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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : La Naissance d’autrui, de l’Antiquité à la Renaissance
  • Pages : 501 à 506
  • Collection : Rencontres, n° 415
  • Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 104
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406078357
  • ISBN : 978-2-406-07835-7
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07835-7.p.0501
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 29/07/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Jérôme Lagouanère, « Introduction. Penser à autrui depuis lAntiquité »

Si la question dautrui naît bien dans lAntiquité en lien avec une interrogation philosophique sur la vie bonne et le bonheur, et quelle se trouve enrichie par la dimension eschatologique propre au christianisme, rien ne serait plus faux que de penser cette question selon un présupposé téléologique. Après un rappel des travaux décisifs dAndré-Jean Voelke sur le sujet, sont présentées les tensions de cette histoire dautrui en Occident illustrées par chacune des contributions.

Egidia Occhipinti, « Internal otherness. The brave Athenians, the dilatory Spartans, the treacherous Thebans »

Quelques thèmes du débat politique grec qui sest développé à partir des guerres médiques (les Perses, les Amazones, les Héraclides, les Sept contre les Thèbes, etc.) contribuent à la formation de vues stéréotypées des peuples partagés par les historiens et les orateurs du cinquième et quatrième siècles av. J.-C. Athéniens, Spartiates et Thébains sont ainsi décrits selon des critères précis en fonction des principaux objectifs et préoccupations des auteurs.

Jean-Luc Périllié, « La notion dautrui chez Platon »

Il semble bien que lœuvre de Platon, sur le plan philosophique, présente lémergence de la notion dautrui. Socrate y occupe une telle place quon se demande sil nest pas le premier philosophe « altruiste ». Quautrui soit convié à participer aux entretiens socratiques sans restriction de classe, de sexe, dâge, de patrie ou dethnie, nous oblige à nous poser la question dun certain universalisme. Sont abordées ensuite les caractéristiques et les sources de la philanthrôpia socratique.

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Gaëlle Fiasse, « Aristote : la découverte de lami, du bien et de laltérité »

Le rapport à autrui chez Aristote sincarne dans lamitié et le désir du bien véritable. Le lien du soi au bien, fondement de lamour de soi, conduit à découvrir lami comme autre soi-même et à aimer lautre pour lui-même de façon désintéressée. La recherche du bien permet aussi de comprendre en quel sens des amitiés peuvent se nouer entre personnes non vertueuses, dans la mesure où tout être humain recèle en lui-même quelque chose de bon.

Marion Bourbon, « “Sidentifier à soi-même”. Identité et altérité à lépreuve de la métaphore cicéro-panétienne des rôles (personae) »

Dans lusage cicéro-panétienne de la métaphore des rôles (personae), la notion didentification se trouve poussée à la limite dans lidée dune identification à soi-même. La nature quil sagit de « faire passer » en soi nest pas une propriété de lautre mais bien notre propre nature. L« identité » est dès lors conçue comme ce que le sujet ne cesse de faire advenir, à la faveur de cette épreuve identificatoire qui dit la complexité du rapport du même et de lautre dans le « devenir soi ».

Clara Auvray-Assayas, « Le rôle dautrui dans le façonnement de soi. Scipion, Atticus et le dialogue cicéronien sur lamitié »

Le dialogue de Cicéron sur Lamitié esquisse une réflexion sur le rôle dautrui qui anticipe celle des Modernes : tout lentretien du personnage Laelius est déterminé par la place accordée à Scipion mort peu avant. Support pour la construction de soi, condition du développement éthique et de laccomplissement vertueux, autrui est linterlocuteur, la forme idéalisée de soi et le destinataire du récit qui donne sens et postérité à la vie humaine.

Valéry Laurand, « Lamitié : une lecture de la Lettre 9 de Sénèque à Lucilius »

Il sagira de commenter la Lettre 9 de Sénèque à Lucilius, avec cette question directrice : comment Sénèque peut-il tenir un discours aux allures très altruistes, tout en assurant que le sage, autosuffisant, peut se passer dun ami qui paraît par ailleurs indifférent et interchangeable ? À travers un certain nombre de distinctions conceptuelles importantes, lauteur prend en charge lélaboration de problèmes quil juge mal posés : lautarkeia du sage, lutilité de lamitié et sa fonction.

503

Brigitte Pérez-Jean, « Quelle altérité conduit à la suspension du jugement ? Lautre sceptique »

Le conflit est au cœur du scepticisme de Sextus Empiricus ; laltérité y différencie les adversaires dogmatiques entre eux et distingue dogmatiques et tenants de la suspension du jugement. Les modes de la suspension du jugement, véritable cheval de bataille de la polémique néo-pyrrhonienne, offrent un autre usage de laltérité. On privilégiera le mode qui énonce les différences de « représentation » entre les animaux pour y trouver un entrelacement darguments qui comparent les animaux et les humains.

Jean-François Thomas, « Propinquus et ses synonymes dans lexpression de lidée de prochain. Du latin classique aux écrivains chrétiens »

Sans perdre le lien unitaire (propinquus), le lexique de la relation en latin exprime une participation à des objectifs communs (socius), une intimité inscrite dans la durée (familiaris), génère des actions qui simposent (necessarius), et établit une réciprocité (amicus). Alter est plutôt le moi que je ne serai jamais et qui me constitue comme tel, tandis qualius réfère à tel ou tel indistinct et qui se situe plutôt dans un rapport de différence vis-à-vis du sujet de référence.

Enrico Moro, « Il duplice comandamento dellamore. Principio e fine dellesegesi dal De Genesi contra Manichaeos al De doctrina christiana »

Cette étude tente de suivre le fil rouge de la réflexion dAugustin sur le commandement évangélique de lamour de Dieu et du prochain, dabord dans le De Genesi contra Manichaeos, puis dans le De doctrina christiana. Elle souligne ainsi, dun côté, le rôle central que la notion de caritas joue dans le premier commentaire exégétique dAugustin, de lautre lapprofondissement remarquable que la réflexion sur le thème de la dilectio proximi reçoit dans le cadre du De doctrina christiana.

Jérôme Lagouanère, « Le prochain est-il une personne chez saint Augustin ? »

Contrairement aux thèses dAnders Nygren ou dHannah Arendt, le prochain nest pas pensé par Augustin selon une visée utilitariste, mais constitue une personne de plein droit au sens kantien du terme, sujet et objet de respect. De fait, le concept augustinien de prochain ouvre la voie à une conception de 504la personne saisie dans sa chair et sa faillibilité intrinsèque – autrement dit, une conception qui vise à une éthique de la réciprocité du soin et du souci comme fondement du lien social.

Sarah Stewart-Kroeker, « Lamitié et laltérité chez Augustin »

Il est fréquent de lire, parmi les critiques du rapport à autrui dans la pensée dAugustin, quen assimilant tout amour à lamour de Dieu, Augustin sape lamour de lautre dans sa particularité. Le passage qui suscite souvent la perplexité des lecteurs est la mort de lami anonyme dans le quatrième livre des Confessions. En considérant de près ce passage, cet article argumente que la conception augustinienne de lamitié est animée par une tension entre identité et altérité.

Carmen A. Cvetković, « Christianity, Romanitas and the Politics of Otherness in the Late Ancient West »

Cet article étudie trois manières différentes de représenter laltérité religieuse et ethnique en sappuyant sur des écrits dauteurs chrétiens de lAntiquité tardive, Ambroise de Milan, Paulin de Nole et Sidoine Apollinaire, issus de laristocratie et de ladministration romaines et qui se percevaient à la fois comme romain et comme chrétien. Les exemples discutés présentent différents rapports à laltérité, allant de lexclusion totale et la marginalisation à lappropriation et lacceptation.

Diana Stanciu, « The Divine and the Human Other. Rhetoric of Power and Embodied Cognition in the Early Medieval Debate on Relics »

Cet article analyse le débat du ixe siècle sur les reliques et la rhétorique du pouvoir des prélats carolingiens à la lumière du paradigme de la cognition incarnée et dune explication de laltérité qui permette de penser la relation entre le divin et lhumain, les structures trans-individuelles, les interactions intersubjectives, la relation participation-assimilation, et la raison humaine expérimentant ses propres limites, lors même que des revendications dorthodoxie dogmatique sont impliquées.

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Marianna Cerno, « When the “other” has another God. Christians towards Saracens in Italian Hagiography before the first Crusade »

Larticle présente les principaux textes hagiographiques écrits en Italie au haut Moyen Âge lorsque les Sarrasins apparaissent, afin dévaluer si et comment le concept de « lautre » peut sexprimer dans ce contexte au niveau culturel et religieux. Après une étude détaillée de chacune de ces hagiographies, la conclusion offre une interprétation globale des résultats, proposant une lecture originale de la perception italienne des Sarrasins dans le haut Moyen Âge.

Fabrice Wendling, « LEurope latine et la question de lAutre. Lislam dans lœuvre de Nicolas de Cues »

Dans la longue histoire des rapports entre christianisme latin et islam, lœuvre de Nicolas de Cues sur le Coran et les musulmans (consignée pour lessentiel dans la Paix de la foi, la Lettre à Jean de Ségovie et le Coran tamisé) occupe une place singulière : héritière dune longue tradition controversiste, elle sen distingue par un climat nouveau de tolérance, et ouvre des perspectives neuves de compréhension bienveillante, allant jusquà penser laltérité du Coran sur le mode de linclusion.

Jean Meyers, « Construction et images de lautre et de létranger dans les Errances de frère Félix Fabri (1483-1484) »

Les récits de voyage sont des lieux privilégiés de la perception de lautre. LEuagatorium de Félix Fabri, souvent décrit comme le récit de voyage le plus riche du Moyen Âge, offre un terrain détudes particulièrement fécond. Il sagira ici de montrer que la vision de létranger nest pas chez lui uniquement stratégique ou pragmatique, mais quelle témoigne dune réelle ouverture à lautre et même dune certaine tolérance.

Jean-Frédéric Chevalier, « Pétrarque, Augustin et la Trinité. Quels regards sur le mystère de laltérité ? »

Quand Pétrarque fait intervenir trois personnages dans le Secretum (François, Augustin et la Vérité), il situe laltérité au sein dun dialogue dramatisé sur trois journées mettant en scène une « trinité » : François ne peut se comprendre par rapport à Augustin si la lumière de la Vérité néclaire pas le dialogue. 506Laltérité, perçue comme un mystère, une invitation à devenir autre sous le regard de la Providence, ne se conçoit ainsi quen présence de trois « acteurs ».

Fosca Mariani Zini, « Une bruyante solitude. Remarques sur légoïsme (xiv-xve siècles) »

Un espace mental se dessine au xve en Italie où lusus fut compris, dans les milieux érudits de la cour, comme la recherche légitime de son propre intérêt aux dépens dautrui, mue par la cupiditas lucri. La solitude cesse dêtre lattitude du sage, replié sur son activité contemplative, laissant la place à légoïsme de lamour-propre esseulé, recroquevillé sur ses richesses, voire à l’‘honnête avarice de Poggio Bracciolini. Cet article entend donc retracer la naissance de légoïsme humaniste.