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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : La Fabrique du xvie siècle au temps des Lumières
  • Pages : 463 à 469
  • Collection : Rencontres, n° 434
  • Série : Devenir de la Renaissance française et européenne, n° 2
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406094043
  • ISBN : 978-2-406-09404-3
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09404-3.p.0463
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 25/03/2020
  • Langue : Français
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Résumés

Myrtille Méricam-Bourdet et Catherine Volpilhac-Auger, « Comment les Lumières ont fabriqué leur xvie siècle »

Le xviiie siècle entretient un rapport ambigu au xvie, oscillant entre la reconnaissance dune possible filiation et la revendication dune rupture plus ou moins complète. Dans tous les domaines abondent les paradoxes, qui invitent à reconnaître limportance de ce siècle tout en lui déniant le statut de modèle, comme lattestent la réception de Rabelais ou celle de Montaigne.

Michel Jourde, « “De tout temps les hommes ont aimé la nouveauté”, mais “jusques où” ? Malentendus sur linnovation entre le xvie et le xviiie siècle »

En étudiant la réception dOlivier de Serres à la fin du xviiie siècle, on constate que la valorisation de son sens de l« innovation » introduit un malentendu sur cette dernière notion : lopposition entre « innovation » et « routine » a remplacé une conception plus prudente ou plus inquiète. Ce malentendu peut peut-être éclairer les évolutions apparues entre le xvie et le xviiie siècle dans les discours sur les changements historiques apportés par linvention de limprimerie.

Sarah Carvallo, « “Les lumières anatomiques”. La relecture de lanatomie du xvie siècle dans lEncyclopédie »

Dans larticle « Anatomie » de lEncyclopédie, Tarin retrace lhistoire de lart de disséquer pour justifier la légitimité médicale de lanatomie contre ses détracteurs. Larticle construit une histoire scientifique qui érige le xvie siècle comme moment pivot de lanatomie, mais cette histoire vaut indéniablement comme un progrès pour la médecine, mais aussi en esthétique et plus généralement pour lhumanité à travers la mise en œuvre dun projet anthropologique.

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Aliènor Bertrand, « Portrait de lInca en physiocrate. Analyse et travestissements de la première expérience coloniale au siècle des Lumières »

Analysant la manière dont Quesnay a utilisé lHistoire des Incas de Garcilaso de La Vega pour servir la thèse dun ordre naturel des sociétés politiques, larticle décrit comment la physiocratie sest appuyée sur une réinterprétation économique de la colonisation du Pérou. LAnalyse du gouvernement des Incas montre une double opération décriture de lhistoire et de modélisation profitable de lagriculture : la lutte contre les communaux sy adosse à une vision impérialiste naturalisée.

Martine Furno, « Michel Maittaire et limprimerie des Estienne, ou la fabrique des héros »

Michel Maittaire est lauteur douvrages de référence sur lhistoire de la typographie, dont la Stephanorum Historia, histoire de la famille des Estienne qui fait la part belle aux trois générations qui couvrent le xvie siècle. Lactivité dantiquaire et éditeur de textes de Maittaire, son engagement réformé, associés à un art habile de la « rhétorique des grands hommes », fixent durablement une image héroïque de toute la première presse protestante.

Tristan Vigliano, « Henri Corneille Agrippa dans les Dialogues des morts dun tour nouveau de Nicolas Gueudeville »

Cet article étudie la présence dHenri Corneille Agrippa, et notamment de son De incertitudine, dans les Dialogues des morts dun tour nouveau de Nicolas Gueudeville (1709). Il entend ainsi contribuer à une certaine réévaluation de ces dialogues, par la mise en évidence deffets proprement littéraires, qui sorganisent en partie autour de la figure dAgrippa et témoignent dune compréhension plutôt rare de lhumanisme renaissant.

Grégoire Holtz, « La Vie dApollonius de Tyane du xvie au xviiie siècle. Fortunes dun païen sulfureux »

Létude comparée de la réception de la Vie dApollonius de Tyane, composée par Philostrate, au xvie et au xviiie siècle permet de sonder des lignes de fracture et de convergence entre lhumanisme de la Renaissance et celui des Lumières. À travers lanalyse des commentaires qui accompagnent sa publication, des 465jugements portés sur sa véracité, et des interprétations satiriques que le texte suscite, toute une évolution des rapports entre magie et philosophie émerge entre les deux siècles.

Antony McKenna, « Bayle et la représentation de la philosophie de Pierre Charron »

Larticle sattaque à la tradition critique qui associe Bayle au pyrrhonisme de Montaigne et à la mise en « système » du pyrrhonisme par Pierre Charron ; par conséquent, le fidéisme attribué à Bayle est mis en doute. Lanalyse de larticle « Charron » du Dictionnaire permet de voir que Bayle, en butte aux attaques de Jurieu, sassocie à Charron victime de Garasse, et que, comme Charron, il érige la foi aveugle en « bouclier » contre les accusations dathéisme dont il fait lobjet.

Lorenzo Bianchi, « Bayle et la philosophie italienne de la Renaissance »

Lanalyse de la philosophie italienne de la Renaissance dans le Dictionnaire historique et critique montre une reconstitution sélective des courants philosophiques : Bayle sintéresse aux philosophes aristotéliciens et à lécole de Padoue mais il oublie les penseurs platoniciens. Les auteurs de la Renaissance permettent aussi à Bayle de se focaliser sur des débats contemporains.

Eszter Kovács, « Principes de politique des souverains. La réflexion de Diderot sur la raison dÉtat »

Alors quà la lumière dune source récemment découverte, les Principes de politique des souverains paraissent plutôt une compilation de maximes quune œuvre originale, Diderot expose cependant par des sentences brèves une réflexion critique sur la raison dÉtat. Tandis que sa pensée politique a souvent été vue comme une réflexion en avance sur son temps, moderne, libérale, démocratique, larticle démontre quil reconsidère cette notion par le prisme du début de lère moderne.

Sergueï Karp, « Diderot déguisé en Rabelais »

Cette contribution est consacrée à létude dune lettre de Diderot au prince Alexandre Golitsyn écrite à La Haye le 21 mai 1774. Cette lettre assez longue est généralement qualifiée dénigmatique, car Diderot la écrite en imitant le 466style de Rabelais et en faisant plusieurs allusions obscures à ses personnages. Lauteur essaye danalyser les références de ce type et de reconstruire leur contexte pour comprendre les raisons de ce « déguisement » et la manière dont Diderot la opéré.

Morgane Muscat, « Voltaire lecteur de Rabelais »

Voltaire est lun des auteurs du xviiie siècle qui cite le plus Rabelais ; pourtant, il lapprécie peu, le lit tardivement et ne sen réclame jamais. Larticle sattache à décrire cette relation et à rassembler en une étude chronologique létat des recherches sur la question autour de trois moments : une réception mondaine et indirecte, une relecture autour de 1759, enfin une utilisation plus fréquente et plus politique de Rabelais à la fin des années 1760.

Neil Kenny, « Que devient le statut social de Montaigne au xviiie siècle ? »

Quelle idée sest-on faite, au xviiie siècle, du statut social de Montaigne ? Les interprétations des Essais proposées à cette époque reposent-elles sur une certaine vision de son statut social ? Le xviiie siècle a rendu Montaigne moins gentilhomme et plus robin que le xviie siècle, tout en le détachant de plus en plus de toute hiérarchie sociale. Cependant, derrière ces tendances globales se cachent des représentations plus complexes de son statut social.

Laurence Macé, « Montaigne et lécriture de soi. Fonder une tradition ? »

Larticle examine linfluence sur lhistoire discontinue du récit personnel de la relation que le xviiie siècle entretint avec Montaigne et plus largement avec la tradition des « écrits du for privé ». En partant du cas de Giuseppe Pelli Bencivenni mais aussi dextraits de journaux du xviiie siècle, on examine la présence et la fonction de la référence à Montaigne dans les nouveaux écrits de soi qui émergent et se développent dans la seconde moitié du xviiie siècle.

Bernard Gittler, « Le Montaigne de Rousseau, un critique politique. Les références aux Essais dans le premier Discours »

Comprendre la place dexception que Rousseau donne aux Essais dans le premier Discours demande de replacer son usage de Montaigne dans le contexte 467des Lumières. Cela montre dune part le dialogue établi avec la traduction que Diderot donne de lEssai sur le mérite de la vertu de Shaftesbury, et dautre part la réponse politique donnée à LEsprit des lois. Ainsi Rousseau tire des Essais des principes politiques et anthropologiques fondamentaux, à partir desquels sélabore sa philosophie.

Flora Champy, « Lénergie antique du “vieux style”. Rousseau et Amyot »

Larticle étudie le rôle joué par la langue dAmyot dans lintérêt de Rousseau pour Plutarque. Ce nest pas seulement le contenu héroïque des Vies de Plutarque qui en a fait une source dinspiration décisive du citoyen de Genève, mais le style « naïf » et « énergique » dAmyot. Cependant, Rousseau ne cite que très rarement le texte de Plutarque-Amyot, préférant adapter cette langue devenue trop « énergique » pour un public contemporain plus policé et corrompu.

David Moucaud, « (Tout) contre le goût classique, la rencontre des “badins”, ou comment au xviiie, on badine avec le xvie siècle »

De 1735 à 1753, trois recueils collectifs ravivent, par emprunt à la poésie renaissante ou par dérivation, la veine la plus leste dun âge dor poétique. Au prisme habile de lanachronisme, le badinage des épigrammes trouve des inflexions nouvelles à lheure où la recherche poétique est moribonde, mais le goût pour la chose vivifié. De la joie grivoise de 1530 au nouveau carnaval dune érotomanie éclairée, cet écho badin répète et réforme un style dépoque à deux moments de lhistoire poétique.

Emmanuelle Sempère, « Le badinage au secours de lépopée. Cazotte lecteur du Roland furieux dans Ollivier (1763) »

Ollivier, poème, publié en 1763 et donné ensuite en ouverture des Œuvres badines et morales en 1776, souvre sur un fervent hommage à lArioste qui sinscrit dans les débats contemporains sur lépopée. Mais lœuvre, qui entremêle le geste des croisés à des emprunts au Don Quichotte et acclimate le merveilleux foisonnant de lArioste au rationalisme des Lumières, questionne aussi les intentions dun auteur badin et chrétien, qui semble vouloir sauver le merveilleux plus que lépopée même.

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Ioana Galleron, « Le théâtre du xvie siècle en palimpseste au temps des Lumières »

Larticle fait un bilan de la connaissance du théâtre du xvie siècle au xviiie siècle. Les auteurs humanistes y sont présentés comme les représentants dun Moyen Âge en guerre contre lui-même. La spécificité et linfluence du théâtre humaniste sur les époques suivantes sont minimisées. Cependant, tout en refusant de voir dans le xvie siècle une « renaissance », les historiens de la littérature qui en traitent au temps des Lumières posent les bases dune émergence du concept.

Manuela Bragagnolo, « LItalie savante et les manuscrits du xvie siècle. Droit, politique et religion chez Lodovico Antonio Muratori (1672-1750) »

Larticle analyse limportance de la culture de la Renaissance dans lItalie savante du début du xviiie siècle. Il porte, plus particulièrement, sur la pensée de Lodovico Antonio Muratori dont il montre le lien direct avec les auteurs italiens du xvie siècle, auteurs dont les ouvrages, principalement manuscrits, avaient fourni une contribution majeure à la culture européenne mais qui, en Italie, avaient été étouffés par le zèle de la Contre-Réforme.

Pierre Jean Brunel, « Lantiqua vera filosofia et la réception de Giordano Bruno par F. H. Jacobi. De la Renaissance comme “seuil dépoque” à la période charnière autour de 1800 en Allemagne »

La réception de Giordano Bruno en Allemagne est liée à la querelle du panthéisme. Dans la deuxième édition de ses Lettres sur Spinoza, Friedrich Heinrich Jacobi publia en allemand un large « extrait » de Bruno qui aura une grande influence. Selon Jacobi le xvie siècle contraste avec « lesprit général » de sa propre époque dont la tendance au « systématisme philosophique » est caractéristique. G. Bruno représente-t-il un « seuil dépoque » (Hans Blumenberg) qui annonce les Lumières ?

Charlotte Morel, « Lessing et les hérétiques du xvie siècle. De lanti-trinitarisme à la réflexion sur le déisme et la religion rationnelle »

Lessing affectionne le personnage de lhérétique, qui cherche « à voir avec ses propres yeux ». À ce titre trois figures du xvie siècle lont retenu : Cardan, 469le socinien E. Soner, lunitarien A. Neuser soupçonné dune conversion volontaire à lIslam. Il donne ainsi un ancrage historique à ce dont la critique reste pour lui actuelle : la situation déclatement confessionnel à laquelle la Réforme soumet lespace chrétien va bien au-delà de la seule scission entre catholicisme et protestantisme.

Sara Vitacca, « Penser la Renaissance dans la littérature artistique entre la fin du xviiie et le début du xixe siècle »

Larticle interroge les problèmes dinterprétation et de périodisation liés à lusage ambigu de la notion de Renaissance dans la littérature artistique du tournant du xviiie siècle. Dans les entreprises historiographiques dauteurs tels que Dezallier dArgenville, Séroux dAgincourt, Luigi Lanzi ou Leopoldo Cicognara, on trouve des premières tentatives, aussi stratégiques quidéologiques, de conceptualiser et dhistoriciser la Renaissance en tant que période stylistique autonome.