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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : La Narration oratoire et les Genres littéraires. xve-xviiie siècles
  • Pages : 295 à 299
  • Collection : Rencontres, n° 622
  • Série : Rhétorique, stylistique, sémiotique, n° 13
  • Thème CLIL : 3154 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage -- Stylistique et analyse du discours, esthétique
  • EAN : 9782406166252
  • ISBN : 978-2-406-16625-2
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-16625-2.p.0295
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 26/06/2024
  • Langue : Français
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Résumés

Pascale Mounier, « Introduction »

Létude de la narratio oratoire sous langle des genres littéraires présente un intérêt particulier pour la période qui va du xve au xviiie siècle. Nombreux sont alors les genres qui intègrent des séquences narratives soutenant une démonstration. Il y a non seulement la fiction narrative, le théâtre et le dialogue, mais aussi les différentes formes du discours argumenté, que celles-ci soient orientées vers la collecte de faits vrais, lexploration du moi ou lanalyse des mœurs.

Christine Noille, « De quoi le récit de Théramène est-il le signe ? »

À la fois morceau de bravoure et sommet pathétique, le récit de Théramène a été associé à des effets contradictoires. Mais en amont des effets, de quelle rhétorique de la narration relève-t-il ? Nous verrons quil outrepasse le modèle de la narration scolaire : sa composition correspond très exactement au script de la narration amplifiée spectaculaire, ou narration ekphrastique, tout en intégrant des éléments typiques des narrations argumentées.

Lauriane Maisonneuve, « “Ces longues narrations refroidissent et relâchent”. Quelles stratégies énonciatives pour apporter de la vivacité au poème dramatique ? »

Sorte de passage obligé pour rendre vraisemblable la fable tragique, lamplification narrative nest pourtant pas recommandée par labbé dAubignac. Racine et Corneille intègrent cette contrainte en accordant un soin particulier aux modalités dinsertion et dénonciation des narrations dans les tirades. En investissant cet espace des marques de lintersubjectivité et par un lissage des transitions en amont et en aval, les dramaturges le dynamisent pour tendre vers la mimesis théâtrale.

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Clara de Courson, « Récit conversationnel, autorité narrative et travail de la vraisemblance dans Ceci nest pas un conte de Diderot. De la rhétorique du probable à la poétique de lillusion »

Récit mené à deux voix, Ceci nest pas un conte gagne à être lu à laune des préceptes de la narration oratoire. Via la posture émulatrice de lallocutaire, qui met en cause la compétence informationnelle du conteur, le récit conversationnel questionne les conditions de la vraisemblance narrative ; mais en filigrane, cest aussi le modèle adverse de la narration poétique qui se mesure à une narration oratoire réduite à avancer sous le régime du probable, et non pas de la libre croyance narrative.

Christiane Deloince-Louette, « Homère, Virgile, Ronsard. La narration épique entre délibératif et démonstratif »

Pour Servius, les poètes épiques « proposent, invoquent, narrent ». Une telle dispositio suppose lélaboration dune « tension narrative » dès la proposition-invocation, par la mise en valeur de la recherche des causes des faits qui vont être rapportés. Les commentaires humanistes dHomère et de Virgile font de ces causes lélément clé de la cohérence de laction. Or, ce type de narration ne se retrouve que lointainement dans La Franciade de Ronsard.

Cécile Lignereux, « Les moyens conventionnels de la narratio dans les lettres judiciaires dIsabella Andreini contenues dans le Nouveau Recueil de lettres des dames tant anciennes que modernes »

Dans les lettres judiciaires dIsabella, cest de la gestion concertée des moyens conventionnels de la narratio que résulte limage dune locutrice honnête et judicieuse. Leffet proprement éthique projeté par les séquences de narratio résulte de trois sortes de procédés : les marqueurs sémantiques, qui délimitent la séquence narrative ; les détails circonstanciés, scrupuleusement sélectionnés ; les ornements, dont les effets pathétiques renforcent lefficacité de la narratio.

Robert J. Hudson, « Exprimer lexil. La narration variante de lexpérience vénitienne dans les épîtres de Clément Marot, 1536 »

Contrairement à la tradition critique qui voudrait cantonner Clément Marot dans un certain cadre idéologique, cette étude se focalise sur la narration 297oratoire dans un corpus de six épîtres en vers, composées pendant son exil à Venise (été-automne 1536) afin de mettre en évidence la multiplicité de voix et de visages de ce poète protéen chez qui la relation de son expérience change, souvent de manière radicale, en fonction de son destinataire.

Pascale Mounier, « Exploitation rhétorique du récit de vie dans Lamant resuscité de la mort damour »

L Amant resuscité de la mort d amour revisite le roman sentimental dorigine italienne et espagnole.Lauteur anonyme crée une société de devisants qui délibère et juge du comportement amoureux dun gentilhomme malade. Il tire parti des mécanismes rhétoriques de lexposé de faits pour convertir le lecteur à la toute-puissance de Dieu. Lexpositio répond à une volonté de comprendre et de faire comprendre la vie du héros.

Elina Galin, « Tentation mélancolique et narration judiciaire dans Artamène ou le Grand Cyrus de Georges et Madeleine de Scudéry. Lexemple de l“Histoire des amants infortunés” »

Si narratio et narration sont traditionnellement distinguées, la parole des princes dans l« Histoire des amants infortunés », extrait du roman fleuve Artamène ou le Grand Cyrus de Georges et Madeleine de Scudéry, tend à les confondre. Au travers de discours mélancoliques sincères ou feints, les quatre orateurs racontent tout autant quils essaient de convaincre leurs auditeurs. Dans cette joute discursive, se forme alors une parole romanesque amoureuse riche en passions et en rebondissements.

Moussa Traoré, « Le récit de lhôtesse dans Jacques le Fataliste de Diderot. Dispositio et art de la narration dune “nouvelle classique” »

Lhistoire de la vengeance de Mme de La Pommeraye sur le marquis des Arcis, une nouvelle insérée dans Jacques le Fataliste et son maître de Diderot, sert de narratio à lhôtesse du Grand-Cerf dans un exercice rhétorique de mise en garde de Jacques et de son maître contre les illusions et les dangers du mariage. Cette étude vise à montrer comment cette nouvelle insérée a comme norme doctrinale la théorie rhétorique relative à la conduite du récit dans le discours oratoire.

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Corinne Denoyelle et Marielle Devlaeminck, « Narratio et théâtre-mémoire. Lexemple de la prise du fort des Tourelles dans le Mystère du siège dOrléans »

Le Mystère du siège dOrléans met en scène la libération de la ville par Jeanne dArc dès 1435. Létude des scènes qui entoure la Prise du Fort des Tourelles permet de mettre en évidence un usage particulièrement varié de la narratio dans cette pièce médiévale. En tant que partie du discours persuasif intégrée à un dispositif scénique permettant une bonne compréhension de lintrigue, la narratio joue différemment aux deux niveaux de lénonciation théâtrale.

Lionel Piettre, « Discours incendiaires et narrations subsidiaires. Amplification, résonances et dissonances des narrations dans les Ogdoades de Guillaume Du Bellay »

Dans ses Ogdoades,lhistorien Guillaume Du Bellay, sieur de Langey, propose une réflexion sur la narration historique et son amplification par les « causes » et « conseils », qui rapproche lhistoire de lhypodiègèsis ou « narration subsidiaire » décrite par les traités. Mais il insère aussi dans son récit des discours, y compris les siens dans lesquels la narratio, instrumentalisée, relève dun art politique de la ruse. Narrations oratoires et narration historique se font ainsi écho.

Ullrich Langer, « La narration dans les “discours au vrai” de faits militaires.Étude de deux cas (Brissac, Guise) »

Deux « discours au vray » de faits militaires, le premier relatant un engagement entre le comte de Brissac et les reîtres alliés du roi de Navarre en 1589, le deuxième exposant les événements de Wassy en mars 1562, contiennent des narrations qui permettent de mesurer la variété rhétorique de ces publications « éphémères ». Les deux se fondent sur la rhétorique épistolaire, (qui à son tour emprunte à la narration oratoire sa typologie, ses vertus et ses circonstances.

Ludovic Fina, « La narration oratoire au cœur de la tension entre le discours apologétique et les mémoires. Lexemple du Ragionamento di Domenico Sauli a Francesco suo figliuolo »

Passé brutalement de la gloire à la disgrâce, Domenico Sauli – un riche marchand et banquier génois à la tête de ladministration du Milanais sous 299Francesco II Sforza puis Charles Quint – compose un document composite et hybride, à mi-chemin entre le privé et lofficiel, au carrefour de plusieurs genres. La narration oratoire, qui est au cœur du discours, a pour but de servir à la réhabilitation de son auteur et permettre à ses enfants de ne pas subir les conséquences de son éviction.