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Classiques Garnier

Présentation

  • Prix Rengo Sundai-Kai Academic Encouragement Award 2023
    Prix de Robert de Montesquiou 2023
  • Publication type: Article from a collective work
  • Collective work: La Danse française et son rayonnement (1600-1800). Nouvelles sources, nouvelles perspectives
  • Authors: Laurenti (Jean-Noël), Bouchon (Marie-Françoise), Harris-Warrick (Rebecca)
  • Abstract: L’intérêt pour la musique baroque au xxe siècle a favorisé la redécouverte de la « danse baroque », style désormais répertorié dans le monde du spectacle. Après ce premier essor, demeuraient de vastes champs d’investigation. Ces études font le point sur les recherches développées depuis, sur les évolutions intervenues depuis la Renaissance et au cours du xviiie siècle, la spécificité et la diversité des danses de théâtre, les rapports musique-danse, la sociologie et la circulation des artistes.
  • Pages: 7 to 16
  • Collection: Musicology, n° 17
  • CLIL theme: 3936 -- ARTS ET BEAUX LIVRES -- Arts majeurs -- Musique -- Histoire de la musique
  • EAN: 9782406129929
  • ISBN: 978-2-406-12992-9
  • ISSN: 2495-7771
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-12992-9.p.0007
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 06-07-2023
  • Language: French
  • Keyword: Recherche, danse baroque, danse de théâtre, musique et danse, sociologie des artistes
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Présentation

Cet ouvrage entend proposer un panorama des nouvelles recherches, développées depuis les années 2000, concernant la danse française telle quaux xviie et xviiie siècles elle a été pratiquée en France et diffusée à létranger. Ce panorama ne prétend pas être un inventaire exhaustif, mais seulement montrer la richesse et la diversité de ces nouvelles recherches1. Elles sont en général nourries du dépouillement de sources soit inconnues jusquici, soit connues et laissées inexploitées, soit dont létude méritait dêtre encore approfondie. Elles ouvrent des perspectives nouvelles, fécondes non seulement pour les chercheurs, mais aussi pour les danseurs et pour les chorégraphes, à lactivité créatrice de qui elles apportent de nouveaux matériaux.

Il convient de retracer ici les circonstances de ce nouvel essor.

Comme on le sait, le renouveau de la musique ancienne sest accompagné, depuis le courant du xxe siècle, dune entreprise de reconstruction des danses qui lui étaient liées2. À partir des années 1960, et encore plus des années 1970, cette entreprise a connu des avancées décisives3, 8en parallèle et en complémentarité avec celles que connaissaient les musiciens et qui rencontraient ladhésion progressive du public.

Comme la musique, la danse ancienne connut une répartition simple et commode, calquée sur les divisions admises en histoire de lart et en musicologie, entre danse de la Renaissance4 et danse baroque. Pour ce qui est de la danse baroque, objet du présent volume, sa reconstruction reposait essentiellement sur les sources publiées à partir de 1700, la Chorégraphie de Feuillet5 et le Maître à danser6 de Pierre Rameau en France, The Art of Dancing de Tomlinson7 en Angleterre, et dautres traités dont certains, comme le Rechtschaffener Tanzmeister publié en Allemagne par Gottfried Taubert8, attendaient que soient menées à leur sujet des études approfondies. Ces travaux de reconstruction se développaient parallèlement dans divers pays dEurope et du Nouveau Monde, au sein de foyers de recherche et dexpérimentation pratique dont certains donnèrent naissance aux premières compagnies de danse ancienne9. Entre ces foyers, avant 9lapparition dinternet, les échanges étaient épisodiques. Par ailleurs, une vaste zone obscure demeurait, celle qui séparait la fin de la Renaissance et les années 1700. Sur ces quelque cent années, outre la bonne connaissance que lon avait de la contredanse anglaise, la lumière navait été portée que sur certaines sources, comme le livre de contredanses dAndré Lorin10 ou, plus récemment, sur Le Mariage de la Grosse Cathos11, et lon savait quune étude de lApologie de la danse de de Lauze était à faire, ainsi que de ses relations avec Thoinot Arbeau en amont et Feuillet en aval.

Malgré ces lacunes, le travail de reconstruction de tout un vocabulaire de pas et dun répertoire relativement abondant, essentiellement celui que nous ont conservé les chorégraphies en notation Feuillet, était suffisamment considérable et convaincant pour fournir des matériaux à des spectacles et constituer une composante dans les productions dopéras. La danse baroque cessait dêtre un simple objet de recherche et de démonstration curieuse : elle sintégrait au monde professionnel de la scène, comme la danse classique ou la danse contemporaine. Ce succès, obtenu en dépit des réticences, comme lavait été celui de linterprétation musicale sur instruments anciens, pouvait devenir un piège : dune part, les danseurs qui étaient en même temps chercheurs se trouvaient incités à consacrer plutôt leur temps à des créations qui bénéficiaient de leurs recherches passées mais ne les étendaient guère ; dautre part, le passage de la danse baroque dans le monde du spectacle professionnel risquait de mener à la constitution dune technique et dun style standardisés, immédiatement identifiables pour les producteurs, le public et les critiques, et donc la menaçait dune simplification contraire à lesprit critique inhérent à toute recherche. Ce phénomène était particulièrement prégnant en France où, par suite de restriction des crédits de la culture, le temps de répétition et de formation des nouveaux interprètes sest vu progressivement restreint.

Pourtant, cette tentation de la vulgarisation académique na pas éteint la volonté de poursuivre les recherches. Dune part, dans le monde assez restreint de la danse baroque, la concurrence entre danseurs ou 10entre compagnies incitait chacun à défricher de nouveaux domaines pour sen faire une spécialité. Dautre part, la danse pouvait devenir un sujet de recherche pour les spécialistes de disciplines qui lui étaient connexes, telles que la musicologie, lhistoire ou la linguistique12. Elle trouvait une place dans certaines universités dAmérique du Nord ainsi que dans certains foyers de recherche des pays germaniques13. En France, elle a obstinément frappé à la porte des universités et ses efforts lui ont permis de sy introduire, soit en tant que telle14, soit en relation avec les sciences humaines15. Dautres institutions, par ailleurs, avaient vocation à encourager les recherches : ce fut une des missions confiées au Centre national de la Danse, créé en 1998 ; de son côté, le Centre de Musique Baroque de Versailles, fondé en 1987 à linstigation de Philippe Beaussant, et dont les activités sont essentiellement tournées vers la musique, a su montrer aussi, à loccasion, son intérêt pour la danse. Il faut enfin accorder une mention particulière à lAssociation pour un Centre de Recherche sur les Arts du Spectacle aux xviie et xviiie siècles, société savante daudience internationale, constituée en 2001 à la demande de Francine Lancelot et qui, hors des institutions mais initiatrice de partenariats multiples, a joué un rôle important dans limpulsion donnée à ces recherches et à leur coordination16.

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À lissue des deux premières décennies de ce siècle, il convenait de dresser un bilan des nouvelles avancées de la recherche. Cest ce qui a amené le Centre de Musique Baroque de Versailles à prendre linitiative dun colloque, tenu à Versailles du 17 au 19 décembre 2012, auquel lAssociation pour un Centre de Recherche sur les Arts du Spectacle aux xviie et xviiie siècles a apporté sa collaboration scientifique. Le recueil détudes que lon va lire reflète lesprit de ce colloque, mais nen constitue pas des actes à proprement parler, car le sommaire des sujets abordés a connu des modifications et sest enrichi de nouvelles contributions. Par ailleurs, conformément au souhait du Centre de Musique Baroque de Versailles, et en convergence avec les options fondamentales de lAssociation, pour qui la recherche dans le domaine des arts du spectacle ne peut se contenter dêtre savante et théorique, mais doit comporter une large part dexpérimentation pratique, un certain nombre de communications saccompagnaient de démonstrations commentées, qui aidaient grandement les participants à saisir les problèmes et les solutions proposées. On ne les trouvera pas ici, mais il faut souligner le fait quune grande proportion de nos contributeurs sont des praticiens, danseurs, chorégraphes, directeurs de compagnies, musiciens : cest une preuve de lintérêt que le monde du spectacle vivant estime trouver dans lavancée des recherches.

On pourra sétonner du fait que ce volume ne comporte pas dans son titre lappellation « danse baroque ». Une des nouveautés intervenues durant cette période est en effet une interrogation sur le qualificatif « baroque ». Elle nest pas propre au domaine de la danse, puisque le mot, accrédité dans les esprits malgré les résistances quil avait suscitées, a fini par être remis en question en histoire de lart ou en littérature17. Comme on la dit, lexpression « danse baroque », tout en se réclamant de sources dépoque, a tendu progressivement à désigner un standard professionnel pour le monde du spectacle, voire pour certains un style contemporain1812qui a affirmé son existence autonome dune façon parfaitement légitime sur le plan artistique mais, ce faisant, en éloignant le mot « baroque » des catégories relevant de la recherche historique. Par souci dobjectivité, certains ont proposé de lui substituer lexpression « belle danse19 », qui a le mérite dêtre empruntée aux témoignages dépoque, mais des discussions se sont développées sur le champ couvert par cette appellation : dans quelle mesure, notamment, sappliquait-elle aux danses de ballet, notamment aux danses comiques et grotesques ? Faute de mieux, nous avons pris le parti de désigner notre objet sous lappellation de « danse française », comme étant celle qui fut pratiquée en France et connue sous ce qualificatif dans les autres pays, en précisant que nous nenvisagions celle-ci que sur la période des xviie et xviiie siècles, 1600-1800. Nous nous sommes fondés pour cela sur ce fait objectif que dès le début du xviie siècle, comme le montre lexemple du manuscrit Instruction pour danser, les maîtres à danser français enseignaient à létranger les pratiques en usage en France, avant la nouvelle vague de diffusion marquée, à partir de 1700, par la mise au point de la notation Feuillet et la multiplication en Europe des traités se référant au modèle représenté notamment par Beauchamps, Pécour et Feuillet lui-même.

On pourra ici apprécier les champs explorés et mesurer la part que prennent linterdisciplinarité et la pluridisciplinarité dans ces nouvelles approches.

Une première partie de ce recueil propose un aperçu des recherches en cours sur laval et lamont de la danse française de la fin du xviie siècle, sa filiation avec la danse Renaissance, ses relations avec la danse italienne ou avec la danse espagnole, sa diffusion en Europe, les innovations quelle 13a connues ensuite, théorisées notamment par Noverre. À travers ces confrontations diachroniques et synchroniques peuvent se dégager les spécificités dun style, mais aussi ses évolutions. Cest aussi loccasion dexaminer la pertinence et la signification des termes employés dans le titre du colloque, en retraçant les conditions démergence et de circulation de la notion de danse française, identifiée comme telle par ses contemporains.

Une seconde partie présente un certain nombre de recherches concernant le parcours et les productions de danseurs, maîtres à danser ou maîtres de ballets célèbres. Un des objectifs en ce domaine est de mieux connaître ceux qui ont contribué à fixer les canons de cette danse française, notamment Feuillet, mais aussi dautres figures marquantes de chorégraphes, y compris ceux qui ont fait une carrière hors de France, dont Anthony LAbbé est le plus connu. Ce champ détude permet de mieux comprendre la genèse du code académique de la danse française, mais aussi les processus par lesquels elle a été répandue à létranger et les phénomènes de transferts culturels qui ont permis à différents pays de se lapproprier de façon idiomatique.

En relation étroite avec la danse, la musique à danser était également un domaine dont lexploration devait être approfondie. Une troisième partie présente des recherches toutes nouvelles qui lui sont consacrées pour affiner lappréhension que nous pouvons avoir des types de danses et de leurs caractéristiques dans lécriture musicale. Il convenait aussi détudier avec plus de précision les instruments, essentiellement ceux de la famille des violons, leurs caractéristiques de facture et les techniques de jeu utilisées ainsi que les effectifs orchestraux : ce sont en effet des données qui déterminent le son et sa dynamique, laquelle influe décisivement sur celle des danseurs. Enfin, un recensement des répertoires de musiques à danser, notamment au bal, de la fin du xvie siècle à la fin du xviie, de leurs transmissions et de leurs évolutions, est un outil essentiel pour comprendre des sources choréologiques telles quInstruction pour danser, texte récemment découvert20, ou lApologie de la danse de De Lauze et pour jeter un début déclairage sur les permanences et les évolutions tout au long du xviie siècle français.

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Une quatrième partie est consacrée aux danses de théâtre. Cétait un autre champ à défricher, champ de première importance pour les danseurs, chorégraphes et metteurs en scène : linsertion de la danse « baroque » dans le théâtre musical, notamment lopéra. Parmi les traités qui étaient les plus familiers aux danseurs et aux chercheurs des années 1970-1990, celui de Pierre Rameau est centré sur la danse de bal, et celui de Tomlinson décrit certains pas de ballets mais ne vise pas à lexhaustivité : seule la Chorégraphie de Feuillet note une grande variété de pas de ballet, mais avec des descriptions minimales. Par ailleurs, les danses de théâtre publiées en recueil21 ont longtemps été, faute de temps, abordées comme des pièces en soi et leur remise dans leur contexte restait à faire : il convenait de les remettre dans le contexte des œuvres dans lesquelles elles sinséraient, par croisement avec les livrets et les partitions, de les remettre aussi dans le contexte dune filiation et dune appartenance à tel ou tel genre de danse pour tel ou tel type de personnages, enfin dans le contexte de tel ou tel répertoire pour tel ou tel type de théâtre (car la danse nétait pas présente seulement à lOpéra, malgré le privilège dont il jouissait). En prenant en compte le phénomène social et lexpérience esthétique que constituaient ces spectacles, il sagit également de comprendre la variété et la complexité de la danse de théâtre, les différences entre danse haute et danse basse, la part des références implicites qui faisaient son sel aux yeux du spectateur, y compris dans des utilisations comiques.

Et hors de lOpéra, un domaine nouvellement labouré depuis vingt ans est lémergence de la pantomime et de la parodie à partir de la fin du règne de Louis XIV. Les articles quon lira à ce sujet montrent comment les recherches ont permis de mieux appréhender la danse, de façon concrète, dans ces laboratoires de nouveauté quont été les théâtres de la Foire, lOpéra-Comique et la Comédie-Italienne. Tout cela met en évidence à la fois la diversité des types de danse pratiqués à lépoque et la manière dont ces types sorganisaient en système, dune façon assez semblable au système des genres littéraires.

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Enfin, la danse doit être appréhendée dans un contexte plus large, son contexte historique, sociologique, ainsi que dans lhistoire des mentalités. Si elle a joué un rôle important dans le rituel de la cour à travers le bal, si elle a pu être investie dun rôle politique à travers le ballet, cela ne doit pas faire oublier la place quelle occupait dans la sociabilité de la ville, ni la manière dont les provinces sassimilaient le modèle parisien. Les études rassemblées dans la dernière partie de ce volume ont pour but dillustrer la fécondité de cette approche.

Pour des raisons diverses, notamment pratiques, ce recueil ne prétend pas, nous lavons dit, recenser tous les travaux novateurs intervenus depuis le début des années 2000. Aucune étude, par exemple, nest consacrée spécifiquement à Instruction pour danser ni au Rechtschaffener Tanzmeister de Gottfried Taubert, objets dune attention soutenue de la part des chercheurs, mais des publications sont intervenues par ailleurs qui leur sont consacrées22, et lexploration qui en a déjà été faite trouve son écho dans certains des textes quon va lire23. Dautres articles touchent à certains aspects de travaux de plus grande ampleur déjà publiés par les contributeurs à ce volume24. On espère que ce panorama rendra visible limportance et la diversité des nouveaux champs ouverts par la recherche, et leur fécondité non seulement pour une meilleure connaissance scientifique de la danse française durant ces deux siècles, en France et dans les autres pays, mais aussi pour un enrichissement 16des pratiques à la scène : ces recherches devraient en effet permettre de retrouver le chatoiement de ses diverses facettes, et en conséquence de proposer aux chorégraphes actuels de nouveaux éléments susceptibles dalimenter leur création.

Jean-Noël Laurenti

avec la collaboration
de Marie-Françoise Bouchon

et de Rebecca Harris-Warrick

1 Dans les pages qui suivent, nous citerons un certain nombre de personnalités, chercheurs ou artistes, dinstitutions ou de compagnies. Nous présentons nos excuses à celles que nous ne citons pas, devant souvent nous en tenir à mentionner des exemples sans prétendre établir un recensement exhaustif de toutes les réalisations intervenues dans le riche domaine qui nous occupe. De même, sauf exceptions nous ne faisons ici quallusion aux personnalités dont on trouvera une contribution dans ce volume.

2 Voir Harry Haskell, The Early Music Revival : A History, New York, N.Y., Thames and Hudson, 1988 ; trad. française, Les voix dun renouveau, La musique ancienne et son interprétation de Mendelssohn à nos jours, Arles, Actes Sud, 2013.

3 En France, citons les travaux pionniers de Jean-Michel Guilcher (La contredanseet les renouvellements de la danse française, Mouton, 1969 ; rééd. La Contredanse – Un tournant dans lhistoire française de la danse, Éditions Complexe / Centre National de la Danse, 2004) et ceux de Francine Lancelot, qui ont mené à la publication du catalogue La Belle Dance, Paris, Van Dieren, 1996. Aux USA, louvrage de Wendy Hilton, Dance of Court and Theater : The French Noble Style, 1690-1725 (London, Dance Books, 1981) a offert une première étude densemble et Meredith Ellis Little et Carol G. Marsh ont procuré un premier catalogue : La Danse Noble : An Inventory of Dances and Sources, Williamstown, Broude Brothers, 1992. On trouvera dans le présent volume une étude biographique sur Feuillet par Régine Astier, dont une contribution sur Gaudrau figure, notamment, dans un volume représentatif de ce premier essor de la recherche sur la danse baroque : La danse baroque : actes du premier colloque international sur la danse ancienne, Besançon, sept. 1982, dir. Philippe Beaussant, s.l., Les Goûts réunis, 1982. Les recherches en danse ont également trouvé leur écho dans les actes du colloque Jean-Baptiste Lully (1632-1687), Actes du Colloque / Kongreßbericht, Saint-Germain-en-Laye – Heidelberg 1987, ed. Jérôme de La Gorce and Herbert Schneider, Laaber, Laaber-Verlag, 1990 (Rebecca Harris-Warrick, « Contexts for Choreographies : Notated Dances Set to the Music of J.-B. Lully », p. 233-255 ; Meredith E. Little, « Problems of Repetition and Continuity in the Dance Music of Lullys Ballet des Arts », p. 423-432).

4 Avec une division entre la Renaissance française et la Renaissance italienne, elle-même objet des recherches de Barbara Sparti (1932-2013), dont ce volume accueille un article posthume, et dAndrea Francalanci (1949-1994).

5 Raoul Auger Feuillet, Chorégraphie ou lart de décrire la danse par caractères, figures et signes démonstratifs, Paris, chez lauteur et chez Michel Brunet, 1700.

6 Pierre Rameau, Le Maître à Danser, Paris, Jean Villette, 1725.

7 Kellom Tomlinson, The Art of Dancing, London, 1735.

8 Gottfried Taubert, Rechtschaffener Tantzmeister, Leipzig 1717.

9 Outre le travail mené en Suède par Mary Skeaping (1902-1984) et Ivo Cramer (1921-2009), citons la constitution de The New York Baroque Dance Company par Catherine Turocy et Ann Jacoby en 1976. En France, les recherches de Francine Lancelot, après leur développement au sein de lInstitut de Musique et de Danse Anciennes, sous la direction de Philippe Beaussant, ont abouti à la constitution de la compagnie Ris et Danceries (1980). On doit aussi mentionner the Boston Early Music Festival, qui a lieu tous les deux ans depuis 1981 et qui a toujours donné une place importante à la danse ancienne dans les opéras, concerts et ateliers.

10 André Lorin, Livre de contredanse présenté au Roy, manuscrit, 1686, disponible sur Gallica.

11 Rebecca Harris-Warrick and Carol G. Marsh. Musical Theatre at the Court of Louis xiv : « Le Mariage de la Grosse Cathos », Cambridge : Cambridge University Press, 1994.

12 Voir par exemple Eugénia Kougioumtzoglou-Roucher, Aux origines de la danse classique : le vocabulaire de la « belle dance », 1661-1701, Thèse de doctorat sous la direction de Bernard Quemada, Université Paris XIII, 1990.

13 Par exemple à lInstitut für Musikwissenschaft de Salzbourg (actuellement Abteilung Musik- und Tanzwissenschaft), qui abrite les Archives Derra de Moroda.

14 En particulier au sein du Cursus détudes supérieures en danse de Paris-Sorbonne (dir. Jean-Clause Serre), où enseigna Francine Lancelot avant dobtenir un poste de maître de conférences en danse à lUniversité de Nice en 1985.

15 Mentionnons par ailleurs la création de sociétés savantes : citons aux USA la Society of Dance History Scholars (fondée en 1978, fusionnée en 2017 avec le Congress on Research in Dance pour former la Dance Studies Association) ; en Angleterre la Dolmetsch Historical Dance Society (fondée en 1970, devenue en 2015 The Historical Dance Society) ; au niveau européen, lAssociation Européenne des Historiens de la Danse (1989), dont le relais fut pris ensuite par lEuropean Association for Dance History (1998).

16 À côté de la contribution des structures parisiennes au nouvel essor des recherches en France dans les années 2000, il faut mentionner celle du festival Le Printemps des Arts de Nantes, qui a suscité et soutenu, avec lappui de luniversité de Nantes, les premiers ateliers-rencontres théoriques et pratiques organisés sur la danse par lAssociation pour un Centre de Recherche sur les Arts du Spectacle aux xviie et xviiie siècles : Arlequin danseur au tournant du xviiie siècle (2004) et Marie Sallé, danseuse du xviiie siècle, Esquisses pour un nouveau portrait (2007), ainsi que le colloque Restitution et création dans la mise en spectacle des œuvres des xviie et xviiie siècles (2008), dans lequel la danse occupait une place non négligeable.

17 On sait que la notion de baroque a été discutée notamment par Marc Fumaroli dans sa thèse LÂge de léloquence : Réthorique et « res literaria » de la Renaissance au seuil de lépoque classique, Paris, Champion 1980. Jean Rousset, dans son article « Dernier regard sur le baroque. Petite autobiographie dune aventure passée » (Littérature, no 105, 1997, p. 110-121), a porté un regard rétrospectif sur le succès du mot et les objections auxquelles il sest heurté.

18 Cest le mouvement initié par François Raffinot, qui, après avoir travaillé activement dans léquipe de Francine Lancelot et à la fondation de Ris et Danceries, a créé ensuite sa compagnie Barocco en 1990. Béatrice Massin, également proche collaboratrice de Francine Lancelot, puis fondatrice à son tour de la compagnie Fêtes galantes, a expliqué cette démarche dans son article « La reconstitution, chemin vers la création », (Restitution et création dans la remise en spectacle des œuvres des xviie et xviie siècles, Actes du colloque international, 29-31 mai 2008, Versailles/Nantes, Annales de lAssociation pour un Centre de Recherche sur les Arts du Spectacle aux xviie et xviiie siècles, Juin 2010, no 4, p. 147-153), option réaffirmée dans « Penser la danse baroque comme une matière contemporaine » (Scènes baroques daujourdhui, La mise en scène baroque dans le paysage culturel contemporain, dir. Céline Candiard et Julia Gros de Gasquet, Presses universitaires de Lyon, 2019, p. 187-194).

19 Cette expression, mise en avant par Jean-Michel Guilcher (La Contredanse…, op. cit., éd. de 2004, p. 31-32) a été reprise par Naïk Raviart, ainsi que par Eugenia Kougioumtzoglou-Roucher (Aux origines de la danse classique : le vocabulaire de la « belle dance », op. cit.).

20 Instruction pour dancer, An Anonymous Manuscript,éd. par Angene Feves, Ann Lizbeth Langston, Uwe W. Schlottermüller et Eugénia Roucher, Freiburg im Bregau, Fa-gisis, 2000.

21 À commencer par le Recueil de danses contenant un très grand nombre des meilleures entrées de ballet de M. Pécour, tant pour homme[s] que pour femmes, recueillies et mises au jour par M. Feuillet, Me de danse, Paris, Feuillet, 1704, et le Nouveau recueil de danse[s] de bal et celle[s] de ballet …de la composition de Mr Pécour, Gaudrau, Paris [1713 ?].

22 Sur Instruction pour danser, voir La danse française entre Renaissance et baroque. Le manuscrit Instruction pour dancer (vers 1610), Actes de journée détudes (CESR Tours, 15 décembre 2012), textes réunis par Hubert Hazebroucq et Jean-Noël Laurenti, Scène européenne, « Regards croisés sur la scène européenne », mis en ligne le 03-01-2017, URL : https://sceneeuropeenne.univ-tours.fr/regards/instruction-pour-dancer (consulté le 09/02/2023) – Sur le Rechtschaffener Tantzmeister de G. Taubert, voir les actes du colloque Tauberts Rechtschaffener Tantzmeister (Leipzig 1717), Kontexte – Lektüren – Praktiken, dir. Hanna Walsdorf, Marie-Thérèse Mourey, Tilden Russel, Berlin, Frank & Timme, 2019. Taubert est une figure centrale du programme de recherche depuis 2005 par lAssociation pour un Centre de Recherche sur les Arts du Spectacle aux xviie et xviiie siècles avec lappui du Ministère de la Culture, La technique de la danse française à la lumière des traités allemands (1700-1720), dir. M.-T. Mourey et J.-N. Laurenti (publication à paraître).

23 Voir larticle dHubert Hazebroucq « Danser à contretemps : lart de la “cadence fine et savante” ».

24 Voir par exemple R. Harris-Warrick, Dance and Drama in French Baroque Opera, Cambridge, Cambridge University Press, 2016 ; S. Granger, Danser dans la France des Lumières, Presses Universitaires de Rennes, 2019 ; Le Ballet de la Nuit, co-édité par Michael Burden et Jennifer Thorp, Stuyvesant, NY, Pendragon Press Pendragon, 2009.