Aller au contenu

Classiques Garnier

Bulletin bibliographique

343

Bulletin bibliographique

Éditions de textes

Argenson, Marc-René de Voyer, marquis d, Rapports de police, III. 1710-1715. Édition préparée par Mathieu Blot, Clermont-Ferrand, Éditions Paleo, « Sources de lhistoire de France », 2016, 244 p.

Bayle, Pierre, Correspondance, t. XIII, janvier 1703 – décembre 1706. Lettres 1591–1741. Publiées et annotées par Élisabeth Labrousse (†), Antony Mckenna, Wiep Van Bunge, Edward James, Bruno Roche, Fabienne Vial-Bonacci, avec la collaboration de Éric-Olivier Lochard, Oxford, Voltaire Foundation, 2016, XXX-625 p. et 15 ill.

« La dernière période de la vie de Bayle est dune grande intensité intellectuelle et dune grande fécondité. Grâce au répit conquis au moyen des Éclaircissements, il peut composer son œuvre philosophique la plus accomplie, la Continuation des pensées diverses (1705), accompagnée de la Réponse aux questions dun Provincial (1704-1707) et suivie par sa réfutation (inachevée mais décisive) de la théologie rationaliste, Entretiens de Maxime et de Thémiste (1707). Cest une période de conflit philosophique et religieux, parfois âpre, contre tous ceux qui élèvent des objections contre les analyses du Dictionnaire : dom Alexis Gaudin et William King, dabord, Isaac Jaquelot, Jean Le Clerc et Jacques Bernard, ensuite. Bayle tient à réfuter tous les arguments de ses adversaires avec sa précision scrupuleuse habituelle.

Pierre Des Maizeaux établi à Londres, lance, avec limprimeur Jacob Tonson, le grand projet de la traduction anglaise du Dictionnaire. Bayle reste également en relation avec Lord Shaftesbury, qui soutient financièrement Des Maizeaux et John Toland, sentretient avec Pierre Coste, correspond avec Benjamin Furly et avec son fils Arent ainsi quavec Jean Le Clerc. Un véritable “sous-réseau” de correspondance se constitue ainsi entre les anciens amis de John Locke, décédé en 1704. Autre “sous-réseau” : celui de labbé Dubos, qui compose des pamphlets favorables à la politique étrangère du ministre Colbert de Torcy. La correspondance de Bayle reflète lactualité politique et militaire.

344

Quelques nouveaux correspondants font leur apparition au cours de cette période. Mathurin Veyssière La Croze, ancien bénédictin devenu bibliothécaire du roi en Prusse à Berlin, apporte une érudition extraordinaire aux informations quil fournit à Bayle pour le Supplément du Dictionnaire. Samuel Crell, correcteur dimprimerie chez Leers, et dont le frère est un protégé de Shaftesbury, fournit une explication très savante du rokosz de Gliniany. Autre correcteur à limprimerie de Leers, le “chevalier Destournelles” apparaît dans le cercle des amis intimes de Bayle au cours des toutes dernières années de sa vie.

La fin de la vie de Bayle reflète sa carrière intellectuelle tout entière, car il a toujours été dune curiosité inlassable à légard de tous les aspects de la culture de son temps. Il meurt, le 28 décembre 1706 vers 9 heures du matin, quasiment la plume à la main. Sa correspondance reflète parfaitement la lucidité philosophique, lexaspération polémique, la finesse analytique, laudace philosophique et lindustrie féconde du philosophe de Rotterdam. »

Bayle, Pierre, ibid., t. XIV. décembre 1706 – avril 1732, Lettres 1742-1791, 2017, xxvi+472 p. et 14 ill.

« Le philosophe était mort, comme il lavait prévu, dune maladie des poumons qui avait déjà emporté ses parents. Indifférent à légard de sa mort prochaine, il sétait acharné à rédiger sa réfutation de la théologie rationaliste de Jean Le Clerc et dIsaac Jaquelot. Sa patience et son humilité, sa douceur et sa volonté féroce de mener à bien son combat philosophique firent ladmiration du petit cercle de ses amis, qui commentent avec admiration la disparition dun philosophe fidèle à lui-même. Lopportunisme de Leers et son sens des affaires lincitent à refuser la suggestion de Le Clerc de supprimer les Entretiens de Maxime et de Thémiste. Leers nallait certainement pas renoncer à une publication aussi audacieuse et aussi redoutable pour lorthodoxie réformée. De son côté, Des Maizeaux multiplie les projets et se lie avec Prosper Marchand pour recueillir la correspondance du philosophe. Il sest aussi engagé dans deux projets de traduction du Dictionnaire en anglais, qui aboutissent en 1734 et Des Maizeaux y ajoute la version anglaise de sa biographie sous forme de lettre adressée à un pair dAngleterre, qui nest autre que Shaftesbury. Ce premier écrit biographique de Des Maizeaux nest pas à la hauteur de lattente de ses lecteurs, doù sans doute sa prudence et sa lenteur à composer la version française de sa Vie de Mr Bayle, quil achève à son rythme et publie enfin dans sa propre édition du Dictionnaire en 1730. Cette fois-ci, il rend justice à lintensité et à la complexité de la carrière de Bayle sur le plan philosophique, religieux, littéraire, politique et social. Nous suivons ainsi la correspondance des amis de Bayle – et de ses ennemis – jusquà la date de la publication de cette version définitive du Dictionnaire et de la Vie de Mr Bayle qui laccompagne. Ce volume saccompagne dannexes importants : le Jugement de Leibniz sur le Projet dun dictionaire critique, le texte complet de la lettre de 345Bayle ajoutée à lédition par Almeloveen de louvrage de Deckherr, De scriptis adespotis, une lettre inédite découverte dans la reliure de lexemplaire de cet ouvrage issu de la bibliothèque de Bayle, une liste chronologique des lettres pertinentes pour suivre lélaboration collective du Dictionnaire historique et critique, enfin un dossier exceptionnel de bibliographie matérielle, composé par J.-M. Noailly, sur les éditions successives du Dictionnaire. »

Buffon, Georges-Louis Leclerc, comte de, Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du roi, t. IX (1761), éd. Stéphanie Schmitt, avec la collaboration de Cédric Crémière, Paris, Honoré Champion, coll. « LÂge des Lumières », 2016, 720 p.

Dans ce neuvième tome publié en 1761, « Buffon et Daubenton [] poursuivent la description des quadrupèdes exotiques entamée dans le tome précédent. Ils traitent ici danimaux carnassiers étrangers, en commençant par une série de félins dAfrique, dAsie et dAmérique : le lion, le tigre, la panthère, lonce, le jaguar, le cougar, le lynx et le caracal, qui sont suivis de quelques autres espèces, lhyène, la civette, le zibet, la genette et le loup noir. Cette succession constitue, en quelque sorte, un parallèle avec celle des espèces prédatrices dEurope au début du septième tome de 1758.

Mais ce volume doit aussi retenir lattention en raison des trois longs chapitres sur les animaux propres à lAncien ou au Nouveau Monde et ceux qui sont communs aux deux. Survenant comme une sorte de vaste digression à loccasion dune discussion sur la nomenclature et lemploi abusif du terme “tigre”, ils offrent à Buffon un prétexte pour exposer ses “vues générales” sur la répartition des espèces à la surface de la Terre et leurs éventuelles transformations en fonction des climats. Ces pages, dune importance considérable dans lhistoire des sciences de la vie, marquent une étape décisive dans le développement de la pensée de Buffon et dans lhistoire complexe de lémergence des théories de lévolution au xviiie siècle. »

Rappelons que le t. II des Œuvres complètes (De lhomme, de ses facultés intellectuelles et de son éducation, éd. David Smith et alii), a paru en 2011.

Descartes, René, Œuvres Complètes, 1. Premiers écrits. Règles pour la direction de lesprit. Édition publiée sous la direction de Jean-Marie Beyssade et Denis Kambouchner avec la collaboration de Michelle Beyssade, Frédéric de Buzon, André Laingui et André Warusfel, Paris, Gallimard, « Tel », 2016, 760 p.

« La nouvelle édition des Œuvres complètes de Descartes, ouverte par le présent volume, entend rendre accessible au lecteur francophone lintégralité des textes cartésiens, dans une nouvelle présentation et le cas échéant dans une nouvelle version française, lune et lautre conformes à létat et aux critères actuels de la recherche spécialisée.

346

Ce volume contient, hors correspondance, tous les écrits du premier Descartes qui nous ont été conservés, donc une grande variété de documents importants : Thèses de droit (1616) ; Abrégé de musique (1618) ; notes philosophiques et scientifiques des années 1619-1623, incluant les trois songes de novembre 1619, et complétées par la première traduction intégrale des notes et opuscules tirés du Journal dIsaac Beeckman ; Exercices pour les éléments des solides (1623 ?) ; Jugement sur quelques lettres de Guez de Balzac (1628 ?) ; enfin, le traité inachevé des Règles pour la direction de lesprit, texte capital sur la science et la méthode, dont létude est en plein renouvellement après la découverte dune probable première version. »

Dulaurens, Henri-Joseph, LArretin (1763). Édition établie, présentée et annotée par Didier Gambert et Stéphane Pascau. Préface dAnnie Rivara, Paris, Hermann, coll. « Les collections de la République des Lettres », 2016, 470 p.

« Henri-Joseph Laurent (1719-1793), lauteur de LArretin, na jamais ouvertement signé ses publications. Le pseudonyme de Dulaurens lui a été attribué tardivement lors de multiples rééditions de ses ouvrages, toujours jugés scandaleux, toujours clandestins et toujours prisés dun public en mal daudace et de nouveauté quelque vingt-cinq ans avant la Révolution française. Dulaurens plaisait aux grands ou les dérangeait, autant quil enthousiasmait le petit peuple quil décrit complaisamment. Ses ouvrages, souvent attribués à Voltaire ou autres figures illustres, ont pratiquement tous été condamnés. Ses personnages furent repris par de nombreux pamphlétaires, et son Compère Mathieu, notamment, a connu un succès européen jusquau début du xxe siècle.

Dulaurens a été arrêté le 31 décembre 1765 à Francfort, puis condamné à la prison perpétuelle pour ses écrits.

LArretin est un recueil darticles bigarré qui connut un vif succès dans la seconde moitié du siècle des Lumières. Condamné à plusieurs reprises, maintes fois réédité, souvent copié, louvrage na plus été imprimé depuis 1920 et na fait lobjet, jusquà ce jour, daucune édition critique. On y trouve des considérations sur lépoque, des anecdotes insolites, des notes appréciatives, de nombreuses parodies dépisodes bibliques ainsi que la fameuse “Histoire merveilleuse et édifiante de Godemiché”. »

Du Vair, Guillaume, Traictez philosophiques. Édition critique par Alexandre Tarrête, Paris, Honoré Champion, 2016, 344 p.

Guillaume Du Vair (1556-1621), figure de proue du néo-stoïcisme de la Renaissance, rassemble en 1606 ses Traictez philosophiques : un traité (La Philosophie morale des Stoïques), deux traductions (Le Manuel dÉpictète et Les Responses dÉpictète aux demandes de lempereur Adrian), une épître (LExhortation à la vie civile) et un dialogue (De la constance et consolation ès calamitez publiques). Cette édition critique replace ces textes dans leur contexte historique (la fin 347du règne dHenri III et le début du règne dHenri IV) et en dégage les enjeux littéraires, philosophiques et politiques.

Gassendi, Pierre, Examen de la philosophie de Robert Fludd. Texte présenté, traduit et annoté par Sylvie Taussig. Avec le fac-similé du texte latin. Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre. Paris, SÉHA, et Milan, Arché, coll. « Textes et Travaux de Chrysopœia » (18), 2016, 359 p.

« Cest pressé par son ami le minime Marin Mersenne en quête de soutiens dans la violente polémique qui lopposait au médecin anglais, que Gassendi rédigea en 1630 une Epistolica exercitatio, in qua principia philosophiæ Roberti Fludi, medici reteguntur, reprise dans lédition posthume de ses œuvres sous le titre dExamen philosophiæ Roberti Fluddi medici, et dont Sylvie Taussig nous donne ici la première traduction en langue moderne. Dans cet Examen de la philosophie de Robert Fludd, fuyant le ton agressif et injurieux de Mersenne, Gassendi sefforce dabord dexposer objectivement la philosophie fluddienne, pour la réfuter ensuite avec, tout ensemble, sévérité et pondération. Ce faisant, il nous présente une intéressante tentative de résumer avec clarté le complexe système du théosophe anglais – synthèse unique, fondée sur les Saintes Écritures, de lhermétisme, du néoplatonisme, de la kabbale et de lalchimie –, et nous plonge au cœur du débat qui opposa à lâge de la naissance du mécanisme les continuateurs de la philosophie de la Renaissance et les fondateurs de la philosophie moderne. »

– Introduction. Le Contre Fludd entre Mersenne et Gassendi. Genèse du Contre Fludd. Comparaison entre lEpistolica exercitatio et lExamen philosophiæ. Roberti Fluddi Medici. Le Contre Fludd au fil du texte. Clarté et obscurité. le style de la philosophie. Remarques sur la traduction.

– Pierre Gassendi, Examen de la philosophie de Robert Fludd, médecin. Préface de Pierre Gassendi. Première partie. Quels sont les principes de la philosophie de Fludd. Deuxième partie. Ce quest ce livre contre Mersenne, qui a pour titre Combat de Sagesse contre Folie. Troisième partie. Quel est lautre ouvrage contre Mersenne, qui a pour titre Le Souverain Bien. Jugement de François de la Noue sur Robert Fludd. Notes à la traduction. Bibliographie.

Examen philosophiæ Roberti Fluddi (fac-similé du texte des Opera omnia).

Graffigny, Françoise de, Correspondance, vol. 15 [et dernier], 1 janvier 1756-10 novembre 1759, Lettres 2304-2518, éd. D.W. Smith et alii, Oxford, Voltaire Foundation, 2016, xliii + 465 p.

« Les trois dernières années de la vie de Mme de Graffigny sont extrêmement mouvementées. Elle suit avec anxiété les péripéties de la guerre de Sept Ans, partage le désarroi général lors de lattentat de Damiens, et témoigne de la disgrâce de certains de ses amis. Sur le plan littéraire, si la tragédie dun de ses protégés remporte un succès triomphal, sa propre pièce, La Fille dAristide, 348subit un échec, et le Parlement sapprête à condamner de nombreux ouvrages des philosophes. Enfin, elle souffre de plusieurs maladies qui amènent sa mort prématurée le 12 décembre 1758. »

Grimm, Friedrich Melchior, Correspondance littéraire, t. X (1763), éd. Ulla Kölving et Françoise Tilkin, Ferney-Voltaire, Centre international détudes du xviiie siècle, 2016, lxxxvi – 622 p.

Le présent volume couvre lannée 1763. Lédition comportera au total une vingtaine de volumes. Les dix premiers sont disponibles : 1753-1754 (t. I, Ulla Kölving, avec la collaboration de Jean de Booy et de Christoph Frank), 1755 (t. II, Robert Granderoute), 1756 (t. III, Robert Granderoute), 1757 (t. IV, Ulla Kölving avec la collaboration de François Bessire, Christoph Frank et Jean Sgard), 1758 (t. V, Henri Duranton avec la collaboration dUlla Kölving), 1759 (t. VI, Ulla Kölving), 1760 (t. VII, Sigun Dafgård Norén), 1761 (t. VIII, Ulla Kölving avec la collaboration dElse Marie Bukdahl et Mélinda Caron), 1762 (t. IX, Robert Granderoute, Monica Hjortberg et Ulla Kölving avec la collaboration de Sven Björkman).

Helvétius, Claude-Adrien, De lesprit, éd. Jonas Steffer, dans Œuvres complètes (dir. Gerhardt Stenger), t. I, Paris, Honoré Champion, coll. « LÂge des Lumières », 2016, 600 p.

« En 1758, la publication de LEsprit dHelvétius fut à lorigine du plus grand scandale de librairie du xviiie siècle. Son matérialisme radical qui prônait une philosophie utilitariste ainsi que la toute-puissance de léducation – cest-à-dire des déterminations extérieures – sur lévolution de la personnalité humaine souleva contre lui les autorités religieuses et politiques dAncien Régime et contribua à intensifier la persécution des philosophes. La nouveauté de cette première édition critique de LEsprit est double. Dabord, elle présente le texte de la première émission de lédition originale, avant la censure de labbé Barthélemy et les nombreuses interventions de Lefebvre de La Roche dans son édition de 1781, qui a longtemps fait autorité. Elle est ensuite la plus complète à ce jour : on y trouve les annotations de Voltaire, de Diderot et de Rousseau en marge de leur exemplaire, les rétractations de lauteur et ses “Éclaircissements” ; enfin, lappareil critique comporte les variantes et des notes explicatives aussi complètes que possible. »

Hutcheson, Francis, Système de philosophie morale. Texte traduit, introduit et annoté par Jeanne Szpirglas, Paris, Vrin, coll. « Analyse et philosophie », 2016, 656 p.

« Francis Hutcheson, professeur à lUniversité de Glasgow de 1730 à 1746, est un maître de la philosophie écossaise dont les héritiers intellectuels immédiats sont David Hume, Adam Smith et Thomas Reid. Parmi les 349moralistes britanniques, il se distingue notamment par son style dexposition très méthodique et argumentatif. Son approche des questions centrales de la philosophie morale et de lesthétique théorique fait lobjet dun regain dintérêt depuis quelques décennies. Le Système de philosophie morale est un ouvrage posthume qui recueille lessentiel de lenseignement du philosophe dans lensemble des domaines auxquels il a contribué : lesthétique, la morale, le droit, la politique et léconomie. Il offre ainsi au lecteur la possibilité de se former une image complète de cet acteur majeur du Scottish Enlightenment. »

Machon, Louis, Apologie Pour Machiavelle. Édition critique du manuscrit de 1668 par Jean-Pierre Cavaillé en collaboration avec Cécile Soudan, Paris, Honoré Champion, coll. « Libre pensée et littérature clandestine », 2016, 738 p.

“Il est mort trop tôt pour moi”. Tels sont les mots que Louis Machon, alors simple curé du Tourne, près de Bordeaux, écrit à propos de Richelieu dans la préface de la dernière version manuscrite (1668), conservée à Bordeaux (BM, ms. 535), de son grand ouvrage, Apologie pour Machiavelle, ou plustost la politique des Rois, et la science souveraine en faveur des Princes et des Ministres dEstat (« Au Tourne, 1668 »). Déjà terminé en 1643 (une version de cette date se trouve à Paris, BnF, Fr. 19046-19047), cest son audace, beaucoup plus que la mort du cardinal-ministre, qui le condamna à demeurer inédit pour de longs siècles : il représente en effet la première réhabilitation ouverte, complète et systématique de Machiavel en France, conduite dans le cadre dune théorie radicale de la raison dÉtat. Lauteur entreprend dy démontrer que toutes les maximes considérées comme les plus impies de Machiavel sont pourtant vraies et parfaitement compatibles avec une interprétation proprement machiavélique du christianisme. J.-P. Cavaillé nous le livre ici sous sa forme originale et en édition critique.

– Présentation de J.-P. Cavaillé.

– Apologie pour Machiavelle… [Dédicace] À Monseigneur Arnaud de Pontac, Conseiller du Roy en ses Conseils, Seigneur de Salles, Belin, Beliette, etc., et premier Président du Parlement de Bourdeaux.

– Préface au lecteur. Table des maximes blasmées et condemnées dans les œuvres de Machiavelle.

– Livre Premier, contenant les Maximes qui sont dans ses “Discours sur Tite Live”. 1. Quil est permis dusurper, et conquerir des Estats par la force des armes. 2. Que le prince doibt entretenir les divisions et seditions parmy ses sujets, pour le bien de son Estat. 3. Quil fault appaiser les seditions, et emotions populaires, par la force et la violence. 4. Que la cruauté qui tend a bonne fin, nest blasmable ; et que celle qui profite est louable. 5. Quil fault suivre la Religion par raison dEstat, quoy que fausse et erronée, comme son principal 350appuy. 6. Quil fault accommoder la Religion a lEstat, pour le bien et conservation diceluy. 7. Que lEglise Romaine apporte la confusion dedans ses Estats. 8. Quil fault faire, et envoier des colonies nouvelles en un pais nouvellement conquis. 9. Que la Religion chrestienne a rendu les hommes lasches, et moins genereux que les paiens. 10. Quil est permis de tromper pour le bien de lEstat, et pourveu quon en proffite. 11. Que les nouveaux plaisirs ne font oublier les vieilles injures. Quune injure receuë ne soublie jamais. 12. Quun prince doibt tenir pauvres ses sujets, pour les contenir dans lobeissance. 13. Quil est permis de fausser sa foy pour le bien de lEstat, et le salut de la Republique.

– Livre second, contenant les Maximes qui sont dedans son “Prince”. 1. Quil fault exterminer le prince et les grands seigneurs dun pais nouvellement conquis. 2. Quun prince doibt accommoder les vices, et les vertus a son Estat. 3. Quil est plus a propos quun prince soit avare, que prodigue et libéral. 4. Que le prince se face plustost craindre, quaimer. 5. Quun prince doibt joindre la force du lion, avec la finesse du renard. 6. Dissimuler, pour bien regner. 7. Quil suffit au prince destre vertueux en apparence, et non pas en effect. 8. Que les princes doibvent entretenir des ennemis pour faire parestre leur vertu, et leur grandeur. 9. Quun prince doibt preferer son conseil a tous auttres. 10. Que la justice de la guerre, est dans son utilité.

– Annexe. LApologie pour Machiavelle de Machon et les Discours contre Machiavel de Gentillet. Table de concordances et Index des chapitres de Machiavel cités, établis par Jérémie Barthas.

– Bibliographie. Bibliographie des œuvres citées par Machon. Index des noms.

Symbolum Sapientiae (Wien, Österreichische Nationalbibliothek, cod. 11539), éd. Fransco Socas Gavilán, Universidad de Huelva, « Exemplaria Classica. Anejo 6 », 2015. ISBN 978-84-16621-92-7.

Études critiques

Antoine-Mahut, Delphine et Gaukroger, Stephen, (dir.), Descartes Treatise on Man and its Reception, Heidelberg, Springer, coll « Studies in History and Philosophy of Science », 2017, 304 p. 

– 1 Delphine Antoine-Mahut : The Story of LHomme.

– I. Editions and Translations of LHomme. 2. Annie Bitbol-Hespériès : « The Primacy of LHomme in the 1664 Parisian Edition by Clerselier » ; 3. Franco A. Meschini : « New Indications for Critical Edition of LHomme » ; 4. Stephen Gaukroger : « LHomme in English ».

351

– II. The Early Reception of LHomme. 5. Tad M. Schmaltz : « The Early Dutch Reception of LHomme » ; 6. Raffaele Carbone : « The Critical Reception of Cartesian Physiology in Tommaso Cornelios Progymnasmata Physica » ; 7. Domenico Collacciani : « The Reception of LHomme among the Leuven Physicians. the Condemnation of 1662 and the Origins of Occasionalism » ; 8. Philippe Drieux : « Machine and Communication of Corporeal Dispositions in Descartes and La Forge. The Mysterious “Article 83” of LHomme and La Forges Comments » ; 9. Emanuela Scribano : « La Forge on Memory. From the Treatise on Man to the Treatise on the Human Mind » ; 10. Gabriel Alban-Zapata : « Light and Man. An Anomaly in the Treatise on Light ? » ; 11. Raphaële Andrault : « Anatomy, Mechanism and Anthropology. Nicolas Stenos Reading of LHomme » ; 12. Steven Nadler : « The Art of Cartesianism. The Illustrations of Clerseliers Edition of Descartess Traité de lhomme (1664) ».

– III. LHomme and Early-Modern Anthropology. 13. Claude Gautier : « A Treatise of Human Nature, a Treatise of the World ? » ; 14 Julie Henry : « What the Body can do. A comparative Reading of Descartes Treatise on Man and Spinozas Physical Interlude » ; 15. Arnaud Milanese : « Hobbes and Descartes on Anthropology. Is There a Debt of Hobbesian Anthropology to LHomme ? » ; 16. Stephen Gaukroger : « Enlightenment Criticisms of Descartes Anthropology ».

– IV. LHomme Today. 17. Gary Hatfield : « LHomme in Psychology and Neuroscience » ; 18. Barnaby R. Hutchins, Christoffer Basse Eriksen, Charles T. Wolfe : « The Embodied Descartes. Contemporary Readings of LHomme ».

Artigas-Menant, Geneviève, Carole Dornier, avec la collab. de Delphine Petit (dir.), Paris 1713 : lannée des Illustres françaises. Actes du 10e colloque international des 9, 10 et 11 décembre 2013 organisé à linitiative de la Société des Amis de Robert Challe à la Bibliothèque de lArsenal et en Sorbonne, Leuven, Peeters, coll. « La République des Lettres », 2016, VIII-398 p.

« En 1713 paraît anonymement un roman, Les Illustres Françaises, dont lauteur est un Parisien, Robert Challe (1659-1721). Dans quel contexte les Parisiens du temps ont-ils lu ce livre qui a connu un notable succès et exercé une influence certaine en Europe ? En croisant leurs savoirs et les résultats dune enquête aux multiples chemins, vingt-cinq spécialistes de la politique, des arts, de la littérature, des spectacles, des journaux, de la société tentent de reconstituer lunivers visuel, moral, intellectuel, religieux, politique, musical, des contemporains dans une approche fondamentalement interdisciplinaire.

Sen dégagent les liens étroits du roman avec les réalités dune époque dramatique pour la France, marquée par les renoncements de la paix dUtrecht et par les déchirements religieux produits par la bulle Unigenitus. Les interrogations qui hantent les Parisiens de 1713 sont en résonance avec celles de 352Robert Challe, philosophe des premières Lumières, telles que les révèle son roman, réaliste et libertin, mais aussi ses Mémoires, son Journal dun voyage fait aux Indes orientales et son traité déiste clandestin [les Difficultés sur la religion proposées au Père Malebranche, 1711 ou 1712]… »

Artigas-Menant, Geneviève, « Entre mensonge et vérité. Le secret », Éthique, poétique et esthétique du secret de lAncien Régime à lépoque contemporaine. Études réunies par Françoise Gevrey, Alexis Lévrier, Bernard Teyssandier, Leuven-Paris-Bristol, 2015, p. 187-199.

Baczko, Bronislaw, Porret, Michel, Rosset, François, (dir.), Dictionnaire critique de lutopie au temps des Lumières, Genève, Georg, 2016, 1408 p.

– Introduction par Br. Baczko, M. Porret, Fr. Rosset.

– Entrées : « Amérique » par Marc André Bernier ; « Amour » par Claire Jaquier ; « Anciens et Modernes » par Giovanni Paoletti ; « Animaux » par Fabrice Brandli ; « Anti-utopie » par Didier Masseau ; « Architecture » par Audrey Higelin-Fusté ; « Arts » par Christian Michel ; « Bible » par Paul Pelckmans ; « Communication » par Yves Citton ; « Corps humain » par Jean-Christophe Abramovici ; « Crimes et châtiments » par Michel Porret ; « Démographie et population » par Déborah Cohen ; « Droits de lhomme » par Vincenzo Ferrone ; « Économie » par Catherine Larrère ; « Esclavage » par Jean et Antoinette Ehrard ; « État » par Gabriella Silvestrini ; « Famille et éducation » par Michel Porret ; « Femme » par Marie-Françoise Bosquet ; « Géographie » par Jean-Michel Racault ; « Guerre et paix » par Fabrice Brandli ; « Homme de lettres » par Antoine Lilti ; « Illustrations de lutopie » par Stéphane Lojkine ; « Jardins » par Przemysław B. Witkowski ; « Langue » par Anne-Marie Mercier-Faivre ; « Législation » par Catherine Larrère ; « Livres et bibliothèques » par François Rosset ; « Loi » par Ugo Bellagamba ; « Luxe » par Helder Mendes Baiao ; « Mal » par Bronislaw Baczko ; « Mathématiques et géométrie » par Jean-Marc Rohrbasser ; « Missions jésuites » par Adrien Paschoud ; « Mœurs » par Jean Marie Goulemot ; « Mort » par Vita Fortunati ; « Nature » par Jean-Michel Racault ; « Paradis » par François Rosset ; « Paraguay » par Girolamo Imbruglia ; « Pauvreté » par Laurence Fontaine ; « Paysage » par Claude Reichler ; « Pirates » par Michel Porret ; « Police » par Marco Cicchini ; « Propriété » par Stéphanie Roza ; « Religion » par John Christian Laursen ; « Réseaux » par Pierre-Yves Beaurepaire ; « Révolution » par Pierre Serna ; « Révolution française » par Jean-Clément Martin ; « Santé » par Robin Majeur ; « Sauvage » par Nathalie Vuillemin ; « Savant » par Stéphane Van Damme ; « Sciences et techniques » par Joël Castonguay-Bélanger ; « Sexualité » par Claire Jaquier ; « Sujet-Citoyen » par Jérôme Ferrand ; « Temps » par Krzysztof Pomian ; « Ville » par Vincent Milliot ; « Voyage » par François Rosset.

– Répertoire des sources, Index, Crédits.

353

Berns, Thomas et Del Prete, Antonella, (dir.), Giordano Bruno. Une philosophie des liens et de la relation, Bruxelles, Éditions de lUniversité, coll. « Philosophie politique. généalogies et actualités », 2016, 168 p.

« Lœuvre de Bruno ne pourrait-elle se comprendre dans son intégralité comme la plus vaste tentative philosophique de penser à partir des relations ? Son anti-aristotélisme le pousse en effet à échapper, autant que possible et de manière exceptionnelle, à lantériorité ontologique de la substance sur la relation via une véritable philosophie du lien, au point que tout étant, du plus infime au plus vaste, ne se comprenne que par ce qui le lie. Un de ses derniers écrits, le traité De vinculis, rédigé peu avant le long procès qui le mènera au bûcher, apparaît dailleurs comme une tentative unique daborder la réalité, de la manière la plus synthétique mais aussi la plus opératoire, à partir des liens qui la construisent et la font tenir. Lobjet de ce volume est de traiter sur un mode transversal de cette idée de la relation et du lien dans lœuvre très diverse du philosophe de Nola. dans le domaine de la théologie, de la métaphysique, de léthique, de la magie naturelle, de lanthropologie ou de la géographie, voire, dans un registre resté étrangement implicite mais auquel il était urgent doffrir une place, de la politique. Seront ainsi abordées sans détour des questions massives, mais renouvelées de fond en comble par Bruno, comme la puissance, lontologie fonctionnelle ou le rapport entre Dieu et lunivers, mais aussi des enjeux plus spécifiques comme la coïncidence des contraires, le désir et lamour, limagination et la fureur poétique, le lien civil, la pratique magique et lart de la mémoire. »

Thomas Berns : « Des Liens. désir, variation et philautie » ; Antonella Del Prete : « La relation entre Dieu et lunivers chez Giordano Bruno » ; Jean-Michel Counet : « Nicolas de Cues, Giordano Bruno et lontologie fonctionnelle » ; Sébastien Galland : « Image, lien des liens et coïncidence des contraires. Giordano Bruno et le mundus imaginalis » ; Luca Salza : « Le “vinculum” comme puissance de relations mutuelles », avec la traduction de la lettre de Giordano Bruno à Rodolphe II parue en préface aux Articuli centum et sexaginta adversus huius tempestatis mathematicos atque philosophos ; Fabio Raimondi : « Liens et serments. magie et politique dans le Cantus Circaeus de Giordano Bruno » ; Saverio Ansaldi : « Relation civile, fureur et poésie à la Renaissance. Giordano Bruno et Dante » ; Enrico Nuzzo : « Les lieux de lhumain. Caractères des peuples et des sites naturels chez Bruno » ; Eugenio Canone : « Notes pour conclure. penser la relation ».

Borghero, Carlo et Buccolini, Claudio, (dir.), La Ragione e le sue vie. Saperi e procedure di prova in età moderna, Firenze, Le Lettere, 2015, xvi-464 p. (Quaderni del Giornale Critico della Filosofia Italiana, 30).

De ce volume émerge « la diffusion du cartésianisme dans des disciplines éloignées de celles examinées par Descartes, et la persistance des paradigmes 354dinspiration cartésienne dans les procédures de preuve, même quand ils avaient abandonné l“esprit géométrique” ? »

– Introduzione di Carlo Borghero.

– Maria Muccillo : « Sui precedenti rinascimentali del metodo cartesiano. il rapporto Aconcio-Descartes nellinterpretazione di Herman J. De Vleeschauwer » (en Appendice. De Vleeschauwer, Aconcio e Descartes) ; Claudio Buccolini : « Il “mos geometricus” fra usi teologici ed esiti materialistici. le obiezioni di Mersenne contro la metafisica cartesiana » ; Domenico Collacciani : « Ladmiratio cartesiana in Johann Clauberg » ; Anna Lisa Schino : « Leredità cartesiana nel metodo del diritto naturale » ; Antonella Del Prete : « Discussioni sul metodo nel cartesianismo olandese. Il caso di Johannes de Raey » ; Fiormichele Benigni : « Spinoza fra Malebranche e Arnauld » ; Gianluca Mori : « LAvis aux réfugiés e il Bayle politico. prospettive di ricerca » ; Antony McKenna : « Une certaine idée de la République des Lettres. lhistoriographie de Pierre Bayle » ; Francesco Maria Pirocchi : « Immaginazione e credulità in Malebranche e Fontenelle » ; Angela Ferraro : « Meccanicismo e generazione dei viventi in alcune letture di Malebranche (1690-1730) » ; Laura Nicolì : « Uomini, dèi, santi. La natura umana della divinità nellevemerismo settecentesco » ; Paolo Quintili : « Dom Deschamps, Diderot et Spinoza. Deux versions parallèles du matérialisme biologique au xviiie siècle » (en Appendice. Synopsis des deux versions de la Réfutation de Spinoza par Dom Deschamps) ; Carlo Borghero : « Materie di fatto. Procedure di prova e sistemi del sapere nei secoli xvii e xviii » ; Emmanuele Levi Mortera : « Attenzione, riflessione e scienza della mente. Suggestioni cartesiane nella scuola scozzese » ; Paola Dessì : « Il fantasma di Hume. il problema dei miracoli nella teologia naturale britannica del primo Ottocento ».

– Indice dei nomi.

Borrelli, Gianfranco, Le Côté obscur du Léviathan. Hobbes contre Machiavel, Paris, Classiques Garnier, 2016, 253 p.

« Lanalyse scientifique des passions et des comportements humains conduit Hobbes à imaginer une puissance tutélaire sans précédent, le Léviathan, à savoir un dispositif artificiel en capacité de délivrer lhomme de ses souffrances, véritable symbole de la modernité. »

– Introduction.

– “Contentezza” / “contenzioni” : anthropologie et politique chez Machiavel (Mala contentezza et contenzioni. le mal-être du vivre civil. Au-delà de la vile ambition : vertu et désir à lépreuve de la mala contentezza. Les sources classiques pour contentus / contentio. Tite-Live, Cicéron, Sénèque, Lucrèce. Entre prudence circonspecte et mouvement du changement : mécontentement et qualité des temps. Le dispositif républicain du gouvernement mixte, dAristote à Machiavel. 355Seule la forme républicaine peut contenir conflits et mécontents. Lhistoire des divisions à Florence : entre mécontentement et contentieux).

– “Contentment” / “contention”. Hobbes se confronte à Machiavel (Contentment / contention selon Thomas Hobbes. les données du problème, Bacon lit Machiavel. Contentment et contention dans les œuvres de Thomas Hobbes. Premières considérations critiques).

– Léviathan contre désobéissance civile : un projet dexclusion et dinclusion (Les causes de la désobéissance civile : prudence et mélancolie. La faillite de la prudence politique. Une anthropologie capable de tout bouleverser. Lartifice rhétorique de létat de nature. Les figures de lexclusion. Production de pouvoirs et inclusion dans la vie civile).

– Représentations de souveraineté et pratiques de gouvernementalité (Lefficacité des dispositifs de commandement et dobéissance. La sagesse moderne conduit à lautodiscipline des sujets. Intérêts privés et intérêt public. Calcul des intérêts et représentation politique. La nature du contrat : interaction des différentes formes dobéissance et dobligation. Pratiques de gouvernementalité et fonction de souveraineté. Souveraineté : unité politique et séparation fonctionnelle. Pouvoir politique et substance symbolique de la souveraineté).

– Appropriation et séparation dans les concepts hobbesiens de sacré et de politique (Foi et obéissance. Le problème des rapports entre métaphysique traditionnelle et politique moderne. La critique adressée à Aristote et à la scolastique aristotélicienne. La définition de la notion de sacré comme signe de la séparation métaphysique. Entre sacré et politique : appropriation divine, usage commun, propriété privée. La séparation comme fondement de lautonomie du dieu mortel. Théologie matérialiste et eschatologie immanentiste).

– Temps et dispositifs de gouvernement : entre Machiavel et Hobbes (Machiavel : retour aux principes, contingence, écarts. Écriture et pratiques de la raison des États : techniques et temps de la conservation politique. Les temps de la politique moderne dans les dispositifs du Léviathan. Brefs relevés de différences).

– Despotisme, conquête, guerre civile : le double caractère de létat Léviathan (Un problème critique. : la présence de la catégorie de despotisme chez Hobbes. Entre conquêtes et guerres civiles. La genèse de lÉtat Léviathan entre acquisition et institution. Le despotisme à lorigine de la rationalité moderne de la souveraineté. La souveraineté comme intégration entre violence de lacquisition et légitimation de lautorité).

– Notes finales sur un destin possible pour la souveraineté. Hobbes contre Machiavel

– Index des noms.

Cagnat-Debœuf, Constance, « “Les parures du diable”. Les marques de lhypocrisie dans Tartuffe », xviie siècle, LXVIII-2, no 271, 2016, p. 219-234.

356

Charon, Annie, Juratic, Sabine et Pantin, Isabelle, (dir.), LAnnonce faite au lecteur. La circulation de linformation sur les livres en Europe, (xvie-xviiie siècles), Louvain, Presses universitaires de Louvain, collection « Latelier dErasme », 2016, 318 p.

« À travers quinze contributions dhistoriens, de littéraires et de spécialistes du livre et des bibliothèques, ce recueil sintéresse à quelques grands acteurs de la mise en relation du monde des livres et du public et donne un aperçu de lévolution des modalités intellectuelles et des dispositifs matériels de communication des nouvelles des livres à leurs lecteurs. »

Ann Blair : « Conrad Gesner et la publicité. Un humaniste au carrefour des voies de circulation du savoir » ; Isabelle Pantin : « Antonio Possevino et sa politique du livre : la “Bibliothèque choisie” comme guide de lecture » ; Antony McKenna : « Pierre Bayle et la circulation des livres » ; Charlotte Simonin : « À lencre des Lumières, une médiatrice des lettres méconnue : Françoise de Graffigny (1695-1758) » ; Nicolas Bas Martin : « De la circulation des livres et des idées entre lEspagne et la France au xviiie siècle : la correspondance entre le botaniste Cavanillès et le libraire Fournier » ; Patrick Latour : « Publier la bibliothèque. Les catalogues de bibliothèque, instruments dinformation des lecteurs ? » ; Jean-Pierre Vittu : « Métamorphoses des éphémères : annoncer le contenu des journaux savants en Europe (fin xviie – fin xviiie siècle) » ; Françoise Chotard : « Les Nouvelles littéraires du Journal des savants » ; Mariette Naud-Betteridge : « La publicité du livre français dans la presse littéraire écossaise, 1750-1780 » ; Vladimir Somov : « Annonce et censure en Russie à la fin du xviiie siècle : Comment un journal des émigrés annonce les livres français sous le règne de Paul ier » ; Joan Cavaillon Giomi : « La presse madrilène au service de linformation littéraire dans lEspagne de la fin de lAncien Régime (1789-1808) » ; Véronique Sarrazin : « Le commerce de lérudition au xviiie siècle : annoncer et promouvoir le livre savant » ; Emmanuelle Chapron : « Catégories de lentendement éditorial et ordre des livres. Les livres déducation dans les catalogues de libraires du xviiie siècle » ; Clara Fougerol : « Lannonce des éditions musicales à Paris et en province au siècle des Lumières : Itinéraires, innovations, permanences et réseaux (1692-1786) » ; Sabine Juratic : « Jérôme de Lalande et la Bibliographie astronomique : un autre “Chemin du ciel” »

De Cruz, Helen et De Smedt, Johan, A natural history of natural theology. the cognitive science of theology and philosophy of religion, Cambridge, Mass., et Londres, The MIT Press, 2015, xvii-246 p. Voir https://mitpress.mit.edu/nat-theology

357

Desan, Philippe, (dir.), Lectures du Troisième livre des Essais de Montaigne, Paris, Honoré Champion, coll. « Champion classiques », 2016, 496 p.

Ce volume se propose d« doffrir des lectures et des interprétations nouvelles du troisième livre des Essais », ce « troisième allongeail » ajouté par Montaigne à son œuvre en 1588 et ensuite remanié quatre années durant.

Philippe Desan : « De la nature du troisième livre des Essais » ; Jean Balsamo : « Conscience littéraire et pratique éditoriale : le livre III des Essais » ; Philippe Desan : « Montaigne “métis”. “De lutile et de lhonnête” (III, 1) » ; Michel Magnien : « La “forme maîtresse” : une pierre dachoppement au seuil du “troisième alongeail” (III, 2) ? » ; Alain Legros : « Amis, femmes et livres. trois compagnies pour Montaigne (III, 3) » ; Bernard Sève : « Une sagesse moyenne : la diversion selon Montaigne (III, 4) » ; Gary Ferguson : « Éros / écriture : liberté et licence, discrétion, gradation et hardiesse dans “Sur des vers de Virgile” (III, 5) » ; Amy Graves Monroe : « Rappeler le cochon. pour une lecture porcine de “Des Coches” (III, 6) » ; Ullrich Langer : « Descendre doucement (ou pas) : “De lincommodité de la grandeur” (III, 7) » ; Alexandre Tarrête : « Ordre et désordre dans “De lart de conférer” (III, 8) » ; Jean Balsamo : « La bulle de citoyenneté romaine : éthique et politique dans “De la vanité” (III, 9) » ; Véronique Ferrer : « Soi et les autres. politique du sujet chez Montaigne (III, 10) » ; Bruno Méniel : « “Des boiteux” (III, 11) ou lart de la contre-enquête » ; Valérie Dionne : « “De la physionomie” (III, 12) ou le testament de Montaigne » ; Jan Miernowski : « La bonne foi du lecteur à lépreuve : “De lexpérience” (III, 13) ».

Desan, Philippe, (dir.), The Oxford Hanbook of Montaigne, Oxford, Oxford University Press, 2016, 840 p.

Montaigne est le premier auteur français à entrer dans la Oxford Handbook series. On trouvera la Table des matières (44 articles par des spécialistes de Montaigne) sur le site dOxford University Press.

https://global.oup.com/academic/product/the-oxford-handbook-of-montaigne-9780190215330?prevSortField=8&sortField=8&start=0&resultsPerPage=100&lang=en&cc=us

Desan, Philippe, (dir.), Dictionnaire de Michel de Montaigne, Paris, Classiques Garnier, 2017, 1261 p. Réimpression de lédition de 2007.

Desan, Philippe et Ferrer, Véronique, (dir.), Les Usages critiques de Montaigne. hors-série de la revue Essais. Revue interdisciplinaire dHumanités, Université de Bordeaux, École Doctorale Montaigne-Humanités, 2016, 172 p.

En ligne sur http://www.u-bordeaux-montaigne.fr/fr/actualites/ecole-doctorale/essais-les-usages-critiques-de-montaigne.html

358

« Rétive aux classifications rigides, lœuvre de Montaigne a suscité depuis le début du xxe siècle des approches critiques pluridisciplinaires (histoire, philologie, rhétorique, histoire et théorie de la littérature, philosophie morale et politique), diversement représentées suivant les périodes. Si les études littéraires, cultivant volontiers linterdisciplinarité, ont longtemps dominé la recherche sur le corpus montaignien, les philosophes et les historiens multiplient, depuis quelques années, les travaux et les initiatives sur lécrivain bordelais. Ce numéro [] entend prolonger ce dialogue critique en mettant en regard les méthodes de chaque discipline, en dégageant leur spécificité et en interrogeant leur complémentarité [] ». Des résumés suivent les articles.

Philippe Desan et Véronique Ferrer : Avant-propos. Jean Balsamo : « Philologie, histoire du livre, ecdotique. le texte des Essais et son édition critique » ; Déborah Knop : « Approche rhétorique des Essais » ; John OBrien : « Montaigne. un cas intertextuel ? » ; Olivier Guerrier : « “Dun dessein farouche et extravagant” : Montaigne et la philorature » ; Thomas Mollier : « Ce que les Essais nous apprennent sur les impensés de la philosophie » ; Emiliano Ferrari : « Ce que les Essais nous apprennent sur la valeur cognitive et morale de la littérature » ; Telma de Souza Birchal : « “Et route par ailleurs…” : dun usage philosophique de Montaigne » ; Bernard Sève : « “Artialisation”. ce quAlain Roger doit à un hapax de Montaigne » ; Philippe Desan : « Pour une approche sociologique de Montaigne » ; Anne-Marie Cocula : « Montaigne : nouveaux regards des historiens » ; Marie-Clarté Lagrée : « Montaigne et ses représentations : un “gibier” pour lhistorien ? ».

Doron, Claude-Olivier, LHomme altéré. Races et dégénérescence (xviie-xixe siècles), Seyssel, Champ Vallon, 2016, 592 p.

« Race, origine, souche… Autant de notions piégées qui font aujourdhui retour, tant dans les discours politiques que dans les travaux scientifiques, mettant parfois radicalement en tension notre espace public. Ce livre propose, à travers un parcours qui embrasse une grande variété de champs entre le xviie et le milieu du xixe siècle, depuis les généalogies nobiliaires ou les textes théologiques jusquà lhistoire naturelle et la médecine, en passant par les pratiques délevage, de revenir sur lhistoire complexe de ces notions, la manière dont elles furent intégrées à des savoirs hétérogènes et mobilisées dans des dispositifs de pouvoir très divers.

Il ne sagit pourtant pas dune histoire générale de lidée de race, encore moins dune histoire globale du racisme. Son parti pris est dinterroger systématiquement les rapports entre la question de la race et celle, moins connue mais décisive, de la dégénérescence, cest-à-dire de laltération ou de lécart par rapport aux qualités dorigine. Ce choix conduit à souligner limportance, pour lhistoire du racisme, dun racisme de laltération, qui saisit les différences entre les hommes moins sous le mode de laltérité radicale, en 359contestant lunité de lespèce humaine et en absolutisant les différences, quen les réduisant à des versions altérées, dégradées ou attardées, de soi-même et de lidentité humaine, quil conviendrait de régénérer, corriger ou perfectionner.

Si ce livre perturbe parfois certaines dichotomies à lœuvre dans lhistoriographie du racisme, il vise aussi à montrer combien une histoire manichéenne masque la profondeur à laquelle est inscrite la notion de race, y compris dans les savoirs les plus contemporains ; et combien plus polymorphe et malheureusement plus diffus est le racisme, entendu comme un ensemble de techniques de domination fondées sur la race. Il ne sagit pas ici de dire où le racisme nest pas mais bien là où on peut le trouver aussi. dans laffirmation de lunité de lespèce, dans un certain humanisme universaliste ou dans le libéralisme politique. Il ny loge ni à titre de reste ni à titre de trahison ou de contradiction. il y a ses logiques propres. »

– Introduction.

– I. Généalogies et pastorale (xvie-xviie siècles). Introduction. Brève cartographie de la race entre 1700 et 1750. 1. Lhomme dégénéré et lhistoire spirituelle de lHomme. 2. Race oblige : la noblesse et la vertu. 3. Lhomme altéré : généalogies des Nations et dégénération des hommes.

– II. Les racines animales de la biopolitique. Introduction. 4. Biopolitique et zootechnie. 5. Perfectionner lespèce humaine.

– III. “Considerate se questo è un uomo”. Lhistoire naturelle de lHomme et lévaluation des races humaines. Introduction. 6. Histoire naturelle de lHomme et histoire spirituelle de lHomme. 7. Évaluer lhomme.

– IV. Races et dégénération dans lhistoire naturelle de lhomme. Introduction. 8. Classification et généalogie. Histoire naturelle et classification. Race et taxinomie. Du style généalogique en histoire naturelle : Maupertuis et Voltaire. 9. Races, dégénération et généalogie : le programme de Buffon. 10. Approfondissements et déplacements. Blumenbach et Kant. 11. Deux modèles, deux ambiguïtés.

– Épilogue. Léternel retour de la race ?

– Sources et bibliographie.

Doudet, Estelle et Poirson, Martial, (dir.), Scènes de lobscène. = Revue dHistoire du Théâtre, no 269, janvier-mars 2016, 184 p.

« Faire létude de lobscène est loccasion de penser le rapport ambivalent du théâtre à ce qui est non visible et non dicible dans une société. Tel est le pari de ce numéro dirigé par Estelle Doudet et Martial Poirson. sexualité, scatologie, comportements jugés inconvenants ou déviants, trouveraient dans le dispositif théâtral une forme ambiguë de mise en avant, voire de convenance. »

Voir http://www.sht.asso.fr/revue_histoire_theatre/numero/2016/269

– Introduction par Estelle Doudet, Martial Poirson : « Théâtres de limpur ». Katell Lavéant : « Obscène chevauchée ? Théâtre, charivari et présence féminine 360dans la culture joyeuse à Lyon au milieu du xvie siècle » ; Guy Spielmann : « “Paroles ne puent point !” La performance de lobscène dans la parade du xviiie siècle » ; Jennifer Ruimi : « Exhiber et cacher : poétique de lobscénité dans le théâtre de société au xviiie siècle » ; Sabine Chaouche : « De lanecdote croustillante à lallégorie pornographique : la comédienne, femme de petite vertu » ; Philippe Bourdin : « Le peuple obscène, ou les atours élitistes et répressifs de la sociabilité théâtrale en Révolution » ; Sarah Brun : « Apprivoiser lobscène. la farce sur la scène au xixe siècle » ; Marine Wisniewski : « Le mot et la chose. discours et mise en scène de lobscène au café-concert » ; Nathalie Coutelet : « Les bonnes mœurs et la scène (1891-1914) » ; Pierre Philippe-Meden : « Strip-tease Burlesque is Not Dead » ; Arnaud Rykner : « De lart ou du cochon ? Nudité et obscénité sur les scènes françaises au tournant des xixe et xxe siècles » ; Estelle Doudet, Martial Poirson : « Conclusion. Lémancipation contrariée des théâtres de lobscène ».

Duflo, Colas, (dir.), Lumières, matérialisme et morale. Autour de Diderot, Paris, Publications de La Sorbonne, coll. « La philosophie à lœuvre », 2006, 310 p.

« Le matérialisme, à strictement parler, est la thèse selon laquelle il ny a que la matière qui suffit pour tout expliquer, sans avoir recours à tout autre substance immatérielle, comme Dieu ou lâme. Une telle position implique-t-elle des conceptions morales et politiques particulières ? Rien nest moins sûr. Pourtant, dès les lendemains de la Révolution, les penseurs réactionnaires ont vu dans les Lumières et leur versant matérialiste la source dun renversement moral et politique quils réprouvaient. Au point que Barbey dAurevilly sexclamera : “Diderot, lui, eût été ardemment révolutionnaire” – ce qui nétait certes pas un éloge ! Quen est-il en réalité de ce nouage entre les positions des Lumières, relatives à lexplication de la nature et de lhomme, et une philosophie morale et politique ? Les études ici réunies explorent différentes facettes de cette question, chez les penseurs matérialistes eux-mêmes comme dans le regard que la postérité a jeté sur eux. Ces études sont suivies par un essai inédit de Jean-Claude Bourdin : “Diderot, la morale et les limites de la philosophie” ».

Colas Duflo : « Le matérialisme des Lumières implique-t-il une pensée morale et politique ? Hommages à Jean-Claude Bourdin » ; Jean-Louis Labussière : « Communauté politique et communauté éthique chez les épicuriens » ; Jean-Louis Labussière : « Diderot métaphysicien. Prédication, participation et existence » ; François Pépin : « Le matérialisme pluriel de Diderot : monisme et hétérogénéités des matières » ; Sophie Audidière : « Poétique de lutilité. Fictions évaluatrices et expérimentations sexuelles chez Diderot » ; Franck Salaün : « Il y a pacte et pacte… Diderot et lingratitude » ; Colas Duflo : « Les principes déducation de Moi : une contribution anonyme de Diderot dans le Mercure de France » ; Annie Ibrahim : « Dom Deschamps, bénédictin athée, matérialiste et communiste » ; Alain Sandrier : « Lordre de linforme. Quelques apories de lempirisme des Lumières » ; Bertrand Binoche : « La 361faute à Helvétius ou le matérialisme après coup » ; Bernard Mabille : « La vertu sans religion » ; Monique Castillo : « Vrais et faux procès des Lumières » ; Jean-Claude Bourdin : « Diderot, la morale et les limites de la philosophie. Quatre études ». Travaux de Jean-Claude Bourdin. Index.

Duris, Pascal, Quelle révolution scientifique ? Les sciences de la vie dans la querelle des Anciens et des Modernes (xvie-xviiie siècles), Paris, Hermann, coll. « Les collections de la République des Lettres », 2016, 412 p.

« La querelle des Anciens et des Modernes nagite pas seulement les gens de lettres et les artistes mais convoque aussi les savants (médecins, physiologistes, naturalistes, mathématiciens, physiciens, astronomes…). Une part importante des écrits produits par les acteurs et les témoins de cette Bataille des livres, comme lappellent les Anglais, a trait aux sciences, et particulièrement aux sciences de la vie, que la figure de Harvey incarne par excellence pour les contemporains. Sans prétendre que la querelle dans les Belles-lettres procède de celle dans les sciences, quen dautres termes la chute dAristote et de Ptolémée a précipité celle dHomère et de Virgile, ce livre examine comment les deux camps puisent dans la science – la philosophie naturelle, plus exactement – et son histoire des exemples propres à soutenir la cause, tantôt des Anciens, tantôt des Modernes. Létude de certaines de leurs œuvres permet de porter un regard neuf sur les conditions démergence de la science moderne à la fin du xvie et au xviie siècle et sur des notions telles que celles de “nouveauté”, de “vérité”, de “raison”, de “progrès”. Cet ouvrage montre surtout que penser lhistoire des sciences, et notamment de la vie, à lépoque moderne, dans le cadre conceptuel de la révolution scientifique, nest pas une fatalité. »

Études philosophiques (Les), 2016-3 (no 163). Leibniz en 1716 : une dernière philosophie ? Numéro coordonné par Michel Fichant et Paul Rateau, 156 p.

Michel Fichant, Paul Rateau : « Leibniz en 1716 : une dernière philosophie ? » ; Arnaud Lalanne : « Les dernières évolutions du principe de raison suffisante » ; Christian Leduc : « Lautonomie épistémologique de lanalogie chez Leibniz » ; Paul Rateau : « Les preuves leibniziennes de lexistence de Dieu : la “voie” du mouvement » ; Catherine Wilson, traduction par Geneviève Lachance, revue par Paul Rateau : « Plénitude et compossibilité » ; Francesco Piro : « Largument du “miracle perpétuel” et ses conséquences. Dispositions naturelles et action de la créature dans les derniers écrits de Leibniz » ; Anne-Lise Rey : « “Les antipodes du pourquoi suffisant” ou Comment rendre une fiction raisonnable ? La dispute sur latomisme entre Leibniz et Hartsoeker » ; Luca Basso : « Félicité commune et inquiétude dans la pensée politique de Leibniz ».

Articles accessibles sur https://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2016-3.htm

362

Favaretti Camposampiero, Matteo, Priarolo (Mariangela) et Scribano (Emanuela), (dir.), I volti dellerrore nel pensiero moderno. Da Bacone a Leibniz = Rivista di storia della filosofia 4/2016 (Actes du colloque de Venise, 20-21 mars 2014).

Daniel Garber : « Fact, Fiction and Error in Bacon and the Royal Society » ; Gianni Paganini : « Significato, falsità ed errore in Thomas Hobbes » ; Emanuela Scribano : « Descartes on Error and Madness » ; Denis Moreau : « Croisement, permutation : sur un schéma récurrent dexplication de lerreur dans les philosophies de lâge classique » ; Laurence Devillairs : « Pascal et lerreur » ; Denis Kambouchner : « Lanalyse morale de lerreur chez Pierre Nicole » ; Delphine Antoine-Mahut : « Sommes-nous tous des lycanthropes ? Imagination, folie et vision en dieu dans la Recherche de la vérité de Malebranche » ; Filippo Mignini : « Spinoza e la necessità dellerrare » ; Stefano Di Bella : « Leibniz on Error. between Descartes and Spinoza. Will, Judgement and the Concept of Reality » ; Matteo Favaretti Camposampiero : « Before Judging. Leibniz on the Ultimate Origin of Error » ; Mariangela Priarolo : « The Consequences of Error. Leibniz and Toleration ».

Ferrari, Emiliano et Gontier, Thierry, dir., LAxe Montaigne-Hobbes. Anthropologie et politique, Paris, Classiques Garnier, 2016, 312 p.

« Dans un contexte des conflits civils, politiques et confessionnels, Montaigne et Hobbes ont réélaboré une anthropologie et une pensée politique inauguratrices de la modernité. Cet ouvrage collectif sattache tant aux points de convergence entre les deux auteurs quà la différence des voies quils empruntent. »

– Introduction.

– I. Lanthropologie. Emiliano Ferrari : « Lhomme en général”. Remarques sur lanthropologie de Montaigne et Hobbes » ; Arnaud Milanese et Didier Ottaviani : « Le rôle de limagination dans la construction du sujet chez Montaigne et Hobbes. Éléments pour une lecture croisée » ; Luc Foisneau : « La passion de la gloire chez Montaigne et Hobbes » ; Nicola Panichi : « Primus in orbe deos fecit timor. Religion et imposture chez Montaigne et Hobbes » ; Marco Sgattoni : « Le naturalisme chez Montaigne et Hobbes » ; Gianni Paganini : « Hobbes, Montaigne et les animaux moraux ».

– II. La politique. Philippe Desan : « Corps naturel et corps politique chez Montaigne et Hobbes. Réflexions sur le peuple, lallégeance et la servitude » ; Jérémie Duhamel : « Montaigne, Hobbes et les vertus de lobéissance » ; Raffaella Santi : « Hobbes, Montaigne et les raisons de la loi » ; Gianfranco Mormino : « Montaigne et Hobbes face aux guerres civiles. Une approche girardienne » ; Sylvia Giocanti et Géraldine Lepan : « Parole et obligation chez Montaigne et Hobbes » ; Jean Terrel : « Homo homini deus ou/et lupus chez Montaigne et Hobbes » ; Thierry Gontier : « Pluralisme religieux et liberté de conscience chez Montaigne et Hobbes ».

– Bibliographie. Index nominum.

363

Finelli, Roberto, Manzi-Manzi, Sandra, Moreau, Pierre-François, Toto, Francesco, dir., “Corporis humani fabrica”. Percorsi nellopera di Spinoza, numéro monographique de Il Cannocchiale. Rivista di studi filosofici, no 2, 2015, 241 p.

P.-F. Moreau, « Alcune difficoltà nellanalisi spinoziana dei rapporti tra mente e corpo » ; V. Morfino, « Sullessenza dei corpi non esistenti » ; C. Santinelli, « Sentire il corpo. Constitutionis suae sensus e conciliatio sui tra Seneca e Spinoza » ; D. Collacciani, « Regole dellurto e composizione dei corpi in Descartes e Spinoza » ; P. Totaro, « Corporeità e passioni tra Descartes e Spinoza » ; C. Jaquet, « Dal corpo al nostro corpo. Lidea di sé e del corpo proprio in Spinoza » ; F. Toto, « Corporis temporanea foelicitas. Aspetti del corpo nel Trattato teologico-politico di Spinoza » ; F. Piro, « Variazioni su un vermiculus. I corpi e le loro complessità in Spinoza e Leibniz » ; J. Henry, « Corpi individuali e corpi collettivi : dalla fisica alla politica » ; L. Bove, « A cosa è tenuto un corpo secondo Spinoza ? La prudenza : dalla fisica alla storia » ; R. Evangelista, « Corpi e movimento. Una critica materialista a Spinoza » ; R. Finelli, « Al di là del nome del padre. Spinoza e la psi- coanalisi » ; L. Vinciguerra, « Lineamenti per unestetica spinoziana ».

Fissore, Robin, « Montaigne et Julien lApostat », Montaigne Studies, XXIX-1-2, mars 2017 (Montaigne and the Historians), p. 19-34.

Girard, Pierre, « Comme des lumières jamais vues ». Matérialisme et radicalité politique dans les premières Lumières à Naples (1647-1744), Paris, Honoré Champion, coll. « Travaux de philosophie », 2016, 402 p.

« Ce livre traite de lintroduction et du développement de la modernité à Naples entre 1647, date de la révolution de Masaniello, et 1744, date de la mort de Giambattista Vico. Le contexte, qui se caractérise par une urgence due aux troubles politiques, par linstabilité géologique, ainsi que par lépidémie de peste de 1656, donne une forme originale à cette modernité. Cette spécificité se vérifie dans la diffusion particulière du double héritage de Galilée et du cartésianisme dans la seconde moitié du Seicento dans le sillage de thèses matérialistes. La radicalité des Lumières napolitaines, loin dêtre une thèse posée dès le départ, suit en réalité, par le biais de la logique des conflits et des querelles, des effets de radicalisation progressifs dans lesquels se trouvent pris les novatores, qui donnent une forme originale au développement des premières Lumières dans lItalie méridionale. »

– Introduction. 1. Un « vide dans lhistoire de notre pensée ». 2. « Tradition méridionale » et limites des « reconstructions ». 3. La « qualité des temps » à Naples. 4. Entrecroisement et complexité des champs. 5. Politique et Libertas philosophandi. 6. Dynamiques de radicalisation.

364

– I. Contexte et « qualité des temps ». 1. « Glincendii del monte Vesuvio ». 2. Masaniello et les « Rivolutioni di Napoli ». 3. La « mortifera e lagrimevole pestilenza ». 4. La « novella forma di filosofare ».

– II. « LAccademia degli Investiganti ». 1. « LAccademia filosofica napoletana colonnese ». 2. « Una adunanza di letterati huomini ». 3. « I satrapi della Republica letteraria ». 4. La « scorta de sensi » : force et limites du matérialisme « investigante ». 5. Controverses et politisation.

– III. Leonardo Di Capua et les « incertitudes » de la médecine. 1. Les statuts de lincertitude. 2. « Lo maluso della Medicina ». 3. « Per cominciare dalle memorie più antiche… » 4. « Non lasciarsi dietro gli antichi ciecamente trascorrere ». 5. « I nostri valorosi moderni ».

– IV. Paradoxes de lhéritage « investigante ». 1. De « lAccademia degli Investiganti » à « lAccademia di Medinacoeli ». 2. Giuseppe Valletta entre « Repubblica letteraria » et querelles. 3. « Istoria filosofica » et « antica sapienza italica ». 4. La crise « investigante » : science et scepticisme chez Niccolò Sersale.

– V. Science et politique dans la philosophie de Giambattista Vico. 1. Lhéritage « investigante » chez Vico. 2. Vico critique de Descartes ?

– Conclusion. Bibliographie. Index nominum.

Hanrahan, James et Pierse, Síofra, dir., The Dark Side of Diderot / Le Diderot des ombres, Berne, Peter Lang, coll. « French Studies of the Eighteenth and Nineteenth Centuries », 2016, VI-260 p.

« Cet ouvrage interroge laspect plus sombre de Diderot, écrivain, critique dart, philosophe et encyclopédiste. Les contributeurs traitent du clivage entre dun côté, les images positives des Lumières et, de lautre, le désordre, la révolte, la transgression, les pratiques sociales et intellectuelles clandestines qui en constituent son corollaire parfois sous-jacent. Le rôle de Diderot au cœur de ce clivage sera analysé dans le cadre dune interrogation plus large du couple Ombres/Lumières. Diderot incarne – dans ses réticences devant les autorités et la censure, dans la richesse et la complexité de ses ouvrages littéraires et philosophiques, dans les conflits affectifs de son théâtre, ou encore dans sa vision esthétique innovatrice – une alternative, plus sombre, à la marche des Lumières triomphantes. »

– Introduction par James Hanrahan et Síofra Pierse : « Darkness in Diderot ».

– Narrative Inversions. Marie-Anne Bohn : « Travailler les ombres, travailler le négatif : lexemple du Supplément au voyage de Bougainville » ; Hélène David : « Le Rêve de dAlembert : les lumières de dAlembert à lombre du songe, ou comment dAlembert perdit la raison et conquit le cosmos » ; Síofra Pierse : « Subversive Scepticism. Diderot and Narrative Doubt ».

– Uneasy Ambiguities. Ann Lewis : « Venality, Theatricality and Sociability. Le Neveu de Rameau as a Prostitution Narrative » ; Marc Hersant : « Vertiges de La Religieuse » ; Ioana Galleron : « La Mélancolie de Dorval ».

365

– Embracing the Dark Side. James Hanrahan : « Diderot on Origins, a zone dombre of Enlightenment Thought » ; Edward OSullivan : « The Shadows Around the Light. Diderots Play on Obscurity for the Purposes of Subversion in the Encyclopédie » ; Russell Goulbourne : « Diderots Ghosts » ; Catriona Seth : « Le Goût des ruines ».

– Bibliography. Notes on Contributors. Index.

Hebding, Remy, Pierre Bayle, une foi critique, Lyon, Éditions Olivetan, coll. « Figures protestantes », 2016, 136 p.

« Pierre Bayle est plus quun auteur de transition entre la Réforme et les Lumières, entre Calvin et Voltaire. Les questions philosophiques quil pose à ses contemporains sont aussi les nôtres : peut-on être moral sans croire en Dieu ? Lathéisme est-il plus à craindre que lidolâtrie ? Pourquoi le mal demeure-t-il un scandale irréductible ? Doit-on rechercher une foi “raisonnable” où foi et raison peuvent être conciliées ? La conscience de lhomme peut-elle être contrainte sans porter atteinte aux droits divins ?

Le philosophe du Refuge huguenot de Rotterdam prend à bras le corps ces interrogations issues de la culture du xviie siècle. Elles demeurent pertinentes pour aujourdhui [] ».

Kozul, Mladen, Les Lumières imaginaires. Holbach et la traduction, Oxford, Voltaire Foundation, coll. « Oxford University Studies in the Enlightenment », 2016, XII – 282 p.

« Dans les années 1760, latelier du baron dHolbach est, avec Ferney au temps de Voltaire, le principal lieu de diffusion des idées hétérodoxes qui permettent la radicalisation des Lumières en France. Lactivité de traduction dHolbach, plus importante en quantité que son activité dauteur, est étudiée ici pour la première fois de manière systématique.

En comparant les ouvrages clandestins traduits et publiés par Holbach avec leurs vrais ou prétendus originaux (majoritairement anglais), M.K. analyse les manipulations énonciatives, thématiques et éditoriales quHolbach opère dans les textes anglais pour en légitimer le discours et les transformer en livres clandestins français. Il montre quHolbach, fidèle aux procédés dune culture rhétorique qui brasse et recycle textes et discours, sappuie sur les stratégies des encyclopédistes quil perfectionne en employant les méthodes de la librairie clandestine.

Les textes traduits par Holbach orientent dune manière décisive la perception qua le public des correspondances entre les idées des Lumières en France et celles provenant dautres cultures de lEurope occidentale, et notamment dAngleterre. Les figures dauteurs anglais qui se dégagent du livre clandestin apparaissent comme des constructions qui installent, aux yeux du lecteur français, le mirage dun front philosophique transculturel radical, uni et 366solidaire. Les pratiques du baron nous permettent ainsi dinterroger le rapport complexe du public cultivé des Lumières à laltérité culturelle. En repensant les notions de traduction et dauteur, M.K. invite à voir en Holbach linventeur dune des premières manipulations médiatiques denvergure en Occident. »

– Introduction.

– I. Holbach et la traduction. 1. Traduction et textualité collective. 2. Aux sources de la traduction holbachique. 3. Holbach traducteur des textes scientifiques.

– II. Traductions hétérodoxes. 4. Sources anglaises et personnages dauteur. 5. Allonymes holbachiques et auteurs anglais. 6. Ethos anglais et présences sans nom. 7. Traduction et altérité.

– III. Nom supposé, auteur et autorité. 8. Comment être auteur. 9. Se donner de lautorité.

– Conclusions. Bibliographie. Index nominum.

Lærke, Mogens, Les Lumières de Leibniz. Controverses avec Huet, Bayle, Regis et More, Paris, Classiques Garnier, coll. « Les Anciens et les Modernes. Études de philosophie », 2016, 439 p.

– Introduction. Le perspectivisme historique.

– Spongia exprobrationum. Lorganisation pratique de la république des lettres.

– Moderator geometricus. Rencontre avec Pierre-Daniel Huet.

– Opus herculeum. Lencyclopédie et le projet de Dictionnaire de Bayle.

– Sufficit talibus placuisse. La controverse avec Regis dans le Journal des sçavans.

– en 1697.

– Haec male ! Autour de la cabale. Leibniz rencontre More dans Wachter.

– Conclusion. Bibliographie. Index nominum. Index rerum.

Lamotte, Stéphane, LAffaire Girard-Cadière. Justice, satire et religion au xviiie siècle, Aix-en-Provence, P.U. de Provence, coll. « Le temps de lhistoire », 2016, 305 p.

« Jean-Baptiste Girard, jésuite, séduit une de ses pénitentes, Catherine Cadière. Il a 48 ans, elle en a 19. Nous sommes à Toulon en 1731. Un fait divers parmi tant dautres au xviiie siècle ? Lopinion publique en décide autrement. Un procès retentissant souvre à Aix-en-Provence. Sur fond de querelle religieuse entre jésuites et jansénistes, les discours des satiristes et des épistoliers commentent les frasques du couple scandaleux et construisent une affaire singulière. Le verdict du procès ne satisfait personne, ce qui explique que lhistoire semble échapper à toute conclusion. Cest pourquoi le livre interroge aussi les mémoires de laffaire, en examinant les variations de ses réécritures qui, du xviiie à nos jours, oscillent entre fascination et défiance. Aujourdhui encore, les éléments savoureux de cet objet historique singulier permettent à chacun de sy retrouver. »

367

Lequan, Mai, dir., La Religion philosophique des Lumières. Revue Éthique, politique, religions [Paris, Classiques Garnier] 2016-1, no 8, 180 p.

Mai Lequan. Préface : « Raison et foi, la religion philosophique des Lumières. Éléments de contexte historiques et conceptuels » ; Mogens Lærke : « La méthode géométrique dans la Demonstratio evangelica de Pierre-Daniel Huet » ; Nicolas Piqué : « Lexcès et la nouveauté. Le rôle des controverses dans le processus de sécularisation à la fin du xviie siècle chez Arnauld, Nicole, Simon et Le Clerc » ; Catherine Volpilhac-Auger : « De Rome à Amsterdam. Religion et raison chez le jeune Montesquieu » ; Bruno Bernardi : « Sur la genèse du concept de religion civile et sa place dans le Contrat social de Jean-Jacques Rousseau » ; Mai Lequan : « Raison pure pratique et foi historique doctrinale dans trois lettres de Kant de 1792-1793. Vers une définition criticiste de lUniversité ».

McKenna, Antony, Pascal et son libertin, Paris, Classiques Garnier, coll. « Lire le xviie siècle », 2017, 131 p.

« Lanthropologie pascalienne de la “misère de lhomme sans Dieu” frappe par sa pertinence : aucun apologiste chrétien na exprimé avec tant de justesse le point de vue dun incroyant sur le monde et sur sa propre nature. Cest le point de départ de son argumentation apologétique que nous suivons pas à pas, en précisant ses sources cartésiennes et gassendistes, en examinant le statut du sentiment et en restituant la cohérence de la foi de la seconde nature. Les Pensées constituent lexpression complexe dune philosophie chrétienne et la cohérence de largumentation constitue un témoignage privilégié sur le libertinage tel que Pascal le concevait. Le profil intellectuel de son libertin apparaît entre les lignes de largumentation apologétique. »

– Avant-Propos.

– I. Le statut du libertin dans les Pensées de Pascal. II. La vanité et la misère : fondement de lanthropologie pascalienne. III. La grandeur de lhomme. IV. Le sentiment de Pascal. V. Limagination. VI. Pascal et les sciences du libertin. VII. La politique : la force et limagination. VIII. « LÉcriture et le reste ». IX. Linterlocuteur de Pascal.

– Conclusion : Pascal et lapologétique de son temps.

– Bibliographie.

Marenbon, John, Pagans and Philosophers. The Problem of Paganism from Augustine to Leibniz, Princeton (N.J.), Princeton University Press, 2015, 328 p.

« Comment concilier la sagesse et la vertu des grands penseurs de lAntiquité avec le fait quils étaient païens et, selon beaucoup, damnés ? [] Des questions du même genre furent soulevées par les rencontres avec des païens contemporains du nord de lEurope, de la Mongolie et, plus tard, de lAmérique 368et de la Chine. Pagans and Philosophers explore comment, de la fin du ve siècle au début du xviiie, les écrivains – des philosophes et théologiens, mais aussi des poètes comme Dante, Chaucer et Langland, et des voyageurs tels que Las Casas et Ricci – ont abordé le troublant et fascinant “problème du paganisme”. Augustin et Boèce en fixèrent les termes, tandis que Pierre Abélard et Jean de Salisbury se montrèrent dimportants défenseurs de la sagesse et de la vertu païennes. Des théologiens universitaires tels que Thomas dAquin, Duns Scot, Ockham, Bradwardine et des penseurs ultérieurs tels que Ficin, Valla, More, Bayle et Leibniz, ont exploré la difficulté en profondeur, alors quAlbert le Grand inspiré Boèce de Dacie et dautres à créer une conception relativiste de la connaissance scientifique qui permit aux professeurs chrétiens de rester fidèles à Aristote. Dans le même temps, les premiers anthropologues comme Jean de Plan Carpin (Jean de Piano Carpini), John Mandeville et Montaigne ont développé dautres sortes de relativisme en réponse à la question. »

– Introduction. The Problem of Paganism.

– I. The Problem Takes Shape. 1. Prelude. Before Augustine. 2. Augustine. 3. Boethius.

– II. From Alcuin to Langland. 4. The Early Middle Ages and the Christianization of Europe. 5. Abelard. 6. John of Salisbury and the Encyclopaedic Tradition. 7. Arabi, Mongolia and Beyond. Contemporary Pagans in the Thirteenth and Fourteenth Centuries. 8. Aristotelian Wisdom. Unity, Rejection or Relativism. 9. University Theologians on Pagan Virtue and Salvation. 10. Dante and Boccaccio. 11. Langland and Chaucer.

– III. The Continuity of the Problem of Paganism, 1400-1700. 12. Pagan Knowledge, 1400-1700.13. Pagan Virtue, 1400-1700. 14. The Salvation of – Pagans, 1400-1700.

– Epilogue. Leibniz and China.

– General Conclusion. Bibliography. Index.

Milliot, Vincent, L“Admirable police”. Tenir Paris au siècle des Lumières, Ceyzérieu, Champ Vallon Coll. « Époques », 2016, 384 p.

« Selon certains observateurs du siècle des Lumières, la police de Paris, en dépit de ses abus et difformités, est “la plus parfaite” pour tenir une aussi grande ville dEurope. La vaste réforme impulsée sous Colbert en 1666-1667 ne se limite pas à la création de la lieutenance générale de police. Elle inaugure une dynamique transformatrice des pouvoirs policiers parisiens tout au long du siècle suivant. Cette police, qui se veut plus préventive que répressive, développe un puissant appareil bureaucratique. Elle renforce sa surveillance sur la société et son emprise sur le territoire urbain. Soucieuse dêtre utile au public en diversifiant les services quelle propose dans le domaine de la salubrité et de la santé, de la voirie, des arts et métiers, elle semploie à rassurer et à bien protéger les citoyens établis, mais elle moissonne sans faiblesse les “indésirables”.

369

Si cette politique répond aux attentes sécuritaires de certaines franges de la population, elle nourrit aussi constamment les tensions. Les résistances ne cessent jamais, car la police, qui se pique dêtre juste, lest rarement dans une société marquée par une forte inégalité sociale. La cristallisation des critiques autour du despotisme de la police est donc un ingrédient dans leffervescence pré-révolutionnaire. À partir des années 1760, la philosophie du droit naturel, une nouvelle idée de la liberté et de la souveraineté politique rendent larbitraire policier de moins en moins acceptable. Ces critiques rencontrent le vécu ordinaire de tous ceux qui ont la vie fragile et qui savent la police souvent dure aux pauvres. En 1789, la dénonciation du despotisme de cette police, qui a voulu se mêler de tout, tout connaître, tout prévoir, érige les services de la lieutenance générale en emblème de la tyrannie. Une Bastille à abattre pour que triomphent enfin létat de Droit et légalité de tous devant la Loi. »

– Introduction. Philosophies de la police. comment défendre la société ?

– I. Les « bons ouvriers » de la police. 1. De la « noblesse » et de la dignité de la police : les commissaires au Châtelet. 2. Les « moutons noirs de la police » : les inspecteurs du Châtelet. 3. « Travailler à la police » : « espions » et observateurs de police dans le Paris des Lumières.

– II. Prévenir ou réprimer ? Les politiques de la police. 4. Prévenir : une gestion policière des « risques ». Chapitre 5. Gouverner lespace. 6. Retrancher les indésirables. Les « enlèvements de police » au xviiie siècle.

– III. Police et population. 7. Paris, ville sûre et pacifiée ? 8. La police des « Cris de Paris ». 9. La police dun bourgeois parisien [Hardy] : entre tradition et modernité. 10. « Police partout, justice nulle part » ?

– Conclusion. « Ladmirable police » ?

– Annexes du chap. 6. Cartes, tableaux et illustrations. [Pas dindex].

Minerbi Belgrado, Anna, LEternità del mondo. Hobbes e la filosofia aristotelica, Roma, Carocci Editore, Biblioteca di testi e studi, 2016, 240 p.

Cet ouvrage se présente comme « une recherche sur la philosophie naturelle de Hobbes, centrée sur sa formation et son environnement [intellectuel] proche ». Lélaboration de la conception hobbienne de la matière et du mouvement est mise en relation étroite avec les textes dAristote, « révélant parfois une connivence inattendue et toujours surprenante, chez un auteur connu pour son anti-aristotélisme ». De ce point de vue, la convergence à propos de la question de léternité dans le monde est suggestive : le contexte intellectuel est reconstruit à partir des discussions sur la matière et le mouvement chez les “radicaux” aristotélicien des xvie et xviie siècles, « montrant comment leurs difficultés sur ces questions ne parviennent pas à surmonter lhylémorphisme, soit lhypothèse dune non-autonomie de la “matière”. Son renversement naura lieu quau xviie siècle avec le mécanisme, et Hobbes en sera largement 370partie prenante ». Contrairement aux « tendances actuelles visant à atténuer le conflit entre lhylémorphisme et le mécanisme », ce livre nentend pas seulement souligner lincompatibilité des deux paradigmes, mais à montrer, dans le cas de Hobbes, « la compatibilité du second avec le choix dAristote comme point de référence théorique privilégié ».

1. Premessa. Hobbes, Aristotele, aristotelismi.

2. La « filosofia prima ». fisica, metafisica, teologia. « Scienza dellente in generale ». Fisica e Metafisica trattano delle stesse materie e « quasi con le stesse parole ». Una scienza naturale.

3. Largomento logico : eternità del mondo e de caelo 279b-283a

4. Hobbes, Aristotele e la materia prima.

5. Passaggi (sulla natura della materia).

6. Altri aristotelismi. Simone Porzio e Francesco Vimercati su materia e forma. La materia. Materia e potenza. Cesare Cremonini e lanimazione celeste.

7. Altri aristotelismi : materia e corpo in Jacopo Zabarella.

8. Nel solco di Alessandro. Cesare Cremonini su corpo e qualità. Hobbes e Cremonini ?

9. Hobbes : leternità del mondo e il moto.

10. Qualche filo da tirare.

– Bibliografia. Fonti. Letteratura secondaria. Indice dei nomi.

Mori, Gianluca, Lateismo dei moderni. Filosofia e negazione di Dio da Spinoza a dHolbach, Roma, Carocci Editore, coll. « Frecce », 2016, 300 p.

« Cent ans séparent le Tractatus theologico-politicus de Spinoza (1670) du Système de la nature de Holbach (1770), aube et soir dune même époque. Une époque à laquelle on a voulu donner un nouvel habit philosophique à cette rébellion contre la théologie qui a toujours été latente, sous diverses formes, dans la culture occidentale, mais qui natteignit une pleine visibilité et une pleine conscience de soi quentre les xviie et xviiie siècles. Météore de la modernité, lathéisme philosophique a son histoire propre, qui se déroule souvent dans lombre et presque toujours sous une forme parasitaire, comme une réaction à la pensée théologique dominante. En fait, il ny eut dathéisme philosophique véritable dans la pensée moderne, quaussi longtemps quexista une théologie philosophique digne de ce nom, autrement dit à lâge qui part de Descartes et sachève avec Kant. Rompant avec une tradition millénaire, Descartes avait revendiqué la possibilité dune connaissance “claire et distincte” de Dieu, ouvrant la voie à une nouvelle théologie, quil entendait élever au rang de science à égalité avec la physique et les mathématiques. Mais dans lexacte mesure où Dieu devenait un objet de science, il devenait également un objet danalyse et de critique purement scientifique, de sorte quil pouvait, dès ce moment, être aussi bien soutenu scientifiquement et nié avec une égale scientificité. Dieu était devenu falsifiable. »

371

Premessa.

1. Che cosè lateismo ? I nomi dellateo. Inclusivisti ed esclusivisti. Una definizione. Le maschere. La chiave perduta.

2. Il caso Spinoza. Lateo secondo Spinoza. Verae vitae exemplar. Divino, troppo divino. Ateismo o teologia ? Postilla : Hobbes e Spinoza.

3. Atei virtuali. Cudworth : un mostro a quattro teste. Le ragioni dellateismo. Bayle. Dio e il male. Uno Stratone moderno / Una società di atei

4. Atei clandestini. I cartesiani. Meslier. Gli spinozisti : Boulainviller. Gli empiristi : Du Marsais e Fréret.

5. Da Toland a Hume. Toland. panteismo e ateismo. La dimostrazione di Collins. Hume. una fi losofi a senza Dio. Stratone colpisce ancora

6. Ateismo, deismo, scetticismo. Tra Diagora e Protagora. Il sogno di Diderot. DHolbach : il Système de la nature. La speranza di Voltaire

– In conclusione. Note Bibliografia. Indice dei nomi.

Mothu, Alain, « Le livre de Jupiter. Lathéologie du Cymbalum mundi », Bibliothèque dHumanisme et Renaissance, LXXVIII-2, 2016, p. 333-361.

Le Cymbalum mundi (1537) ne raille pas seulement le Christianisme : il porte le glaive jusquau Ciel et, tout empreint dun épicurisme dont Lucien se fait, sur ce point, le principal relai, il atteint le Dieu chrétien en personne. On navait sans doute pas besoin de cet exemple pour penser quun athéisme philosophiquement mûr et décomplexé pouvait exister dès le premier xvie siècle, mais le Cymbalum ressemble fort à la preuve que certains réclamaient.

Mulsow, Martin, « Atheismus auf dem Schwarzmarkt », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 17 août 2016, p. 0N 3.

Muratori, Cecilia et Paganini, Gianni, dir., Early Modern Philosophers and the Renaissance Legacy = Archives of the History of Ideas / Archives internationales dhistoire des idées, vol. 220 2016, 300 p.

– Cecilia Muratori, Gianni Paganini : « Renaissance and Early Modern Philosophy. Mobile Frontiers and Established Outposts ».

– The Endurance of Tradition. Guido Giglioni : « Whats Wrong with Doing History of Renaissance Philosophy ? Rudolph Goclenius and the Canon of Early Modern Philosophy » ; Stephen Clucas : « Italian Renaissance Love Theory and the General Scholar in the Seventeenth Century » ; Lodi Nauta : « The Critique of Scholastic Language in Renaissance Humanism and Early Modern Philosophy » ; Sarah Hutton : « Henry More and Girolamo Cardano ».

372

Natural Philosophy. Silvia Manzo : « From Attractio and Impulsus to Motion of Liberty. Rarefaction and Condensation, Nature and Violence, in Cardano, Francis Bacon, Glisson and Hale ».

– Daniel Garber : « Telesio Among the Novatores. Telesios Reception in the Seventeenth Century ».

– Natacha Fabbri : « Looking at an Earth-Like Moon and Living on a Moon-Like Earth in Renaissance and Early Modern Thought ».

Changing Conceptions of the Human. Emmanuel Faye : « Descartes, the Humanists, and the Perfection of the Human Being » ; Emanuela Scribano : « The Return of Campanella. La Forge versus Cureau de la Chambre » ; Cecilia Muratori : « From Animal Happiness to Human Unhappiness. Cardano, Vanini, Theophrastus Redivivus (1659) ».

Moral and Political Theory. Annalisa Ceron : « Ethics, Politics, and Friendship in Bacons Essays (1625). Between Past and Future » ; Gianni Paganini : « Thomas Hobbes Against the Aristotelian Account of the Virtues and His Renaissance Source Lorenzo Valla » ; Sara Miglietti : « Debating “Greatness” from Machiavelli to Burton » ; John Christian Laursen : « John Upton from Political Liberty to Critical Liberty. The Moral and Political Implications of Ancient and Renaissance Studies in the Enlightenment ».

– Epilogue. Germana Ernst, Cecilia Muratori, Gianni Paganini : « A Story in the History of Scholarship. The Rediscovery of Tommaso Campanella ».

Index.

Neaimi, Sadek, La Superstition raisonnable – La mythologie pharaonique au siècle des Lumières, Paris, Classiques Garnier, 2016, 257 p.

« Cest entre admiration pour les chefs-dœuvre artistiques et dégoût envers les cultes des animaux que se situe lapproche du siècle des Lumières vis-à-vis de la civilisation égyptienne. Ce regard contradictoire qui varie entre les philosophes, les francs-maçons, les historiens de lart, les historiens, et dans certains travaux littéraires et musicaux, fait prendre à cet ouvrage un chemin interdisciplinaire. Les deux grands sujets qui passionnent les auteurs du xviiie siècle sont la transmission du savoir et de la religion pharaonique aux Grecs et lemprunt par les religions révélées des rites pharaoniques, doù cette passion intellectuelle de la culture savante pour cette rencontre entre les idées de Platon et les cultes dIsis. »

Introduction. Discours préliminaire [sur la « superstition »].

– I. Du grief didolâtrie à la passion de savoir (Comment sortir du labyrinthe ? Sources des Lumières concernant la mythologie égyptienne. Labyrinthe de la mythologie égyptienne. Religion naturelle et grande raison : les fouilles des Lumières dans lécole dAlexandrie. Isis dans les loges maçonniques : entre Sethos et La Flûte enchantée. Bachus nest que Osiris : continuité de savoir et de croyance).

373

– II. La mythologie égyptienne entre philosophie et histoire des religions (Animaux sacrés. Irrésistible Isis. Mythe et Histoire : critique de lhistoire sacrée).

– III. La mythologie égyptienne entre fiction et esthétique (Le Nil, entre inspiration et polémique. Esthétique et philosophie. Pyramides des philosophes. Rêver dune sensualité et dune vertu antiques).

Conclusion. Bibliographie sélective. Index.

Quintili, Paolo, Matérialismes et Lumières. Philosophies de la vie Autour de Diderot et de quelques autres (1706-1789), Paris, Honoré Champion, « Les dix-huitièmes siècles », 2016, 340 p.

« De la fin de la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes, qui coïncide grosso modo avec la mort de lencyclopédiste majeur de lépoque moderne, Pierre Bayle (1647-1706), passant par lEncyclopédie (1751-1772) de Diderot, jusquà la veille de la Révolution, on assiste à un tournant historique et culturel fondamental. ». le passage dune « raison exigeante, qui soumettait au regard géométrique de son jugement toute région historique de lexistence humaine, pour démarquer avec rigueur le domaine du rationnel par rapport à tout ce qui pouvait se rapporter à limagination, à la fantaisie et aux produits, plus ou moins déviés, des passions humaines » à une « raison sensible, celle des médecins et des Philosophes des Lumières, attentifs à la formation psycho-physiologique de la rationalité elle-même à partir du sensible (tact, vue, ouïe etc., passions) y compris ses dégénérescences ».

Introduction. 1. Une première (1598-1706) et une seconde modernité (1706-1789). Dune raison exigeante à une raison sensible. La constitution historique des Lumières européennes. 2. Aux origines de la nouvelle modernité. Lanthropologie matérialiste de Diderot et celle des philosophes. Avatars dune pensée critique au xviiie siècle.

– I. Les Lumières, de lHistoire des idées à lhistoire des sciences. 1. La mort de Pierre Bayle (1706). La notion de « raison exigeante » des libertins et lœuvre des Lumières [La querelle des Anciens et des Modernes ; Fontenelle, Bayle et lidée critique du progrès ; la propagande des écrivains clandestins…]. 2. La raison sensible des médecins et des Philosophes [La médecine de Montpellier ; un cogito matériel ; la crise du mécanicisme médical et le matérialisme biologique ; la vision organiciste des maladies de lesprit…]. 3. Lectures matérialistes du stoïcisme au xviiie siècle. Diderot et La Mettrie. 4. Le moral et le physique. Lidée de perfectibilité dans lanthropologie de La Mettrie et de Diderot [physiologie et philosophie ; médecine et métaphysique…].

– II. Les matérialismes scientifiques des philosophes. Une nouvelle modernité. 1. Athéisme et matérialisme, de J. Meslier à D. Diderot [Prémisses : athéisme et mystique du Libre Esprit ; Bayle et la société dathées ; Bayle, anti-théologie et anti-théodicée ; DHolbach, lanti-théodicée renouvelée au miroir des sciences de la nature ; Diderot et lathéisme scientifique…]. 2. Les machines 374de la joie. Mécanique et éthique eudémoniste dans lEncyclopédie (1747-1755). 3. Philosophies de la vie et pensée critique, des Encyclopédistes à Kant. 4. La raison sensible. La position de la physiologie philosophique de Diderot. 5. Physiologie des passions et philosophie de la vie, de Buffon à Diderot (1749-1789) [Lhéritage cartésien au xviiie s. ; Buffon ; plaisir, douleur et le bonheur du sage ; Maupertuis…].

Conclusion. Lhéritage matérialiste des Lumières.

Bibliographie. Index nominum. Index rerum.

Smith, Plínio Junqueira et Charles, Sébastien, (dir.), Academic Scepticism in the Development of Early Modern Philosophy, Cham [Suisse], Springer, 2017, XXII-386 p. (« International Archives of the History of Ideas » / « Archives internationales dhistoire des idées », 221).

Claudio Buccolini : « The Philosophy of Francisco Sanches : Academic Scepticism and Conjectural Empiricism » ; Sébastien Prat : « La réception des Académiques dans les Essais : une manière voisine et inavouée de faire usage du doute sceptique » ; Fernando Bahr : « La Sagesse de Pierre Charron et le scepticisme académique » ; Sylvia Giocanti : « La Mothe Le Vayer et lAcadémie sceptique » ; Silvia Manzo : « Reading Scepticism Historically. Scepticism, Acatalepsia and the Fall of Adam in Francis Bacon » ; Benjamin D. Hill : « Academic Scepticism and the Early Royal Society » ; Delphine Bellis : « Nos in diem vivimus : Gassendis Probabilism and academic philosophy from day to day » ; Richard Davies : « The Modes of Descartes First Meditation » ; Julie Walsh : « Confusing Faith and Reason ? Malebranche and Scepticism » ; Martine Pécharman : « Pascal sur le pyrrhonisme de Montaigne dans lEntretien avec M. de Sacy : doute pyrrhonien ou doute académique ? » ; Joël Boudreault (et al.) : « Simon Fouchers Academic Scepticism : Between Truth and Probability » ; Sébastien Charles : « Pierre-Daniel Huets Readings in Scepticism » ; Kristen Irwin : « The Implications of Bayles Qualified Academic Scepticism for Moral Knowledge » ; Michael W. Hickson : « Disagreement and Academic Scepticism in Bayle » ; Ryan Todd : « Academic Scepticism and Pyrrhonian Scepticism in Humes » ; Plínio Junqueira Smith : « Humes Academic Scepticism in Its French Context ».

Suitner, Riccarda, Die philosophischen Totengespräche der Frühaufklärung, Hamburg, Felix Meiner, « Studien zum achtzehnten Jahrhundert », 2016, 276 p.

« Ce livre reconstitue lhistoire dun ensemble de “dialogues des morts” publiés en Allemagne entre 1729 et 1734. Les protagonistes de ces textes, tous publiés anonymement (ou sous pseudonyme) sous forme de brochures, comprennent certains des philosophes les plus célèbres du xviie siècle (Descartes, Leibniz, Bekker), aux côtés des philosophes et théologiens allemands du début du xviiie s. (Thomasius, Francke, Budde, Gundling, Rüdiger, Mayer, Petersen), 375pour la plupart piétistes ou fortement influencés par le piétisme. Au cours des cinq années où parurent des dialogues, les textes ont suscité un vif débat à plusieurs niveaux : philosophique, théologique, économique et personnel. Pour plusieurs raisons, le lien mutuel entre ces dialogues, et souvent même leur simple existence, est demeuré inconnu. Les dialogues publiés sont actuellement dispersés dans des bibliothèques allemandes, souvent reliés avec des écrits contemporains qui nont rien à voir. Dans la mesure où leurs auteurs ont diffusé ces textes comme des feuilles volantes à bon marché, non destinées à une préservation précautionneuse dans des bibliothèques privées, ils ne survivent plus aujourdhui quen quelques exemplaires. Dans de rares cas, ils sont mentionnés dans des études savantes et des bibliographies, où ils sont alors presque toujours attribués au journaliste saxon David Fassmann, alors le plus célèbre auteur allemand de dialogues des morts. R. Suitner montre dans cette étude que ces dialogues forment un corpus cohérent, reconstitue leur genèse et interprète les controverses “mises en scène” au moyen de leurs protagonistes fictifs. Lenquête menée sur lunderground philosophique et théologique des universités du début du xviiie s en Allemagne centrale permet pour tous les textes de réfuter la paternité de Fassmann, détablir une relation entre les illustrations symboliques et le contenu des textes, et déclairer les interactions concrètes entre graveurs, cercles universitaires, auteurs et éditeurs au début des Lumières allemandes. »

Tinguely, Frédéric, La Lecture complice. Culture libertine et geste critique, Genève, Droz, coll. « Les Seuils de la Modernité », 2016, 256 p.

« Par le régime de connivence quelle instaure avec son public, la littérature libertine du xviie siècle soffre à un travail interprétatif où la conscience et la rigueur méthodologiques nexcluent nullement limplication personnelle, la prise de risque. Au cœur de ce livre, le lecteur trouvera la défense et lillustration dune lecture complice, appliquée dabord aux œuvres de fiction (la Première Journée de Théophile, le Francion de Sorel, Le Page disgracié de Tristan, Les États et Empires de la Lune de Cyrano), puis aux investigations orientales des voyageurs Bernier et Monconys. Il verra se mettre en place, et sajuster en fonction des études de cas, une relation critique de proximité et de disponibilité dont la spécificité apparaît aussi, par contraste, à travers la lecture rapprochée des fulminations du jésuite Garasse. Loin des commodités essayistes ou des réductions théoriques, Frédéric Tinguely fonde dans la résistance même des textes la légitimité du commentaire ; il peut dès lors revendiquer une lectio difficilior dun nouveau genre, dans laquelle le geste critique libérerait toute sa puissance et trouverait, en définitive, sa raison dêtre. »

Ouverture. Geste critique, geste libre.

Première partie. La folie Garasse. I. Dun usage pervers de lanalogie. libertins et réformés dans la Doctrine curieuse (Premières salves : lexemple du Rabelais 376réformé [1619]. Dans les rets de la Doctrine curieuse [1623]). II. Garasse et les altérités croisées (Nouvelle-France : micmac dans la réécriture. Japon : la haine du relatif).

Deuxième partie. La lecture complice. III. Fiction libertine et lecture straussienne (Principes de transposition. Cosmologies de Francion. Parfum de libertinage). IV. Les nœuds de la fiction dans lHistoire comique de Francion (Chacun son tour. La connaissance entravée. Textes noués). V. Singeries romanesques et anthropologie libertine (Complément denquête. Généalogie de maître Robert). VI. Un libertin dans la lune ? De la distraction scientifique chez Cyrano de Bergerac (Turbulences. Lexpérience de la chute).

Troisième partie. Echappées. VII. Un paradis sans miracles : le Cachemire de François Bernier (Gagner lEden. Locus empiricus). VIII. Les jeux de luniversel et du relatif dans les Voyages de Bernier (Beautés chaudes. La nouvelle merveille du monde. Bains froids). IX. Le « catalogue des ignorans » : voyage et mystification chez Balthasar de Monconys (Dans lorbite de la nouvelle science. Transmutations). X. Crue du Nil et crédulité (Les possibilités du Nil. De la goutte. Une découverte en chambre. Les incrédules).

Conclusion : Lectio difficilior.

Bibliographie. Index nominum et locorum.

Vercruysse, Jeroom, Bibliographie descriptive des imprimés du baron dHolbach, Paris, Classiques Garnier, 2017, 351 p.

Version corrigée et augmentée de léd. de Paris, Minard, 1971, comprenant : [1] « Pour commencer ». [2] Histoire des attributions. [3] Titres non retenus. [4] Bibliographie Descriptive chronologique. [5] Appendice : Feu M. Le Baron dHolbach. [6] Ouvrages consultés. [7] Index des noms et titres.

Vigliano, Tristan, Parler aux musulmans. Quatre intellectuels face à lislam à lorée de la Renaissance, Genève, Droz, coll. « Les Seuils de la Modernité » (no 200), 2017, 384 p.

« Dans les années qui précèdent ou suivent immédiatement la chute de Constantinople, en 1453, quatre intellectuels décident de se confronter à la question de lislam : Jean Germain, Pie II, Nicolas de Cues et Jean de Ségovie. Quils imaginent les échanges dun musulman et dun chrétien, ou figurent le débat du christianisme avec lislam, ou encore racontent leurs propres tentatives de dialogue, les mêmes troublantes questions se posent à chaque fois. Quels objectifs poursuivent-ils ? Pour qui écrivent-ils ? Faut-il les croire, quand ils prétendent sadresser aux musulmans ? Si non, pourquoi se figurent-ils en train de leur parler ? Si oui, inventent-ils un langage qui leur soit adapté ? Tristan Vigliano analyse en littéraire des textes qui semblaient jusquici réservés aux historiens. Car dialoguer avec lislam ne va pas de soi : 377les premières résistances viennent souvent de lintérieur et il faut au penseur une puissante rhétorique pour démontrer le bien-fondé de lacte quil engage. »

Avant-propos.

– I. Jean Germain, un débat inutile. Jean Germain, propagandiste de la croisade. Le Débat du chrétien et du Sarrasin. Pourquoi un débat. Le dialogue disqualifié. La fiction exhibée. Fonctions dun jugement. Une rhétorique de lentorse.

– II. À qui la lettre de Pie II à Mehmet II est-elle écrite ? Pie II, des lettres profanes à la « bonne mort ». La lettre à Mehmet II. Un exercice rhétorique ? Une lettre sérieuse ? Des destinataires indirects ? Un problème de construction. Qui trop embrasse.

– III. Nicolas de Cues, ou le Coran au tamis des Écritures corrompues. Nicolas de Cues et la question musulmane. Pia interpretatio. Une pensée en avance, un homme de son temps. Un silence : la falsification des Écritures. Deux publics à la fois. Un échec et sa valeur.

– IV. Jean de Ségovie, parler avec des musulmans. De Ségovie à Aiton. Les leçons de Salamanque. La dispute de Medina : analyse. Lempreinte bâloise. 1453 et après. Un faqîh en Savoie. Un chemin de paix et dinstruction. Une rhétorique de ladresse aux musulmans. Limites et apports.

Conclusions et perspectives.

Glossaire. Bibliographie des textes et des travaux cités. Index.

Volpilhac-Auger, Catherine, Montesquieu : une histoire de temps, Lyon, ENS Éditions La Croisée des chemins 2017, 268 p.

« Redécouvrir Montesquieu, en son temps et dans le temps long de lhistoire : les œuvres clés du siècle des Lumières, Lettres persanes, LEsprit des lois, Considérations sur les Romains, prennent tout leur sens si lon prend en compte à la fois leur dimension littéraire, politique, philosophique, historique, juridique. Des temps forts de lhistoire, comme la découverte des Indes par Alexandre, le voyage africain dHannon ou linvasion de lEurope par les Huns, la prise de pouvoir par Auguste et le long règne de Justinien, révèlent la puissance de lesprit humain et la faiblesse des sociétés soumises au pouvoir dun seul. Lhistoire, ancienne ou récente, devient le champ daction privilégié de la pensée politique, tout en révélant la place infime de lindividu à léchelle des siècles et des nations. À travers ce monde sans héros, régi par des causes générales et profondes, apparaissent les qualités maîtresses dun écrivain philosophe. la liberté de lesprit et lacuité du regard, révélées par la succession des lectures, parfois contradictoires, qui en ont été données. »

– I. Les Lettres persanes ou le temps de la fiction. 1. « Jai vu ». 2. Les Lettres persanes : une histoire de suicide et de twist. 3. Pour en finir avec la « chaîne secrète » des Lettres persanes.

– II. Entre passé et présent : le temps des Romains. 4. De Rome aux Romains, le passé au présent. 5. DOctave à Auguste : le début de la fin. 6. De Rome 378à lEurope : la biche des Palus-Méotides. 7. Les Romains, quelques siècles plus tard.

– III. De lAntiquité à LEsprit des lois : le pouvoir et les savoirs. 8. Montesquieu et limpérialisme grec : Alexandre ou lart de la conquête. 9. De lAntiquité à Pierre le Grand : la mer Caspienne vue de France au xviiie siècle. 10. De la Collectio juris à LEsprit des lois : Justinien au tribunal de Montesquieu. 11. LAntiquité, lointaine ou proche ? Montesquieu et le Périple dHannon.

– IV. Au-delà de lhistoire. 12. Les deux infinis. Montesquieu historien des catastrophes ? 13. Comment écrire lhistoire ? 14. Montesquieu et lhistoire : une occasion manquée ? 15. Tocqueville et Montesquieu : récrire lhistoire ?

Manuscrits

Pantheisticon / où formule pour celebrer un societé / Socratique divisé en trois parties. Collection particulière Bruno Ruiz (Montélimar).

Ms. de 90 f. non numérotés, 222 mm / 176 mm. Reliure xviiie en veau brun très usée. Dos à six caissons, dont cinq ornés ; pièce de titre enlevée dans le 2e entrenerfs. Double-garde marbrée (rouge, jaune, bleu vert). Tranche unie rouge.

Commentaires du propriétaire : « Il sagit bien de la traduction complète de loriginal latin, comprenant les “Odes dHorace” ainsi que la dissertation finale “sur la double philosophie”. À la fin du préambule, on lit “Cosmopoli 1720” puis “Toland”, mais “1720” est surchargé/biffé par une seconde main qui a voulu corriger : “1520”. La même main, semble-t-il, a dans le même sens ajouté en fin de texte : “Fait le 13 Juin 1520 // Toland secretaire”. Cette mention évidemment fantaisiste a été finement raturée par ce que lon suppose être une troisième main. La 2e main a encore corrigé la numérotation des strophes des Odes dHorace. Les filigranes, actuellement à létude, pourraient – sous réserve dinventaire – indiquer une datation entre 1757 et 1791 sur du papier venant de Hollande par la maison D&CB (Dirk et Cornélis Blauw). »

379

C:\Users\Admin\Desktop\Pantheisticon\Panthéisticon1.jpg

Fig. 13 – John Toland, Panthéisticon, 1720,
manuscrit reproduit avec laimable autorisation de Bruno Ruiz.

C:\Users\Admin\Desktop\Pantheisticon\Panthéisticon4.jpg C:\Users\Admin\Desktop\Pantheisticon\Panthéisticon4.jpg

Fig. 14 et 15 – John Toland, Panthéisticon, 1720,
manuscrit reproduit avec laimable autorisation de Bruno Ruiz.

380

C:\Users\Admin\Desktop\Pantheisticon\Panthéisticon2.jpg

Fig. 16 – John Toland, Panthéisticon, 1720,
manuscrit reproduit avec laimable autorisation de Bruno Ruiz.

C:\Users\Admin\Desktop\Pantheisticon\Panthéisticon14.jpg

Fig. 17 – John Toland, Panthéisticon, 1720,
manuscrit reproduit avec laimable autorisation de Bruno Ruiz.

Nouveaux manuscrits de la collection jésuite des Fontaines (Miguel Benítez).

Réunion de différentes bibliothèques jésuites, la bibliothèque des Fontaines fut transférée de Chantilly à la bibliothèque municipale de Lyon (La Part-Dieu) en 1999. Divers manuscrits avaient déjà été identifiés à Chantilly, mais non tous. Miguel Benítez complète la liste :

– SJ Ms. 12º / 374. Dissertations théologiques, morales et politiques sur les trois fameux imposteurs.

– SJ Ms. 8º / 607. Les Mœurs.

– SJ Ms. 4º / 220. Abrégé ou traité historique, chronologique et critique de la vie des patriarches.

381

– SJ Ms. 4º / 252. De linfini créé.

– SJ Ms. Fol. / 97. Opinions des anciens philosophes sur la nature de lâme. De limmatérialité de lâme. De lexistence de Dieu.

– AR 1/33. De Trinitatis erroribus.

Dialogorum de Trinitate libri duo. De justitia regni Christi. 

– AR 1/34. Christianismi restitutio.

Glanes (Alain Mothu).

Nous lisons dans un manuscrit des Archives de la Bastille cette note dun « gazetin de la police secrète » datée du 30 janvier 1741 :

On vante deux traités Physiques, libres et hardis, faits par deux differents auteurs. Lun sur ces paroles : Memento Homo quia pulvis es et in pulverem reverteris ; et lautre sur celles-ci : Memento Homo quia aqua es et in aquam reverteris. Ils sont difficiles à avoir (Ars. 10168, fol. 30v)

Dans un autre carton un peu « bric-à-brac » appartenant au même ensemble que le précédent (Ars. 10170), nous trouvons ce petit catalogue de brochures (avec indication des prix), que nous croyons pouvoir dater - sous réserve dinventaire – du milieu des années 1750 :

Littérature. On debitte beaucoup de ces petittes brochures nouvelles quoy quelles paroissent depuis quelques semaines. La legereté du stile et linterét des intrigues dédomagent les auteurs dune occupation qui nest rien moins que frivole mais qui amuse. Parmi ces nouvelles productions nous distinguons Les memoires dune fille de qualité, 2 parties en un volume, 30 s.

Dialogue sur les plaisirs, 1 volume in-12, 24 s.

Les bijoux indiscrets, 3 vol. in-16, 3 l.

Il se vend encore, mais sous le manteau, un livre intitulé Le joujou des demoiselles, enrichi en figures en taille douce bien dessinés 6 #

LEcole duranie, in-12, cinquante sols.

(Ars. 10170, f. 15r).

Dans le même carton, une note datable de fin avril ou début mai 1726 concerne Voltaire. Nous la croyons inédite (elle est dailleurs égarée dans ce carton comportant des pièces bien plus tardives). Rappelons quen janvier, le chevalier de Rohan avait fait rosser lécrivain par ses gens, tandis quil assistait à la bastonnade depuis son carrosse. Voltaire chercha à se venger. Il prit des cours descrime et rechercha Rohan, tant et si bien quil fut arrêté dans la nuit du 17 au 18 avril, des pistolets en poche, ainsi quune coquette somme dargent pour financer sa fuite, et fut embastillé.

Lon parle beaucoup sur la détention du Sr. de Voltaire que lon regarde comme un jeune homme dont la teste est fort éventée, et lon dit que si lon avoit bien fait, on auroit pris le party de le mettre a la Bastille, le lendemain que laffaire luy fût arrivée avec Mr. le Ch.er de Rohan.

(Ars. 10170, f. 32r).