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Classiques Garnier

Conclusion de la deuxième partie

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : La Langue de la fiction dans la nouvelle historique et galante (1650-1700)
  • Pages : 229 à 230
  • Collection : Investigations stylistiques, n° 17
  • Thème CLIL : 3154 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage -- Stylistique et analyse du discours, esthétique
  • EAN : 9782406167020
  • ISBN : 978-2-406-16702-0
  • ISSN : 2271-7013
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-16702-0.p.0229
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 05/06/2024
  • Langue : Français
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Conclusion de la deuxième partie

En philosophie du langage et en narratologie, la fiction est souvent envisagée comme le résultat dune feinte énonciative : écrire une fiction ne serait rien dautre que feindre décrire la vérité, en utilisant une langue qui est celle de lHistoire. La bonne réception de la fiction serait programmée par lappareil péritextuel de lœuvre – informations éditoriales, titres, sous-titres et préfaces invitant les lecteurs à une expérience de lecture non sérieuse. Cette description coïncide mal, cependant, avec la manière dont sinvente au xviie siècle la fiction vraisemblable. Dans les seuils de la nouvelle, cest lappareil péritextuel et en particulier la préface qui apparaît souvent comme le lieu dune feinte énonciative, le libraire ou lauteur prétendant se porter garant de la vérité de lhistoire. Au-delà du seuil, en revanche, on constate aisément que la langue de la fiction nest pas celle des récits historiques. Quand bien même les auteurs de nouvelles historiques et galantes tirent leur matériau narratif du récit non fictionnel, ils repensent les formes linguistiques qui permettent dévoquer le temps passé, et les personnes qui lont habité. Si feinte il y a, sa place est moins dans le récit fictionnel en lui-même, que dans les péritextes qui lentourent. Nous avons proposé dexpliquer ce phénomène à partir de la notion dimmersion : nous croyons que les indices linguistiques de fictionnalité nont pas vocation – ou nont que secondairement vocation – à jouer un rôle de balise. Lenjeu de la langue de la fiction nest pas davertir les lecteurs que les événements racontés et les personnages représentés sont fictifs – de fait, ils ne le sont pas toujours –, mais de créer un effet dimmersion dans le monde représenté.

Si tout récit de fiction est sans doute destiné à créer, à des degrés divers, cet effet dimmersion, la question des moyens employés peut se poser de multiples façons. Au xviie siècle, la pensée de la fiction évolue de telle sorte que la manifestation énonciative de lauteur dans son œuvre est perçue comme incompatible avec ladhésion des lecteurs à lhistoire. 230La nouvelle historique et galante constitue laboutissement dun long processus de minoration de la voix narrative, qui, nous allons le voir, modifie en profondeur le texte de fiction.