislam en France a connu depuis les années 1980 une évolution se manifestant par une série de facteurs se caractérisant par léclosion dune pluralité dacteurs au sein du paysage islamique français. Cet article a pour objet dinterroger lun des registres de la laïcité à lépreuve de lislam : celui de sa régulation-institutionnalisation depuis vingt ans et analyser en profondeur les relations entre lÉtat et le culte musulman en contexte de laïcité avancée.

Philippe Portier, « La question laïque dans la France contemporaine. Anatomie dune controverse »

La laïcité est redevenue, depuis une trentaine dannées, un objet central de la controverse publique en France. Ce texte semploie à analyser les conditions et les modalités de ce retour. Il montre que ce retour est le fruit dune situation 729marquée par une transformation des paysages religieux, quil se structure autour dun dialogue conflictuel entre des théories opposées du lien politique, et quil débouche sur une recomposition substantielle des normes de régulation juridique de la croyance.

Florence Rochefort, « Laïcité et perspective de genre »

Dans une perspective de genre, trois types de laïcité se dégagent à travers les polémiques sur le foulard islamique et leurs articulations avec légalité des sexes : une laïcité intransigeante, une laïcité inclusive, une laïcité neutralité. Ces analyses invitent à réfléchir à la centralité du genre dans les néoconservatismes religieux et aux conflits potentiels au sein dune laïcité de dialogue et de reconnaissance quant aux droits concernant le corps des femmes et les sexualités.

Claude Proeschel, « Droit et morale. Le cas des clauses de conscience dans le domaine médical en France »

À partir des clauses de conscience dans le domaine médical en France, on cherche à cerner les enjeux de linscription dune telle clause dans la loi. Cette possibilité dexemption individuelle, inscrite dans le droit, renvoie aujourdhui à une dimension plus collective, du fait de lusage politisé de la référence à la conscience et à lobjection de conscience. La revendication dune clause de conscience sinscrit alors dans une stratégie de militantisme moral qui en déplace les enjeux.

Micheline Milot, « Les expressions religieuses dans la sphère publique. Les laïcités contrastées »

Au Québec et en France, les débats sur la laïcité et son aménagement ne cessent de rebondir. Les analyses et les positions sont contrastées. Les conceptions laïques oscillent entre, dune part, une exigence maximaliste de la privatisation des manifestations des identités religieuses et, dautre part, la protection optimale de ces expressions. Ce texte examine cette polarisation politique et sociale et les arguments qui la fondent, en prenant principalement comme exemples le Québec et la France.

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Roberto Blancarte, « La sécularité mexicaine. Entre le retour de la religion dans lespace public et la consolidation dune République laïque »

À la fin du xxe siècle, des réformes structurelles et constitutionnelles ont eu lieu au Mexique et impliquèrent une modification de la régulation publique du religieux. Notons la reconnaissance juridique des Eglises et groupes religieux, en tant qu« associations religieuses », dans le contexte dune pluralité croissante. Ces changements ont favorisé une alternance politique et un rôle un rôle plus diversifié des Eglises. La montée du populisme a eu également un impact sur la laïcité mexicaine.

Marcelo Ayres Camurça, « La laïcité à la brésilienne ». La présence des symboles religieux dans lespace public »

La notion de laïcité est présente dans le lexique politique du Brésil. Elle est devenue un concept polysémique évoqué par des agents publics, des organismes de droits de lhomme et par des leaders religieux et des religions incrustés dans lÉtat ou en rapport avec lui. Ce texte cherche à décrire la présence de symboles religieux dans lespace public brésilien ; les sens et les controverses quils provoquent et des dispositifs juridiques et politiques quils produisent pour se légitimer.

Thierry Zarcone, « La Turquie de lAPK (2002-2017). Laïcité autoritaire et velléités de sortie de la laïcité »

En Turquie, le parti de la Justice et du Développement (AKP) a éliminé les dernières forces kémalistes (larmée et les juges). Sous Erdoğan, premier ministre de 2003 à 2014 et président du pays depuis 2014, sest progressivement imposé un ordre moral. Sans forcément remettre en cause la laïcité, reconnue constitutionnellement depuis 1937, il encourage néanmoins de nombreux débats à son sujet : convient-elle à lislam, doit-elle devenir neutre ou doit-on la retirer de la Constitution ?

Jörg Stolz et Christophe Monnot, « Églises établies et groupes nouveaux venus. Une mise en perspective wébéro-bourdieusienne du champ religieux helvétique »

À partir dune étude quantitative et représentative, les Églises établies et les nouvelles collectivités suisses ont été comparées sur leurs activités et 731ressources. Contre toute attente, les Églises établies ne luttent pas contre les nouveaux groupes avec des stratégies dexclusion. Elles recherchent plutôt explicitement des contacts avec les nouveaux venus. Cela conforte la théorie bourdieusienne des champs : les établis adoptent une stratégie spécifique pour préserver leur statut privilégié.

Alessandro Ferrari, « Le droit européen de liberté religieuse au temps de lislam »

La volonté des États européens de formater les communautés musulmanes sur le modèle des « religions ecclésiastiques reconnues » montre que le droit de liberté religieuse fonctionne comme instrument dordre public pour des États-nations des deux rives de la Méditerranée. Mais ceux-ci doivent tenir compte des apories et « liquidités » des sociétés globalisées. Observer laction du droit de liberté religieuse européen vis-à-vis de la présence musulmane permet donc une réflexion sur une citoyenneté partagée.

Valentine Zuber, « Droits humains et religions. La liberté religieuse est-elle un droit comme les autres ? »

Alors que lappartenance religieuse semble redevenir un facteur central de lidentité des individus, les contestations opposées par certains États à laltérité religieuse et/ou culturelle se développent conjointement à la poursuite de la pluralisation religieuse et culturelle des sociétés. Ces revendications au nom de la liberté religieuse et/ou de la protection des religions sont-elles assimilables aux combats historiques pour les droits humains ou bien en constituent-elles un dépassement ?

Michele Saporiti, « Les droits des religions et la théorie générale du droit. Un point de départ pour de nouvelles recherches »

Cette contribution se propose de fournir une analyse concernant le rôle que létude du droit des religions peut jouer pour une meilleure compréhension théorique du phénomène juridique. Après avoir fourni une définition de la théorie générale du droit comme discipline, Michele Saporiti essaie didentifier ses principales limites dans une perspective globale et dexpliquer comment lanalyse du droit interne des religions pourrait ouvrir des scénarios nouveaux et inattendus.

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Constance Arminjon, « Penser les droits de lHomme en islam. Controverse dans le clergé shiite »

Depuis les années 1990, la question des droits de lHomme fait lobjet dun débat dans le clergé shiite. Des clercs de toutes tendances sinterrogent sur un « accord » entre ces droits et le droit islamique. Ainsi, les savants religieux œuvrent à un renouvellement de la pensée juridique de lislam – non du seul shiisme – dans ses multiples dimensions – théologie, philosophie, méthodologie, droit substantiel et dévoilent limbrication entre la doctrine du droit et la conception de lexpérience religieuse.

Hocine Mohammed Benkheira, « Pourquoi la salafiyya ? Remarques sur le cas algérien à la fin du xxe siècle »

Tout en indiquant que le triomphe de la salafiyya est plus ancien quon ne le croit, il sagira de tenter den comprendre les raisons, en partant du cas algérien au xxe siècle. On décrira le processus historique qui a permis la diffusion de la doctrine de la salafiyya de même quon se penchera sur le désir dune loi divine, aussi absolue quirréfragable.

Pierre-Jean Luizard, « Comment le conflit moderne entre sunnites et chiites risque-t-il de dégénérer en conflit régional voire mondial ? »

Le Moyen-Orient arabe est confronté à une fitna sans précédent. Lampleur du phénomène dépasse toutes les discordes des premiers temps de lislam. Dabord par la régionalisation du conflit : il englobe désormais toutes les communautés chiites et les communautés hétérodoxes (les Alaouites de Syrie). Ensuite par limplication des États voisins. Enfin, il y a désormais une dimension internationale avec lentrée en scène de la Russie en soutien au camp chiite.

Corinne Valasik, « Le sujet, condition préalable à lintellectuel catholique laïc ? »

La figure de lintellectuel suscite depuis plus dun siècle de nombreuses polémiques et réflexions universitaires. Indissociable de la notion dengagement elle est également dépendante dune autre notion, celle du sujet. Cet article montre comment cette notion de sujet est indispensable pour penser lintellectuel engagé. Et comment elle a été travaillée dabord parmi les intellectuels catholiques laïcs. En creux se dessine la difficulté de proposer une pensée laïque en milieu catholique.

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Martine Sevegrand, « Une expérience de laprès-68. Les “chrétiens marxistes” »

Dabord contrôlé par les deux hiérarchies, le dialogue entre chrétiens et marxistes prit un tour nouveau dès 1967-1968 quand certains chrétiens sémancipèrent du Parti communiste et des Églises, pour saffirmer à la fois chrétiens et marxistes. À lautomne 1974, 200 militants catholiques et protestants fondaient le mouvement des « chrétiens-marxistes ». Il mena diverses campagnes, notamment contre le nucléaire. Cependant, le mouvement échoua à préciser sa référence à la foi chrétienne.

Franco Garelli, « Le catholicisme face aux nouvelles requêtes de participation et dappartenance religieuses »

Cette contribution fournit une première réflexion sur un phénomène émergent dans lÉglise catholique : la demande de reconnaissance énoncée par les fidèles (personnes individuelles et groupes) qui vivent des conditions que lÉglise a jusquà présent considérées comme « irrégulières ». La question concerne notamment les croyants divorcés remariés ou personnes homosexuelles. Pourquoi ce thème se dégage-t-il si fortement aujourdhui, lors du pontificat de François et avec quelles répercussions ?

Sara Teinturier, « Étudier lenseignement privé confessionnel en France. Enjeux pour les sciences sociales des religions »

Lenseignement privé confessionnel en France constitue un acteur majeur du système éducatif. Or, cet enseignement se situe à la croisée de stratégies plurielles. Étudier les réalités diverses de lenseignement confessionnel participe de la compréhension des mutations du religieux dans la France contemporaine. La prégnance dun récit national autour de lécole publique est lhypothèse principale posée permettant dexpliciter labsence de travaux dampleur sur cet objet encore méconnu.

Alfonsina Bellio, « De Donna Bianca à la femme qui chante parmi les anges »

Cet article présente un parcours socio-historique des phénomènes de médiumnité et de voyance passé en Calabre, jusquaux figures mystiques contemporaines. Ces dernières évoquent le processus de normalisation des cultes, des croyances et des pratiques, mis en place par lÉglise catholique. 734Tout en tenant compte des transformations de lépoque à lœuvre, un questionnement souvre sur la dimension euro-méditerranéenne et la longue durée de ces formes de médiation.

Mathieu Gervais, « Quest-ce que la “nature” ? Héritage catholique et paysans écologistes »

Cet article étudie linfluence contemporaine du catholicisme dans la définition de la nature par des agriculteurs écologistes français. Certains sinscrivent directement dans lhéritage des mouvements daction catholique. Politisés à gauche, ces agriculteurs insistent sur une vision vivante de la nature comme espace de liberté. Dautres, politisés au centre ou à droite, associent lécologie à une théologie catholique plus classique : la nature constitue ici un ordre à respecter en létat.

Séverine Mathieu, « Recourir à lAMP dans lhôpital public français. Des croyants sécularisés ? »

Comment dans lhôpital public, la variable religieuse peut, dune part, être mobilisée par les patients croyants dans le cadre de lassistance médicale à la procréation (AMP) et, dautre part, prise en compte ou non par les soignants ? Cest à partir denquêtes menées dans divers centres de médecine de la reproduction quon abordera la question. Dans cet espace, le recours à lAMP est le signe dune sécularisation de ces pratiquants. Leur éthique dresse les contours dune morale de situation.

Sébastien Fath, « Évangélismes et pentecôtismes. Entre GSR et GSRL, lhéritage de Jean Séguy »

Les travaux de Jean Séguy, membre du GSR puis, à sa retraite, compagnon de route du GSRL ont inspiré deux générations de chercheurs. Ce texte rappelle sa trajectoire biographique et indique des apports majeurs de son œuvre, en particulier ses études des non-conformismes protestants. Les axes de recherche quil a développés autour des notions dEglise libre et dutopie et sa sociologie du charisme stimulent toujours nos dynamiques de recherche, y compris sur lenjeu des radicalisations religieuses.

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Paul Zawadzki, « Les Juifs et la modernité politique en France et en Pologne. Plaidoyer pour le comparatisme »

Lhistoire diasporique des Juifs invite à comparer leurs types variés dinsertion. Lespace qui leur est ouvert, leurs propres choix, les dynamiques de rejet et dexclusion auxquelles ils se heurtent, prennent des formes et des significations très différentes. Ce plaidoyer pour la comparaison présente quelques éléments danalyse des trajectoires contrastés des Juifs en France et en Pologne, ce qui permet notamment de comprendre pourquoi la “modernité” polonaise leur fut si défavorable.

Jean Laloum, « Lappartenance religieuse à lépreuve des idéologies du IIIe Reich et de Vichy »

La détermination raciale des individus a constitué, sous Vichy, la clef de voûte de larsenal juridique antijuif, diligenté avec loccupant allemand. Les services du commissariat général aux questions juives (CGQJ) sacharnèrent à débusquer les tentatives de fraude et de dissimulation. Les hommes du CGQJ sollicitèrent en outre lexpertise de membres de renom du corps enseignant de la section des « Sciences religieuses » de lEPHE. Rares furent ceux qui y consentirent.

Sophie Nordmann, « Retour à la tradition et ouverture au monde contemporain. LÉcole de pensée juive de Paris »

Dans quelles conditions sest produit, au cours des années 1950, un renouveau important de la pensée juive en France ? Lécole des cadres Gilbert Bloch dOrsay et les Colloques des intellectuels juifs de langue française ont joué un rôle privilégié. Cest par un retour aux sources de la tradition juive et une ouverture à la société environnante, que les principaux acteurs – connus sous le nom d« École de pensée juive de Paris » – ont relevé le défi du renouveau.

Martine Cohen, « Un judaïsme français en pleine mutation. Vers la fin du franco-judaïsme ? »

Les débats actuels sur le franco-judaïsme indiquent-ils la fin dun « âge dor » entre les Juifs et la France ? En fait, le franco-judaïsme nest pas resté identique depuis son élaboration au xixe siècle (l« israélitisme ») mais a connu 736diverses formes. Aujourdhui on peut soutenir la thèse dune fin du franco-judaïsme, tout en pouvant opposer, pourtant, des arguments démontrant sa recomposition dans certains milieux du judaïsme français. Quelle sera la résultante de ces dynamiques contradictoires ?

Yann Borjon-Privé, Anne Dalles, Roberte Hamayon, Clément Jacquemoud, Jean-Luc Lambert et Virginie Vaté, « Chamanismes et christianismes en Sibérie »

Du point de vue du religieux, on associe à juste titre le chamanisme à la Sibérie. Reste que le christianisme a joué et joue encore davantage de nos jours un rôle important dans cet espace. Cet article explore les interactions, conversations et bricolages entre chamanismes et christianismes dans diverses régions de la Sibérie au travers dune étude qui réunit trois générations de chercheurs associés au Groupe « Sociétés, Religions, Laïcités et/ou au Centre dÉtudes Mongoles et Sibériennes.

Kristofer Schipper, « Chine, le retour du taoïsme »

La montagne sacrée du Miaofengshan, proche de Pékin, a de nouveau été le théâtre, dans les années 1990, dun pèlerinage dédié à la Sainte Mère, Reine de lAurore, divinité taoïste au culte très ancien. Lorganisation de ce pèlerinage reposait, et repose encore, entièrement sur des associations cultuelles, composées de fidèles laïcs, sans intervention ni de ladministration impériale, ni des membres du clergé taoïste, lautorégulation de la foule sappuyant sur des rites et conventions connus et acceptés de tous.

Jean Baubérot, « La sociologie de la laïcité, dépassement de la sociologie de la religion ? »

En 1995, une mise en perspective sociologique de la laïcité possédait peu de légitimité scientifique. Le projet du GSRL était un défi nécessitant un cadre conceptuel fondé sur le refus dune conception de la laïcité comme « exception française » et sur la relecture des classiques. Le postulat socio-anthropologique historiquement au fondement de la sociologie de la religion et le paradigme de la sécularisation ont été interrogés. Cette démarche apparaît toujours porteuse de nouvelles recherches.

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Vincenzo Pace, « Localiser le religieux dans les sciences sociales. Longue vie au GSRL ! »

Lauteur réfléchit à limportance qua revêtu pour lui et pour dautres collègues et amis italiens le groupe de recherche Sociétés, Religions et Laïcités. Après tant dannées de fréquentation parisienne, lauteur se demande « quel type de recherches en sociologie des religions aurais-je développé si je navais connu ce groupe damis et de collègues français ? ». Cest en tentant de répondre à cette question que lauteur a voulu rendre un hommage informel au GSRL.

É.-Martin Meunier, « La sociologie des religions au Québec, la France, le GSR et le GSRL. De la formation à la communauté partagée »

Les liens entre la sociologie des religions de France et du Québec ont toujours été nombreux. Dabord, par la filière catholique au temps de la sociologie religieuse ; ensuite, par le dialogue entre les sociologues des deux rives. Ces échanges ont contribué à la progressive autonomisation de la sociologie des religions au Québec, et à linternationalisation croissante de la discipline en France et au Québec. Du GSR au GSRL, les échanges sont devenus collaborations et partages de projets.

Alfonso Pérez-Agote, « Les relations entre la religion et la culture. La nouvelle pluralité culturelle et religieuse (France et Espagne) »

Cette étude se propose danalyser les relations entre la religion et la culture. La façon de comprendre la religion se développe comme une sur-institutionnalisation, en termes dautorité de contrôle des comportements, en relation avec la dimension culturelle, qui est infra-institutionnalisée dans les mêmes termes. Il y a des différences selon quil sagit de traditions catholique ou protestante. Dans la tradition catholique, deux cas sont abordés : la France et lEspagne.

Patrice Rolland, « Définir la religion. Sociologues et juristes »

Lapparition des « nouveaux mouvements religieux » a laissé les juristes perplexes au moment de les définir comme religieux. Sociologues comme juristes tentèrent leur chance de différentes manières : avec des critères internes ou externes, des conceptions larges ou strictes, ou encore en tentant une synthèse 738des aspects fonctionnels et substantifs. Les définitions des juristes reflètent volontiers les conditions sociologiques nationales malgré le caractère universel de lobjet à définir.

Vincent Delecroix, « Philosophie de la religion et sciences sociales. Religions, vérité, politique »

Articuler la philosophie de la religion et les sciences sociales suppose une clarification qui peut être opérée à partir de la « question de la vérité ». Celle-ci fait surgir les enjeux et les spécificités dune approche philosophique des religions. Déployée depuis une épistémologie des croyances jusquaux dimensions politiques et théologico-politiques de la vérité, une telle approche permet de comprendre maints aspects de larticulation entre philosophie de la religion et sciences sociales des religions.

Daniela Campo et Vincent Goossaert, « Les sciences sociales du religieux et le cas chinois »

Notre contribution porte sur larticulation entre disciplines, aires culturelles et thématiques de recherche. Historiens et sinologues, notre expérience de chercheurs, au GSRL, est ancrée dans les études classiques parmi une équipe de sciences sociales des religions dont le centre de gravité est, à lorigine européen. Le cas chinois permet de faire état des apports réciproques sur les plans institutionnel, méthodologique et épistémologique et des blocages et des angles morts du dialogue inter-aréal.

Danielle Jonckers, « Approches croisées du religieux et des laïcités. Une anthropologue africaniste au GSRL »

Retour dune anthropologue sur dix ans de recherches au GSRL qui lont amené à exposer ses résultats sous des angles nouveaux : lauteure évoque les dynamiques politiques et religieuses au Mali ou sur les rapports de genre en montrant en quoi le concept de laïcité lui a été utile. Dans cette perspective, elle envisage ses rapports à la laïcité selon les systèmes de pensée en France, en Belgique ou au Mali et sinterroge sur la portée de la laïcité dans la construction des connaissances.

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Denis Pelletier, « La démocratie, la violence religieuse et le conflit des interprétations »

Dans le débat public qui a suivi les attentats terroristes, diverses lectures ont été faites du lien de cette violence terroriste avec lislam : son instrumentalisation, ses textes sacrés eux-mêmes, des formes très anciennes de déshumanisation de ladversaire. Ces trois lectures constituent un cercle herméneutique qui nous rappelle la nécessité de renoncer à une raison ultime de lhistoire, dans le moment même où cest au nom de cette raison ultime que certains veulent détruire la démocratie.

Matthias Koenig, « Religion et identités nationales. Reconfigurations dans lEurope contemporaine »

Cette contribution analyse les aspects religieux des identités nationales. On montre que lintégration européenne a donné lieu à une nouvelle visibilité publique du religieux, en stimulant non seulement le processus de sécularisation, mais aussi la réaffirmation réactive des nationalismes religieux. On pose la thèse selon laquelle les variétés des nationalismes religieux doivent être expliquées par les trajectoires historiques de laïcisation des États.

François Mabille, « Religions et théories de relations internationales »

Les théories des relations internationales ont fort peu intégré lanalyse du fait religieux dans leurs différentes approches. On reviendra ici sur les raisons de cette carence, liées tout à la fois aux paradigmes dominants dans le champ des sciences sociales du religieux (sécularisation) et dans lhistoire même des relations internationales, avant de cerner les causes dune évolution perceptible depuis une quinzaine dannées.

Jean-Paul Willaime, « Religion et laïcité en contexte dultramodernité »

À une modernité triomphante portée par des logiques de certitudes et de progrès incarnés dans des États nationaux et colonisateurs, a succédé un régime de modernité traversé par des logiques dincertitudes dans une société-monde. Dans ce régime ultramoderne où les idéaux séculiers eux-mêmes sont sécularisés, les rapports entre religieux et le séculier se recomposent : la tendance est aujourdhui moins à lalternative du religieux ou du séculier quà la conjonction du religieux et du séculier.

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Jean-Louis Bianco, « Laïcité, religions et débat public »

Les médias et les acteurs politiques traitent souvent de manière polémique la question de laïcité. Après avoir précisé les principes et règles sur le fondement desquels sest construite la laïcité française, cette contribution rappelle que lÉtat sest doté, en 2013, dun Observatoire national de la laïcité chargé de diffuser dans la société une juste connaissance de ce principe clé de la République. Elle présente les dispositifs que ce dernier a mis en place au cours de ces dernières années.