Présentation des auteurs et résumés
- Publication type: Journal article
- Journal: La Lettre clandestine
2016, n° 24. varia - Pages: 419 to 428
- Journal: The Clandestine Letter
- CLIL theme: 3129 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie moderne
- EAN: 9782406060437
- ISBN: 978-2-406-06043-7
- ISSN: 2271-720X
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-06043-7.p.0419
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 07-08-2016
- Periodicity: Annual
- Language: French
Présentation des auteurs
et résumés
Silvia Berti, « Autour de l’auteur du Traité des trois imposteurs. Milieux, amitiés, édition »
Silvia Berti est professeur d’histoire moderne à l’université Rome – La Sapienza. Elle travaille sur la pensée antichrétienne et en particulier sur Spinoza et le spinozisme. Elle s’intéresse également aux courants Huguenot et Janséniste et autres groupes d’opposition de l’histoire française. Elle a récemment publié Anticristianesimo e libertà, Studi sull’Illuminismo radicale europeo (Bologne, 2012).
Cet article revient sur l’attribution, soutenue depuis une vingtaine d’années par Silvia Berti du Traité des trois imposteurs à Jan Vroesen. Après avoir rappelé les éléments principaux sur lesquels repose cette attribution, l’article examine de nouveaux arguments à partir d’une étude de témoignages croisés et de documents concernant l’édition et la circulation du célèbre traité clandestin.
This article looks back at Silvia Berti’s attribution of Traité des trois imposteurs to Jan Vroesen, which she has maintained for the last twenty years. The article recalls the main grounds of the attribution before considering new arguments based on a study of diverse evidence and documents concerning the publication and circulation of the famous clandestine treatise.
Thomas Grüber, « Les trois imposteurs “pré-modernes” et leur intérêt pour les modernistes. Quelques propositions »
Thomas Grüber est ancien conseiller au Parlement fédéral allemand. Il a obtenu son magister artium en histoire médiévale et droit constitutionnel à l’université de Munich. Poursuivant une carrière comme conseiller d’institutions publiques, il vient d’achever une thèse doctorale sur les trois imposteurs à l’université d’Oxford.
L’article s’intéresse à l’histoire prémoderne de la tradition des trois imposteurs, comme motif de la propagande antihérétique traversant les époques et les religions qu’il convient d’étudier du point de vue de sa réception. Il
démontre l’autonomie des traditions des trois anneaux et des trois imposteurs, l’absence de toute mention d’un traité éponyme avant Guillaume Postel, et analyse la contribution médiévale aux discours modernes.
This article looks at the premodern history of the tradition of three impostors as a motif of antiheretical propaganda running through different periods and religions that should be studied from the perspective of how it was understood. The article demonstrates the autonomy of the traditions of the three rings and the three impostors, and the absence of any mention of an eponymous treatise before Guillaume Postel. It also analyzes the medieval contribution to modern discourse.
Germana Ernst, « “Un extraordinaire roman bibliographique”. En marge du De tribus impostoribus »
Germana Ernst est professeur de l’université Roma Tre. Elle a consacré ses recherches à T. Campanella et a publié de nombreux essais sur sa pensée ainsi que des éditions de ses œuvres comme L’Ateismo trionfato (Pise, 2013), Del senso delle cose e della magia (Bari, 2007) et Lettere (Pise, 2000). Depuis 1995 elle dirige, avec E. Canone, la revue Bruniana & Campanelliana.
L’opuscule latin anonyme De tribus impostoribus, souvent confondu avec le célèbre Traité des trois imposteurs, a provoqué de nombreuses discussions à propos de l’unité et de la datation de ses contenus. Cet article s’intéresse à la première partie du texte, probablement plus ancienne, qui critique les préjugés des hommes et leurs fausses idées de la divinité, dénonçant en même temps les abus des trois religions révélées qui utilisent les croyances comme un outil de pouvoir et de tromperie.
The anonymous Latin booklet De tribus impostoribus, which is often confused with the celebrated Traité des trois imposteurs, has given rise to many discussions regarding the unity and dating of its contents. This article examines the first, probably older, part of the text, which criticizes mankind’s prejudices and false ideas about the divinity. At the same time, the booklet denounces the abuses of three revealed religions that use belief as a tool of power and deception.
Francesco Ronco, « Iustus Kahl vel Calvinus. Un témoin inconnu de l’histoire du texte sur les trois imposteurs ? »
Francesco Ronco étudie à la Scuola normale de Pise et prépare une thèse de doctorat en histoire sous la direction de Massimo Firpo.
L’article s’intéresse au témoignage de Iustus Kahl, calviniste converti au catholicisme, sur la circulation, dans les dernières années du xvie siècle, d’un traité des trois imposteurs. Ce témoignage, s’il n’apporte pas beaucoup aux débats sur l’existence réelle de ce traité, montre de quelle manière l’argument pouvait être utilisé dans le contexte des controverses religieuses après la Réforme.
This article examines the account of Iustus Kahl, a Calvinist who converted to Catholicism, of the circulation of a treatise on three impostors in the final years of the sixteenth century. While this account contributes little to the debates on the reality of that treatise, it shows how the argument could be used in the context of religious controversies after the Reformation.
Alain Mothu, « Le Cymbalum mundi et les trois imposteurs »
Alain Mothu (CELLF 16-18, CNRS UMR 8599) a publié de nombreux travaux sur l’athéisme ancien et moderne, Cyrano de Bergerac et la littérature philosophique clandestine. Depuis quatre ans il consacre l’essentiel de ses recherches au Cymbalum mundi (1537).
Cet article étudie le thème de la triple imposture, doublement présent chez Bonaventure Des Périers : dans un poème écrit entre 1536 et 1538, où il se montre très amer envers trois faux prophètes de malheur que seraient Calvin, Guillaume Farel et peut-être Olivétan ; et surtout dans le deuxième dialogue du Cymbalum mundi (1537), où trois autres réformateurs (Luther, Bucer et « Girard »), victimes d’une imposture montée par le Christ-Mercure, sont décrits comme les dignes héritiers de son art de l’imposture.
This article examines the theme of the triple fraud, which appears twice in the work of Bonaventure Des Périers. We find it in a poem written between 1536 and 1538, in which he expresses great bitterness towards three false prophets of doom, namely, Calvin, Guillaume Farel and, possibly, Olivétan. Most notably, the theme appears in the second dialogue of Cymbalum mundi (1537, wherein three other reformers, Luther, Bucer, and “Girard”, victims of a fraud set up by Christ-Mercury, are described as the worthy heirs of his art of deception.
Gianni Paganini, « Quand, comment et pourquoi les législateurs sont-ils devenus des imposteurs ? Averroïsme et libertinisme “radical” dans le Theophrastus redivivus (1659) »
Gianni Paganini est professeur d’histoire de la philosophie, de la Renaissance aux Lumières. Ses travaux portent spécialement sur les manuscrits philosophiques
clandestins, l’athéisme et le scepticisme. Son travail a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix La Bruyère de l’Académie française pour son livre Skepsis (Paris, 2008). Il est actuellement membre de l’Académie des Lincei.
Si l’auteur anonyme du célèbre Theophrastus redivivus ne mentionne pas l’existence d’un traité sur les trois imposteurs, il n’affirme pas moins l’idée d’une origine politique des religions monothéistes, sur laquelle il bâtit son propre système philosophique : celui d’un athéisme radical et de l’avènement d’une société naturelle libérée des lois et des impostures, nécessaire à l’histoire même de l’univers. L’auteur du Theophrastus apparaît ainsi comme l’exemple même du « libertin radical ».
Although the anonymous author of the celebrated Theophrastus redivivus does not mention the existence of a treatise on the three impostors, he clearly asserts the idea of a political origin of monotheistic religions, upon which he builds his own philosophical system. It consists of a radical atheism and the advent of a natural society free from laws and imposture, necessary for the very history of the universe. The author of Theophrastus thus appears as an exemplar of the “radical libertine”.
Winfried Schroëder, « Panthéisme – spinozisme – matérialisme athée. La métaphysique du Traité des trois imposteurs »
Winfried Schroëder est professeur d’histoire de la philosophie à l’université de Marburg. Ses recherches portent sur l’histoire de la métaphysique, la philosophie de la religion, l’athéisme, l’éthique, notamment dans la pensée des Lumières. Il a récemment publié Reading between the lines. Leo Strauss and the history of early modern philosophy (Londres, 2015).
L’article s’intéresse à la métaphysique de l’Esprit de Spinoza ou Traité des trois imposteurs, notamment pour ce qui est de l’idée de l’athéisme que propose le texte. Il s’agit de montrer que dans ses différentes versions l’influence du spinozisme laisse place à l’ontologie holnachique, qui se traduit davantage comme une voie vers l’athéisme que comme une prise de position athée proprement dite.
This article examines the metaphysics of the Esprit de Spinoza or Traité des trois imposteurs, especially with regard to the idea of atheism set out in the text. It shows that the influence of Spinozism in its different versions leaves room for the ontology of Holbach, which is better understood as a path towards atheism than as an atheistic stance as such.
Nicole Gengoux, « Le Christ dans le Theophrastus redivivus. Un imposteur humaniste »
Nicole Gengoux est professeur agrégée de philosophie. Ses travaux portent sur le libertinage érudit, la littérature clandestine au xviie siècle et sur l’incrédulité et l’athéisme. Elle a publié, entre autres, Un athéisme philosophique à l’âge classique : le Theophrastus redivivus, 1659 (Paris, 2014) et Une lecture philosophique de Cyrano (Paris, 2015).
La thèse dite « libertine » de l’imposture des religions a un statut particulier dans le Theophrastus redivivus, un texte pourtant radicalement athée : les religions sont toutes des inventions inutiles. Mais le Christ est différent des autres imposteurs car il invite à suivre la loi naturelle, message que les prêtres ont dénaturé. Cette religion évangélique s’inscrit dans une tradition de la « religion naturelle » puisée chez La Mothe le Vayer et chez Campanella.
The thesis of the deception of religions, described as “libertine”, has a special status in Theophrastus redivivus, a text that is nevertheless radically atheistic: religions are all useless inventions. But Christ differs from other impostors because he invites us to follow the natural law – a message the priests have distorted. This evangelical religion has its place in a tradition of “natural religion”, as espoused by La Mothe le Vayer and Campanella.
Mogens Lærke, « Leibniz sur l’imposture. De la misosophie au spinozisme »
Mogens Lærke est chargé de recherche au CNRS, habilité à diriger des recherches et membre de l’IHRIM, UMR 5317 de l’ENS de Lyon. Il est notamment l’auteur de Leibniz lecteur de Spinoza. La genèse d’une opposition complexe (Paris, 2008) et de Les Lumières de Leibniz. Controverses avec Huet, Bayle, Regis et More (Paris, 2015).
L’article interroge la conception leibnizienne de l’imposture, et notamment une occurrence dans un texte de la fin des années 1670, le Dialoges misophum et theologum, où Leibniz s’empare de ce thème pour le retourner contre les libertins. Chez Leibniz, l’imposture se construit par rapport à la théorie de la double vérité. Cette contribution montre ainsi les rapports qui existent entre la critique leibnizienne de l’imposture des libertins et ce que Leibniz perçoit comme l’« athéisme caché » de Spinoza.
The article questions the Leibnizian conception of imposture and, particularly, an instance in a text from the end of the 1670s, Dialogus inter theologum et misosophum, in which Leibniz seizes on this theme and turns it against the libertines. For Leibniz, imposture is created in relation to the theory of double truth. This contribution
also shows the relationship between the Leibnizian critique of the libertines’ imposture and what Leibniz perceives as the “hidden atheism” of Spinoza.
Pierre-François Moreau, « Conclusion »
Pierre-François Moreau est professeur d’histoire de la philosophie à l’ENS de Lyon. Ancien directeur de l’IHPC (UMR CNRS 5037), il dirige la nouvelle édition des Œuvres complètes de Spinoza. Il est responsable de la série « Textes de philosophie » et est l’auteur de Problèmes du spinozisme (Paris, 2006) et Leibniz et Spinoza (Paris, 2014). Depuis 2014, il dirige La Lettre clandestine.
Maria Susana Seguin, « Introduction »
Maria Susana Seguin est maître de conférences en littérature française du xviiie siècle à l’université Paul-Valéry – Montpellier III. Directrice-adjointe de La Lettre clandestine, elle a publié entre autres Science et religion dans la pensée française du xviiie siècle (Paris, 2001) et travaille sur la littérature scientifique et philosophique des xviie et xviiie siècles. Elle est membre de l’Institut universitaire de France.
Michèle Bokobza Kahan, « Les acheminements éditoriaux d’un journal clandestin vus par un chroniqueur de la Régence »
Michèle Bokobza Kahan est professeur de littérature française à l’université de Tel-Aviv. Ses recherches portent sur le xviiie siècle : roman, littérature clandestine, témoignages religieux, rapports entre discours testimonial, construction du sujet et instances institutionnelles. Elle a récemment publié Témoigner des miracles au siècle des Lumières (Paris, 2015).
Cet article s’intéresse au témoignage précieux qu’apportent les Chroniques de la Régence et du règne de Louis XV (1718-1763) d’Edmond Jean-François Barbier, sur la publication et la circulation clandestine de la littérature janséniste, et notamment des Nouvelles Ecclésiastiques, durant le premier xviiie siècle, qui nous informent sur les stratégies employées pour détourner l’action de la censure et de la police du livre.
This article examines Edmond Jean-François Barbier’s invaluable account, in Chroniques de la Régence et du règne de Louis XV (1718-1763), of the publication and clandestine circulation of Jansenist literature, especially Nouvelles Ecclésiastiques, in the early eighteenth century. Barbier’s work recounts the strategies employed to draw the attention of the censor and the police away from the book.
Geneviève Artigas-Menant, « Un usager du commerce clandestin des livres et manuscrits : Thomas Pichon »
Geneviève Artigas-Menant est professeur émérite de littérature française du xviiie siècle à l’université Paris Est – Créteil – Val-de-Marne. Elle a publié Lumières clandestines. Les papiers de Thomas Pichon (Paris, 2001). Responsable du projet « Inventaire des manuscrits philosophiques clandestins » du CELLF (UMR 8599 CNRS-Paris-Sorbonne), elle a été directeur-adjoint de La Lettre clandestine de 2001 à 2013.
Conservé à Vire, l’exceptionnel fonds documentaire sur le commerce clandestin du livre que constituent les papiers de Thomas Pichon-Tyrrell est encore insuffisamment exploité. Ce lecteur, copiste et collectionneur de manuscrits subversifs, a constitué une bibliothèque considérable dans laquelle la littérature clandestine tient une place de choix. Ses papiers fourmillent d’informations sur la circulation des livres en Europe et de témoignages sur ses relations avec de nombreux libraires, imprimeurs, éditeurs.
The exceptional collection of documents on the clandestine book trade kept in Vire, comprising the papers of Thomas Pichon-Tyrrell, is still under-exploited. This reader, copyist and collector of subversive manuscripts amassed a considerable library, wherein clandestine literature had pride of place. His papers swarm with information about the circulation of books in Europe and accounts of his dealings with many booksellers, printers, and editors.
Elena Muceni, « John/Jean Nourse. Un masque anglais au service de la littérature clandestine francophone »
Elena Muceni est post-doctorante à l’Institut d’histoire de la Réformation, à l’université de Genève. Elle travaille au projet « La fortune de Malebranche dans l’espace réformé européen entre orthodoxie et dissidence (1680-1730) ». Ses recherches portent sur la philosophie morale française entre xviie et xviiie siècle et sur l’histoire du livre à cette même époque.
Le cas des impressions attribuées à Jean Nourse est d’autant plus intéressant que l’idéation de cette présumée maison d’édition anglaise n’est pas issue d’une usurpation partielle de l’identité d’un vrai libraire londonien, John Nourse (1705-1780). Cet article analyse les stratégie de production et diffusion, en essayant de découvrir les réseaux (en France et aux Pays-Bas) qui ont eu recours à cette identité fictive d’imprimeur pour commercialiser leurs publications.
The case of the printings attributed to Jean Nourse is even more interesting than the idea that this putative English publishing house originates in a partial usurpation of the identity of a real London bookseller, John Nourse (1705-1780). This article analyzes the strategies of production and dissemination as it attempts to uncover the networks in France and Holland that had recourse to this printer’s fictive identity to market their publications.
François de Graux, « Un excursus : Dévorants et “libertinage” civil »
François de Graux a écrit plusieurs articles sur le libertinage. Il est notamment l’auteur d’une « Chronique du libertinage », publiée dans les numéros 8 et 9 de la revue La Lettre Clandestine.
L’examen de l’emploi des épithètes libertin et libertinage, sous l’Ancien Régime français, pour qualifier en particulier l’insubordination et les « cabales » des compagnons de métiers, permet de mettre en évidence la fonction pragmatique qui déterminait l’usage de ces épithètes en général.
By examining the use of the epithets libertin and libertinage under the French Ancien Régime to describe, in particular, insubordination and “cabals” of fellow workers, we show the pragmatic function determining the use of these epithets in general.
Alain Mothu, « Règlement de comptes à Amsterdam. Autour du Cymbalum mundi de 1711 »
Prosper Marchand et Jean-Frédéric Bernard n’ont pas toujours été bons amis : cet article relate un premier moment conflictuel de leurs relations, occasionné par la publication du Cymbalum mundi, que beaucoup croyaient disparu mais qui ressurgit comme par miracle au début du xviiie siècle. En 1711, une concurrence s’installe entre eux à propos de la publication du texte, mais un ami commun, le graveur Bernard Picard, aura probablement « arrondi les angles ».
Prosper Marchand and Jean-Frédéric Bernard were not always good friends. This article recounts an early episode of conflict in their relationship, occasioned by the publication of Cymbalum mundi, which was thought by many to have vanished, but which reappeared as if by a miracle at the beginning of the eighteenth century. In 1711, a rivalry sprang up between them regarding the publication of the text, but it is likely that a common friend, the engraver, Bernard Picard, “smoothed the rough edges”.
Mami Fujiwara, « Les Difficultés sur la religion et le Militaire philosophe »
Mami Fujiwara est professeur de littérature française à l’université municipale de Tokyo. Elle a traduit les Difficultés sur la religion de Robert Challe en japonais (Tokyo, 2011). Ses recherches portent sur l’anonymat et la paternité de l’œuvre littéraire, ainsi que sur les relations intertextuelles dans les romans et les contes de fées des xviie et xviiie siècles.
Au cours de la traduction en japonais des Difficultés sur la religion, nous avons rencontré quelques énigmes qui semblent au premier abord incompréhensibles si on ne veut pas y voir d’autres mains que celles de Robert Challe, de Naigeon et de d’Holbach. Cet article essaie de relever ces énigmes pour montrer que les Difficultés et Le Militaire philosophe soulèvent des questions qui n’ont pas encore trouvé de réponses, et qui sont emblématiques des manuscrits philosophiques clandestins.
While translating Difficultés sur la religion into Japanese, we came across certain enigmas that seemed at first sight incomprehensible if one does not wish to understand them as emanating from Robert Challe, Naigeon and Holbach. This article attempts to address these enigmas in order to show that the Difficultés and Le Militaire philosophe raise questions that are still unanswered and are emblematic of clandestine philosophical manuscripts.
Manuel Tizziani, « “Autant qu’il y aura d’encre et de papier au monde”. Meslier lecteur de Montaigne »
Manuel Tizziani est docteur en philosophie de l’université de Buenos Aires. Il mène des recherches sur la réception de Montaigne dans le Mémoire de Jean Meslier. Il est professeur au département de philosophie de la faculté des sciences humaines et membre de l’équipe de rechercher sur les Lumières à l’université nationale du Littoral en Argentine.
Cet article montre comment Jean Meslier reconfigure plusieurs considérations faites par Michel de Montaigne dans ses Essais, en donnant une orientation différente de l’original, mais non moins légitime. Meslier aurait utilisé les prémisses d’incrédulité postulées par Montaigne pour obtenir des conclusions irréligieuses. Cet article est présenté comme la première ébauche d’une étude à venir, dont la fin est de montrer, à travers quelques exemples, certaines de ces réécritures effectuées par le curé d’Étrépigny.
This article shows how Jean Meslier reconfigures several of Michel de Montaigne’s considerations in his Essais, by giving them a different, but no less legitimate, orientation than that found in the original. Meslier would have used the premises of disbelief postulated by Montaigne in order to draw irreligious conclusions. This article is offered as the first draft of a forthcoming study aimed at showing, by way of examples, some of these rewritings undertaken by the Abbé of Étrépigny.
Emmanuel Boussuge et Françoise Launay, « Retour à Vincennes. Additif »
Emmanuel Boussuge est l’auteur d’une thèse de doctorat en littérature française intitulée « Situations de Fougeret de Monbron (1706-1760) » et soutenue en 2007 sous la direction de Jacques Wagner à l’université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand. Il a écrit plusieurs articles, notamment pour la revue Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie.
Françoise Launay est ingénieur de recherche honoraire au CNRS et chercheur associé à l’équipe d’histoire du SYRTE (Observatoire de Paris). Elle s’attache en particulier à trouver des sources inédites pour documenter la biographie des personnes inconnues ou mal connues croisées dans les correspondances de D’Alembert, Diderot et Condorcet. Elle publie régulièrement le fruit de ses recherches dans la revue RDE.
En complément d’un article paru dans le no 19 de la revue, les auteurs publient un pièce inédite concernant l’incarcération de Diderot à Vincennes en 1749 : la lettre de cachet ordonnant son élargissement.
As a complement to an article that appeared in the 19th issue of the journal, this article presents an unpublished document concerning Diderot’s imprisonment in Vincennes in 1749 : the lettre de cachet (a letter signed by the King of France) ordering his release.