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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : La Science prise aux mots. Enquête sur le lexique scientifique de la Renaissance
  • Pages : 451 à 456
  • Collection : Rencontres, n° 499
  • Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 115
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406109976
  • ISBN : 978-2-406-10997-6
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10997-6.p.0451
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 19/05/2021
  • Langue : Français
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Résumés

Violaine Giacomotto-Charra et Myriam Marrache-Gouraud, « Des noms du savoir et de leurs avatars »

De quels noms variés se pare le savoir, et quelle pluralité de mots et de nuances insoupçonnées se nichent dans les termes les plus génériques et apparemment les plus anodins ? Cette introduction à la première partie sattache à réfléchir aux mots qui servent à nommer la science et le désir de connaître, et à comprendre comment la science de la Renaissance se nomme elle-même.

Guylaine Pineau, « Ambroise Paré et le “desir curieux, dapprendre tout ce qui se peut sçavoir” »

Pour caractériser lattitude dAmbroise Paré face à lhomme, la notion de curiosité simpose à lesprit du lecteur moderne. Mais si lidée est omniprésente dans les Œuvres du chirurgien, le terme, en réalité, napparaît guère. Cet article sattache à expliquer cet apparent paradoxe grâce à une enquête lexicale minutieuse sur la notion de curiosité, pour comprendre ensuite lusage quen fait Paré et la manière dont sexprime finalement chez lui lappétence au savoir.

Nicolas Corréard, « Curiosité/pérégrinité, métaphore viatique et points de vue critiques sur le désir savant »

Les mots désignant le désir de savoir dans les langues européennes, dont ceux de la famille de cura et la notion de curiositas, sont, à la Renaissance, fortement connotés, et font lobjet dune fluctuation importante. Cet article sattache à montrer comment labsence dune notion neutre pour désigner cette libido sciendi laisse place à dautres familles de mots, comme celle qui dérive des verbes latins peragrare (« parcourir », « visiter ») et peregrinari (« voyager à létranger », « être en exil »).

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Noémie Castagné, « Les mots de la “scienza delle mecaniche”. Dans le laboratoire de la traduction du Mechanicorum liber »

Le Mechanicorum liber est un traité de théorisation mécanique consacré à cinq mécanismes élémentaires, pouvant servir à élaborer des engins plus complexes. Sa traduction fut entreprise par Filippo Pigafetta, mais, face à la complexité de la tâche, il sollicita laide de lauteur du traité. La correspondance exceptionnelle conservée entre les deux hommes permet détudier les questions soulevées par la constitution progressive dun lexique technique en langue italienne à la Renaissance.

Violaine Giacomotto-Charra et Myriam Marrache-Gouraud, « Expérimenter lexpérience, “maistresse des choses douteuses” »

Le mot experience et son corollaire pratique, ainsi que lensemble de ce quils recouvrent, sont lobjet de cette deuxième partie. Parce que la notion dexperience concerne toutes les disciplines et se trouve au cœur des pratiques et usages de la science de la Renaissance, cet article introductif sattache à en définir et à en préciser le sens, ainsi quà faire le point sur la place et la valeur de lexpérience dans la science de la Renaissance.

Juliette Ferdinand, « Pratique vs Théorie dans lœuvre de Bernard Palissy. De lart à lépistémologie »

Dans ses écrits, le céramiste et naturaliste Bernard Palissy emploie très rarement le terme expérience. En tant que concept en revanche, lexpérience constitue le fondement de sa pensée et de son approche de lart et de la science. Cest pourquoi une analyse du lexique de Palissy savère nécessaire pour qui veut comprendre comment le céramiste invente ce que lon a pu qualifier de « discours de lexpérience ».

Laurent Paya, « Les savoirs fondés sur lexpérience du Jardinage dAntoine Mizauld »

Parmi les sources inexplorées en mesure de contribuer à une histoire des savoirs scientifiques figure le Jardinage dAntoine Mizauld. Lauteur est le promoteur dune théorie de la médecine astrologique et adopte ici lattitude dun médecin du jardin. Or cette méthode à visées curative et préventive est partiellement fondée sur ce quil nomme des « experiences », qui dépendent dune rationalité différente de la nôtre et que cet article sattache à éclairer.

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Valérie Worth-Stylianou, « Lexpérience dans les traductions en français des traités de médecine »

Les traductions du latin – et parfois du grec – vers le français occupent une place très importante dans lédition médicale de la Renaissance et la notion dexpérience y joue un rôle, parce quon traduit dabord les ouvrages pratiques. Létude des préfaces de ces textes permet de montrer comment les traducteurs de la Renaissance comprenaient la notion dexpérience dans divers domaines de la médecine.

Hervé Baudry, « Réflexion sur la notion dexpérience. Un censeur méconnu de Montaigne, le médecin Antoine Martin »

Consacrée à louvrage dAntoine Martin, la présente étude sattache à suivre de près lantimontaignisme de ce médecin. Elle considère, dans un premier temps, les aspects majeurs de sa critique des idées médicales de Montaigne puis, dans un second, se focalise sur la notion, centrale dans lhistoire de la philosophie naturelle, dexpérience. Malgré le retentissement réduit de ce traité, largumentation que lauteur développe met en lumière létendue et les paradoxes du séisme provoqué par les Essais.

Michel Pretalli, « Lexpérience dans la littérature militaire italienne de la fin du xvie siècle. La rhétorique au service de la légitimation de lexpertise »

Les guerres dItalie ont été loccasion de nombreuses publications douvrages dart militaire. Or lexpérience y occupe une place cruciale : cet article propose détudier les définitions diverses quils en donnent, afin de mettre en lumière la manière dont ces différences influent sur les conceptions de lexpertise et de lart militaires que leurs auteurs défendent, notamment dans la perspective des stratégies de promotion personnelle que ces traités mettent en œuvre.

Aurélien Ruellet, « Lexpérience et le système des privilèges dinvention au xviie siècle »

Au cours de lépoque moderne, les « inventeurs » parviennent à se faire reconnaître des droits spécifiques et, au moment même où émerge la méthode expérimentale moderne, les États européens délivrent des protections juridiques à de supposées inventions. Quels étaient les interférences entre les deux 454phénomènes ? Fait-on appel à la méthode expérimentale pour ces expertises ? Larticle propose de répondre à ces questions à partir de létude de la France et de lAngleterre du premier xviie siècle.

Violaine Giacomotto-Charra et Myriam Marrache-Gouraud, « Voir pour savoir ? »

Au xvie siècle, et tout particulièrement dans sa seconde moitié, on assiste à une autonomisation croissante des mots et des concepts dobservatio par rapport à experientia. Observatio devient un moyen daffirmer et de désigner un nouveau geste épistémique, mais aussi daffirmer lexistence dun personnage nouveau dans le paysage scientifique, lobservateur, qui nest pas seulement celui qui observe, mais aussi celui qui organise et ordonne le savoir dans un livre issu de ses observations.

Grégoire Holtz, « Du respect des coutumes à laffirmation de lautopsie. Le statut des “observations” dans la littérature de voyage de la Renaissance »

Comment partager ses observations ? Peut-on les faire vérifier par dautres témoins ? Selon quel protocole, mais aussi en fonction de quelles limitations ? Est-ce que la généralisation du terme observation et ses dérivés induit une nouvelle forme déchange scientifique ? Cette étude tente de répondre à ces questions en les adressant à un corpus décrits empiriques où le statut de lobservation est privilégié, à savoir les récits de voyages qui fleurissent dans le siècle des premières circumnavigations.

Juliette Ferdinand, « “En contemplant tu connaîtras”. Voir contre savoir dans les écrits de Bernard Palissy »

La correspondance entre ce que lœil observe, ce que lartiste représente et ce que le naturaliste expose est au cœur des écrits de Bernard Palissy : ses œuvres dart sinspirent de la nature observée et ses intérêts scientifiques concernent les phénomènes quil peut observer à lœil nu. Son approche engage deux types de relations à la nature : lobservation directe et lexpérimentation manuelle. Larticle examine ici le rôle joué par la vue dans lacquisition des connaissances sur la nature.

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Philippe Glardon, « Images et descriptions écrites. Éléments discursifs dans les traités dhistoire naturelle du xvie siècle »

Il reste encore beaucoup à faire sur lanalyse de limage scientifique du xvie siècle. Cet article souhaite, dans une perspective holistique, tenter de reconstituer le facteur de cohésion qui existe entre le texte et lillustration, mis à mal par notre regard moderne. Pour ce faire, il sattachera à létude de ce que notre regard daujourdhui pourrait être tenté dinterpréter comme des « erreurs » picturales dans les traités dhistoire naturelle de la Renaissance.

Claude La Charité, « “Diligemment contempler”. Lhistoire entiere des poissons, de Guillaume Rondelet »

Le présent article étudie la manière dont se manifeste lidéal dautopsie consistant à « voir pour savoir », dans le rapport entre le texte et limage, loriginal latin et sa traduction française, mais aussi entre la vue et les autres sens sollicités dans lobservation de la vie marine sous toutes ses formes chez Rondelet. Il permet déclairer les fondements épistémologiques de lichtyologie de Rondelet, entre logique et rhétorique, vue et contemplation, de linvisible jusquà lindicible.

Emmanuelle Lacore-Martin, « Le regard de lanatomiste. De limmatérialité de la vue à la vérité du discours chez André Du Laurens »

Cet article montre comment, au seuil de son traité dophtalmologie, André Du Laurens souligne limportance de la publication la plus large possible des découvertes médicales et place lensemble de son discours médical sous le signe de la transparence, transparence de la communication scientifique, mais aussi transparence qui structure en profondeur la théorie de la vue dont il sapprête à faire lexposé, liant théorie de la vision et théorie du savoir.

Benoît Jeanjean, « La vision du xviiie siècle sur la science du xvie. Le cas des planches anatomiques dEustache publiées par Giovanni-Maria Lancisi »

En 1714 paraissent les Tabulæ Anatomicæ de Bartholomée Eustache, éditées par Lancisi. Il ajoutait à ces planches anatomiques du xvie siècle ses propres commentaires, inspirés par la confrontation entre la qualité des planches et létat des connaissances médicales au début du xviiie. Le travail de lanatomiste 456sy traduit par une série de mots qui rendent compte de lobservation médicale et de sa diffusion auprès de la communauté scientifique.

David Banks, « Le procès de perception dans la presse savante à la fin du xviie siècle »

Cette contribution analyse lusage des procès de perception en utilisant les catégories de la linguistique systémique fonctionnelle, afin de mesurer à quel point lusage diffère entre deux publications savantes de référence, lune française, lautre anglaise. La discussion de ces différences permet de faire apparaître les variations provoquées par linterface entre sciences humaines et sciences exactes, et celles engendrées par les approches empiriste et cartésienne.

Benoît Jeanjean, « Les pages liminaires du Theatrum orbis terrarum dOrtelius. Vision du monde ou image de lauteur ? »

En marge de lobjet du Theatrum orbis terrarum sélabore au fil des éditions un ensemble liminaire destiné à introduire le lecteur à la découverte des cartes et à faire léloge de celui qui les a rassemblées. Plusieurs éléments de ces pages liminaires sont ici analysés afin dobserver comment elles disposent le lecteur à appréhender cet ouvrage dun genre nouveau et comment elles superposent les mots de la poésie et le langage de limage aux mots de la science.