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Classiques Garnier

Glossaire

  • Publication type: Book chapter
  • Book: Théâtre français. Tome I
  • Pages: 741 to 744
  • Collection: French Theatre Library, n° 84
  • CLIL theme: 3622 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Théâtre
  • EAN: 9782406121763
  • ISBN: 978-2-406-12176-3
  • ISSN: 2261-575X
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12176-3.p.0741
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 01-26-2022
  • Language: French
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GLOSSAIRE1

La parlure paysanne chez Dufresny

« Parlure » plutôt que véritable dialecte, car elle na pas de réelle cohérence sur le plan strictement linguistique, non plus que sociolinguistique : quelle que soit leur origine prétendue (Bretagne, Lyonnais, Brie, Poitou…), les paysans de théâtre « patoisent » tous de la même manière, Il sagit parfois seulement de graphies phonétiques (fame pour « femme », tou pour « tout », bau pour « beau »), plus généralement de la transcription dune prononciation déformée (cian pour « céans », sarimonie pour « cérémoie »), et assez souvent de morphologie et de syntaxe « populaire », cest-à-dire fautives, mais qui restent compréhensibles pour le public parisien. Cest pourquoi Dufresny, a linstar de tous ses confrères, se garde bien demployer un vocabulaire véritablement dialectal (à supposer quil le connût) qui aurait rendu le discours des paysans certes plus authentique, mais inintelligible pour la grande majorité des spectateurs.

« qu » à la place de « t » ou « d » : Gueu : Dieu ; mequié : métier ; quin : tiens ; souquinriais : soutiendrais

« i » à la place de « u » (ou de « ui ») : himeur : humeur ; pis : puis ; je sis : je suis ;

« a » à la place de « e » : a, al ou alle : elle ; aparcevoir ; apercevoir ; bian, bain : bien ; pardu : perdu et parte : perte ; sarvice : service ; vianra : viendra

utilisation du pluriel de la première personne verbale, au lieu du singulier : « je ne sommes pas daccord. »

désinence en « -ais » à la place de « -iez » ou « -ez » pour la 2e personne pluriel du conditionnel présent ou du futur : « vous ny verais goutte »

désinence en « -it » à la place de « -a » pour la 3e personne singulier du passé simple : « notre étourdie de servante les brouillit »

autres déformations : ça : cela ; drès : dès ; esti : est-il ; leux : leurs ; o : ou ; ous : vous ; pu, pus : plus ; queux ; quel(le)s ; ste : cette ; sti : celui ; tantia : tant et si bien ; tretous, très tous : en tout, tout(s) ensemble ; venont : viennent ; vla, vla : voilà.

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Mots fréquents dont le sens
a sensiblement changé depuis le xviiie siècle

Accordé(e) : Fiancé(e).

Aimable : Digne daffection, attirant(e).

Appartenir : « Avoir de la dépendance, de la connexité, de la liaison. » (Furetière.) On dit des domestiques quils appartiennent à leurs maîtres.

Appas : Attraits physiques chez une femme.

Bailler : Donner.

Balancer : Hésiter.

Barguigner : Marchander, discuter, argumenter ; hésiter.

Bouter : Mettre, apporter.

Branle : Mouvement.

Caresse : « Témoignage extérieur daffection accompagné de quelque signe de joie. Agréables caresses.. []. caresses trompeuses. faire des caresses. [] » (Acad.) À lépoque, ni le nom ni le verbe « caresser » nimpliquent de contact physique.

Çà : « Interjection pour exciter et encourager à faire quelque chose. [] On dit aussi, tout seul, en répondant ou consentant à ce que lon est exhorté de faire. » (Acad.)

Col : Cou.

Colifichet : Chose de peu dimportance ; babiole.

Composer : Faire un compromis, négocier.

Congé : Terme du service dun(e) domestique, qui percevait alors ses gages.

Coquin : Terme dinjure, beaucoup plus fort quen français moderne. « Bélître, maraut, gueux, fainéant, fripon. []. voilà un beau coquin pour prétendre à une si haute charge.[] On le dit encore par injure, dun homme infame et lâche, qui fait des bassesses et des perfidies, et autres actions indignes dun homme de cœur et dhonneur. Il ne vaut rien, cest un coquin qui mériterait dêtre etc. un méchant coquin. ah ! le coquin, il a trahi son ami. (Acad.) »

Couche (n. f.) : Lit.

Courtisane : Prostituée.

Da : « Particule qui ne se met jamais quaprès une affirmation ou une négation. Oui-da. si-da. nenni-da. vous le ferez da. Anciennement il sécrivait. Dea. Il est du style familier et bas. » (Acad.)

Damoiselle (ou demoiselle) : Mot désignant « toutes les filles qui ne sont point mariées, pourvu quelles ne soient point de la lie du peuple, ou nées dartisans. » (Furetière.)

Dessein : Projet, plan.

Devant  [ de ] : Dans une acception temporelle, synonyme d« avant [de] ».

Dissimuler : Feindre, mentir.

Endéver : Enrager, (se) mettre en rage (en particulier dans lexpression « faire endéver »).

Entendre : Comprendre.

Établissement, s établir : Statut social obtenu par le mariage.

Faquin : « Terme de mépris et dinjure qui se dit dun homme de néant, dun homme qui fait des actions indignes dun honnête homme. »

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(Acad.) À lorigine, travailleur de force, homme de peine (de litalien facchino, portefaix).

Fat : Imbu de lui-même, prétentieux ridicule.

Fatuité : Vanité, haute opinion de soi.

Feux : Amour passionné.

Fi : « Espèce dinterjection, dont on se sert pour marquer du mépris, du dégoût, de quelque personne ou de quelque chose. » (Acad.)

Fourber : Tromper, trahir.

Gages : Salaire dun(e) domestique, qui souvent ne le percevait quen quittant le service, en recevant son congé.

Galant, Galante : Selon Furetière, on qualifie de galant un « homme honnête », « un homme qui a lair de la Cour » ou encore un homme « habile, adroit, dangereux » et qui « entend bien ses affaires » ; mais « au féminin, quand on dit, cest une galante, on entend toujours une courtisane. »

Grisette : Jeune femme de petite vertu.

Grosse (ou grosse denfant) : Enceinte.

Gueux : « Qui demande laumône. [] Se dit aussi hyperboliquement de ceux qui nont pas assez de biens de fortune pour soutenir leur naissance et leur qualité, et aussi de tout ce qui marque quelque indigence. » (Furetière.) Gueuserie : état de celui qui est gueux, misère.

Hasarder : Risquer.

Honnête : « Vertueux, conforme à lhonneur et à la vertu. [] Convenable à la raison, bienséant à la condition, à la profession, et à lâge des personnes. » Le sens est donc plus large quen français moderne.

Hymen, Hyménée : Mariage.

Inclination : Attirance, affection ; par euphémisme, désir.

Jaser : Bavarder.

Jouer [quelquun] : Tromper, se moquer de quelquun.

Laisser de : Cesser de, le plus souvent à la forme négative : « ne pas laisser de », cest-à-dire faire quelque chose continuellement, voire de manière insistante.

Lansquenet : Jeu de cartes apporté en France par les mercenaires allemands (Landsknecht) ; par métonymie, signifie « maison de jeu », « tripot ».

Mander : Faire venir, convoquer.

Maraud (ou maraut) : « Terme dinjure et de mépris. Coquin, fripon. » (Acad.)

Monsieur, Madame, Mademoiselle : Ces titres avaient un sens fort et servaient de marque de respect utilisées seulement envers des personnes jouissant dun statut social élevé, nobles ou bourgeois.

Notaire : Officier chargé détablir et dentériner les actes légaux, notamment les contrats de mariage, ce qui explique sa fréquence dans le personnel des comédies.

Opiner : Donner un avis, indiquer un sentiment.

Original : « On appelle proverbialement et ironiquement un original, un homme qui est ridicule et singulier en ses manières, qui fait rire par la nouveauté de ses actions. » (Furetière.)

Ouais : Plus quune simple variante de « oui », le terme indique la méfiance, lincrédulité.

Ouf : Interjection (suivie ou non dun 744point dexclamation). « Particule indéclinable qui se dit absolument, quand on souffre quelque douleur. » (Furetière.)

Parchemin : Document légal, minute, contrat.

Partisan : « Celui qui fait un traité, un parti avec le Roi pour des affaires de finances. » (Acad.)

Petit Maître : Jeune homme vaniteux et arrogant, menant une vie dissipée.

Philosophe : Intellectuel, généralement libre-penseur, voire athée et libertin.

Plaideur, plaideuse : Personne engagée dans un procès, qui mène une action en justice.

Prévenir : Précéder ; préparer.

Prévention : Préjugé, idée reçue.

Procureur : « Officier établi pour agir en justice au nom de ceux qui plaident en quelque jurisdiction. » (Acad.) En droit moderne, cest un « avoué ».

Repos : Tranquillité desprit.

Rêver : Réfléchir, méditer.

Se connaître : Avoir conscience de son rang social ; savoir se tenir à sa place.

Serrer : Ranger soigneusement, mettre de côté ou cacher.

Serviteur : Terme quun homme utilise pour prendre congé.

Soufflet : Gifle ou autre coup porté avec la main.

Suborneur : Séducteur ou ravisseur. Dans le droit, tout homme épousant une femme sans laccord des parents de celle-ci était coupable dun « rapt de séduction », théoriquement punissable de mort.

Tabellion : Officier de justice équivalant au notaire, en milieu rural particulièrement.

Transport : Effusion, mouvement dhumeur.

1 Établi par Guy Spielmann.