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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : La « Philautie » humaniste, héritages et postérité
  • Pages : 333 à 336
  • Collection : Études et essais sur la Renaissance, n° 117
  • Série : Perspectives humanistes, n° 10
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406088370
  • ISBN : 978-2-406-08837-0
  • ISSN : 2114-1096
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08837-0.p.0333
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 27/06/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Tristan Vigliano, « Philautie avant philautie. Sens et sources dune notion dans les Adages dÉrasme »

Cet article interroge la nature de la philautie pour Érasme au moment où il commence à sapproprier cette notion, et cherche de quelles sources, antiques et humanistes, résulte cette appropriation dans les Adages. La connaissance de ces sources (Aristote et Platon, Stobée et Filippo Beroaldo) révèle certaines décisions fortes de lécrivain, certains traits de composition encore inaperçus, et même certains effets de sens, peut-être plus ironiques quil ny paraît.

Arthur Huiban, « La “philautie” des premiers Loci communes de Melanchthon (1521). Doctrine anthropologique ou entrée lexicale dans lÉcriture ? »

À partir de lusage de la notion de « philautie » dans les Lieux communs théologiques de Melanchthon (1521), larticle fait le point sur lapport de la première doctrine luthérienne dans sa relation à lÉcriture et à lhéritage humaniste, antique et patristique. Melanchthon condamne en effet sous le nom de « philautie » la confiance en soi, comprise comme croyance en la capacité de lhomme à se sauver lui-même, ouvrant sur une méditation scripturaire sur lefficience de la parole de Dieu.

William McKenzie, « La philautie. Narcisse aux seuils de la modernité »

Larticle explore une « pré-histoire » du « narcissisme » dans le récit ovidien et dans ses traductions, emblèmes, gloses et commentaires, où il observe que les concepts d« amor sui » et de « philautia » se chargent dune dimension « historique ». En incarnant la folle nouveauté dans les domaines intellectuel, cosmique, politique et amoureux, Narcisse illustre la recherche de nouveaux liens entre les périodes historiques et de nouvelles manières de se constituer en communauté.

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Anne-Élisabeth Spica, « Figures emblématiques de la philautie en Narcisse »

Le corpus emblématique permet de sonder les effets de spécularité et daveuglement qui instruisent lénoncé iconotextuel de la philautie, dun double point de vue : dune part, la formulation dun discours visible et lisible sur lamour excessif de soi, mortifère et vaniteux, à partir de la figure qui en paraît la plus adéquatement expressive, Narcisse ; dautre part, le discours sur les dangers de lillusion philautique que dénonce cette construction même, et ses remèdes au cœur du mal.

Gérard Milhe Poutingon, « Violence philautique et incongruité chez Rabelais »

Létude porte sur les relations entre la philautie, en particulier lorsquelle est vindicative, et le hors-propos. Après un rappel de létat de la question dans les mentalités du xvie siècle, les faits sont examinés dans lœuvre de Rabelais. Cette étude sachève sur des propositions relatives à linfluence des Lettres de Diogène sur le prologue du Tiers Livre.

Jeltine Ledegang-Keegstra, « Théodore de Bèze, attaqueur satirique et dupe de philautie »

Jamais lesprit satirique na quitté Bèze, des Juvenilia (1548) à la Réponse à un gentilhomme savoysien (1598), et jusque dans la Confession de la foy chrestienne (1559). Dans ses œuvres, Bèze attaque plusieurs défauts connexes de la « philautie » tels que la vanité, larrogance, la fausse modestie et lambition, notamment dans de violentes diatribes ad personam, et sest lui-même fait accuser de ces défauts par dautres écrits.

Blandine Perona, « Satire et philautie, franchise et aveuglement de Politien à Montaigne »

Partant de la Praelectio in Persium de Politien (1498), cet article montre combien la représentation de la philautie humaniste est tributaire de lévolution du genre satirique. La satire se justifie comme antidote à la philautie, et les visages de la philautie se transforment avec les cibles de la satire. Ainsi, la philautie des théologiens que dénonce Érasme soppose à la charité, quand celle 335des courtisans que dénoncent plus tard H. Estienne, Du Fail et Montaigne soppose surtout au naturel.

Audrey Duru, « Le lexique de lamour de soi dans la poésie et les traités spirituels de langue française (seconde moitié du xvie siècle-premier xviie siècle) »

Au xvie siècle, la poésie dite chrétienne à la première personne offre un dispositif littéraire qui repose sur le retour moral sur soi et la dénonciation de lamour de soi. Lapproche lexicale montre que le je sy trouve purgé de lintérêt personnel à travers un combat métaphorique, dont le soubassement doctrinal et confessionnel est divers : ascétisme, humanisme dévot, anti-humanisme, mystique. Les vers offrent une ressource lettrée et sociale, remaniée pour dire un je délesté du moi.

Aline Smeesters, « À partir de deux notices de Sandaeus. La doctrine scolastique de lamour-propre “bien ordonné” »

Larticle analyse les origines et les enjeux de limportance donnée par jésuite Sandaeus à lamour de soi « bien ordonné » dans les notices de dictionnaire quil consacre à l« amor sui » et à l« amor proprius » (Pro theologia mystica clavis, 1640). Il montre que la légitimation dune forme positive damour de soi sinscrit dans la promotion par lÉglise de Rome dun amour actif, tourné vers les œuvres de charité, contre les excès des mystiques et contre les doctrines réformées.

Isabelle Moreau, « Présomption humaine et purge sceptique. Montaigne, Charron, La Mothe Le Vayer »

En comparant le traitement réservé à lamour de soi et à la présomption chez Montaigne, Charron et La Mothe Le Vayer, à travers une constellation de termes relatifs à la notion de « philautie », cet article montre quil sagit dun problème dordre représentationnel plutôt que dun vice. Il en analyse les implications épistémologiques ainsi que les réponses apportées par ces auteurs, prenant ainsi position dans le débat sur lincidence du scepticisme dans le fonctionnement de la vie morale.

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Nicolas Correard, « Le philosophe en philaute. Portrait satirique de Thomas Hobbes par John Eachard (1672-1673) »

Dans ses deux dialogues Mr Hobbss State of Nature Considered (1672) et Some Opinions of Mr Hobbs Considered (1673), le satiriste John Eachard met en scène Thomas Hobbes sous les traits de Philautus. Au-delà du portrait caricatural qui vise le philosophe dans les polémiques contemporaines, Eachard reformule ainsi la notion de self interest, centrale dans lanthropologie hobbesienne, en fonction dune catégorie au passé humaniste et chrétien que Hobbes entendait justement évacuer.