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Classiques Garnier

Résumés et présentations des auteurs

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Résumés
et présentations des auteurs

Piermario Vescovo, « Métathéâtre et métalepse. Pour une distinction et une définition théorique ».

Piermario Vescovo (université Ca Foscari de Venise) travaille sur la théorie et lhistoire du texte dramatique (Il tempo a Napoli, Venise, 2011 ; A viva voce. Percorsi del genere drammatico, Venise, 2015) et sur les rapports entre littérature et arts visuels (La virtù e il tempo. Giorgione, Venise, 2012). Auteur de nombreuses éditions critiques consacrées à Calmo, Goldoni, Gozzi, Nievo, il est aussi metteur en scène.

Métathéâtre et métalepse sont deux procédés souvent confondus. Il sagit ici daborder la question de la distinction du changement de niveau narratif, dans ses nombreuses applications au théâtre – au xxe siècle en particulier, mais pas seulement – davec le métathéâtre. Les exemples, tirés de lhistoire de la dramaturgie européenne, permettront de donner à ce problème un encadrement théorique.

Enrica Zanin, « La tragédie dans la tragédie. Essais de définition du métathéâtre propre à la tragédie ».

Enrica Zanin est maître de conférences en littérature comparée à luniversité de Strasbourg. Ancienne élève de lÉcole normale supérieure, agrégée de lettres, elle consacre ses travaux à la théorie et à la pratique du théâtre européen de la première modernité. Elle a publié le volume Fins tragiques (Genève, 2014) traitant des enjeux poétiques et idéologiques du dénouement.

La critique saccorde généralement pour affirmer que le métathéâtre sied plus à la comédie quà la tragédie. Mais quelles seraient les caractéristiques dune métathéâtralité tragique ? Lanalyse de loccurrence des termes teatro et tragedia dans les tragédies italiennes de la première modernité révèle que celles-ci pratiquent peu le métathéâtre, mais que cette pratique, bien que sporadique, présente des traits spécifiques qui contribuent à définir le genre et son horizon dattente.

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Beatrice Alfonzetti, « Les fins closes et circulaires du métathéâtre. Des Sei personaggi aux Giganti della montagna de Luigi Pirandello ».

Beatrice Alfonzetti, professeur à luniversité de Rome-La Sapienza, présidente de la Société italienne détudes sur le xviiie siècle, a pour thèmes privilégiés la poétique de Pirandello, Fo, Rame, Ramondino, la conjuration, le dénouement, les rapports entre la dramaturgie et lhistoire. Elle a écrit de nombreux ouvrages, notamment Dramma e storia. Da Trissino a Pellico (Rome, 2013).

Non seulement Pirandello expérimente tous les possibles dune gamme de fins inédites au xxe siècle (énigmatiques, suspendues, interrompues…), mais la trilogie quil consacre aux conflits du théâtre favorise la construction dun dispositif dramaturgique fondé sur lanticipation, lamplification et la répétition, avec une fin philosophique fixe et circulaire. Ce sont donc les contradictions fertiles que suscite le court-circuit entre métathéâtre et dénouement qui sont ici interrogées.

Sara Mamone, « La locandiera, comédie nouvelle ou portrait dune compagnie ? ».

Sara Mamone, professeur à luniversité de Florence, a consacré ses publications au théâtre de lAncien Régime, notamment Paris et Florence : deux capitales du spectacle pour une reine, Marie de Médicis (Paris, 1990), Dei, semidei, uomini (Rome, 2003) et les correspondances des princes Giovan Carlo et Mattias de Medici (Florence, 2013). Elle a réalisé avec T. Megale lédition critique de La locandiera (Venise, 2007).

La locandiera de Carlo Goldoni est sans doute la plus célèbre des comédies italiennes et fait lobjet dinnombrables productions dans le monde entier. Mais au moment de sa conception, lauteur, comme il le reconnaît lui-même, se souciait moins de sonder les psychologies de ses personnages que de tirer le meilleur parti des acteurs de sa compagnie. Ainsi peut-on voir les acteurs dans les personnages, et repenser La locandiera comme un portrait de la compagnie Medebach.

Lucie Comparini, « Les miroirs croisés de La cameriera brillante de Carlo Goldoni. “El capriccio de far sta commedia… per unaltra ragione” ».

Lucie Comparini, maître de conférences en études italiennes à luniversité Paris-Sorbonne, est spécialiste du théâtre italien du xviiie siècle et de ses liens avec le théâtre français. Elle a à son actif de nombreuses publications sur Goldoni, Chiari et Gozzi. Elle est aussi traductrice et coordonne latelier théâtral étudiant La Mascareta qui traduit et met en scène des textes italiens classiques et modernes.

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Si la scène est souvent utilisée, chez Goldoni, comme mise en abyme de la salle de spectacle, du lieu de répétition voire des coulisses, moins étudié est le cas de la représentation amateur dans des lieux privés. La cameriera brillante permet ainsi dintroduire des schémas métathéâtraux à des fins internes (étude des caractères, découverte dune vérité, résolution de laction) ou dexplorer les potentialités paradoxales de la mise sur scène qui devient découverte de lautre et découverte de soi.

Camillo Faverzani, « Lopéra dans lopéra. Actualité de Lopera seria de Florian Leopold Gassmann (1769) ».

Camillo Faverzani, maître de conférences à luniversité Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis, travaille sur le théâtre et le roman des xviiie-xxe siècles. Parmi ses publications, Mythe et Opéra (Saint-Denis, 2013), Part[h]enope (Berne, 2013), LAntiquité et lOpéra (Saint-Denis, 2014), Verdi narrateur (Lucques, 2014). Il anime le séminaire « LOpéra narrateur » du LER.

Lopera seria de Gassmann et Calzabigi (Vienne, 1769), souvent considéré comme le plus représentatif du genre, est lun des rares exemples de métaopéras du xviiie siècle à avoir connu une renaissance, avec la reproduction du manuscrit de Vienne (1982) et quatre mises en scène entre 1994 et 2012 (J.-L. Martinoty, L. Dale, B. Bénichou et M. Dijkema). À lissue dun bilan critique sur le genre, une approche historique et structurelle de lœuvre permettra den interroger lactualité contemporaine.

Jérôme Chaty, « Métathéâtralités dans la farsa giocosa per musica vénitienne de 1798 à 1803. Une rencontre fructueuse entre un genre et un filon ».

Jérôme Chaty, agrégé ditalien, achève une thèse, sous la direction de Françoise Decroisette, sur lactivité et la production du librettiste vénitien Foppa. Il est notamment lauteur darticles sur la réécriture du théâtre de Gozzi à lopéra (Le Livret dopéra, œuvre littéraire ?, Paris, 2010) et les livrets de Sografi et Rossi (LAntiquité et lOpéra, Saint-Denis, 2014).

Dans les années 1795-1815 à Venise, la farsa giocosa per musica en un acte connaît un essor sans précédent. Or, entre 1798 et 1803, au moins sept nouvelles farse métathéâtrales sont produites dans cinq théâtres vénitiens. Que devient ici un filon qui a désormais derrière lui une longue tradition en Italie, élaborée tout au long du xviiie siècle au fil dintermezzi, de drammi giocosi et dautres genres lyriques comiques ?

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Céline Frigau Manning, « Le métaopéra italien comme moteur d« acclimatation ». Esprit, gaieté, satire sur la scène parisienne du premier xixe siècle ».

Céline Frigau Manning est maître de conférences en études théâtrales et italiennes à luniversité Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis et membre junior de lInstitut universitaire de France. Ancienne élève de lÉcole normale supérieure de Paris, agrégée ditalien, elle a été pensionnaire à la Villa Médicis. Ses travaux portent sur lopéra (Chanteurs en scène, Paris, 2014) et la traduction théâtrale.

Lhistoire de linstitutionnalisation de lOpéra-Italien de Paris est intimement liée aux opere buffe métathéâtrales qui sy jouent au début du xixe siècle – La prova dunopera seria de Gnecco, Limpresario in angustie de Cimarosa, I virtuosi ambulanti ou Le cantatrici villane de Fioravanti. Comment comprendre, au fil des réactions parues dans la presse du temps, leur succès auprès du public parisien et leur rôle dans un processus que les contemporains disent d« acclimatation » ?

Jean-Claude Zancarini, « La potione et La Fiorina. Quand Messer Andrea fait du théâtre avec Machiavel et Ruzante ».

Jean-Claude Zancarini est professeur émérite en études italiennes à lÉcole normale supérieure de Lyon. Auteur dune thèse sur lauteur-acteur vénitien Andrea Calmo (ca. 1510-1571), il sest attaché à la littérature théâtrale du xvie siècle, avant de se consacrer aux liens entre histoire, langue et politique, et en particulier à la pensée politique florentine à lépoque des guerres dItalie.

Lun des choix de lauteur-acteur vénitien Andrea Calmo consista à faire du théâtre avec du théâtre, en partant de textes théâtraux connus pour les réinterpréter. La potione (1552) est ainsi inspirée par la trame de La mandragola de Machiavel, et La Fiorina (1553) trouve son point de départ dans la comédie homonyme de Ruzante parue lannée précédente. Comment Calmo aspire-t-il, avec des résultats différents, à une création originale reflétant ses ambitions théâtrales ?

Stéphane Miglierina, « Lenfer métathéâtral. Le miroir du monde dans La Tartarea de Giovanni Briccio ».

Stéphane Miglierina, ancien élève de lÉcole normale supérieure de Lyon, agrégé ditalien, est maître de conférences en études italiennes à luniversité Paris-Sorbonne. En 2009, il a soutenu une thèse, dirigée par Françoise Decroisette, consacrée à la 449dramaturgie du « moindre mal » de Carlo Maria Maggi. Ses recherches portent sur les comédies dialectales du xviie siècle et les traités de dramaturgie.

Giovanni Briccio est lauteur de comédies plurilingues où les personnages traditionnels de la Commedia dellArte deviennent des types citadins permettant dexplorer la notion de théâtre du monde. La Tartarea en particulier (1614), par un jeu référentiel dense et un comique qui se revendique comme nouveau, né de la juxtaposition des genres, des lieux et des notions philosophiques, saffirme comme une pièce à la fois métathéâtrale et comiquement métaphysique.

Irina Possamai, « Métathéâtre et intertexte dans lœuvre théâtrale de Pier Paolo Pasolini ».

Irina Possamai est docteur de luniversité Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis. Co-organisatrice avec N. Setti dun colloque sur les réécritures de Médée, elle a publié de nombreux articles sur le théâtre, lopéra et la poésie (xxe-xxie siècles). Associant recherche et création, elle a écrit le livret Midea pour O. Strasnoy (Milan, 2003), Corpi radianti (Palerme, 2007) et Mira, musique dA. Federici (Trévise, 2013).

Dans le théâtre de Pasolini, le métathéâtre déclenche des dynamiques dautoanalyse : les mises en abyme sollicitent lintervention du public au sein de la représentation, et linforment de la réflexion de lauteur sur son théâtre en train de se faire, tout en convoquant le dramaturge lui-même comme spectateur de son travail. Par quels procédés et pour quels effets ? Létude dAffabulazione, de Pilade, dOrgia et de Porcile léclairera.

Franco Vazzoler, « Métathéâtre et travestissement dans la poétique et la dramaturgie dEdoardo Sanguineti ».

Franco Vazzoler, professeur à luniversité de Gênes, explore le texte théâtral en relation au jeu actorial. Il a publié I due Pantaloni. I mercatanti de Goldoni (Venise, 2001), lintroduction au Vieux boute-en-train (Paris, 1995) ; le Teatro de Moravia avec A. Nari (Milan, 1998) ; et sur Sanguineti Il chierico e la scena (Gênes, 2009). Il a traduit en italien Mémoires du théâtre de G. Banu (Gênes, 2005).

Sanguineti se dit convaincu que tout théâtre est métathéâtral. Comment prend-il donc position à légard de lune des réflexions métathéâtrales fondatrices du xxe siècle, la pensée brechtienne du théâtre épique ? Comme le montre lanalyse du procédé métathéâtral dans plusieurs de ses textes 450(Passaggio, LOrlando furioso, Sei personaggi.com), ce nest pas la distanciation, pour ce dramaturge, qui permet de saisir lessence du discours théâtral, mais le travestissement.

Pérette-Cécile Buffaria, « Shakespeare a Palermo : la caméra, kaléidoscope métathéâtral de Francesca Comencini ».

Pérette-Cécile Buffaria († 2015), professeur à luniversité de Nancy, a travaillé sur lécriture autobiographique, la scapigliatura (Carlo Dossi, Alexandrie, 2006), la littérature moderne et contemporaine. Directrice de plusieurs ouvrages collectifs, membre des comités de rédaction de Laboratoire italien et La Revue des études italiennes, elle était traductrice en sciences humaines et littérature.

Dans un théâtre détruit de Palerme, Carlo Cecchi met en scène Songe dune nuit dété de Shakespeare, traduit par Patrizia Cavalli. Francesca Comencini en filme les répétitions. De la conception du théâtre qui se dégage de ce film, Shakespeare a Palermo (1997), trois éléments sont significatifs : le regard autobiographique et métathéâtral de la cinéaste ; la structure enchâssée, polysémique ; lancrage militant dun regard posé comme cadre pratique, structure dappréhension de la réalité.

Paola Ranzini, « Un miroir aux reflets trompeurs. La citation de gestes et postures des Comici dellArte au xxe siècle ».

Paola Ranzini est professeur à luniversité dAvignon et des Pays de Vaucluse. Ses recherches concernent le théâtre européen (dramaturgie, spectacles, esthétique). Auteur de monographies et articles parus en France et en Italie, elle a travaillé à lédition critique de Il ventaglio et Gli amanti timidi de Goldoni. Parmi ses derniers livres, Théâtre italien contemporain. Des auteurs pour le nouveau millénaire (Paris, 2014).

Nombre dacteurs et de dramaturges du xxe siècle – Meyerhold, Craig, Copeau, Decroux, Strehler ou Fo – puisent dans une matière aussi connotée que la tradition des Comici dellArte. Ces citations prennent une dimension métathéâtrale complexe éclairée dun double point de vue : théorique, à partir des réflexions sur la citabilité du geste (Brecht, Benjamin) et sur litérabilité (Derrida) ; iconographique, en insistant sur le rôle des images dans lidentification de scènes jouées à litalienne.

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Francesco DAntonio, « Dario Fo : un comique en révolte dans le miroir de la Commedia dellArte ».

Francesco DAntonio, maître de conférences ditalien à luniversité de Strasbourg, spécialiste de lhistoire et de la littérature théâtrales italiennes des xvie-xviie siècles, a consacré nombre de travaux aux académies et compagnies théâtrales de cette période, à lœuvre dAnton Giulio Brignole Sale et à lopéra baroque. Ses recherches portent également sur le théâtre italien contemporain.

La référence à la Commedia dellArte dans le théâtre de Fo est constante. Sous forme de prologue, dadresse au public ou de lazzi, elle introduit un jeu métathéâtral où le texte se fait support mobile au spectacle, recomposable à chaque représentation, et fonde un projet militant qui renvoie à lhistoire hérétique du théâtre des xvie et xviie siècles, ou à lhistoire tout court, celle des opprimés, des marginaux, des fous dont les spectacles de Fo et Rame ont intégré le regard démystificateur.

Giulia Filacanapa, « La méta-Commedia dellArte dans les anthologies scéniques de Giovanni Poli : Gli ultimi carnevali veneziani ».

Giulia Filacanapa a soutenu une thèse en études italiennes et histoire du théâtre sur la réinvention de la Commedia dellArte au xxe siècle, à travers lexemple du metteur en scène Giovanni Poli. Auteur darticles sur Dario Fo, elle est présidente de Stefanoperocco, association dédiée aux masques.

Comment Poli fonde-t-il une méta-Commedia dellArte dans ses anthologies scéniques, et en particulier dans Gli ultimi carnavali di Venezia (1975) ? Comment la matière et les masques dellArte sy reflètent-ils dans un miroir déformant, affirmant les thèmes du dramaturge et sa vision du théâtre politique comme théâtre pour tous ? Dans ce métathéâtre engagé, la citation des Comici dellArte révèle toute sa force démystificatrice et politique, entre tradition et modernité.

Cécile Berger, « Le miroir brisé ou le passage derrière le rideau dans Lo schiavetto de Giovan Battista Andreini (1612) ».

Cécile Berger est maître de conférences à luniversité Toulouse – Jean-Jaurès. Normalienne agrégée ditalien, elle a traduit collectivement les Mémoires inutiles de Carlo Gozzi (Paris, 2010). Spécialiste du théâtre italien (fin xvie-xviiie siècles), elle publie sur G. B. Andreini, Métastase, Carlo Gozzi (LOiseau vert, LAvant-Scène Théâtre, 2015) et Carlo Goldoni.

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La métaphore du miroir est récurrente chez Giovan Battista Andreini. Dans Lo schiavetto (1612), Andreini multiplie les expédients scéniques pour la décliner et briser ce « miroir de la vie humaine » quest à ses yeux la comédie. Il faut alors étudier les voies métathéâtrales originales quil met en œuvre pour passer de lautre côté du miroir, et sinterroger sur les motivations et les effets, en termes desthétique théâtrale, de cette construction-déconstruction.

Jean-François Lattarico, « Un exemple spectaculaire de métathéâtre musical du Seicento. La Berenice vendicativa de Piccioli et Freschi (1680) ».

Jean-François Lattarico, ancien élève de lÉcole normale supérieure, est professeur détudes italiennes à luniversité Lyon III – Jean-Moulin. Spécialiste de lopéra vénitien du xviie siècle, il a édité Il viaggio dEnea allInferno de Busenello auquel il a consacré Busenello : un théâtre de la rhétorique (Paris, 2013). Il est aussi lauteur dun essai sur lacadémie libertine au xviie siècle, Venise incognita (Paris, 2012).

Créé en 1680 dans un théâtre privé, Berenice vendicativa est un exemple singulier de métathéâtre musical du baroque tardif, en raison des effectifs hollywoodiens requis, et pour le petit opéra en un acte qui le clôture. Or lopéra sinscrit dans un filon hérité du théâtre parlé, profane et sacré, mais qui, à la faveur dune évolution favorisant de plus en plus le spectaculaire visuel au détriment de la dramaturgie, prépare lémergence de formes plus légères, comme la comédie-ballet.

Emmanuelle Bousquet, « Les livrets dopéra italiens de lentre-deux-siècles (xixe-xxe siècles). Miroir dun lieu, miroir dun temps ».

Emmanuelle Bousquet est maître de conférences en études italiennes à luniversité de Nantes. Docteur de luniversité Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis, elle a soutenu en 2003 une thèse sous la direction de Françoise Decroisette consacrée à lexpression de lidentité dans les opéras de Riccardo Zandonai. Ses recherches portent sur la question de la genèse des œuvres lyriques en lien avec les humanités numériques.

La fin du xixe siècle et le premier xxe siècle, en Italie, est marquée par le spectacle apocalyptique du conflit mondial et les modifications de frontières interrogeant le lieu où chacun imagine se trouver. Trois opéras permettent ici den prendre la mesure : I pagliacci de Leoncavallo, I cavalieri dEkebù de Zandonai et Arlecchino de Busoni. De leur métathéâtralité, créateurs et spectateurs cherchent les significations communes par la contestation, avant tout, des principes en cours jusque-là.

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Silvia Tatti, « Le librettiste daprès Italo Calvino. Autour de Un re in ascolto ».

Silvia Tatti, professeur en littérature italienne à luniversité de Rome – La Sapienza, a écrit une thèse dirigée par Françoise Decroisette intitulée « Tempeste della vita : la letteratura degli esuli italiani in Francia nel 1799 » (Paris, 1999). Ses recherches portent sur les relations franco-italiennes et la littérature des xviiie-xixe siècles. Elle est notamment lauteur de Il classico. Storia di una parola (Rome, 2015).

Dans le livret Un re in ascolto, réadapté pour la création de lopéra en 1984, la multiplicité des niveaux représentés rend plus complexe la dimension traditionnelle métathéâtrale. Ce que Calvino et Berio interrogent surtout, ce sont la nature des sons textuels et les potentialités de lécoute. La question du rapport entre texte et musique éclaire dune façon nouvelle les expériences précédentes, jusquà la réflexion de Métastase pour qui les mots contenaient déjà, en soi, le présage du son.

Anne-Françoise Benhamou, Stéphane Braunschweig, Huguette Hatem, Isabelle Moindrot et Myriam Tanant, « Des personnages en quête dun public ? Pirandello sur les scènes françaises ».

Anne-Françoise Benhamou est professeur en études théâtrales à lÉcole normale supérieure (UMR THALIM) et dramaturge. Ses travaux portent sur la dramaturgie et la mise en scène contemporaine. Elle a écrit Dramaturgies de plateau (Besançon, 2012), Koltès dramaturge (Besançon, 2013), Patrice Chéreau. Figurer le réel (Besançon, 2015).

Stéphane Braunschweig, directeur du CDN dOrléans (1993-1998), du TNS (2000-2008) et de La Colline-théâtre national (2010-2016), dirige depuis 2016 lOdéon – Théâtre de lEurope. De Pirandello, il a mis en scène Vêtir ceux qui sont nus (2006), Six personnages en quête dauteur (2012) et Les Géants de la montagne (2015). Il est lauteur du livre Petites portes, grands paysages (Arles, 2007).

Huguette Hatem, agrégée ditalien, a enseigné au CNED et à luniversité Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis. Elle a traduit de nombreux auteurs italiens : Goldoni, Gozzi, Pirandello, Ugo Betti, Eduardo De Filippo, Ettore Scola. Elle a écrit avec Laurence James un roman, Nice, amère saison (Paris, 2010). Comédienne, elle a joué dans les centres dramatiques nationaux de province et à Paris une quarantaine de pièces.

Isabelle Moindrot, professeur détudes théâtrales à luniversité Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis, est lauteur douvrages sur le théâtre, la mise en scène et lopéra. Elle a dirigé notamment Le Spectaculaire dans les arts de la scène du romantisme à la Belle Époque (Paris, 2006), Victorien Sardou. Le théâtre et les arts (Rennes, 2011) et codirigé LAltérité en spectacle. 1789-1918 (Rennes, 2015).

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Myriam Tanant est professeur émérite de luniversité Sorbonne nouvelle – Paris 3. Assistante de Giorgio Strehler, elle lui a consacré un ouvrage éponyme Giorgio Strehler (Paris, 2007). Elle est lauteur de livrets dopéra, mis en musique par Fabio Vacchi et Hugues Dufourt, ainsi que de pièces de théâtre. Elle a mis en scène des opéras de Mozart, Paisiello, Milhaud. Elle a traduit Goldoni, Pirandello, Svevo, Basile.

Si Dullin porte à la scène La Volupté de lhonneur en 1922, cest avec la création des Six personnages en quête dauteur par Pitoëff en 1923 quune longue série commence, mettant en cause les fondements de la représentation théâtrale. Isabelle Moindrot anime une discussion où chacun partage ses expériences pirandelliennes de praticiens et de spectateurs, autour des questions de traduction, de dramaturgie et de mise en scène.

Siro Ferrone, « Bellissima de Luchino Visconti ou de la vocation théâtrale ».

Siro Ferrone dirige la revue Drammaturgia, la collection « Storia dello Spettacolo » et pilote le projet Archivio Multimediale dellAttore. Il a publié Comici dellArte (Florence, 1993), Commedie dellArte (Milan, 1985-1986), Attori mercanti corsari (Turin, 1993), Arlecchino (Rome, 2006 et Montpellier, 2008), La vita e il teatro di Carlo Goldoni (Turin, 2011), La Commedia dellArte (Milan, 2014).

Bellissima (1951) se situe, pour Visconti, dans une phase dintense activité théâtrale et de profonde réflexion critique sur le théâtre. Magistralement interprété par Anna Magnani, ce film est pour lui loccasion dune recherche sur le jeu théâtral et sur la théâtralisation du moi. En interrogeant son rapport avec les acteurs et le public, en découvrant les émotions qui relèvent du métier comme de la vie, Visconti propose une mise en scène du masque et du vrai, dont le cinéma est le miroir.

Cristina Barbato, « Rossini au miroir. La métathéâtralité dans la mise en scène dopéra contemporaine ».

Cristina Barbato, professeur certifiée ditalien, a soutenu une thèse en cotutelle dirigée par Françoise Decroisette et Paolo Bosisio sur la regia critica et les mises en scène des opere serie de Rossini par Ronconi et Pizzi. Elle est membre du Laboratoire détudes romanes (LER) de luniversité Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis et a publié plusieurs articles concernant la mise en scène lyrique contemporaine.

Lapplication de procédés métathéâtraux à la mise en scène dopéras rossiniens a donné lieu à des interprétations variées. Pizzi, en particulier, en a fait 455lun des éléments-clés de sa poétique. Cest ce que montre létude de trois de ses productions rossiniennes, Semiramide (1980), où le chœur, hors scène, est habillé comme le public du xixe siècle ; Tancredi (1992), où il propose deux ouvertures de scène lune dans lautre ; Mosè (1993), où laspect visuel est celui dun spectacle in fieri.

Eleonora Visciglio, « Montage métathéâtral dune pièce exotique goldonienne : LÉpouse persane ».

Eleonora Visciglio, docteur de luniversité Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis, enseigne le français et litalien aux universités de Xalapa et Anahuac (Mexique). Sa thèse dirigée par Françoise Decroisette portait sur la trilogie persane de Goldoni dont elle a proposé la première traduction-adaptation française (compagnie Errance, Biennale de Venise, 2007). Elle travaille avec une compagnie de marionnettistes mexicains.

En 2007, la compagnie Errance choisit, par un jeu de dédoublement structurel, dintroduire un chœur chantant et actant dans son spectacle LÉpouse persane, mis en scène par Simona Morini. Lune des actrices-adaptatrices interroge ici le montage métathéâtral du nouveau texte de la trilogie persane : il sinspire, dune part, de lusage multiple que Goldoni lui-même fait du procédé dans ses pièces, dautre part de la richesse de possibilités quoffre le dispositif choral.

Louise Roux, « Identité, pirandellisme et Tarahumaras. Analyse de la performance par lactrice ».

Louise Roux, ancienne élève de lÉcole normale supérieure de Lyon, a soutenu en 2015 une thèse consacrée au retour du collectif et à lémergence de pratiques alternatives dans le théâtre contemporain. Également comédienne, formée au Studio-Théâtre dAsnières, elle poursuit en parallèle recherche pratique et théorique. Depuis 2010, elle enseigne la création collective à luniversité Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis.

Le titre Identité, pirandellisme et Tarahumaras peut se lire comme lintitulé dune communication. Cest une performance masquée dont lactrice propose lanalyse après lavoir jouée lors du colloque « Le miroir derrière le rideau. Sur le métathéâtre en Italie ». Introduisant la mise en abyme dans le colloque lui-même, le retournement invite à interroger la conception du théâtre comme miroir, quand lacte performatif se passe de mimésis et nest plus réfléchissant.