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Classiques Garnier

Bulletin bibliographique

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : La Lettre clandestine
    2013, n° 21
    . Déismes et déistes à l’âge classique
  • Pages : 541 à 570
  • Revue : La Lettre clandestine
  • Thème CLIL : 3129 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Philosophie -- Philosophie moderne
  • EAN : 9782812412479
  • ISBN : 978-2-8124-1247-9
  • ISSN : 2271-720X
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1247-9.p.0541
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 11/09/2013
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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Bulletin bibliographique

Avertissement

Nous ne signalons que les travaux déjà publiés.

Les études comprises dans des ensembles collectifs ne sont répertoriées à part que si elles font l’objet d’une analyse particulière.

Les recueils publiés sous une responsabilité éditoriale plurielle sont signalés sous le nom du premier éditeur dans l’ordre alphabétique et les Mélanges sous le nom de leur dédicataire.

Éditions de textes

Aventures satiriques de Florinde (Les), édition de Filippo d’Angelo, Paris, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque du xviie siècle / Littérature, libertinage et spiritualité », 2012, 182 p.

« Paris, 1625. Alors que, sous l’impulsion du procès de Théophile de Viau, le courant libertin subit une vague de répression, un petit roman licencieux est imprimé dans l’anonymat et la clandestinité. Il y est question des persécutions qu’un poète satirique subit de la part des autorités religieuses et politiques de son pays. Les Aventures satiriques de Florinde est un des premiers romans à la première personne dans l’histoire de la littérature française, mais aussi un des textes les plus audacieux du xviie siècle ».

Voir plus haut le compte-rendu par J.-P. Cavaillé.

Bayle, Œuvres complètes, Édition électronique placée sous la direction scientifique d’Antony McKenna et de Gianluca Mori (comité scientifique : Lorenzo

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Bianchi, Hubert Bost, Hans Bots, Wiep van Bunge, Jean-Michel Gros, Jonathan Israel, Pierre-François Moreau, Gianni Paganini, Maria-Cristina Pitassi). Corpus réalisé avec l’aide du Carla-Bayle et la région Midi-Pyrénées ainsi que la région Rhône-Alpes. Classiques Garnier numérique, 2012.

Ce Corpus couvre toute l’œuvre littéraire et philosophique de Pierre Bayle [hormis le Dictionnaire] : les Nouvelles de la République des lettres, la Critique de Maimbourg, les Pensées diverses et leur Continuation/, le Commentaire philosophique et les autres ouvrages de controverse, la Réponse aux questions d’un provincial et tous les ouvrages polémiques de la grande bataille avec Jurieu, enfin tous les ouvrages mineurs, y compris certains extraits du périodique d’Henri Basnage de Beauval qui peuvent être attribués avec certitude à Bayle ainsi que le célèbre Avis aux réfugiés, dont l’attribution à Bayle a été un sujet de controverse pendant trois siècles.

Voir : http://www.classiques-garnier.com/editions-bulletins/Corpus_Bayle_WEB.pdf

Bodin, Jean, Colloque de sept savants de convictions différentes sur les secrets cachés des choses les plus élevées, Choix de textes, présentation et commentaires de Lucien Guirlinger, Nantes, Éditions Cécile Defaut, coll. « La chose à penser », 2011, 208 p.

« Ce choix de texte propose à ses lecteurs de découvrir l’odyssée sans pareille, d’un livre sans équivalent Jean Bodin l’Angevin connut, de son vivant, (1529-1596), la gloire éclatante d’un philosophe politique qui proposa, au fondement de l’État moderne, et pour le salut de la Res Publica française, une définition nouvelle et rigoureuse de la Souveraineté. Sa lucidité et sa fermeté, en qualité de jurisconsulte et député du Tiers état, lui valurent le respect de ses pairs et l’estime du roi. Mais, la découverte et la publication après sa mort, d’un “Colloques des sept sages”, caché dans un tiroir secret de son cabinet de travail, eût un succès de scandale tel qu’il lui attira la haine et l’anathème des théologiens, et qu’il éclaboussa et ternit durablement sa renommée. Le lecteur d’aujourd’hui y trouvera, avec une surprise admirative, la sagesse profonde de l’un des esprits les plus libres de son temps de guerres de religions. Dans la critique radicale des dogmes et l’invitation à la tolérance, que Bodin prête avec complaisance à certains protagonistes du colloque, ne savoure-t-on pas comme un avant-goût de l’esprit des Lumières ? »

Au sommaire : Circonstances, interlocuteurs, règles et enjeux du colloque. Anges, démons et merveilles. De l’obscurité des textes. Du mal. De la resurrection des corps. De la diversité des religions. Des croyances et dogmes des religions.

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Chandoux, Nicolas de Villiers, sieur de, Lettres sur l’or potable, suivies du traité De la connaissance des vrais principes de la nature et des mélanges et de fragments d’un Commentaire sur l’Amphithéâtre de la Sapience éternelle de Khunrath, textes édités et présentés par Sylvain Matton, avec des études de Xavier Kieft et de Simone Mazauric. Préface de Vincent Carraud, Paris, SÉHA, 2012, 570 p.

« Sur “l’étrange Chandoux”, comme l’appelait René Pintard, on ne savait jusqu’ici que ce que Baillet a rapporté dans sa Vie de Monsieur Descartes(1691) : qu’il était médecin et (al)chimiste ; que vers 1627, chez le nonce du pape, à Paris, devant une assemblée choisie “de personnes graves et judicieuses”, qui comprenait entre autres le cardinal de Bérulle, Descartes et Mersenne, il fit une conférence où, après un “grand discours pour réfuter la manière d’enseigner la philosophie” des scolastiques, il exposa les principes de sa “nouvelle philosophie”, conférence très applaudie par l’assistance, mais fermement, quoique fort courtoisement, critiquée par le futur auteur du Discours de la méthode ; enfin qu’il fut pendu place de Grève en 1631 comme faux-monnayeur.

Quelle était donc sa “nouvelle philosophie” ? C’est ce qu’on ignorait absolument, car aucune de ses œuvres n’avait jamais été publiée ni même identifiée, et qu’on apprendra avec la présente édition qui rassemble l’intégralité de ses écrits retrouvés, lesquels s’inspirent de Khunrath, principalement, comme aussi de Dorn, d’Alsted et des alchimica pseudo-lulliens. L’on découvrira en outre son étroite collaboration dans ses recherches tant philosophiques que philosophales avec le traducteur de Raymond Lulle en français, Vassy, grâce aux pièces d’un procès qui leur fut intenté vers 1624 au motif qu’ils étaient “Rose-Croix, magiciens, pélagianistes et athées”. Et l’étude des disciples de Vassy révélera à son tour au lecteur des rapports insoupçonnés entre Descartes et le cercle des lullistes alchimistes français. »

Dubia circa existentiam Dei. Publié par Stefan Lorenz en appendice à « Schwierigkeiten mit dem Optimismus – Einige Hinweise zur Rezeption des Theodizeegedankens im Deutschen 18. Jahrhundert. Mit einem Anhang zu heterodoxen Kinsequenzen des metaphysischen Optimismus : Anonymi Dubia existentiam Dei orta », dans Wenchao Li et Wilhelm Schmidt-Biggermann (dir.), 300 Jahre Essais de Théodicée – Reception une Transformation, Stuttgart, Frantz Steiner Verlag, 2013, p. 37-70, ici p. 60-67.

D’après le manuscrit de Hambourg, Staatsarchiv, Nachlass H.S. Reimarius, 622. A 12 (de la main de Hermann Samuel Reimarius). Benítez, La Face cachée des Lumières (1996), no 73. Édition du latin et traduction allemande des trente-six « doutes », numérotés faussement de 1 à 38. S. Lorenz publie à la suite une Remotio Dubiorum juvenilium, circa Existentiam Dei de G. Möller qui précède les Dubia dans le ms. de Leipzig.

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Duclos, Charles, La Mort de Mardi-Gras, éd. Alain Sandrier dans Le Théâtre de l’incrédulité (voir infra sous l’entrée Théâtre), p. 37-60.

Dulaurens, Henri-Joseph, Le Compère Mathieu ou les Bigarrures de l’esprit humain, édition critique établie par Didier Gambert, Paris, Champion, 2012, 960 p.

« […] Un groupe de cinq personnages parcourt le monde et se heurte aux préjugés, à l’intolérance, aux fanatismes… Au voyage géographique se superpose une exploration critique des “bigarrures de l’esprit humain” qui conduit à une écriture polyphonique nourrie de littérature clandestine. La présente édition souligne à quel point ce roman entre en résonance avec la littérature de son temps, dont il constitue une pièce maîtresse. Constamment réédité de 1766 à 1851 cet étonnant ouvrage disparaît de la République des Lettres, suite à une condamnation de justice qui le voue à l’oubli […] ».

Embrasement de Sodome, tragi-comédie (L’), éd. Alain Sandrier dans Le Théâtre de l’incrédulité (voir infra sous l’entrée Théâtre), p. 61-166.

Gilbert, Claude, Histoire de Calejava ou de l’île des hommes raisonnables, édition critique établie par Yvan Nérieux, Paris, Honoré Champion, « Libre pensée et littérature clandestine », 2012, 304 p.

Voir plus haut le compte rendu par Antoine Hatzenberger

La Mothe Le Vayer, François de, Prose chagrine, édition critique établie par Guillaume Tomasini, Paris, Klincksieck, coll. « Le génie de la mélancolie », 2012,156 p.

« La Prose chagrine paraît en 1661, à l’aube du règne personnel de Louis XIV. À soixante-treize ans, son auteur est unanimement reconnu pour son érudition, ses nombreux ouvrages et les honneurs que lui ont valu le préceptorat du duc d’Anjou, cadet du jeune roi. Cette réussite ne le rend pas pour autant plus serein ni jovial. Esprit original, jaloux de son indépendance, digne héritier spirituel de Montaigne, mais en plus sombre, ce contemporain du Roi Soleil lui renvoie sa part d’ombre : libre et bigarrée, toute baroque dans sa composition décousue, La Prose chagrine de ce Cioran de jadis accumule avec l’énergie d’un désespoir roboratif les mille raisons de se fâcher avec l’existence, depuis la brièveté de la vie jusqu’à la maltraitance des animaux, depuis la débauche des vieux jusqu’à l’incurie des médecins, en passant par quelques dizaines d’autres sujets de mécontentement encore. Et l’auteur de louer le scepticisme, qui demeure la seule certitude raisonnable. Après deux cents

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pages de ce maelström pittoresque, varié, cliquetant d’exemples et coloré de mille citations piquantes, La Mothe Le Vayer conclut : “Je m’impose donc silence, pour ne passer pas les bornes que j’ai prescrites à mon chagrin”. Les nombreuses notes de bas de page qui, dans la présente édition, éclairent cette encyclopédie des égarements humains montrent que les bornes de cet esprit chagrin demeuraient larges […]. »

La Peyrère, Isaac de, Du rappel des juifs, 1643, texte original présenté et édité par Fausto Parente, traduit de l’italien par Mathilde Anquetil-Auletta, Paris, Champion, 176 p.

« Publié en 1648, sans nom d’auteur ni d’éditeur et aussitôt saisi et détruit presque entièrement par ordre peut-être de Mazarin, le Rappel des Juifs représente un important témoignage du courant de pensée qui en appelle à la tolérance en matière de religion. Il s’y ajoute une pensée eschatologique qui désigne dans le roi de France le chef destiné à reconduire les Juifs sur la terre de leurs ancêtres. Ce caractère double de l’ouvrage marque sans doute la synthèse de deux périodes dans la pensée de La Peyrère. La destruction totale de l’ouvrage semble se justifier par le fait qu’il ne constitue qu’une longue analyse du chapitre 11 de la Lettre aux Romains de Paul où les Juifs ne sont pas condamnés de façon définitive mais en attendant leur conversion qui constituera précisément leur “rappel”. Le rappel des Juifs fait suite à un précédent livre du même auteur et qui a valu à ce dernier sa notoriété, Les Préadamites, où La Peyrère affirmait que les Juifs avaient été créés, bien après les païens, et pour être le Peuple élu de Dieu. »

Voir plus haut le compte rendu par Alain Mothu.

Machiavel, Il Principe / Le Prince, en ligne sur http://hyperprince.ens-lyon.fr/ (Le Prince et ses premières traductions) par les soins de Jean-Claude Zancarini et alii, 2012.

Le corpus est le résultat de la compilation de cinq éditions du Prince mises en parallèle : 1) l’édition originale de Blado parue en 1532 (http://hyperprince.ens-lyon.fr/node/1) ; 2) la traduction de Jacques de Vintimille, datée de 1546 (http://hyperprince.ens-lyon.fr/node/2) ; 3) la traduction de Guillaume Cappel parue en 1553 (http://hyperprince.ens-lyon.fr/node/50) ; 4) la traduction de Gaspard d’Auvergne parue en 1553 – reprise dans les Discours de 1571 (http://hyperprince.ens-lyon.fr/node/4) ; 5) la traduction de Jacques Gohory parue en 1571 (http://hyperprince.ens-lyon.fr/node/6).

Une lecture par texte ou en parallèle des différents textes est proposée (http://hyperprince.ens-lyon.fr/node/8), reprenant le chapitrage d’origine (lettre de dédicace puis 26 chapitres) et utilisant la segmentation philologique de

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l’édition de Giorgio Inglese (De Principatibus, Roma, Istituto storico italiano per il medio evo, 1994).

Outre la lecture parallèle, l’internaute pourra ici naviguer au sein des lexiques bilingues italien/français (http://hyperprince.ens-lyon.fr/node/14) ou français/italien (http://hyperprince.ens-lyon.fr/node/15), mais aussi du texte au lexique ou du lexique au texte (dans les vues en parallèle).

Montaigne, Michel de, Saggi, a cura di Fausta Garavini e André Tournon, Milano, Bompiani, 2012, 2592 p. (cf. http://bompiani.rcslibri.corriere.it/libro/6690_saggi_montaigne.html).

Rabelais, François, Gargantua e Pantagruel, a cura di Lionello Sozzi, Milano, Bompiani, 2012, 2272 p.

Rabelais, François, Gargantua, trad. e note di Dario Cecchetti ; Pantagruele, trad. e note di Lionello Sozzi ; Il terzo libro, trad. e note di Michele Mastroianni ; ll quarto libro, trad. e note di Paola Cifarelli ; Il quinto libro, trad. e note di Antonella Amatuzzi. http://bompiani.rcslibri.corriere.it/libro/6691_gargantua_e_pantagruel_rabelais.html

Raynal, Guillaume-Thomas, ses papiers sont désormais disponibles, ainsi que quantité d’instruments de recherche et d’analyse, sur le site http://www.abbe-raynal.org.

Religion, tragi-comédie (La), éd. Alain Sandrier dans Le Théâtre de l’incrédulité (voir infra sous l’entrée Théâtre), p. 191-321.

Rocco, Antonio, Amour est un pur intérêt, suivi de De la laideur. Édition de Jean-Pierre Cavaillé, Paris, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque du xviie siècle / Littérature, libertinage et spiritualité », 2012 ? 144 p.

« Ces deux “discours” paradoxaux parus à Venise en 1635, présentés pour la première fois en français, avec le texte italien en regard, ont pour auteur Antonio Rocco, professeur de philosophie à Venise, membre de l’Academia degli incogniti, auteur du très sulfureux Alcibiade enfant à l’école. Ces pièces d’éloquence au style vif, chatoyant, plein d’enjouement et d’ironie, sont aussi des exercices de philosophie d’une rigueur implacable, aux enjeux considérables ».

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Saint-Pavin, Denis Sanguin de, Poésies. Édition de Nicholas Hammond, Paris, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque du xviie siècle / Voix poétiques », 2012, 235 p.

« Denis Sanguin de Saint-Pavin (1595-1670), prélat et poète, fréquenta avec autant d’assiduité les cabarets parisiens que les salons littéraires. Il ne cacha ni ses penchants sexuels ni son irréligion ni ses handicaps physiques, et ce refus de se conformer aux mœurs et aux attitudes de son époque confère à sa poésie une modernité étonnante. Cette première publication réunissant l’intégralité de ses poèmes nous permet de réévaluer l’originalité saisissante d’un auteur trop longtemps marginalisé. »

Cette édition critique comporte un glossaire, une Bibliographie et liste des sources, des Index des noms de personnes et des lieux et une Table des incipit.

Voir supra le compte rendu par Jean-Pierre Cavaillé.

Sorel, Charles, Polyandre. Histoire comique. Édition critique de Patrick Dandrey et Cécile Toublet, Paris, Klincksieck, Coll. « Cadratin », 2010, XXIX-479 p.

Compte rendu par Michèle Rosellini dans Dix-septième siècle, no 255, 2012/2, p. 372-375.

Théâtre de l’incrédulité (Le). Trois pièces manuscrites des Lumières irréligieuses, édition d’Alain Sandrier. Préface de Pierre Frantz, Paris, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque du xviiie siècle », 2012, 337 p.

« Voici trois pièces inédites et jusqu’alors manuscrites qui, de 1737 à 1764, mettent en scène avec irrévérence la religion : à la manière du théâtre de foire, dans La Mort de Mardi-Gras de Charles Duclos, sous forme de variation biblique iconoclaste, avec L’Embrasement de Sodome, ou d’allégorie philosophique, dans La Religion, toutes deux anonymes. Influencées par l’esprit philosophique, elles mettent très savoureusement la croyance reçue sur le gril, faisant preuve d’un esprit critique et satirique toujours réjouissant deux siècles plus tard. »

Voir plus haut le compte rendu par Geneviève Artigas-Menant.

Van Velthuysen, Lambert, A Letter on the Principles of Justness and Decency, Containing a Defence of the Treatise De Cive of the Learned Mr Hobbes. Edited and translated by Malcolm de Mowbray. With an introduction by Catherine Secretan, Leiden, Brill Academic Publishers, coll. « Texts and Sources in Intellectual History », 2013, 294 p.

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Travaux critiques

Armogathe, Jean-Robert, Histoire des idées religieuses et scientifiques dans l’Europe moderne. Quarante ans d’enseignement à l’École Pratique des Hautes Études, Turnhout, Brepols, 2012, 227 p.

Ce livre rassemble plus de quarante années de résumés de conférences publiées dans l’Annuaire de l’École pratique des hautes études, section des sciences religieuses, où l’auteur a occupé la chaire « Histoire des idées religieuses et scientifiques dans l’Europe moderne ». « De la théologie du concile de Trente à la théorie de la vision oculaire, l’ouvrage aborde les thèmes principaux de la réflexion philosophique, religieuse et scientifique du xvie au xviiie siècle ». Il est « complété par la liste des trois cents publications scientifiques qui ont accompagné son enseignement, enrichi d’un index analytique des matières et des noms (plus de huit cents entrées) ».

Artigas-Menant, Geneviève, « “Ce qu’on appelle la mort” selon Robert Challe », Travaux de Littérature XXV : Les Écrivains devant la mort (Laurent Versini dir.), Genève, Droz, 2012, p. 193-205.

Bah-Ostrowiecki, Hélène, Le Theophrastus redivivus. Érudition et combat antireligieux au xviie siècle, Paris, Champion, coll. « Libre pensée et littérature clandestine », 2012, 336 p.

« Le Theophrastus redivivus expose les éléments d’un matérialisme athée sans concession. Utilisant surtout les œuvres de l’Antiquité et de la Renaissance, sa technique de référence et de citation vise à faire apparaître leur potentiel antireligieux. L’ouvrage est marqué par une tension interne entre l’argumentation vigoureuse contre la pensée religieuse, et les apories du naturalisme qu’il y substitue ».

Voir plus haut le compte rendu par Gianni Paganini.

Bénévent, Christine, Charon, Annie, Diu, Isabelle et Vène, Magali (dir.), Passeurs de textes. Imprimeurs et libraires à l’âge de l’humanisme, Paris, École des Chartes, coll. « Études et rencontres », 2012, 312 p.

« Ce volume rassemble les communications du colloque tenu à l’École nationale des chartes et à la bibliothèque Sainte-Geneviève les 30 et 31 mars 2009, à

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l’initiative conjointe du Centre d’études supérieures de la Renaissance et de l’École nationale des chartes.

L’articulation entre imprimerie et humanisme, trop souvent perçue comme évidente, est le fil conducteur de ces contributions qui interrogent la place singulière des imprimeurs-libraires dans la communauté savante du xvie siècle. Véritables médiateurs, ces “passeurs de textes” figurent aux côtés des auteurs parmi ceux qui recueillent un héritage autant qu’ils le transmettent.

La variété méthodologique des analyses – portant aussi bien sur les catalogues des libraires-éditeurs que sur des collaborations suivies avec des auteurs, des mises en texte originales, la portée et la réception de certaines éditions, la diffusion par des réseaux commerciaux ou culturels – a permis de préciser les notions d’“imprimeur humaniste” et d’“humaniste imprimeur”, tout en décrivant des réalités et des stratégies singulières : du savant qui se fait typographe au marchand-libraire soucieux avant tout de profit, le rapport à l’humanisme n’est pas le même. »

Benítez, Miguel, Les Yeux de la raison. Le matérialisme athée de Jean Meslier, Paris, Champion, coll. « Libre pensée et littérature clandestine », 2012, 848 p.

« Cette lecture des écrits de Jean Meslier, des notes sur Fénelon et du Mémoire qu’elles ont préparé, fondée sur le respect scrupuleux du texte considéré dans ses circonstances historiques, est introduite par une analyse de la laborieuse élaboration du Mémoire et se conclut par une étude de la complexe diffusion manuscrite de l’ouvrage jusqu’à la Révolution. Jean Meslier prône la destruction de la société tyrannique élevée sur le travail et la souffrance des peuples et la construction d’une république démocratique de travailleurs basée sur une distinction modérée des conditions et sur la propriété en commun des biens. Si les révoltes paysannes de son temps et les grèves dans les manufactures n’ont paradoxalement pas attiré son attention, c’est qu’il croit que ces mouvements spontanés sont condamnés à l’échec et ne peuvent qu’attirer de nouveaux maux aux peuples. Même s’il ne renie pas des réformes, il juge que la nouvelle république doit naître d’un acte révolutionnaire, imprégné de violence, et cet acte n’est possible que du moment que les peuples prennent conscience de leur condition. C’est pour donner aux peuples cette conscience que Meslier a écrit et fait circuler son Mémoire. Sachant que le socle où s’assied cette société profondément inégalitaire est la religion, son ouvrage s’attaque fondamentalement à sa critique et procure la ruine des motifs de crédibilité avancés par les apologistes. Au Dieu créateur et rémunérateur de la religion, qui n’est point, Meslier oppose un “système de la formation naturelle des choses”, où l’être nécessaire est la matière. Influencé par sa formation scolastique et par ses lectures cartésiennes, ce système se présente comme une troisième voie entre la philosophie traditionnelle et celle des modernes, le matérialisme athée. »

Voir plus haut le compte rendu par Jean-Claude Bourdin.

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Berti, Silvia, Anticristianesimo e Libertà. Studi Sull’Illuminismo Radicale Europeo, Bologna, Il Mulino, Istituto Italiano per gli Studi Storici, 2012, 404 p.

Alle origini dell’incredulità ; Amsterdam. Conflitti, ricomposizioni, neo-ortodosia ; Immaginazione erudita e identità religiosa nell’incrontro ebraico-cristiano. La creazione del mito caraita nel Sei e Settecento ; La verità denudata. La teoria dell’impostura religiosa e politica nella cultura europea (1660-1730) ; La vie et l’esprit de Spinosa (1719) e la prima traduzione francese dell’Ethica ; Un libro perduto, il Traité des trois imposteurs : origini, fonti, impresa editoriale ; Il tema scettico nel Traité des trois imposteurs ; Il « Journal litteraire » e il Père Tournemine ; La religione degli antichi nel primo Illuminismo. Fontenelle e Ramsay ; Bernard Picart e Jean-Frédéric Bernard. Dalla religione riformata al deismo. Un incontro con il mondo ebraico nell’Amsterdam del primo Settecento ; Bernard Picart miniaturista e pittore ; La figura di Descartes nell’opera grafica di Bernard Picart. Il percorso intellettuale di un incisore fra nouvelle philosophie e Port-Royal ; César Chesneau Dumarsais. Fra gallicanesimo e philosophie ; Radicali ai margini. Materialismo, libero pensiero e diritto al suicidio in Radicati di Passerano ; Gli ultimi giorni del conte Radicati.

Voir plus haut le compte rendu par Jacopo Agnesina.

Borghero, Carlo, Les Cartésiens face à Newton. Philosophie, science et religion dans la première moitié du xviiie siècle, Turnhout, Brepols, coll. « Bibliothèque de l’École des Hautes Études. Sciences religieuses », 2012, 157 p.

« Si l’on s’en tient au discours traditionnel, qui dépend en grande partie de Voltaire, l’histoire est linéaire : au début du xviiie siècle, physique newtonienne et philosophie lockienne ont détrôné Descartes. Mais l’histoire est plus compliquée. Pendant longtemps, en dehors de l’Angleterre, cartésiens et newtoniens se sont affrontés avec des visions opposées dans ce qu’un contemporain a appelé “un combat philosophique en champ clos”. Le fait est que cartésiens et newtoniens regardaient, en même temps, les mêmes phénomènes, mais ils voyaient des choses différentes. Les tentatives de fondre les deux perspectives, au nom d’une matrice métaphysique supposé commune, n’ont certes pas manqué mais il s’agissait de deux regards trop différents pour pouvoir être compatibles. Cela apparaît clairement lorsqu’on constate les effets que ces deux visions simultanées et opposées produisaient sur le terrain des doctrines philosophiques et religieuses. Là aussi, les vues étaient aux antipodes et engendrèrent un débat enflammé, qui vit Leibniz au centre d’un réseau d’argumentations mais aussi d’insinuations et les jésuites du Journal de Trévoux spectateurs attentifs mais tout autres que neutres. Le présent ouvrage, qui rassemble et développe quatre conférences tenues à l’EPHE, se propose de reconstruire cette histoire dans sa complexité. Il le fait avec une attention particulière à la scène parisienne,

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dans laquelle l’éminent savant cartésien Joseph Privat de Molières doit subir les attaques du jeune newtonien Pierre Sigorgne, mais aussi en privilégiant le regard d’un malebranchiste destiné à une brillante carrière à Turin et à Rome, HyacintheSigismond Gerdil, qui, dans sa réfutation de Locke et dans la résistance qu’il oppose à Newton, exprime un point de vue partagé par de nombreux philosophes et savants français de son époque. »

Borghero, Carlo et Buccolini, Claudio (dir.), Dal Cartesianismo all’Illuminismo radicale, Firenze, Le Lettere, 2010, 322 p.

Carlo Borghero : Introduzione : « Cartesianismo, illuminismo radicale e storiografia filosofica. Una vicenda e tre racconti ».

– I. Materia, mente-corpo, passioni. Claudio Buccolini : « La “materia pensante” nelle Obiezioni di Mersenne » ; Angela Ferraro : « Moreau de Saint-Elier e l’Histoire naturelle de l’homme. Un “racconto epistemologico” » ; Maria Muccillo : « La concezione dello spazio di Francesco Patrizi (1529-1597) e la sua fortuna nell’ambito della reazione anticartesiana inglese » ; Angela Taraborrelli : « Shaftesbury critico di Descartes » ; Emanuele Levi Mortera : « Reid, Descartes e la “Way of Ideas” » ; Caterina Marrone : « Implicazioni anticartesiane della teoria del linguaggio in G.B. Vico » ; Olivia Pallenberg : « Immaginazione e follia : una discussione all’Accademia di Berlino ».

– II. Persistenze, adattamenti, diffusione. Sia Berti : « Alle fonti della modernità dal marranesimo a Spinoza » ; Ettore Lojacono : « Il cartesianesimo tra i dotti magistrati della fine del xvii secolo e la quaestio del linguaggio » ; Francesco M. Pirocchi : « Antropologia della credulità e critica degli oracoli : elementi di continuità tra La Mothe Le Vayer e Fontenelle » ; Fiormichele Benigni : « Itinerari dell’antispinozismo » ; Francesco Giannini : « La letteratura radicale nella biblioteca di Benjamin Furly » ; Riccarda Suitner : « Ateismo e pietismo in un dialogo anonimo della Frühaufklärung » ; Carlo Borghero : « Verosimiglianza, probabilità, certezza morale. La dissoluzione del paradigma cartesiano dell’evidenza ».

Indice dei nomi.

Catherine, Florence, La Pratique et les Réseaux savants d´Albrecht von Haller (1708-1777), vecteurs du transfert culturel entre les espaces français et germaniques au xviiie siècle, Paris, Honoré Champion, 2012, 720 p.

Catteuw, Laurie, Censures et raisons d’État, 1550-1650, Paris, Albin Michel, coll. « L’évolution de l’humanité », 2013, 396 p.

« Née de sa rivalité avec la raison d’Église, entre guerres de Religion et primat du politique, la raison d’État a des visages multiples et contradictoires. Cet

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ouvrage les déchiffre à travers les diverses pratiques de censure en usage aux xvie et xviie siècles. Clair-obscur de la modernité politique, les rapports entre censures et raisons d’État ne se réduisent pas à la part d’ombre du pouvoir absolu : ils appartiennent aussi à l’histoire de l’acquisition des libertés individuelles, à la formation de l’opinion publique et à la construction des sociétés modernes. À l’encontre des idées reçues, l’enquête de Laurie Catteeuw montre que la raison d’État ne fut pas seulement l’instrument de l’absolutisme, l’enfant du Léviathan, mais que, à sa genèse, participèrent aussi les opposants à ses pouvoirs, libertins et auteurs de libelles diffamatoires. »

– Introduction : La raison d’État, un soleil dans son éclipse

– I. L’apparition de la raison d’État comme objet d’histoire. Chap. 1 – Les différents régimes d’historicité de la raison d’État (1. L’héritage de la Renaissance. 2. L’héritage de la Réforme et de la Contre-Réforme. 3. L’héritage de la modernité politique). Chap. 2 – Langages et censures (1. La langue de la raison d’État. 2. Les raisons d’État antiques. 3. La nécessité moderne d’un « parler obscur »). Chap. 3 – Cens, censure et raison d’État (1. Le modèle du census romain. 2. La censure chez Bodin. 3. Le calcul de l’intérêt).

– II. Raison d’Église, raison d’État et censure ecclésiastique. Chap. 4 – Le droit face à la raison d’État (1.La puissance souveraine entre droit civil et droit divin ou naturel. 2. L’évolution du statut de l’exception. 3. Le régime juridique de la raison d’État : ordinaire ou extraordinaire ?). Chap. 5 – Censure ecclésiastique et guerres de Religion. Le cas de la raison d’Église (1. « Bonnes » et « mauvaises » raisons d’État dans les guerres de Religion. 2. La « raison d’État ecclésiastique » et l’Index des livres prohibés. 3. La dualité des pratiques de censure). Chap. 6 – Le paradoxe des mystères publiés : la raison d’État entre secret et publication (1. La profanation des « sacrez mystères de la Philosophie Politique ». 2. L’écriture de l’histoire et la publication de la raison d’État. 3. La paideia de la raison d’État et la formation d’un nouveau lectorat).

– III. Raison d’État, censure d’État et nouveaux censeurs. Chap. 7 – L’affirmation d’une censure d’État à l’époque de Richelieu (1. La censure des libelles diffamatoires. Une question de raison d’État. 2. Le mémoire de Richelieu sur la législation des libelles. 3. La rivalité des censures d’État et d’Église). Chap. 8 – Nouveaux censeurs, raison d’État et opinion publique (1. Écrire toutes les raisons d’État. 2. Le masque du libelliste contre les nouveaux censeurs. 3. Réveiller les entendements).

– Conclusion : Un clair-obscur de la modernité politique.

– Bibliographie. Index des noms.

Clément, Michèle (dir.), Étienne Dolet. 1509-2009, Genève, Droz, coll. « Cahiers d’Humanisme et Renaissance », 2012, 520 p.

« De son vivant déjà, Étienne Dolet (1509-1546) éveillait les passions, comme en témoignent les textes de Clément Marot passant de l’admiration

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fervente au rejet le plus virulent. Exécuté place Maubert en 1546, Dolet fut désigné “martyr de la Renaissance” à la fin du xixe siècle, avant d’être au cœur des analyses de Lucien Febvre sur le problème religieux au xvisiècle. Plus récemment, dans les années 1980, les études dolétiennes ont connu un important essor grâce aux travaux de Claude Longeon. Ces dernières années, de nombreuses publications, suscitant des échanges passionnés, ont relancé l’intérêt pour la vie et l’œuvre d’Étienne Dolet. L’année 2009 représentait donc le moment idéal, cinq cents ans après la naissance de Dolet, pour faire un état de la recherche. Le présent ouvrage réunit vingt-deux études de spécialistes internationaux de la Renaissance, auxquelles s’ajoute une très précieuse bibliographie détaillée de tous les livres écrits et publiés par Dolet. L’ample matière du volume est organisée en trois sections : l’homme Dolet, Dolet auteur et Dolet éditeur-imprimeur. Nous souhaitons que ce volume contribue à faire oublier la légende Dolet pour mieux mettre en lumière l’héritage humaniste d’Étienne Dolet ».

– Introduction, par Michèle Clément.

– I. L’homme Dolet. Didier Foucault : « Toulouse au temps de Dolet (1532-1534) » ; Richard Cooper : « Dolet et les Du Bellay » ; David Amherdt : « Étienne Dolet et Jean de Langeac : Amour et haine d’un lettré pour son mécène » ; Laurent Calvié : « Étienne Dolet et Bonaventure des Périers » ; Jean-François Vallée : « Theatrum mundi » ; Claude Bocquet : « Étienne Dolet : vivre pour la traduction, mourir pour une traduction » ; Marcel Picquier : « Dolet et la maladie ».

– II. Dolet Auteur. Marie-Luce Demonet : « Que faire avec les Commentaires de la langue latine ? » ; Martine Furno : « Les Commentarii linguae latinae d’Estienne Dolet : essai d’architecture » ; Philip Ford : « Le rôle de l’obscénité dans les Carmina de Dolet » ; Catherine Langlois-Pézeret : « Étienne Dolet : entre poésie et prose » ; Sophie Astier : « Les gestes de François de Valois, roi de France » ; Michel Magnien : « Inventaire de la correspondance passive de Dolet ».

– III. Dolet éditeur et Imprimeur. Michel Jourde : « Étienne Dolet et Jean de Tournes » ; Elise Rajchenbach-Teller : « L’humaniste et l’imprimeur : les relations d’Étienne Dolet et de François Juste (1536-1539) » ; Guillaume Berthon : « Les débuts de Dolet comme libraire (Marot, 1538) : histoire d’un fiasco » ; Mireille Huchon : « Dolet et Rabelais » ; Valérieworth-Stylianou : « Étienne Dolet et l’édition médicale » ; Gérard Morisse : « Dolet et son entreprise d’édition » ; Dominique Varry : « La Vie d’Étienne Dolet… de Née de La Rochelle (1779) » ; Raphaële Mouren : « Étienne Dolet chez les bibliophiles du xviiie siècle ».

Bibliographie I, par Gérard Morisse : Compléments à la bibliographie d’Étienne Dolet : ouvrages parus à Lyon de son vivant. Bibliographie II : bibliographie générale. Index nominum.

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Coleman, Patrick, Anger, Gratitude and the Enlightenment Writer, Oxford, University Press, 2011, 249 p.

Le chapitre 2 est consacré à Robert Challe (p. 33-71), et en particulier aux Difficultés sur la religion (p. 35-45).

Cotoni, Marie-Hélène, « Étonnantes singularités d’un manuscrit clandestin du Sermon des Cinquante », dans Gérard Ferreyrolles et Laurent Versini (dir.), Le Livre du monde, le monde des livres. Mélanges en l’honneur de François Moureau, Paris, PUPS, 2012, 1168 p. 429-439.

Curran, Mark, Atheism, religion and enlightenment in pre-revolutionary Europe, New York, The Royal Historical Society, The Boydell Press, 2012, 226 p.

Voir plus haut le compte rendu par Nicolas Brucker.

Dierkens, Alain et Schreiber, Jean-Philippe (dir.), Le Blasphème : du péché au crime, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, coll. « Problèmes d’histoire des religions », 2012, 178 p.

« Considéré comme une attaque au fondement même de l’ordre social et de la morale publique, le blasphème – au sens d’irrévérence envers ce qui est révéré par les religions – a été et est toujours réprimé en tant que tel. Récemment, certains événements internationaux et certaines revendications identitaires ont toutefois soulevé des interrogations nouvelles sur les formes, la nature et le caractère licite des discours et des images manifestant de l’irrespect à l’égard des religions, serait-ce sur le mode satirique. En examinant les manifestations contemporaines de ce qui est considéré comme outrageux par les religions, mais aussi en envisageant l’histoire et l’anthropologie de la “parole impie” et de sa réception, les études rassemblées dans le présent ouvrage permettent de mieux comprendre comment cette catégorie du discours religieux et juridique s’est construite à travers le temps, dans le but de réprimer certaines formes de contestation des religions établies et de leurs symboles. Car la répression du blasphème montre la complexité de sa gestion sociale et judiciaire, au cœur de la tension entre liberté de conscience (du “diffamateur“et du “diffamé”), liberté d’expression et censure. »

Introduction. La criminalisation du péché ; Une parole entre nécessité et contingence. Blasphème et cultures (xvie-xxe siècle) ; Le blasphème et l’idolâtrie. Regard croisé sur les Antiquités juive, grecque et chrétienne ; Le sacrilège au service du sacré ? Réflexions à partir du Nouveau Testament et des Pères de l’Église ; Le blasphème selon la Thora et le Talmud ; Le blasphème comme

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délit politique au xvie siècle ; De la condamnation à la promotion ? L’évolution de la conception du blasphème dans la tradition protestante réformée ; Le blasphème, législation canonique et séculière, des Temps modernes au code de 1983 ; Polémiques religieuses et intentions cachées. Nouvelles sacralités et méta-discrimination en droit contemporain ; The criminal protection of religious feelings in Switzerland, Germany and Italy. Introductory Remarks ; Liberté d’expression et blasphème. Une comparaison entre l’Europe et les États-Unis ; Le recul de la liberté d’expression depuis les années 1960-1970. L’exemple du cinéma.

Duflo, Colas, Les Aventures de Sophie. La philosophie dans le roman au xviiie siècle, CNRS Éditions, 2013, 290 p.

Voir plus haut le compte rendu d’Antony McKenna.

Ebert, Theodor, L’Énigme de la mort de Descartes, traduit de l’allemand par Claire Husemann, Paris, Hermann, 2011, 328 p.

« À l’automne 1649, René Descartes se rend à Stockholm à l’invitation de la reine Christine de Suède. Quelques mois plus tard, le philosophe y décède, d’une pneumonie, dit-on. Cette explication soulève promptement des doutes ; des rumeurs selon lesquelles il serait question de poison.

Theodor Ebert vérifie les indices et rouvre le “dossier Descartes”. À l’aide de documents existants mais jusqu’alors peu pris en considération, il reconstitue en premier lieu l’évolution de la maladie. Ce faisant, de sérieux doutes s’imposent quant au caractère naturel de la mort de Descartes. L’auteur s’attache alors à découvrir qui aurait pu avoir un mobile pour commettre un meurtre envers Descartes et si une opportunité se présenta d’empoisonner le philosophe. À l’issue de l’enquête minutieuse, l’énigme de la mort de Descartes apparaît sous un nouveau jour ».

Préface. Préface à la traduction française. Prologue. I. Descartes à Stockholm. II. Un interlocuteur à l’ambassade. III. La mort de Descartes et son explication officielle. IV. Les documents relatifs à la maladie et au décès. V. L’évolution de la maladie selon Schluter, van Wullen et Chanut. VI. Les derniers jours de Descartes selon Baillet. VII. L’arsenic – un poison et ses symptômes. VIII. Un empoisonnement à l’arsenic au xixe siècle. IX. Soupçons et suspects. X. Un meurtrier à l’ambassade ? XI. Pas d’extrême-onction pour Descartes. XII. Descartes — opposé à la théologie catholique de l’eucharistie ? XIII. Descartes — un athée aux yeux de Viogué ? XIV. Un office religieux le 2 février 1650. XV. Lettres de Chanut à la princesse Elisabeth. XVI. Un jésuite, messager de Christine à Rome. XVII. François Viogué entre Stockholm et Rome. XVIII. Un visiteur chez Catherine Descartes. XIX. Relecture de

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la relation de Baillet. XX. Réactions contemporaines au livre de Baillet. XXI. Résumé : les pièces du puzzle s’assemblent. Post-scriptum. Descartes à l’Index : à qui en revient l’initiative ? – Une supposition.

– Annexes. I. Lettres de témoins oculaires de la maladie datant de l’année de son décès. II. Lettres de personnes ayant été informées ou ayant pu être informées de la maladie par des témoins oculaires et datant de 1650. III. Récits et rapports ultérieurs de personnes qui ont connu Descartes personnellement. IV. Rapports ultérieurs de personnes ayant été en contact avec des témoins oculaires ou ayant eu accès à des documents perdus. V. Lettres de François Viogué à Claude Clerselier datant de l’année 1654.

– Tableau chronologique. Bibliographie. Index

Fournel, Jean-Louis, La Cité du soleil et le territoire des hommes. Le savoir du monde chez Campanella, Paris, Albin Michel, 2012, 368 p.

« Penseur libre et croyant intransigeant, Tommaso Campanella (1568-1639) passa presque la moitié de sa vie dans les prisons du roi d’Espagne et des papes. Souvent, on ne retient de lui qu’une brève utopie, la Cité du soleil. Son œuvre va bien au-delà. Depuis son cachot napolitain, Campanella s’efforça de penser un monde que Colomb, Luther et Machiavel obligeaient à voir sous un jour nouveau. Témoin de la première mondialisation moderne, il chercha à fonder l’humanité à venir sur un nouvel équilibre des territoires. L’Europe, la Chrétienté et l’Empire hispanique, mis à l’épreuve des rivalités politiques et de l’expansion coloniale, s’y inscrivaient dans un projet nouveau, visant à réunir les lieux habités. Loin d’être une irréalité, son utopie est une géosophie, voyage de l’esprit et savoir du monde dans un présent à inventer, où se déploie la volonté libre des hommes et de chaque homme. Refusant de se limiter aux modèles politiques hérités de l’Antiquité ou de se résigner au jeu des équilibres armés, Campanella propose à ses contemporains d’écrire une histoire globale qui ne soit pas celle de la tyrannie, condamnée à étendre sa domination en Europe, ou de la colonisation, qu’il voit alors transformer le monde par la conquête. Son interrogation s’adresse aussi aux lecteurs d’aujourd’hui : comment imaginer un monde cohérent qui laisse place à la diversité des territoires des hommes ? »

Gay, Jean-Pascal et Stiker-Métral, Charles-Olivier (dir.), Les Métamorphoses de la Théologie. Théologie, littérature et discours religieux au xviie siècle, Paris, Champion, 2012, 304 p.

Jean-Pascal Gay et Charles-Olivier Stiker-Métral : Introduction.

– Sophie Hache : « Balzac en théologie : les douze Discours du Socrate chrestien (1652) » ; Christophe Angebault : « Pouvoir des clés, pénitence et correction fraternelle dans les querelles du jansénisme, de la Fréquente communion d’Arnauld

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à la Dixième provinciale de Pascal » ; Simon Icard : « Exégèse et prédication : le modèle patristique dans les réflexions sur la prédication à la fin du xviie siècle » ; Audrey Duru : « Parler le “langage du ciel et des anges”. Orthodoxie théologique et hétérodoxie mystique du poète Claude Hopil (entre 1603 et 1633) » ; Patrick Goujon : « L¹autorité des discours spirituels selon Surin » ; Natacha Salliot : « Une “mauvaise Théologie reparée d’une Rhétorique qui s’exhale en exclamations sans propos” ?. La polémique confessionnelle et ses influences sur le discours théologique (xvie-xviie siècles) » ; Sylvio H. de Franceschi : « La controverse théologique par l’instruction pastorale. Délectation victorieuse et prémotion physique selon Fénelon : à propos de la Théologie de Châlons de Louis Habert (1711) » ; Frédéric Gabriel : « L’expertise théologique de la déviance sociale face aux procédures judiciaires : la démonologie dans les discussions du parlement de Dijon (1644-1671) » ; Jean-Pascal Gay : « Les Théologies Françoises au xviie siècle. Remarques sur l’histoire d’un échec » ; Xenia von Tippelskirch, Dinah Ribard : « “Une femme n’est point obligée d’être théologienne”. Le genre de la théologie » ; Agnès Guiderdoni, Ralph Dekoninck : « La théologie par figures géométriques dans les Conclusiones Theologicae et Physicae d’Otto Van Veen (1621) » ; François Trémolières : « Malebranche et la théologie au prisme des études malebranchistes de l’entre-deux guerres ».

Index.

Gerbier, Laurent et Guerrier, Olivier (dir.), Les Figures de la coutume. Autour du « Discours de la servitude volontaire », Paris, Classiques Garnier, 2012, 239 p. (Cahiers La Boétie, no 2).

Actes du colloque de Sarlat (2008).

– L. Gerbier et O. Guerrier : Introduction.

– I. Coutume, droit et loi – Coutume, Droit et Mœurs : Pascal Payen : « La coutume dans le Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie. Un concept venu d’Hérodote ? » ; Didier Foucault : « Le sage, la coutume, la loi dans le traité De la Sagesse de Pierre Charron » ; Philippe Audegean : « Coutume et sentiments moraux. À propos de la dissuasion pénale selon Beccaria » – La coutume dans le droit moderne : Stéphan Geonget : « “Je compare la loy au roy, & la coustume au tyran”. Débats entre juristes de la fin de la renaissance » ; André Tournon : « La coutume : aliénation et autonomie » ; Martine Grinberg : « La coutume : temporalités et territoires. Regards sur la littérature juridique en France (xvie-xviiie siècles) » ; Nicolas Israël : « Coutume et innovation. La question du droit naturel dans le Discours de la servitude volontaire ».

– II. Philosophie, éthique et théorie de la connaissance – Philosophe et psychologie de la coutume : problématiques médiévales : Didier Ottaviani : « Habitude, coutume et accoutumance dans les théories de la fin du Moyen Âge » ; Tristan Dagron : « Servitude volontaire et clinique de l’aliénation. Coutume

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et mémoire » – Gnoséologie et rhétorique de la coutume. Problématiques humanistes : Laurent Gerbier : « Équivocité de la coutume et plasticité de la nature chez La Boétie, Bacon et Machiavel » ; Sophie Peytavin : « Coutume et critique. Sortir du système rhétorique » – Métaphysique et éthique de la coutume : problématiques modernes : Nicola Panichi : « La coustume de la servitude volontaire : La Boétie et Bruno » ; Sylvia Giocanti : « La coutume : déformation ou formation de l’homme ? ».

– Index.

Graille, Patrick, Le Troisième Sexe. Être hermaphrodite aux xviie et xviiie siècles, Paris, Éditions Arkhê, 2011, 244 p. dont 52 pl.

« Du xviie au xviiie siècle, période où la répression judiciaire côtoie l’aube de libérations sexuelles, l’hermaphrodite est perçu à l’image de sa dualité corporelle. Pour les uns, il incarne la neutralité, la perfection, voire un idéal ; pour les autres, il figure l’altérité, la violation des bonnes mœurs, l’équivoque dans l’excès. Disséqué, au sens d’analyser minutieusement, du latin dissecare, couper en deux, cet être incertain engendre de nouveaux rapports aux fables du passé, d’insolites utopies inspirées d’Ovide ou de la Bible, ainsi que des textes scientifiques, souvent normalisateurs et moralisateurs, derrière lesquels sévit une législation coercitive, source d’éclatants procès. Entre savoirs et fantasmes, son “sexe paré d’ombre”, pour reprendre la formule d’Empédocle, offre ainsi le paradoxe d’affirmer et d’infirmer, de fissurer la raison de ces époques. »

Voir plus haut le compte rendu par Stéphan Pascau.

Haug, Christine, Mayer, Franziska et Schröder, Winfried (dir.), Geheimliteratur und Geheimbuchhandel in Europa im 18. Jahrhundert, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 2011, 300 p.

Christine Haug : Einleitung : « Topographie des literarischen Untergrunds im Europa des 18. jahrhunderts : Produktion, Distribution und Konsumption von “verbotenen Lesestoffen” » ; Wilhelm Haefs : « Zensur und Bucherpolizei. Zur Kommunikationskontrolle im Alten Reich und in Frankreich im 18. jahrhundert » ; Martin Mulsow : « Christian Ludwig Paalzow und der klandestine Kulturtransfer von Frankreich nach Deutschland » ; Martin Schmeisser : « Baron d’Holbach in Deutschland : Reaktionen in deutschen Zeitschriften der Aufklarung » ; Winfried Schröder : « Aus dem Untergrund an die Öffentlichkeit. Der Beitrag der theologischen Apologetik zur Distribution klandestiner religionskritischer Texte » ; Guido Naschert : « Fichtes Jenaer Verleger. Friedrich Karl Forbergs Kompagnie mit Christian Ernst Gabler und das schwierige Geschäft mit der Revolution » ; Julia Bohnengel : « “Ein Freund von literarischen Speculationen” ? Johann Heinrich Mercks Buchhandelsprojekt

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mit der Société typographique de Neuchâtel » ; Michael Wögerbauer : « Geheime Wege nach Leipzig ? Die Entstehung der Berufsschriftstellerei in den Bohmischen Ländern und die österreichische Zensur » ; Johannes Frimmel : « Geheimliteratur im josephinischen Wien : Akteure und Progtamm » ; Jens Glebe-Møller : « Geheimliteratut im skandinavischen Raum » ; Thomas Bremer : « Geheimbuchhandel im Spanien der Aufklärung (mit einem Ausblick auf die Situation des Aufklärungsbuchhandels in Portugal) » ; Franziska Mayer : « Adaptierte Erotik. Wilhelm Heinse als Übersetzer von Petron und Dorat ». Register.

Lattarico, Jean-François, Venise incognita. Essai sur l’académie libertine au xviie siècle, Paris, Honoré Champion, coll. « Libre pensée et littérature clandestine », 2012, 488 p.

Voir plus haut le compte rendu par Jean-Pierre Cavaillé.

Libertinage et philosophie, no 13 (Presses de l’Université de Saint-Étienne), 2012.

– Antony McKenna et Pierre-François Moreau : Introduction.

– Dossier 1 : L’Équivoque blasphématoire [Table ronde de 2008, EHESS]. Introduction : Alain Mothu : « Un art de piquer le Ciel ». Jean-Pierre Cavaillé : « Équivoque et blasphème dans la littérature giocosa et burlesca (Italie, xve-xviie siècles) » ; Alain Mothu : « L’oreille équivoque » ; Sophie Houdard : « Du sens virtuel des métaphores spirituelles : l’amour unitif et les “inclinations incarnées” » ; Claudine Nédelec : « Des équivoques blasphématoires chez les burlesques ? » ; Dominique Bertrand : « La libre parole blasphématoire de Dassoucy : dynamique et dynamite de l’équivoque » ; Filippo d’Angelo : « Beati pauperes spiritu : équivoques libertines sur la simplicité des croyants ».

– Dossier 2 : Autour de Pierre Bayle. Hubert Bost : « Bayle patriote : quelques conséquences théologico-politiques de sa loyauté envers la France » ; Antony McKenna : « Bayle face à la propagande orangiste » ; S. Drouin : « Crises de la typologie dans les Refuges huguenots : le Projet de Bible françoise de Charles Le Cène » ; Maria-Cristina Pitassi : « Le paradoxe de l’examen religieux au début du xviiie siècle » ; John Christian Laursen : « Huguenot “Republicans” and “Conservatives” at the Prussian Academy : The political thought of Frédéric Ancillon » ; Peter Balazs : « Deistarum Hercules protestans. La réception de Bayle dans la Hongrie du xviiie siècle ».

– Varia. Jean-Pierre Cavaillé : « Libertinisme et philosophie : catégorie historiographique et usage des termes dans les sources » ; Alain Mothu : « Deux “jeunes éventés” : Geoffroy Vallée et Noël Journet. Spiritualisme et athéisme au xvie siècle » ; Arnaud De Vallouit : « Sub aliena umbra latentes, la bibliothèque de Philibert de La Mare ».

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May, James E., « Recent Studies of Censorship, Press Freedom, Libel, Obscenity, etc., in the Long Eighteenth Century, Published c. 1987-2009 » (51 p.) :

Voir http://www.bibsocamer.org/bibsite/may/may-censorship.pdf

Montaigne Studies. An Interdisciplinary Forum, XXV, no 1-2, mars 2013 : Montaigne and Descartes. Numéro dirigé par Nicola Panichi et Mariafranca Spallanzani.

Introduction. Nicola Panichi & Mariafranca Spallanzani : « Montaigne and Descartes. A Philosophical Genealogy ».

Dossier. Nicola Panichi : « Sens, imagination, entendement : de Montaigne à Descartes » ; Mariafranca Spallanzani : « Philosophie première, métaphysique, scepticisme : de Descartes à Montaigne » ; Telma De Souza Birchal : « Regard sur soi, l’esprit qui connaît : figures de la subjectivité chez Montaigne et Descartes » ; Gianni Paganini : « Les transformations du doute de Montaigne à Descartes » ; José R. Maia Neto : « Rationalisme critique académicien chez Montaigne et Descartes » ; Cristina Santinelli : « De l’opinion à l’hypothèse : Montaigne et Descartes face aux découvertes scientifiques » ; Marco Sgattoni : « De la métaphysique à la physique : un parcours à rebours ? » ; Emiliano Ferrari : « Une expérience mécaniste entre Montaigne et Descartes : l’exemple des mouvements involontaires » ; Thierry Gontier : « Montaigne and Descartes : Precursors to the Modern Animal Question » ; Martine Pécharman : « Contre le “pensement” et le “parler” des bêtes ou Descartes devenu juge de Montaigne » ; Raffaele Carbone : « “Il est bon de savoir quelque chose des mœurs de divers peuples” : Customs and Reason in Montaigne and Descartes » ; Denis Kambouchner : « “Avoir la volonté bonne” : conditions montaigniennes et cartésiennes » ; Luigi Delia : « Descartes, Montaigne : “Aimer la vie, sans craindre la mort” » ; Piero Schiavo : « “Videor Democritum videre” : Laughter, Wisdom and Melancholy in Montaigne and Descartes » ; Fréderic Lelong : « La philosophie de la douceur chez Montaigne et Descartes » ; Joan Lluís Llinàs Begon : « La philosophie comme forme de vie : un Descartes montaignien ? ».

– Varia. Alain Legros : « Dix-huit volumes de la bibliothèque de La Boétie légués à Montaigne et signalés par lui comme tels » ; Jean Balsamo : « L’expérience italienne “à l’essai” : Montaigne, Machiavel, Guichardin » ; Robert Kilpatrick : « “Et nous enferrons de nos armes” : Self-irony and Paradox in “Du pedantisme” ».

Moreau, Pierre-François, Spinoza y el spinozismo, Madrid, Escolar y Mayo, 2012, 171 p.

Moreau, Pierre-François, Hobbes. Filosofía, ciencia y religión. Madrid, Escolar y Mayo, 2012, 138 p.

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Morrow, Jeffrey L., « Pre-Adamites, Politics and Criticism : Isaac La Peyrère’s Contribution to Modern Biblical Studies », Journal of the Orthodox Center for the Advancement of Biblical Studies, vol 4/ 1 (2011), en ligne sur http://ocabs.org/journal/index.php/jocabs/issue/current.

Mothu, Alain, « Les fables canines du Cymbalum mundi », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, LXXIV/2, 2012, p. 297-310.

Mothu, Alain, La Pensée en cornue. Matérialisme, alchimie et savoirs secrets à l’âge classique, Paris, SÉHA, Milan, Archè, 2012, 410 p.

« Fruit d’une recherche de longue haleine, cet ouvrage montre que l’alchimie d’inspiration paracelsienne et certains “savoirs secrets” qui lui furent communément rattachés à partir de la Renaissance (comme l’hermétisme antique, la kabbale ou le millénarisme joachimite) ont paradoxalement fertilisé la libre pensée et le matérialisme des xviie et xviiie siècles. Ces savoirs-sources que l’on désignera plus tard par le terme d’“occultisme”, les penseurs des Lumières, puis leurs historiens, n’eurent cependant de cesse de les renvoyer au secret de leur influence, après en avoir philosophiquement digéré et recomposé les apports. Quoi de plus normal, au vu de la longue tradition rationaliste et satirique qui les avait rendus (ainsi que leurs adeptes) extravagants et ridicules ? Ce refoulement ne nous interroge pas moins sur les processus de légitimation rationnelle de nos sciences modernes et sur le rôle qu’ont souvent joué certaines fascinations, que nous dirions obscures, dans leur constitution historique. C’est ce qui apparaît ici au détour d’enquêtes variées qui piqueront certainement la curiosité du lecteur, qu’elles concernent le “mythe” paracelsien faisant de l’âme humaine une sorte de gaz rare cousin de l’alcool (étude qui inspire le titre du présent ouvrage, La Pensée en cornue), les prophéties proto-rationalistes d’un disciple illuminé de Guillaume Postel, le travestissement sexuel des inquiétants secrets de la kabbale et de la Franc-maçonnerie, le combat épique d’une bête à feu et d’un animal glaçon chez Cyrano de Bergerac, ou encore la démonstration clandestine que l’Être suprême, que nous devons prier et vénérer, est strictement matériel ».

– Distillations spirituelles. 1. La pensée en cornue : considérations sur le matérialisme et la “chymie” à la fin de l’âge classique. Annexes (I. Un “pense-menu” alchimiste dans l’Alciphron de Berkeley. II. L’alchimie en examen : L’Examen des principes des alchymistes sur la pierre philosophale (1711) d’après les journaux de l’époque. III. La mort de Guillaume Lamy. IV. À propos du “soldat philosophe” Antoine de Villon). 2. Le mythe de la distillation de l’âme au xviie siècle en France.

Prestiges du secret. 3. Une petite satire de l’alchimie sous Louis XIII : Le vray secret et invention de la Pierre Philosophale, trouvee dans l’escuelle de Bois. 4. Un « duel ésotérique » ? La pyrhydromachie cyranienne. 5. Gabalis équivoque ou

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la Cabale dénudée. Annexe : Âneries cabalistiques. 6. L’infâme secret. De La France devenue italienne au “péché muet” des francs-maçons.

Vertiges matérialistes. 7. L’évangile paracelsien du prophète Parisot. 8. Guillaume Postel, le Traité des trois imposteurs et les athées de Caen. 9. Une théosophie matérialiste clandestine des Lumières : les Essais

de quelques idées sur Dieu 323

– Index des noms et des ouvrages anonymes. Index de quelques matières.

Mulsow, Martin, Prekäres Wissen : Eine andere Ideengeschichte der Frühen Neuzeit, Berlin, Suhrkamp Verlag, 2012, 556 p.

Savoir précaire : une autre histoire des idées du début de l’époque moderne – « Les débats relatifs à la forme d’une histoire du savoir dans l’Europe moderne ont besoin d’une correction. Le moment est venu d’éclairer enfin aussi le côté précaire : l’incertitude et la mise en danger de contenus particuliers de la théorie et du savoir, le statut délicat de leur support, la réaction à leur menace et à leur perte, le risque de transferts hérétiques. M. Mulsow se met sur la trace de ce savoir précaire, avec pour but de le réhabiliter dans sa signification pour le déroulement de l’histoire européenne du savoir. Par des études de cas très riches en matériaux allant de la Renaissance aux Lumières, il présente les tactiques inventées par les intellectuels pour pouvoir vivre avec ces risques : leurs positions de repli, leurs angoisses, mais aussi leurs encouragements et leurs tentatives de se réapproprier un savoir perdu. Savoir précaire ne traite pas des grands thèmes de la métaphysique et de l’épistémologie, mais de zones marginales comme la magie et la numismatique, l’interprétation de la Bible et les études orientales. Il ne s’agit pas seulement de théorie, mais aussi de crainte et de fascination ; il ne s’agit pas des grandes figures de chercheurs, mais d’érudits oubliés ou à demi oubliés. C’est un livre rempli d’histoires passionnantes, une autre histoire des idées du début de l’époque moderne, mais en même temps l’ambitieuse tentative de penser à nouveau le concept de savoir lui-même dans le cadre du “material turn”, de l’“iconic turn” et de l’histoire de la communication et de l’information. »

– Einleitung : Prekäres Wissen, riskanter Transfer und die Materialität der Erkenntnis.

Erster Teil : Taktiken des wissensprekariats.

– I. Die Persona des Radikalen. 1. Das clandestine Prekariat. 2. Die zwei Körper des Libertins. 3. Porträt des Freidenkers als junger Mann. 4. Die Kunst der Nivellierung, oder : Wie rettet man einen Atheisten ? 5. Eine Bibliothek der verbrannten Bücher.

– II Vertrauen, Mißtrauen, Mut : Epistemische Wahrnehmungen, Tugenden und Gesten. 6. Bedrohtes Wissen : Prolegomena zu einer Kulturgeschichte der Wahrheit. 7. Harpokratismus : Gesten des Rückzugs. 8. Sapere aude : Epistemische Tugend in historischer Perspektive

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Zweiter Teil : Fragilität und involviertheit in der Wissensbourgeoisie.

– III Problematischer Transfer. 9. Die Tafel in der Hand : Historische Bildwissenschaft und philosophische Mikrohistorie. 10. Familiengeheimnisse : Prekärer Transfer im inneren Zirkel. 11. Das verlorene Paket : Zur Kommunikations-geschichte der Philosophiegeschichtsschreibung in Deutschland.

– IV Faszinationsgemeinschaften und die Informationsgeschichte gelehrten Wissens. 12. Wissensschutz und Schutzwissen : Abwehrzauber, Antiquarianismus und magische Objekte. 13. Mobilität und Vigilanz : Zur Informations-geschichte von Numismatik und Orientreise unter Ludwig XIV. I4. Mikrogramme des Orients : Navigation im gelehrten Wissen vom Notizheft bis zum Buch.

– Schlufgwort. Bildteil nach Seite. Anmerkungen. Verzeichnis der Abbildungen und Nachweise. Namenregister.

Oddos, Jean-Paul, Isaac de Lapeyrère, 1596-1676. Un intellectuel sur les routes du monde, Paris, Champion, coll. « Libre pensée et littérature clandestine », 2012, 312 p.

« Un homme toujours errant, sans attache, sans famille, n’ayant pour tout bagage que sa Bible, quelques vers de Virgile dans la tête, et une grande idée qui le fascine et l’obsède ; familier du Prince de Condé, mais mourant dans une petite chambre des Pèresde l’Oratoire ; créant le scandale par deux ouvrages, et d’abord par celui où il imagine des hommes créés avant Adam, mais recue illant l’estime générale par ses Relations sur l’Islande et le Groenland : voilà comment apparaît tout d’abord Isaac de Lapeyrère. Sa vie et son œuvre ne paraissent pas avoir moins dérouté ses contemporains que les historiens d’aujourd’hui. »

Voir plus haut le compte rendu par Alain Mothu.

Revue Fontenelle, no 9 : Les Écrivains de la Querelle. De la polémique à la poétique (1687-1750), Presses universitaires de Rouen et du Havre, décembre 2012, 202 p.

« La Revue Fontenelle a pour objet, au-delà de la pensée et de l’œuvre de Fontenelle lui-même, l’histoire, les sciences et les belles-lettres d’un temps de transition, celui de la “crise de la conscience européenne”, dont Fontenelle a été un acteur majeur. Ce numéro de la Revue Fontenelle s’inscrit dans un travail de réévaluation des positions et des débats de la Querelle des Anciens et des Modernes sur le temps long, de l’intervention de Charles Perrault devant l’Académie française aux années 1750. »

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Christelle Bahier-Porte, Introduction. Claudine Poulouin, « “Écrire à la moderne” dans les matières d’érudition : Fontenelle ou le génie du trait d’esprit » ; Antony McKenna, « Pierre Bayle et le monde moderne de la République des lettres » ; Delphine Reguig : « Les Réflexions critiques sur Longin : Boileau, de la traduction à la poétique » ; Laurence Macé : « Une querelle d’Oedipe (1714-1730) ? Le premier Voltaire dans la longue Querelle » ; Christine Noille-Clauzade : « Lire/écrire à la moderne ou le texte incertain. Enquête sur la composition du conte chez Perrault » ; Régine Jomand-Baudry : « Claude Crébillon, héritier des modernes ? ». Documents : « Fontenelle’s Dialogues of the Dead. Présentation et notes par Claudine Poulouin » ; La Rencontre de Messieurs Le Noble et Boileau aux Champs Élysées, Dialogue. Présentation et notes de Christelle Bahier-Porte et Claudine Poulouin. Actualité Fontenellienne. Comptes rendus. Publications récentes. http://www.univ-rouen.fr

Ricci, Maria Terasa (dir.), Figures et langages de la marginalité aux xvie et xviie siècles, Paris, Honoré Champion, Collection « C.E.S.R. », 2013, 192 p.

« Ce volume réunit les actes du colloque “Figures et langages de la marginalité”, qui a eu lieu en octobre 2010 au Centre d’Études Supérieures de la Renaissance de Tours. Cette rencontre proposait d’étudier les diverses figures de “marginaux” présentes dans la littérature européenne des xvie-xviie siècles. Souvent, ces figures (les mendiants, les vagabonds, les voleurs, les pirates, les sorcières, etc.) ne semblent pas subir leur marginalité, mais bien au contraire la revendiquer. Le marginal est une figure “hors norme” qui s’oppose par son comportement à l’ordre établi. S’il est parfois toléré, ses différences le font toutefois apparaître comme subversif. Produit et reflet inversé d’une société, il devient un sujet littéraire et un instrument pour toute une littérature qui, consciemment ou non, propose la mise en question d’un ordre établi. »

Contributions de Alice Becker-Ho (sur l’argot), Paul Larivaille (« L’équivoque érotique dans la littérature italienne de la Renaissance »), Alain Legros, Raffaele Carbone (« Philosophie et marginalité : Montaigne et Bruno »), Anna Carlstedt (sur le bouffon et la « marginalité revendiquée »), Stéphanie Fardel-Dewaël (sur les parasites et autres « instigateurs des vices commis par le fils prodigue » dans l’art anversois), Mahbouba Saï Tlili (sur l’éloge du corsaire barbaresque dans l’Exil de Polexandre de Gomberville), Sandrine Blondet (« Le Corsaire sur les théâtres parisiens en 1637 »), Olivia Ayme (sur L’Espion turc de G. P. Marana, contre-modèle de littérature encomiastique), Pauline Ruberry-Blanc (« La marginalisation dans La Sorcière d’Edmonton dramatisée par Dekker, Ford et Rowley » en 1621).

Sandrier, Alain, Le Théâtre de l’incrédulité : voir la section A sous l’entrée du titre.

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Schröder, Winfried, Ursprünge des Atheismus. Untersuchungen zur Metaphysik- und Religionskritik des 17. und 18. Jahrhunderts. Mit einem neuen Nachwort, Stuttgart-Bad Cannstatt, Frommann Holzboog, coll. « Quaestiones », 2012, 645 p.

Seconde édition du livre paru 1998, augmenté d’un avant-propos où l’auteur complète l’information de l’éd. originale (additions bibliographiques) et répond à diverses objections qui lui ont été adressées.

Stenger, Gerhardt, Diderot, le combattant de la liberté, Paris, Perrin, 2013, 790 p.

Cette ample « biographie du tricentenaire de la naissance » prend en compte les dernières recherches et trouvailles sur Diderot – y compris celles publiées dans La Lettre clandestine.

I. Naissance d’un philosophe. 1. Une famille langroise. 2. Un bohémien à Paris. 3. Orages non désirés. 4. Le modèle anglais : Shaftesbury. 5. Un auteur subversif. 6. Érotisme et philosophie. 7. Critique de la raison aveugle. 8. Inversions).

II. L’Encyclopédiste. 1. Diderot en prison. 2. Les débuts de l’Encyclopédie. 3. Une querelle et de nouveaux amis. 4. De l’interprétation de la nature. 5. Sophie Volland. 6. Pour une morale sans Dieu. 7. L’invention du drame bourgeois. 8. Dans la tourmente.

III. Le bon, le vrai et le beau. 1. De la scène au roman. 2. Diderot critique d’art. 3. La fin de l’Encyclopédie. 4. L’originalité du Salon de 1767. 5. L’ordre de la nature. 6. L’art de la mystification. 7. Le paradoxe du “mentir vrai”. 8. Le roman de la liberté.

IV. Le bourgeois révolutionnaire. 1. L’ordre de la société. 2. Les feux de l’amour. 3. La fable de Tahiti. 4. Deux satires. 5. Le matérialisme en question. 6. La civilisation de la Russie. 7. Ni Dieu ni maître. 8. L’ultime combat.

Notes. Bibliographie. Index. Parcours thématique.

Terrel, Jean et Graciannette, Bernard (dir.) Hobbes et la religion, Presses universitaires de Bordeaux, 2012, 154 p.

« Quelle importance Hobbes accordait-t-il à la religion ? Était-il réellement chrétien ou dissimulait-il son athéisme par prudence ? Le temps passé à commenter les Écritures ne tient-il qu’à l’importance de la Bible au xviie siècle, désormais accessible à ses lecteurs dans leur langue ? Ces questions ont toujours divisé les interprètes. Les auteurs de cet ouvrage tentent d’y répondre.

Hobbes montre de mieux en mieux que l’homme est et sera toujours un animal religieux. Ce naturel est tributaire de l’imagination : elle peut conduire à la superstition et au “royaume des ténèbres”, mais être aussi un instrument précieux d’approche de la divinité.

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C’est par la raison que les plus curieux tentent d’accéder à un Dieu conçu comme le garant nécessaire de l’unité et de la cohérence du monde sans pouvoir être l’objet d’un savoir positif. Cette thèse, comme la dénonciation incessante des superstitions, expose son auteur à l’accusation d’athéisme.

Hobbes publie ses vues tardivement, quand il est devenu un philosophe qui compte. Sa critique des théologiens et des clercs a pu se nourrir, dans sa jeunesse, d’une connaissance des idées matérialistes et anti-papistes développées en Italie par le cercle de Paolo Sarpi ».

Présentation par Jean Terrel. Jean Terrel : « La religion dans le De Homine » ; Anne Herla : « Imagination, religion et réforme intellectuelle chez Hobbes » ; Arnaud Milanese : « L’accès intellectuel à Dieu des Hobbes » ; Anne Staquet : « Hobbes et l’athéisme » ; Nicolas Dubos : « L’histoire sacrée et le concept d’histoire » ; José Médina : « Penser la religion : Thomas Hobbes dans le cercle de Paolo Sarpi ».

Manuscrits nouveaux

[15 – Benítez 1996] Basel-Universitätsbibliothek HV 119 Nr. 35 : Geoffroy Vallée, La beatitude des chrestiens, ou le Fleo de la Foy (signalé par Miguel Benítez).

[57 – Benítez 1996] Extrait des Observations de Mr Woolston sur les Miracles de J. Ch. Traduit de L’Anglois. Manuscrit s.l.n.d. (ca 1760), in-4 (213 x 157 mm), 150 p., signalé dans le Catalogue de la librairie Hatchuel no 57, juin 2012. Voir aussi http://www.hatchuel.com/. Prix en janvier 2013 : 8 500 €.

Nous recopions quelques détails de la notice, qui présente la pièce comme un « rarissime manuscrit matérialiste » :

« Manuscrit plein maroquin citron de l’époque, dos orne d’une pièce de titre de maroquin havane en long encadrée de fleurons et palettes dores, triple filet d’encadrement sur les plats, tranches dorées sur rouge, dentelle intérieure […] ; calligraphie a l’encre noire d’une belle et fine écriture, très soignée et très régulière, 21 lignes par page, grand de marges. Quelques noms propres et passages sont soulignés de la même main. Le titre courant, en tête du texte, est agrémenté de petits ornements a l’encre rouge. Un marque-page de soie bleue est conservé.

Le texte original anglais (Discourse on the Miracles) parut a Londres sous forme de six tracts, entre 1727 et 1729. Il valut à son auteur, Thomas Woolston (1670-1731), d’être déféré au tribunal séculier, condamné pour blasphème

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et jeté dans une prison où il resta reclus jusqu’a sa mort. Quelques versions manuscrites de ce texte en français commencèrent à circuler a partir du milieu du xviiie siècle. William Trapnell [éd. de Th. Woolston, Six discours sur les miracles de Notre Sauveur. Deux traductions manuscrites du xviiie siècle dont une de Mme Du Châtelet, Paris, Champion, 2001] et Miguel Benítez [La Face cachée des Lumières, Paris, Universitas et Voltaire Foundation, 1996], dans leurs travaux approfondis sur la question, recensent deux de ces copies manuscrites, ainsi que quatre autres, dans des versions “abrégées”, libres adaptations françaises du texte anglais, dont l’une est probablement l’œuvre de Madame Du Chatelet (BnF, Bibl. Mazarine, B.M. de Caen et Bibl. de Voltaire a Saint-Pétersbourg). Le texte du présent manuscrit, sous son titre inédit d’Extrait des Observations de Mr Woolston sur les miracles de J. Ch., ne correspond a aucune de ces versions et demeure apparemment inconnu.

Une nouvelle adaptation française fut finalement imprimée sous le titre de Discours sur les miracles de Jésus-Christ, sans adresse ni date, probablement chez Marc-Michel Rey à Amsterdam en 1769, sous la responsabilité de d’Holbach ou de membres de son cercle. Le livre, qui fit scandale, fut rapidement condamné au feu (18 aout 1770). “Cette fois le christianisme historique n’est pas seulement miné, il est détruit […]. Les Six discours de Woolston représentent la phase la plus aigue de la période violente de l’École. Le déchainement des propos dépasse tout ce qui a précède et tout ce qui devait suivre” (Édouard Sayous, Les Déistes anglais, Paris, Fischbacher, 1882, p. 123). […]

Une indication ancienne manuscrite sur un feuillet libre inséré dans le volume, indique que cet exemplaire aurait été “peut-être copie par Damilaville” : Étienne Noël Damilaville (1723-1768), homme de lettres et philosophe français, ami de Voltaire et de Diderot, membre du groupe autour du baron d’Holbach, lui-même auteur supposé de textes matérialistes.

Provenance : le célèbre bibliophile Joaquim Gomez de La Cortine, marquis de Morante, avec son ex-libris et sa devise : “Fallitur hora legendo”. Très bel exemplaire, très frais, dans sa première reliure de maroquin citron. »

[73 – Benítez 1996] Dubia circa existentiam Dei. Leipzig, Universitätsbibliothek, Ms. 0330, 124r-125r. Manuscrit cité par Stefan Lorenz dans son édition du texte (faite sur le ms. de Hambourg) citée plus haut (voir section A : Éditions de textes, entreé Dubia…), p. 55, n. 86.

Ce manuscrit où sont exposés 35 « doutes » est précédé d’une Remotio Dubiorum juvenilium, circa Existentiam Dei de G. Möller (fol. 122r-123v), retranscrite par S. Lorenz

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[85 – Benítez 1996] Doutes sur la religion ou Examen de la religion en général dont on cherche l’éclaircissement de bonne foy : Chicago, Newberry Library, Vault Case Ms 5019, 250 p. (signalé par G. Artigas-Menant).

Version en onze chapitres de la famille a du type α décrit dans l’édition de Gianluca Mori (Oxford, Voltaire Fondation, 1998, p. 85-98 ; ci-dessous « Mori » suivi du numéro de la page). À défaut d’une étude exhaustive du manuscrit, on se bornera à quelques remarques générales et à quelques variantes intéressantes données avec les références à l’édition Mori.

– Variantes des titres des chapitres :

Chapitre 1 : S’il doit être permis à chacun d’examiner sa religion (début du titre de a, Mori 143).

Chapitre 2 : S’il y a une véritable religion, ce qu’elle est ; des preuves que la véritable religion doit avoir et les conditions de ces preuves (Mori 151).

Chapitres 3 à 8 : aucune variante.

Chapitre 9 : « pas » au lieu de « point » (Mori 195).

Chapitre 10 : manque « et » ; « hommes » au lieu de « personnes » (Mori 202).

Chapitre 11 : aucune variante.

Pas de table des matières.

– Numérotation des sections : tous les chapitres, sauf les chapitres 10 et 11, sont divisés en sections. Les numéros des sections sont parfois omis.

– Variante importante : le chapitre 2, dont le titre, on l’a vu, est différent, commence au début de la section 9 de l’édition (Mori 150). Le premier paragraphe de ce chapitre 2 est semblable, à quelques variantes insignifiantes près, au premier paragraphe de la section 9 du chapitre i de l’édition Mori. Au paragraphe suivant on trouve un longue addition constituée d’un paragraphe commun au type ß (Mori 222-223). La citation ci-dessous reproduit en romain le texte commun au manuscrit Newberry et au type α de l’édition Mori, en italique le texte commun au manuscrit Newberry et au type ß, et en gras le texte commun aux trois. On donne en note les variantes de ß :

« Mais quel affreux détail, dit-on1, que celui d’examiner quelle est la véritable religion. Il faut d’abord connaître2 toutes les religions de l’univers pour en faire un juste parallèle et choisir ensuite la plus raisonnable et3 comment être instruit sur ce seul point, comment faire ce choix ? Il y a plus de religions que de nations, d’ailleurs si l’on n’en veut4 examiner qu’une seule, quelle connaissance ne faut-il pas avoir de l’Antiquité, combien de langues5 ne faut-il pas savoir pour examiner si les premiers sectateurs de ces religions ont été conformes dans leur croyance à ceux qui les professent

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aujourd’hui6 ? Il faut être un critique exact pour discerner les altérations qui ont été faites dans les anciens auteurs par la malice ou par l’ignorance des copistes ou par la tradiction [sic] ou par les différentes expressions7 des langues. La vie est-elle assez longue pour suffire à tant de recherches ? De plus avons-nous8 des règles infaillibles et est-on déterminé autrement que par des conjectures vraisemblables ? Non le parti le plus sûr est de croire. C’est ainsi qu’on s’étourdit mais9 la plupart de nos paralogismes10 viennent de ce que nous raisonnons sur des mots avant que d’en fixer le véritable sens. Ainsi avant que de voir si notre religion doit être préférée à celle des autres il faut déterminer ce que c’est que de croire et ce que c’est que religion11. Peut-être abrégerons-nous un12 détail qui nous épouvante. Toutes les questions de la religion se réduisent à celles-ci, savoir si Dieu a parlé et quelles sont les vérités qu’il a révélées. [manque la dernière phrase du type α de l’éd. Mori]

Un choix d’autres variantes :

Chapitre i, ligne 1 : Il semble qu’il doit être permis et qu’il est même nécessaire (texte de a, Mori 143) ; lignes 2-3 : Car, que peut-il y avoir durant notre vie qui nous intéresse (Mori 143) ; ligne 196 : manque « Ce qui sera examiné dans les chapitres suivants » (Mori 151).

Chapitre ii, lignes 1-2 : La religion est un culte fondé sur la révélation, elle oblige les hommes à croire certaines choses et à en pratiquer d’autres pour donner à Dieu des preuves actuelles d’obéissance et d’amour (Mori 151) ; lignes 94-95 : inspirée de Dieu d’une manière bien différente (saut du même au même, Mori 154).

Chapitre iii, lignes 113-114 : manque « et par leur intercession les obtenir » (Mori 165).

Chapitre iv, ligne 1 : Jésus-Christ était un homme comme Moïse13 (texte de a, Mori 168).

Chapitre v, ligne 171 : que le Saint-Esprit a dictée à son esprit (Mori 180).

Chapitre xi, ligne 1 : Je ne puis considérer la beauté, l’ordre et toute l’harmonie (Mori 207).

Chapitre xi, ligne 140 : manque « comme parle le prophète » (texte de a, Mori 212) ; ligne 141 : manque « et souverain maître » (Mori 212).

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[Autre manuscrit] Recueil de sermons plaisans. Sermon en faveur des cocus : Mons-BU R1 ID, 127/11, f. 45-83 (signalé par Miguel Benítez. Voir pour d’autres copies La Lettre clandestine, 19, 2011, p. 460).

1 ß : dit-on ordinairement

2 ß : savoir

3 ß : or

4 ß : veut même examiner

5 ß : de langues différentes

6

7 ß : ou la différente expression

8 ß : Encore a-t-on à tout cela

9 ß : C’est ainsi qu’on s’endort dans la plus coupable des négligences.

10 ß : de nos erreurs et de nos paralogismes

11 ß : déterminons ce que c’est que religion et ce que c’est que croire

12 ß : le

13 D’après G. Mori, « la comparaison de Jésus-Christ avec Moïse au lieu de Mahomet est typique de la seule famille a » (éd. cit. p. 128).