Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : La Poésie archaïque comme discours de savoir
- Pages : 317 à 320
- Collection : Kaïnon - Anthropologie de la pensée ancienne, n° 12
- Série : Symposia, n° 3
- Thème CLIL : 3127 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie antique
- EAN : 9782406073796
- ISBN : 978-2-406-07379-6
- ISSN : 2428-713X
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07379-6.p.0317
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 04/01/2019
- Langue : Français
Résumés
Marie-Laurence Desclos, « Le tissage des savoirs et de la langue dans la poésie archaïque »
Le principal objectif de ce colloque consistait à prendre au sérieux le nom que se donnaient eux-mêmes ces « poètes », et que leurs contemporains leur donnaient : celui de sophoi. Ce qui impliquait d’abandonner nos catégories contemporaines, de prendre conscience que la conception et les conditions du savoir et de la vérité n’étaient pas les mêmes que les nôtres, et que la fabrication, la poièsis des noms, du chant, du monde et de la communauté civique marchaient alors du même pas.
Claude Calame, « Poèmes “présocratiques” et formes de poésie didactique, quelle pragmatique ? »
La communication et la diffusion des savoirs par les sages qui ont précédé Platon est assurée par des formes de discours qui sont souvent poétiques, reprenant la diction épique des poèmes homériques, mais aussi les tournures énonciatives qui scandent les Travaux d’Hésiode. Il s’agira donc ici de s’interroger sur le « statut-auteur » et sur la pragmatique des discours diffusés par des sóphoi qui ne sont ni des philosophes, ni des présocratiques.
David Bouvier, « De Démodocos à “Homère comme poète”, réappropriation d’un chant aédique dans une épopée »
Reconnue comme une poésie qui découle de la tradition orale aédique, un poème comme l’Odyssée constitue cependant, dans l’histoire du savoir et des techniques poétiques, une claire rupture. C’est d’ailleurs cette rupture qui permet à l’Odyssée de jeter un regard critique sur les aèdes de l’époque héroïque. Cette critique va jusqu’à interroger la possibilité de donner une « vraie version » d’un événement historique comme la chute de Troie.
318Leopoldo Iribarren, « La place du mythe de Prométhée dans la Théogonie d’Hésiode. Composition et connaissance »
Dans un geste compositionnel réfléchi, Hésiode subvertit l’ordre chronologique des mythes de succession dans la Théogonie. Ce qui a été interprété de façons différentes, selon l’importance accordée à l’ordre du récit comme facteur de production du sens. Cet ordonnancement des mythes thématise la succession de défis auxquels Zeus doit faire face selon la polarité ruse/force, qui caractérise traditionnellement les comportements héroïques dans l’épopée.
Magali Année, « Le savoir koinôgonique des chants d’élégie parénétiques de Tyrtée »
À travers le survol de quelques-uns des phénomènes linguistiques qui caractérisent les chants de Tyrtée, on verra que sa diction d’exhortation politique et guerrière constitue intrinsèquement l’une des premières réflexions pratiques sur la nature de l’homme dans son rapport inhérent au pouvoir et aux effets du langage, c’est-à-dire sur les mécanismes essentiellement sonores de l’intercommunication linguistique dont dépendait alors la réussite de tout lien communautaire authentique.
Massimiliano Ornaghi, « Alcman et les Κολυμβῶσαι, un plongeon métaphorique ? »
Il s’agit d’évaluer l’attribution des Κολυμβῶσαι, à Alcman, compte tenu des hypothèses formulées à ce jour et d’en présenter une nouvelle interprétation. Le « plongeon » ou la « nage » impliqués dans les Κολυμβῶσαι pourraient faire allusion à des activités sportives féminines, à des rituels, ou à des épisodes mythiques. Alternativement, Κολυμβῶσαι pourrait avoir un sens métaphorique : l’œuvre pourrait être d’Alcman, ou lui avoir été attribuée par la tradition.
Mauro Bonazzi, « La théodicée de Solon d’Athènes »
Cet article propose une lecture compatibiliste de l’élégie aux Muses et de l’élégie Eunomia. Dans ces deux poèmes Solon défend l’idée selon laquelle les dieux interviennent dans les affaires humaines en sanctionnant les actions 319bonnes ou mauvaises. Le problème est alors, pour les êtres humains, de ne pas être toujours capables de connaître la perspective des dieux. D’où la nécessité de l’aide divine pour pouvoir la comprendre et l’exhortation à la modération, qu’on lit dans les élégies.
Francesca Dell’Oro, « Ἐπέωνστίχες. Éléments d’une réflexion métalinguistique dans la Quatrième Pythique de Pindare »
Les métaphores élaborées que Pindare emploie dans la Quatrième Pythique pour introduire ou clore les discours directs, très rares dans ses épinicies, constituent un moyen précieux pour comprendre comment le poète conceptualisait les actes langagiers de la réalisation articulatoire aux nuances pragmatiques. Si cette réflexion métalinguistique ante litteram s’appuie sur une tradition qui est parfois indoeuropéenne avant d’être grecque, le génie créateur de Pindare s’en détache sans effort.
Sofia Ranzato, « Choisir sa propre route chez Parménide, dans la poésie didactique et dans les traditions religieuses à l’époque archaïque »
Point de départ de cette étude, l’image du carrefour dans l’œuvre d’Homère, d’Hésiode et de Théognis, ainsi que sa re-fonctionnalisation dans les lamelles d’or orphiques. Choisir un chemin déviant par rapport à celui que parcourent les masses apparaît comme une modalité nécessaire en vue d’obtenir une condition post mortem privilégiée. Ainsi s’éclaire l’insistance de Parménide sur le choix de la seule voie qui conduise à la vérité, semblant se charger d’une valeur également existentielle.
Jaume Pòrtulas, « Parménide et les traditions de la palinodie poétique »
Le poème de Parménide est l’héritier d’une longue tradition poétique, dont il reprend de nombreux procédés. Son invocation à une autorité transcendante est lourde de conséquences : l’adoption du rôle de messager ; l’accent mis sur la thématique de Peithô ; la dénonciation de la foule ; l’appel aussi à une certaine « pierre de touche », etc. On verra que les conventions de la palinodie pourraient nous aider à mieux comprendre l’articulation délicate entre l’Alétheia et les doxai des mortels.
320Xavier Riu, « Vérités et performance publique. Quelques réflexions sur alêtheia »
Qu’en est-il du concept de « vérité » en Grèce archaïque et partiellement classique ? Plusieurs conceptions de la vérité coexistaient, plusieurs mots pour la dire également, que nous ne différencions mal et que souvent nous tendons à confondre. Il faut par ailleurs resituer le concept d’ἀλήθεια dans le contexte de l’énonciation publique. Enfin, ces types de vérité multiples nous permettent de penser autrement la manière dont Parménide présente les différentes façons d’être et d’être vrai.