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Classiques Garnier

[Introduction de la deuxième partie]

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : La Prudence d’après Michel de Montaigne et Baltasar Gracián. Entre le ciel et la terre
  • Pages : 187 à 187
  • Collection : Études montaignistes, n° 71
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406113744
  • ISBN : 978-2-406-11374-4
  • ISSN : 1775-349X
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11374-4.p.0187
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 16/06/2021
  • Langue : Français
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La vertu de prudence émerge dans un enchaînement causal et circule dans des réseaux de diffusion. Lexpérience à travers le temps et la connaissance des singuliers en constituent les fondements chez Aristote1. De même, dans le système aristotélico-thomiste, la prudence et lensemble des vertus senchevêtrent dans une causalité interdépendante : pour être vertueux il faut être prudent et pour être prudent il faut être vertueux2. Don spirituel autant que fruit de laction, la prudence dans la Summa remonte à diverses sources et revêt deux degrés principaux quant à ses origines. Thomas dAquin distingue dune part la prudence infuse et « suffisante pour ce qui est nécessaire au salut », laquelle « est donnée à tous ceux qui possèdent la grâce ». Dautre part, il distingue une prudence acquise et « plus complète, par laquelle on est capable de subvenir à soi-même et aux autres, non seulement pour ce qui est nécessaire au salut, mais encore pour tout ce qui a rapport à la vie humaine ». Il précise que cette prudence acquise « ne se trouve pas chez tous ceux qui possèdent la grâce » dans la mesure où elle « a pour cause lexercice des actes3 ». Productrice dactes et de dispositions vertueuses, la prudence fait également lobjet dune transmission générationnelle, étant donné linfinité des singuliers :

Cest pourquoi la prudence est une matière où lhomme a besoin plus quailleurs dêtre formé par autrui ; les vieillards surtout sont qualifiés pour léclairer, eux qui sont parvenus à la saine intelligence des fins relatives à laction4.

La présente partie examinera les origines, les ramifications et les modes de transmission de la prudence envisagés par nos deux auteurs.

1 EN, VI, 8 et 9.

2 Ibid., VI, 13.

3 Thomas dAquin, op. cit., IIa IIae, question 47, art. 14, p. 331.

4 Ibid., IIa IIae, question 49, art. 3, p. 335.