J’en viendrai enfin à la réception de cette messe auprès des alchimistes de la fin de la Renaissance, qui en assurèrent la transmission et la postérité. Une attention toute particulière sera donnée à leurs options religieuses, dont ce texte alchimique peut avoir été la caisse de résonance, voire l’amplificateur. Il sera alors possible de tirer de l’ensemble de ces recherches quelques conclusions générales.

Précisons dès maintenant, pour fixer les idées, que l’alchimie (qui apparaît au ier siècle de notre ère dans l’Égypte hellénistique et se développe successivement dans l’Empire byzantin, le monde arabe et, à partir du xiie siècle, dans l’Occident chrétien) se définit par deux projets distincts : la transmutation (i.e. « transformation ») des métaux vils en argent et en or, et la prolongation de la vie par un remède permettant de chasser toutes les maladies jusqu’au terme prescrit par Dieu. Les alchimistes ne s’attachèrent souvent qu’à l’un de ces objectifs (le plus souvent la transmutation des métaux), ou parfois ils les englobèrent tous deux dans l’idée d’une « médecine universelle » pour les hommes et pour les métaux4. J’évoquerai plus loin quelques développements ultérieurs.

Jean-Pierre Brach (E.P.H.E., Ve section) a suivi et accompagné ce projet tout au long de sa réalisation. Nous avons commencé à nous en entretenir, si je ne me trompe, voici plus de dix ans : ce n’est pas sans étonnement que nous le voyons achevé.