Résumés et présentations des auteurs
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : La Préface. Formes et enjeux d’un discours d’escorte
- Pages : 395 à 403
- Collection : Rencontres, n° 163
- Série : Théorie littéraire, n° 6
- Thème CLIL : 4053 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Théorie Littéraire
- EAN : 9782406058113
- ISBN : 978-2-406-05811-3
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-05811-3.p.0395
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 01/10/2016
- Langue : Français
RÉSUMÉS
et présentations des auteurs
Magdalena Koźluk, « L’art du masque dans la préface médicale aux xvie et xviie siècles »
Magdalena Koźluk est maître de conférences à l’université de Lodz. Elle a notamment publié L’Esculape et son art à la Renaissance (Paris, 2012), étude consacrée à la rhétorique du discours préfaciel médical. Elle s’intéresse au rôle de la rhétorique et de la lecture classique dans l’écriture médicale des xvie et xviie siècles ainsi qu’aux représentations de la médecine dans l’iconographie humaniste.
Pour les médecins de la Renaissance, la préface n’est pas uniquement un espace de communication où se construit l’image de l’auteur ; elle leur fournit aussi une occasion pour une mystification qu’est l’usage d’un masque littéraire. Cette étude porte sur l’écriture du discours préfaciel dans les ouvrages médicaux aux xvie et xviie siècles en France sous l’angle de différents déguisements que revêtent les médecins, auteurs de pièces liminaires dans les pharmacopées, traités de chirurgie et régimes de santé.
François-Ronan Dubois, « Les préfaces des recueils d’ana du xviie au xixe siècles »
François-Ronan Dubois est agrégé de lettres modernes et doctorant en histoire de la littérature, au sein de l’équipe Litt&Arts, université Grenoble Alpes. Professeur agrégé de sciences humaines à l’École nationale d’ingénieurs de Brest, il est spécialiste de la littérature française des années 1650 à 1770 et auteur d’articles sur la vie et l’œuvre de Marie-Madeleine de Lafayette.
Genre problématique, entre l’anecdote et l’érudition, entre l’intime et le savoir, le recueil d’ana joue un rôle ambigu sur la scène littéraire des époques modernes et contemporaines. Cet article étudie la manière dont ces préfaces se construisent, s’organisent, jouent les unes par rapport aux autres. Il montre comment elles finissent par constituer le recueil d’ana en genre à part entière,
avec sa propre cohérence historique et formelle, alors même que la production est en réalité beaucoup plus hétéroclite.
Stéphanie Bernier et Pierre Hébert, « La préface comme chronotope. L’exemple des préfaces de Louis Dantin »
Stéphanie Bernier est étudiante au doctorat en études françaises à l’université de Sherbrooke. Elle prépare une thèse sur le mentorat littéraire dans la correspondance entre Louis Dantin et les « Individualistes de 1925 ». Elle a codirigé l’ouvrage Le Livre comme art. Matérialité et sens (Montréal, 2013). Elle fait partie du Groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec (GRÉLQ).
Pierre Hébert est professeur titulaire à l’université de Sherbrooke. Spécialiste de littérature québécoise et d’histoire du livre et de l’imprimé, il est l’auteur de nombreux travaux sur la question de la censure, parmi lesquels le Dictionnaire de la censure au Québec (Montréal, 2006) et La Censure de l’imprimé (Montréal, 2006).
Cet article pose comme cadre d’analyse que la préface peut être analysée en fonction des cinq axes suivants : le texte qui la suit ; l’objet-livre qui la contient ; le livre et l’imprimé en général ; le système-livre en général ; la lecture et les usages du livre dans la société. Cette approche s’effectue à l’aune de la pratique préfacielle d’un auteur majeur des années 1925-1940 au Québec, Louis Dantin (pseudonyme d’Eugène Seers).
Daphné de Marneffe, « Choix formels et stratégies de présentation de soi dans la Lettre sur la littérature des voyages (1935) de Pierre Daye »
Daphné de Marneffe est docteur en langues et lettres de l’université de Liège et membre fondateur de COnTEXTES, revue de sociologie de la littérature. Collaboratrice scientifique à l’université de Liège (depuis 2009), ses recherches portent principalement sur les revues littéraires belges et françaises de l’entre-deux-guerres, les rapports entre presse et littérature, les agents de la vie littéraire.
La Lettre sur la littérature des voyages de Pierre Daye est à la fois une « épître dédicatoire » et un long « essai-méditation » sur le statut des écrivains voyageurs et la pratique du genre du récit de voyage. Les deux caractéristiques formelles de sa préface auctoriale originale à fonction de préface tardive sont analysées ici : portant un regard rétrospectif sur dix années de pratiques de l’écriture et du voyage, Pierre Daye développe un discours réflexif sur un genre alors en pleine phase d’autonomisation.
Laurence van Nuijs, « Une poétique de l’inachevé. La pratique de la préface chez Bernard Frank »
Laurence van Nuijs est chargée de recherches du Fonds de la Recherche Scientifique-Flandre (FWO). Elle a consacré sa thèse, parue en 2012, à la critique littéraire communiste en Belgique pendant la Guerre froide. Ses recherches portent actuellement sur l’œuvre de Bernard Frank et sur le genre de la chronique.
Adoptant la perspective développée par Gérard Genette dans Seuils sur l’« instance préfacielle », cet article propose une réflexion sur l’œuvre de l’écrivain et chroniqueur littéraire français Bernard Frank (1929-2006). L’œuvre de Frank présente une grande diversité de préfaces. À travers l’investissement progressif par Frank de différents types de préfaces, l’article observe comment le commentaire auctorial devient chez lui un véritable principe d’écriture.
Marta Caraion, « De l’utilité et de la survie en littérature. Préfaces 1835-1855 »
Marta Caraion est maître d’enseignement et de recherche en littérature française et codirectrice de la formation doctorale interdisciplinaire à l’université de Lausanne. Elle s’intéresse aux liens entre littérature, sciences et techniques, ainsi qu’aux liens texte-image, plus spécifiquement littérature-photographie, au xixe siècle, sujets qui ont donné lieu à deux livres : Pour fixer la trace (Genève, 2003).
La question de l’utilité est récurrente dans le discours préfaciel au xixe siècle. Il s’agit ici d’en comprendre les enjeux et les motivations à travers une lecture des préfaces à Mademoiselle de Maupin de Gautier et aux Chants modernes de Maxime Du Camp. Chez certains auteurs comme Du Camp ou Lamartine, le plaidoyer pour une valeur utilitaire de la littérature coïncide avec un mécanisme de construction d’un ethos d’écrivain engagé.
Jean-Pierre Bertrand, « Zola et l’invention du roman naturaliste »
Jean-Pierre Bertrand enseigne la littérature des xixe et xxe siècles à l’université de Liège. Il s’est notamment spécialisé dans l’histoire des formes littéraires au xixe siècle et a publié Les Poètes de la modernité. De Baudelaire à Apollinaire (Paris, 2006). Il a réédité quelques textes marquants de la littérature « fin de siècle » : Laforgue, Rodenbach, Dujardin, Schwob.
Le concept d’invention escorte l’émergence de la littérature au xixe siècle parallèlement à ce qui l’a transformé dans les sciences et les techniques. Cela
signifie que la littérature peut aussi être saisie comme un champ de production du nouveau, et qu’elle a à voir avec les notions de découverte, de crise, de progrès, de technique. La préface sert de laboratoire réflexif aux expérimentations romanesques, que l’auteur des Rougon-Macquart est appelé à justifier, expliquer, négocier, voire vulgariser.
Pascal Durand, « “Observation relative au poème Un Coup de Dés jamais n’abolira le Hasard par Stéphane Mallarmé”. Une préface d’un nouveau genre ? »
Pascal Durand est professeur ordinaire à l’université de Liège. Spécialiste de Mallarmé et de la modernité poétique au xixe siècle, il est l’auteur d’une soixantaine d’articles et de plusieurs ouvrages relatifs au poète. On lui doit également, entre autres, L’Art d’être Hugo (Arles, 2005), La Censure invisible (Arles, 2006) et Les Poètes de la modernité (Paris, 2006).
L’« Observation relative au poème Un Coup de Dés jamais n’abolira le Hasard » est considérée et lue comme une « préface » au Coup de dés dans sa version définitive. Émanant d’un poète ayant marqué plus d’une fois la vive défiance que lui inspirait le geste de la préface, elle doit plutôt être lue comme un texte de circonstance imposé par des contingences éditoriales et comme un commentaire visant à assurer la lisibilité d’un texte monstre en le rabattant sur des codes reçus.
Marie-Hélène Jeannotte, « La poésie, nouveau territoire de l’oralité. L’auteur autochtone à la recherche d’une double légitimité »
Marie-Hélène Jeannotte est étudiante au doctorat en études françaises, à l’université de Sherbrooke. Elle prépare une thèse sur la construction de figures d’auteurs autochtones dans le champ littéraire québécois.
Dès les premières publications autochtones au Québec, dans les années 1970, les auteurs et leurs éditeurs utilisent les textes d’accompagnement pour légitimer l’œuvre et son auteur. La tension entre la tradition orale et l’écriture se voit cristallisée dans les préfaces et les postfaces, où les auteurs justifient leur choix de l’écriture. Qu’en est-il de ce rapport à l’écriture chez les écrivains amérindiens quarante ans après les premières publications ?
Grégory Cormann, « “Passer la ligne”. La rencontre de Fanon et de Sartre »
Grégory Cormann est chef de travaux au département de philosophie de l’université de Liège. Spécialiste de Jean-Paul Sartre, il a dirigé plusieurs dossiers des revues Études sartriennes et L’année sartrienne, et est l’auteur de l’ouvrage Phénoménologie de l’affectivité. Émotion, temporalité et langage chez Sartre (Berne, 2011).
À partir de 1948, où il donne des préfaces à l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache et à l’antiroman de Nathalie Sarraute, Portrait d’un inconnu, jusqu’au début des années 1970, Sartre a écrit une quinzaine de préfaces. Dans plusieurs cas, ces préfaces sont comme indissociables de l’ouvrage préfacé ; on leur reproche souvent d’avoir pris le dessus sur celui-ci. Il s’agit ici de relire la préface de Sartre aux Damnés de la terre de Frantz Fanon.
Béatrice Brottier, « Le travail du libraire dans les avis au lecteur des recueils collectifs de poésies du début du xviie siècle »
Béatrice Brottier, membre du Groupe de recherches interdisciplinaires sur l’histoire du littéraire, a publié « Je n’estime pas moins tes lettres que ses armes ». La poésie d’éloge du premier xviie siècle dans les recueils collectifs de Toussaint Du Bray (Paris, 2015). Ses recherches portent sur la poésie du xviie siècle, le discours épidictique, la représentation du pouvoir et les questions éditoriales.
Les nombreux recueils collectifs de poésies qui paraissent du début du xviie siècle font parfois l’objet d’une dédicace à un grand personnage, mais sont surtout dotés d’un avis au lecteur qui justifie la publication du recueil, expose le choix fait des auteurs et pièces publiés. Dans ces avis au lecteur se dessinent une figure de libraire-éditeur et une figure d’auteur. Cette distinction affichée des responsabilités de chacun s’inscrit dans l’évolution du monde des belles lettres et de l’imprimé au xviie siècle.
Marie-Ève Riel, « “Nous avons laissé ces documents tels qu’ils étaient.” L’édition d’œuvres posthumes par les sociétés de lecteurs et de lectrices »
Marie-Ève Riel est chercheuse postdoctorale au département d’études littéraires de l’université du Québec à Montréal (UQAM), membre du centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoise (CRILCQ) et membre du groupe de recherche sur les médiations littéraires et les institutions (GREMLIN). Ses recherches actuelles portent sur les sociétés d’amis d’écrivains au xxe siècle.
Lorsqu’ils sont portés à l’attention du public après la mort de l’écrivain, les inédits, la correspondance, les journaux personnels sont rarement, voire jamais dépourvus de textes liminaires. Les ayants droit se font les gardiens d’une mémoire orthodoxe en s’érigeant en société d’amis ou de lecteurs. Dans le cadre de cet article, on se demandera sur quels topos s’appuient les sociétés prenant noms d’auteurs pour souligner la singularité des textes qu’ils donnent à lire.
Hervé Serry, « Quelques éléments sur les préfaces et autres textes de présentation en amont et en avant du travail éditorial »
Hervé Serry, sociologue, est directeur de recherche au CNRS au sein de l’UMR Cresppa dont il est directeur. Ses travaux et ses enseignements portent sur les mutations de l’édition contemporaine. Il est professeur associé de l’université de Sherbrooke (Québec). Il a publié Naissance de l’intellectuel catholique (Paris, 2004) et d’une monographie intitulé Aux Origines des éditions du Seuil (Paris, 2015).
À partir d’un corpus d’œuvres littéraires, il s’agit de suivre les étapes de la construction de la réception du texte fait livre par l’éditeur. Au moment de la réception du manuscrit, les jugements des différents lecteurs internes à la maison d’édition sont utilisés pour situer l’œuvre. Puis ces jugements suscitent son encadrement par des textes de présentation de l’œuvre et de l’auteur. Les choix qui président à cet appareillage préfaciel sont des éléments qui construisent des supports de promotion du livre.
Josée Vincent, « Lorsque l’éditeur investit la préface. L’exemple de Louis-Alexandre Bélisle »
Josée Vincent est professeure à l’université de Sherbrooke et directrice du groupe de recherches et d’études sur le livre au Québec (GRÉLQ). S’intéressant à l’histoire du livre et à la littérature québécoise, elle a dirigé plusieurs collectifs dont La fabrication de l’auteur (Montréal, 2010), Passeurs d’histoire(s) (Laval, 2010) et Le Livre comme art. Matérialité et sens (Montréal, 2013).
L’analyse des discours préfaciels s’est surtout concentrée sur les textes pris en charge par des écrivains et des critiques : d’autres agents ont pourtant l’occasion d’assumer des préfaces. C’est notamment le cas de l’éditeur, instance médiatrice qui qui choisit les textes, fabrique les livres et assure leur diffusion. La fonction éditoriale, ainsi définie, se manifeste dans les éléments que Genette rassemble sous l’étiquette de péritexte éditorial, mais l’éditeur assume également la fonction d’« hyperlecteur ».
Marie-Pier Luneau, « Une hirondelle ne fait pas le printemps. De la préface comme mode d’existence d’une littérature et de ses animateurs »
Marie-Pier Luneau est professeure titulaire à l’université de Sherbrooke. Elle s’intéresse depuis plusieurs années à la figure de l’auteur et a notamment codirigé les collectifs suivants : La Fabrication de l’auteur (Montréal, 2010), Deux siècles de malédiction littéraire (Liège, 2014). Elle dirige également la revue internationale Mémoires du livre / Studies in Book Culture.
Cet article repose sur la lecture de tout le corpus de préfaces publiées dans la première moitié du xxe siècle au Québec et qui ont débattu de l’existence d’une littérature nationale. Il s’intéresse plus particulièrement aux propos de Jules Fournier et de Camille Roy, en posant comme hypothèse que la préface nécessite le déploiement d’ethos différents en fonction de la position occupée dans le champ, qu’elle soit celle de l’écrivain ou de l’animateur de la vie littéraire.
David Martens, « Éros préfacier. Pauline Réage, Jean de Berg et Belen ou le “joli jeu de la plume et du masque” »
David Martens est professeur de littérature française moderne et contemporaine à l’université de Louvain. S’intéressant aux modes de constitution de la figure de l’écrivain, il s’est spécialisé dans l’étude de la pseudonymie, ainsi que dans celle des médiations de la figure auctoriale et de la littérature. Il mène des recherches sur le genre de l’entretien ainsi que sur l’iconographies de l’écrivain et ses usages.
En l’espace d’une douzaine d’années, le champ littéraire français est le théâtre de la publication de trois ouvrages empreints d’un érotisme sulfureux. De l’Histoire d’O (1954) de Pauline Réage au Réservoir des sens (1966) de Bellen en passant par L’Image (1956) de Jean de Berg, ces livres ont en commun d’avoir été préfacés par un membre de l’autre sexe. Ces préfaciers assument une fonction de médiateurs correspondant à un statut de premier lecteur et se présentent comme subodorant l’identité de l’auteur véritable.
Fanny Lorent, « La préface, lieu de transaction de l’écrivain-éditeur. Double jeu et parole intermédiaire »
Fanny Lorent est aspirante FNRS à l’université de Liège, où elle mène des recherches doctorales, sous la direction de Laurent Demoulin, sur la revue et la collection « Poétique ». Elle a fait paraître Barthes et Robbe-Grillet. Un dialogue critique (Bruxelles, 2015), version remaniée de son mémoire de master.
Cet article envisage à travers trois préfaces « autour de Robbe-Grillet », les stratégies déployées par l’écrivain-éditeur dans l’espace préfaciel, lieu privilégié pour neutraliser les dangers auxquels l’expose sa double posture. Un de ces dangers tient dans la saturation des instances de production et de légitimation du livre, qui contraint alors Robbe-Grillet à élaborer des manœuvres complexes pour rétablir une médiation de la parole, nécessaire au succès du processus de consécration d’une œuvre littéraire.
Jeremy Hamers, « Le générique de faux documentaire. Un incitant à la lucidité paradoxale du spectateur »
Jeremy Hamers est chercheur en arts du spectacle à l’université de Liège. La plupart de ses articles portent sur le cinéma allemand moderne, le cinéma documentaire contemporain, et la représentation visuelle de la violence politique.
Parallèlement aux multiples commentaires cinéphiliques que le générique suscite, les travaux récents qui lui sont consacrés l’envisagent comme un objet d’étude esthétique, narratologique ou sémiologique à part entière. Selon ces études, le générique est un objet marginal et frontalier qui sert à enclencher la diégèse, mais aussi à lui résister. La présente contribution envisage quant à elle les mécanismes et fonctions du générique dans le cas spécifique du faux documentaire.
Clément Dessy, « Seuils littéraires aux arts plastiques. Les préfaces d’écrivains aux catalogues d’exposition »
Clément Dessy est chargé de recherches au FNRS et maître d’enseignement en littérature française à l’université libre de Bruxelles. Il prépare actuellement une édition des écrits complets du peintre Fernand Khnopff. Ses intérêts de recherche se portent sur les interactions entre les arts, l’histoire sociale du littéraire et les transferts culturels internationaux.
La préface donnée par un écrivain au catalogue d’exposition d’un artiste constitue un topos du champ culturel. Cette contribution décrit cette réalité dans le domaine français, depuis son émergence de la seconde moitié du xixe siècle à l’entre-deux-guerres. Cet espace de publication est nouveau pour les écrivains. La préface de catalogue est une possibilité d’inscription du texte dans la vie artistique qui impose aux écrivains de se distinguer par rapport à d’autres rédacteurs potentiels de ce type de préfaces.
Jean-Max Colard, « De la préface d’exposition à l’exposition préface »
Jean-Max Colard est maître de conférences à l’université de Lille où il enseigne la littérature contemporaine. Il officie également en tant que critique d’art et commissaire de nombreuses expositions. Il a notamment publié L’Exposition de mes rêves (Dijon, 2013), ainsi qu’un essai sur le roman Cinéma de Tanguy Viel, Une littérature d’après (Dijon, 2015).
Le terme consacré de « préface d’exposition » a été fréquemment utilisé, depuis les Surréalistes jusqu’à la galerie A. Maeght. Très marquée du sceau de la littérature, la notion de préface ramène à l’ordre du livre : dans les faits, il s’agit plus souvent d’une préface au catalogue de l’exposition, lui-même publié en amont de l’événement. Pour autant la préface d’une exposition rejoue et déplace la problématique de la préface littéraire : c’est d’abord un exercice intermédial.