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Classiques Garnier

À son Altesse royale

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : La Folie du sage Tragicomédie
  • Pages : 3 à 5
  • Réimpression de l’édition de : 1936
  • Collection : Société des Textes Français Modernes, n° 59
  • Thème CLIL : 3436 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques
  • EAN : 9782406104735
  • ISBN : 978-2-406-10473-5
  • ISSN : 2777-7715
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10473-5.p.0019
  • Éditeur : Société des Textes Français Modernes
  • Mise en ligne : 02/09/2020
  • Diffusion-distribution : Classiques Garnier
  • Langue : Français
19
A
SON ALTESSE
ROYALE.

MADAME,
I'imite les Sacrifices des Ancïens en la qualité de cette offrande. Ils presentoient à quelques-unes de leurs Diui- nitez ]es choses qui leur estoient les plus contraires.
5 Aussi presentant cette Tragicomedie à Vostre ALTESSE ROYALE, T'offre une espece de FOLIE à une Princesse qui peut passer pour la vivante Image de la SAGESSE. C'est une verité, MADAME, si generalement recognuë qu'elle ne reçoit point de controuerse : ii n'y a personne
to qui ne sçache que l'Illustre sang de Godefroy est passé iusques à Vostre ALTESSE sans aucune alteration, &que vous en retenez aussi bien la pieté que vous en couseruez les Armes. Vostre ALTESSE a fait dire d'elle dés sa plus tendre ieunesse qu'elle estoit une Flante Royale de la
ts nature de l'Eliotrope qui se tourne tousiours vers le Soleil. Vous suez tousiours sainctement consideré cette eternelle Beauté dont la vostre n'est que l'Image. Vous auez tousiours parfaitement honoré cette infinie Source de biens où vous auez puisé tant de graces. A cela,
zo MADAME, on peut dire qu'une grande & vertueuse
r. Pour ]es personnages et les événemarts dont il est question dans

]'EP15tYe Dediratoire, V01T ]'AYPENDICE I.
ç. C. (t6¢q). cette Tragi-Comedie
20 4 EPISTRE
Princesse proche parente de Vostre ALTESSE a contri- bué beaucoup de ses soins, vous ayant éleuée à la Pieté en la propre Maison de Dieu. Plais pour le finissement d'vn si beau Chef-d'oeuure, il n'a quasi pas esté besoin
sç de ces excellentes instructions, il a presque suffi de ses saincts Exemples. Vostre ALTESSE auoit eu naissant vne si grande disposition au bien qu'elle a fait paroistre vne Sagesse acheuée en vn aage où les autres personnes de son sexe ne font que commencer à l'estudier. Le
;o Diuin Autheur de toutes choses, ce grand Ouurier qui fait ordinairement espreuue de la bonté de ces Ouurages, lors qu'il se propose de les éleuer, a visité bien exacte- ment vostre vertu par plusieurs années. C'est vn Or qu'il a voulu mettre à la coupelle des afliictions pour
;ç faire mieux congnoistre son excellence. II a permis que Vostre ALTESSE ait senty les peines que souffre vne fidelle moitié lors qu'elle est separée de son tout. Mais apres auoir fait durer cet orage iusques au poinct qu'il s'estoit proposé pour sonder la fermeté de vostre Ame ;
qo il a fait cesser la tempeste. II a tiré Vostre ALTESSE du trouble à la tranquillité, & l'a faite passer d'vn long ennu5~, dans vu paisible estat de ioye. II semble mesme que sa Bonté pour recompenser vostre merite a fait des
efforts extraordinaires en ceste heureuse conioncture, &
qç qu'elle n'a point voulu tirer Vostre ALTESSE d'entre les espines, pour la faire marcher sur des Roses; sans couurir presque en mesme temps Monseigneur vostre mary de nouueaux lauriers, afin que vostre felicité Fust plus complette, voyant couronner sa valeur aussi bien
ço que vostre constance, ~ vous treuuans tous deux u-iom-

3 i. C. de ses Ouvrages
qz. C. dans vue paisible Tope

21 DE DICATOI RE S
phaus ; Vous de la cruauté de ]a Fortune ; & luy des Ennemis de cet Estat. Cette glorieuse expedition, fameuse par toute l'Europe, ne s'est point faite auec tant d'heur, sans que la Diuiue Prouidence ait consideré vos
ss sainctes prieres. Les voeux de Vostre ALTESSE, MA- DAME, ont obtenu des benedictions pour ses Armes. Vostre Esprit assiste de vostre Oratoire à tout ce que son courage fait de grand à la campagne. La France espere, MADAME, qu'en suite de ces grands progrez où
6o vostre pieté prend part Vos ALTESSES ROYALES auront quelque fruict de leurs chastes affections : & qu'on verra naistre de vostre lict vn nouueau suport de ceste Couronne. Ce sera, MADAME, vne des recom- penses de vos vertus, qui sera conforme aux souhaits
6ç que fait pour le comble de vos prosperitez,
MADAME,
De Vostre ALTESSE ROYALE Le tres-humble & tres-obeïssant seruiteur,
TRISTAN L'HERMITE.