avant-propos

À l’instar d’une Pythie moderne, Marguerite Duras s’est imposée comme une visionnaire énonçant un discours de vérité ou construisant par sa parole un monde à venir. Ce faisant, l’écrivaine affirme sa force de création et sa capacité à raconter des histoires dont le premier moule est sans nul doute le muthos, ce récit oral aux origines sacrées qui produit une explication du monde.

C’est cet ancrage dans le mythe que Simona Crippa a analysé avec brio dans son ouvrage Marguerite Duras1. Parce que le mythe déborde la raison logique, ouvre à une explication non pas seulement rationnelle mais émotionnelle de l’ordre du monde, parce qu’il est en somme au fondement de la communauté, qu’elle soit sociale ou littéraire, il semble en effet irriguer l’imaginaire durassien et rendre les lectures illimitées.

Cette richesse du mythe et des lectures illimitées qu’il produit, Simona Crippa s’en empare dans la première section de ce volume, celle qui donne au volume son principal enjeu de recherche, en conviant non pas seulement des critiques mais aussi des écrivains, pour notre plus grand bonheur.

Sylvie Loignon

Université de Caen Normandie – Laslar UR 4256