Aller au contenu

Classiques Garnier

Préface Le GSRL à l'EPHE

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : La Sécularisation en question. Religions et laïcités au prisme des sciences sociales
  • Auteur : De Franceschi (Sylvio Hermann)
  • Résumé : Ce texte prend appui sur une allocution prononcée lors du colloque qui a commémoré la fondation du Groupe sociétés, religions, laïcités. Il s’emploie à replacer les recherches du laboratoire dans l’histoire de l’École Pratique des Hautes Études, mais aussi dans le champ des sciences sociales du religieux en France.
  • Pages : 7 à 9
  • Collection : Bibliothèque de science politique, n° 3
  • Thème CLIL : 3284 -- SCIENCES POLITIQUES -- Histoire des idées politiques
  • EAN : 9782406097358
  • ISBN : 978-2-406-09735-8
  • ISSN : 2557-4868
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09735-8.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 26/11/2019
  • Langue : Français
  • Mots-clés : Sciences religieuses, histoire des religions, histoire de la laïcité, théologie et sciences sociales, recherche
7

PRÉFACE

Le GSRL à lEPHE

Créé en 1995 comme unité mixte de recherches de lEPHE et du CNRS, le GSRL est, avec le Laboratoire détudes sur les monothéismes (LEM, UMR 8584), lune des deux grandes unités de recherches dont lEPHE assume la tutelle principale dans le domaine du religieux. Ses recherches sont caractérisées par une pluralité dapproches, historique, philosophique, juridique, politiste, anthropologique et sociologique. Il assure une mission cruciale de représentation et danimation de la recherche au sein de la section des Sciences religieuses. Cest dire quil est pour lEPHE un laboratoire essentiel. La tradition scientifique quil incarne et quil lui revient dentretenir et de poursuivre est un véritable patrimoine scientifique de notre établissement.

À parcourir les travaux par lesquels le GSRL sillustre aujourdhui vingt ans après sa fondation, on retrouve une identité – on aurait envie de dire une personnalité – scientifique qui en fait un laboratoire unique en France et dont les grands traits sont déjà présents aux origines. Le GSRL est né en effet de la fusion de deux unités, dune part, le laboratoire Histoire et Sociologie de la laïcité de lEPHE, qui était dirigé en 1994 par Jean Baubérot, qui devient en 1995, et jusquen 2001, le premier directeur du GSRL et, dautre part, le Groupe de sociologie des religions du CNRS, dont la fondation remontait à 1954, à linitiative dun groupe de chercheurs et de savants particulièrement prestigieux : le premier dentre eux, le doyen Gabriel Le Bras (1891-1970), directeur détudes (« Droit canonique ») à la section des Sciences religieuses de lEPHE ; Henri Desroche (1914-1994), un ancien dominicain devenu chercheur en sociologie au CNRS ; Émile Poulat (1920-2014), ancien prêtre-ouvrier, lui aussi entré au CNRS ; Jacques Maître (1925-2013), sociologue, et chercheur au CNRS ; et François-André Isambert, né en 1924, sociologue, également chercheur au CNRS, un proche de Gabriel Le Bras. Si la filiation intellectuelle avec la section des Sciences religieuses de lEPHE est claire, cest pourtant du côté du CNRS et de la 8récente vie section de lEPHE que le Groupe de sociologie des religions a trouvé son ancrage institutionnel.

Les grandes orientations épistémologiques actuelles du GSRL sont tributaires dun héritage scientifique fortement marqué par lempreinte du renouveau de la sociologie française au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Lorsque, à la génération des héritiers, les trajectoires individuelles de recherches vont se révéler parfois trop diversifiées pour coexister dans une même unité, le groupe va donner naissance au Centre détudes interdisciplinaires des faits religieux, créé en 1993 à lEHESS par Danièle Hervieu-Léger, tandis que le Groupe de sociologie des religions, salliant au laboratoire Histoire et Sociologie de la laïcité de lEPHE, a donné naissance à lactuel GSRL. Lhéritage du GSR est donc désormais partagé entre lEPHE et lEHESS, et les deux établissements concourent également à lanimation des prestigieuses Archives de sciences sociales des religions, fondées en 1956 par Henri Desroche et Gabriel Le Bras sous le titre dArchives de sociologie des religions.

Sous limpulsion décisive de Jean Baubérot, la question de la laïcité est devenue centrale dans les préoccupations scientifiques de la nouvelle unité, dont on célèbre en 2015 le vingtième anniversaire.

Fort dune quarantaine de membres statutaires, le GSRL est une unité particulièrement importante dans lécosystème de recherches de lEPHE. Concentré sur les xixe, xxe et xxie siècles, il se partage chronologiquement létude des monothéismes avec le LEM, dont les investigations vont de lAntiquité à la fin du xviiie siècle, et il couvre des aires géographiques beaucoup plus variées que lautre laboratoire. Les travaux de lunité ont une dimension sociologique clairement marquée, qui doit rappeler que lEPHE entend conserver sa place dans le domaine de la sociologie et plus largement des sciences sociales, notamment au sein de la section des Sciences religieuses, grâce au dispositif exceptionnel de chaires constitué par les directions détudes consacrées à « Histoire et sociologie des protestantismes », « Histoire et sociologie du catholicisme contemporain », « Sociologie des religions dans le monde contemporain » et « Histoire et sociologie des laïcités », qui relèvent toutes du GSRL.

Plus particulièrement, le GSRL a délibérément défini ses préoccupations dans une évidente continuité avec les travaux menés dans le laboratoire Histoire et Sociologie de la laïcité. À la veille de son insertion dans le nouveau GSRL, léquipe de Jean Baubérot travaillait notamment sur les rapports État-religion(s)-société civile en Europe – lune des dernières 9publications de léquipe, parue en 1994 sous la direction de Jean Baubérot, sintitulait Religions et laïcité dans lEurope des douze ; en collaboration avec lAssociation française de sociologie religieuse et lInstitut détudes des religions et de la laïcité de lUniversité libre de Bruxelles, avait été organisé en février 1994 un colloque intitulé « Pluralismes religieux et laïcités dans lEurope communautaire ». Problématiques qui ont été développées et enrichies au GSRL sous la direction successive de Jean Baubérot, de Jean-Paul Willaime et enfin de Philippe Portier.

Encore aujourdhui, le GSRL, dans la double filiation du Groupe de sociologie des religions et du laboratoire Histoire et Sociologie de la laïcité centre ses recherches sur deux grands objets clairement identifiés et qui lui donnent son originalité propre parmi les structures de la recherche française en sciences humaines et sociales : dune part, létude de lévolution contemporaine des attitudes religieuses et convictionnelles des individus, en Europe, certes, mais aussi ailleurs dans le monde, ainsi quen témoignent les recherches dynamiques menées au sein du laboratoire sur les terrains américains et asiatiques notamment ; dautre part, lévolution aux xixe, xxe et xxie siècles des relations entre Églises, États et sociétés, en quoi le GSRL reste fidèlement attaché à nourrir ses travaux des interrogations matricielles des deux unités dont il a procédé à lheureuse fusion et témoigne de la durable et incontestable fécondité du programme de recherches originellement défini par Gabriel Le Bras et ses compagnons, puis amplifié et adapté par Jean Baubérot, avant dêtre actualisé sous la direction de Jean-Paul Willaime, puis de Philippe Portier.

À vingt ans de distance, on ne peut quêtre frappé par lampleur du travail accompli, la masse des résultats accumulés et le dynamisme des publications. On souhaite, à loccasion de cet anniversaire, que le GSRL poursuive résolument dans la voie quil sest tracée et quau moyen dune structure fédératrice de recherches, il collabore plus étroitement quauparavant avec le LEM afin dassurer à lEPHE la pleine visibilité quelle doit avoir dans le domaine de létude du religieux.

Sylvio De Franceschi1

1 Au moment où sest tenu le colloque « Les vingt ans du GSRL », Sylvio De Franceschi était vice-président de lÉcole pratique des hautes études, chargé de la recherche.