Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : La Pensée sur l’art dans le roman des xxe et xxie siècles
- Pages : 347 à 353
- Collection : Rencontres, n° 397
- Série : Littérature générale et comparée, n° 29
- Thème CLIL : 4028 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes de littérature comparée
- EAN : 9782406083962
- ISBN : 978-2-406-08396-2
- ISSN : 2261-1851
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08396-2.p.0347
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 26/06/2019
- Langue : Français
Résumés
Frédéric Sounac, « La “constellation” Goldberg. Les Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach chez Nancy Huston, Gabriel Josipovici et Anna Enquist »
La contribution met en regard trois textes romanesques explicitement inspirés par l’œuvre de Jean-Sébastien Bach : Les Variations Goldberg (1981) de Nancy Huston, Contrepoint (2008) de Anna Enquist et Goldberg : variations (2002) de Gabriel Josipovici. Adoptant des stratégies distinctes, allant de l’exhibition analytique à l’évocation décantée, ces trois textes se saisissent des variations de Bach pour développer une méditation sur la musique mais aussi sur l’écriture littéraire.
Judith Lacoue-Labarthe, « Les Variations Goldberg dans Contrepoint d’Anna Enquist »
Anna Enquist compose le roman Contrepoint (Amsterdam, 2008) à la fois à partir de textes de critique musicale consacrés à l’art de Bach, de sa formation de pianiste concertiste ayant étudié au Conservatoire de La Haye, et d’une trame fictionnelle. Mais cette composition contrapuntique étaye aussi une méditation sur la puissance thérapeutique de l’art, qui permet de dépasser la répétition et la souffrance de l’expérience traumatique.
Olena Beresovska, « Les jeux d’ombre et de lumière dans Les Ombres des ancêtres oubliés de Kotsioubynsky »
Mykhaïlo Kotsiubynski est un écrivain ukrainien de la fin du xixe et du début du xxe. Les spécialistes partagent les œuvres de Kotsioubinski en deux périodes, la première étant purement réaliste et la deuxième se démarquant par des tendances impressionnistes. Cet article explore l’écriture « picturale » propre de Kotsioubinski, qui peut représenter une sorte de dialogue qui s’installe entre la littérature et la peinture.
348Loïse Lelevé, « “Les lieux d’une ruse”. La mystification comme discours romanesque sur la peinture »
Dans Les Onze (2009), Pierre Michon invente un tableau de la Terreur, à travers la description d’un tableau fictif intitulé Les Onze. L’invention du tableau fictionnel permet ainsi de développer un discours alternatif, proprement littéraire, sur la peinture, qui passe par la remise en question de la linéarité du discours historique, en même temps qu’il devient la source d’un nouveau type de récit, ludique et ambigu, qui interroge à nouveau frais les notions d’Histoire et de vérité.
Pascal Dethurens, « Un tableau sous chaque roman ? Michon lecteur de Gracq et de… Michon »
L’article distingue Michon d’une tradition romanesque où le personnage de l’artiste est le lieu d’une réflexivité. Chez cet auteur qui accompagne ses créations de réflexions théoriques, le tableau, hypotexte du roman, en est aussi le révélateur. Ainsi Michon lit l’œuvre de Gracq à la lumière de modèles picturaux qui ne s’y trouvent pas nécessairement. Et ses propres romans construisent leur narration d’après un tableau, ou y conduisent, faisant de la peinture la vérité du roman.
Lioudmila Chvedova, « La musique de l’architecture dans le roman de Jean Contrucci La Cathédrale engloutie (1991) »
Cet article montre que le roman de Jean Contrucci, La Cathédrale engloutie, se fait évocation d’une cathédrale musicale, le prélude de Debussy, lui-même inspiré de la légende bretonne de la ville d’Ys. Le déplacement de cette légende dans le contexte méridional (l’abbaye Saint-Victor à Marseille) et l’évocation de l’invisible ville russe de Kitège accompagnent un traitement allégorique des personnages dans un roman synesthésique où la cathédrale engloutie symbolise un rapport complexe au passé.
Judith Sarfati Lanter, « Présence des arts dans l’œuvre de Malcolm Lowry. Figures esthétiques du chaos »
Dans les récits de Malcolm Lowry, les références au cinéma et à la musique jazz témoignent des goûts personnels de l’écrivain, mais aussi, par leur dimension métatextuelle, des orientations de son écriture. Pour autant, le discours sur 349l’art prend rarement un tour spéculatif : il s’incarne avant tout dans les formes mêmes de l’écriture, qui relève d’une esthétique de la déliaison et du chaos.
Frédéric Weinmann, « “En art, le style est tout”. Le dialogue des arts dans Il nome giusto de Sergio Garufi »
Le roman de Garufi se construit comme une autobiographie posthume où le narrateur présente la genèse de son œuvre. Sa forme complexe assure l’ambivalence d’une autofiction qui tire vers l’essai. Car l’intrigue se bâtit autour de 15 chapitres fondés sur des références à des essais, des fictions littéraires ou des ouvrages d’art. Les 2500 titres et les 29 œuvres d’art évoqués construisent un dialogue des arts qui ne développe nulle réflexion, mais éclaire l’autofiction et son protagoniste.
Raphaëlle Guidée, « Un petit temple contre le grand art. W. G. Sebald et le modèle artisanal de Joseph Roth »
De livre en livre, Sebald a développé une réflexion indissolublement esthétique et éthique sur la création artistique. Le dialogue qu’il noue avec l’œuvre de Joseph Roth témoigne en particulier d’une conception singulière de l’œuvre d’art, qui renverse la hiérarchie habituelle entre art et artisanat et défait toutes les classifications modernes d’évaluation esthétique des chefs d’œuvre.
Ferdinando Amigoni, « Le milan et les mésanges. Une photo de W ou le souvenir d’enfance »
Il n’y a pas de roman, entre le 1850 et aujourd’hui, qui n’a pas mentionné des photographes ou la photographie. Cette contribution montre à quel point la photographie a agi en repositionnant les coordonnées du sujet et de son être-dans-le-monde ; cela, à partir de la description d’une photo dans W ou le souvenir d’enfance (1975), le roman de George Perec, qui aujourd’hui apparaît comme l’un des textes majeurs du xxe siècle.
Isabelle Daunais, « La pensée sur l’art des romanciers »
L’idée que la réflexion sur les autres arts tient dans le roman la place d’un métadiscours est examinée à la lumière des auteurs du Nouveau Roman. 350L’article interroge ensuite les similarités que le roman entretient avec les arts à la lumière de la question de la hiérarchie. Il affirme l’autonomie du roman et conclut que la relation qu’il établit avec les autres arts consiste à ajouter un « quelque chose de plus » qui leur manque.
Irène Gayraud, « Musique et métamorphose dans Les Solidarités mystérieuses et Boutès de Pascal Quignard »
Cette contribution analyse l’esthétique de Pascal Quignard par son roman polyphonique Les Solidarités mystérieuses et son essai Boutès. La musique constitue la métaphore et le chemin du retour à l’origine, menant le personnage romanesque vers une métamorphose qui tient de sa dissolution dans le monde. La dimension musicale de la langue de Quignard elle-même conduit progressivement à une métamorphose et une dissolution du genre romanesque transformé dès lors en un chant de l’origine.
Bernard Franco, « L’atelier du peintre. Significations d’un topos romanesque chez Somerset Maugham »
L’article analyse le topos de l’atelier du peintre comme une mise en scène du mystère de la création esthétique. Le parcours de son protagoniste, Strickland, sorte de double de Gauguin, à travers Paris, Marseille et Tahiti, représente autant d’étapes dans la formation d’un artiste, achevée lorsque l’atelier se confond avec l’œuvre. Mais l’œuvre peut être aussi définie par sa reconnaissance par la critique, présentée par Somerset Maugham sous un éclairage ironique.
Rodolphe Gauthier, « S’approprier l’objet “œuvre”, ou la mise en place d’un changement de paradigme artistico-littéraire dans les premières pages d’À la Recherche du Temps perdu de Marcel Proust »
L’analyse du chef-d’œuvre proustien vise à montrer le changement de la perception de l’art, qui n’est plus considéré simplement comme un idéal, mais une véritable manière d’être-au-monde. À travers Swann, Bergotte, les Guermantes, etc., on voit que l’objet artistique n’est plus réfléchi (ni vécu) en opposition à un sujet, mais comme prolongation du moi. Les premières pages de La Recherche concentrent toutes les interrogations et les potentialités de cette révolution de l’entendement.
351Véronique Gély, « The Song of the Lark (1915) de Willa Cather, roman de l’artiste américaine »
Avec The Song of the Lark, Willa Cather compose un « roman de l’artiste américaine », dans lequel se trouvent affirmée la légitimité d’un art américain moderne, porté par des femmes comme par des hommes. Le « chant de l’alouette » figure cet art nouveau qui accompagne le travail fécond des laboureurs au contraire du rossignol romantique qui ressasse sa plainte. Il réconcilie aussi deux antiquités : latine, mais aussi américaine, celle des peuples précolombiens.
Sophia Majeri, « La figure du romancier et la fonction de l’artiste dans les œuvres de Camus et de Koestler »
Parmi les réflexions que développent leurs romans, Camus et Koestler ont exposé leurs positions sur l’écrivain, et surtout sur l’artiste, en particulier dans le rapport complexe que leurs œuvres engagent avec la réalité. Dans ce rapport avec le réel, illustré par l’image de la fenêtre ouverte chez Koestler, l’art est comparé à la science, le beau tenant chez l’un la place de la vérité chez l’autre. Mais dans la mission de l’artiste aussi, la vérité tient la position d’un devoir social.
Sonia Dosoruth, « L’exploration esthétique de l’écriture par Malcolm de Chazal »
Reconnu par ses pairs français, comme Francis Ponge ou André Breton, Malcolm de Chazal reste une figure incontournable de la scène littéraire mauricienne. L’auteur de Petrusmok incarne tout d’un artiste : l’écrivain qu’il est deviendra peintre, un jour où il voit une petite fille en train de peindre. Pour lui, l’innocence de l’enfance mène à la spiritualisation. L’article explique alors l’esthétique de Chazal, pour lequel il ne sembla pas y avoir de séparation entre peinture et écriture.
Romuald Fonkoua, « L’autre pensée de l’art dans la littérature francophone »
L’article envisage l’histoire de la littérature francophone à la lumière des relations étroites que les écrivains ont entretenues avec les peintres au xxe siècle, que les œuvres graphiques aient accompagné les œuvres littéraires, ou que 352celles-ci se soient faites critique d’art. Trois auteurs en particulier – Senghor, Césaire, Dany Laferrière – illustrent dans leur œuvre une réflexion sur la peinture centrée sur le primitivisme et abordant certains artistes à la lumière de l’art nègre.
Brigitte Ferrato-Combe, « Claude Simon lecteur critique des historiens d’art »
Claude Simon pense la littérature à partir de la peinture, qui joue le rôle d’un véritable modèle épistémologique pour l’écriture elle-même. Il a notamment entretenu une relation aussi étroite qu’ambivalente avec le discours des historiens d’art, parfois figurés dans son œuvre romanesque. Si on décèle dans ses textes l’influence des travaux de Gombrich, de Blunt ou de Rosenberg, c’est surtout avec ceux d’Élie Faure que son œuvre entretient un véritable dialogue, dont il convient de préciser les enjeux.
Marie-Bernard Bat, « Du roman de l’artiste à un nouvel art du roman. La mise en abyme de la réflexion esthétique dans l’écriture fictionnelle d’Octave Mirbeau au tournant du siècle »
Dans ses romans Dans le Ciel et La 628-E8, Octave Mirbeau développe une réflexion esthétique sur la crise de la représentation dans les arts. Ces deux récits, qui ne relèvent pas de la forme traditionnelle du roman de l’artiste, participent à la déconstruction et au renouvellement de l’écriture romanesque mirbellienne, qui se fait alors le reflet mais aussi le creuset de ces enjeux esthétiques.
Ingrid Streble, « Iconographie contre iconologie. Les paradigmes de l’historiographie de l’art en question chez les romanciers entre 1975 et 2000 »
L’article présente une lecture critique de la typologie des discours sur l’art proposés par Heinrich Lützeler et éclaire les affinités du roman non seulement avec l’art, mais également avec l’historiographie de l’art. À travers l’étude de relations intersémiotiques et de la transgression de frontières génériques dans Headlong de Michael Frayn et Die Ästhetik des Widerstands de Peter Weiss, il analyse dans le roman la cohabitation d’un discours littéraire et d’un discours scientifique sur l’art.
353Lakis Proguidis, « L’Atlantide engloutie de l’esthétique »
À travers une comparaison avec Homère, cette contribution suggère que l’art du roman puisse assumer sur soi l’exigence d’une réflexion esthétique générale, aujourd’hui partiellement négligée par les sciences humaines : plus ce dialogue fera défaut dans le monde disons extérieur, plus le roman aura tendance à le faire émerger de son for intérieur en prenant souvent appui sur les autres arts.
Simona Carretta, « Le dernier Parnasse. La réflexion du roman sur l’art »
Sur la base de plusieurs exemples tirés de l’œuvre de romanciers comme Robert Musil et Milan Kundera, cet article traite de l’« essai romanesque » comme le moyen privilégié pour la réflexion sur l’art. Cela afin de montrer que, dans l’époque actuelle, où l’approche de l’étude des arts est de plus en plus sectorielle, le roman pourrait être le seul territoire qui garantit la compréhension de leur relations réciproques.