RéSUMÉS

Christophe Imbert, « Introduction »

Ce premier texte suit un double objectif : d’une part, présenter la personnalité de Cola di Rienzo en la situant au carrefour de grandes questions de l’histoire des idées (le sens du recouvrement de l’antiquité romaine au Trecento, la relation entre la figure politique de Rienzo et l’humanisme naissant, la conscience de l’individu et celle de l’état…) ; d’autre part, introduire les débats du volume en ébauchant les étapes et les cadres d’une réinterprétation historique de la figure du tribun.

Anne-Laure Imbert, « L’homme qui voulait “parler aux yeux”. La propagande par l’image de Cola di Rienzo et l’art politique du Trecento »

Cet article revient sur le programme des fresques commanditées par Cola di Rienzo à Rome entre 1344 et 1347. Faisant le point sur les analyses antérieures de la Chronique, il tente d’avancer dans le déchiffrage de l’iconographie, en interprétant ces fresques à la lumière de réalisations subsistantes de l’art politique du Trecento, et de reconstituer la culture visuelle requise pour leur compréhension. C’est finalement à une évaluation de la politique de communication du tribun que ces images nous renvoient.

Christophe Imbert, « L’uomo fantastico ou le dernier des Romains. Cola di Rienzo et le retour d’une humanité héroïque »

La figure de Rienzo s’offre à nous entre la nostalgie d’un passé, l’hybris d’un retour de mémoire, et le ton d’une prophétie. Tour à tour, le tribun apparaît dans les textes comme un primitif, un héros du recommencement de l’Histoire, ou bien comme un dernier : dernier des Romains, dernier des tribuns, dernier éclat de gloire des libertés communale. Nous cherchons avec l’aide de Vico, à comprendre ce qui se joue dans cette orchestration historique de l’avènement du type d’une humanité héroïque.

Jean-Noël Pascal, « Entre Clio, Melpomene et Momus. Le Rienzi (1826) de Gustave Drouineau »

Le Rienzi de Drouineau (1798-1878) est une tragédie historique dans la lignée de Voltaire, de Chénier et de Casimir Delavigne, dont le dramaturge partage les idées libérales. Si la pièce, dans laquelle abondent les vers sonores, n’est pas trop bien construite – comme le souligne une parodie contemporaine –, elle laisse percevoir, sous la phraséologie républicaine, une réflexion sur la dérive tyrannique du pouvoir personnel et le héros éponyme peut faire songer à Bonaparte devenu Napoléon.

Christine Pouzoulet, « Du groupe de Coppet à Quinet. Les ambivalences de Cola di Rienzo comme symbole libéral »

Il s’agit ici d’analyser les raisons de la distance critique que gardent à l’égard de Cola di Rienzo d’une part Mme de Staël et Sismondi, et d’autre part Quinet (dans le contexte de l’échec de la République de Rome en 1849). Si Rienzo est un symbole libéral, son échec rencontre leurs réflexions respectives sur les difficultés de l’émancipation nationale de l’Italie liées à l’héritage du modèle de Rome et sur l’écueil de l’éloquence si elle n’entretient qu’un « amour pur et platonique de l’Italie » (Quinet).

Fiona Mcintosh-Varjabédian, « Faire tout un roman sur Rienzi. Incertitudes génériques et points de vue flottants dans Rienzi the last Tribune d’Edward Bulwer-Lytton »

L’article analyse le roman d’Edward Bulwer-Lytton, Rienzi the Last Tribune (1835), emprunté à la pièce de Mary Russell Mitford, Rienzi, a tragedy (1828), et à L’Histoire des Républiques romaines au Moyen Âge (1808) de Sismondi. L’hybridité générique de ce drame étendu dans le temps suscite quelques difficultés de lecture et l’œuvre éclaire mal ce que Rienzi représente d’un point de vue politique pour l’auteur lui-même : peut-être, et quoiqu’en dise Bulwer-Lytton, un avertissement plus qu’un phare.

Jean-François Candoni, « Cola di Rienzi dans l’Allemagne du Vormärz. Sept auteurs pour un héros controversé »

Cette contribution s’intéresse au succès de la figure de Rienzi, connue surtout à travers le roman de Bulwer-Lytton, dans l’horizon allemand du Vormärz. Les sept pièces consacrées au tribun entre 1837 et 1848, par Julius Mosen, Otto Mïller, Friedrich Engels, Richard Wagner, Rudolph Kirner, Carl Gaillard, ou Christian Esselen, manifestent le désir d’histoire d’une génération intellectuelle sensible à l’analogie entre la situation de l’Allemagne du xixe et celle de l’Italie du xive siècle.

Jan Nelis, « Cola di Rienzo et Mussolini. Bilan historique et analyse comparative »

Cette contribution se focalise sur Cola di Rienzo, figure de l’histoire médiévale, et le duce du fascisme italien, Benito Mussolini. La clé de lecture qui guide notre enquête est celle de la religion politique, ainsi que celle de la réception de l’antiquité romaine. Nous identifierons une série de similitudes dans la vie de Rienzo et de Mussolini, et nous présenterons une rassegna des publications historiographiques et vulgarisantes dédiées à Cola di Rienzo pendant l’époque fasciste.

Philippe Maupeu, « Cola di Rienzo dans Vasco de Gilles Chaillet. Ou l’anachronisme en bande dessinée »

Cola di Rienzo, dans la série Vasco de Gilles Chaillet (1983-2009), cristallise les tensions entre histoire et bande dessinée. Sa réinvention de la République romaine, assimilée par Chaillet à un anachronisme pathologique, parait rattrapée par le cours « raisonnable » de l’Histoire. S’impose au personnage – et à travers lui à une certaine bande dessinée – la logique implacable d’une restitution académique de l’histoire aux dépens des forces de sollicitation de l’imaginaire et de la fiction.