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Classiques Garnier

Introduction à la deuxième partie

  • Publication type: Book chapter
  • Book: La Création artistique et littéraire en procès. 1999-2019
  • Pages: 81 to 82
  • Collection: Literature and Censorship, n° 7
  • CLIL theme: 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN: 9782406132790
  • ISBN: 978-2-406-13279-0
  • ISSN: 2492-301X
  • DOI: 10.48611/isbn.978-2-406-13279-0.p.0081
  • Publisher: Classiques Garnier
  • Online publication: 08-24-2022
  • Language: French
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Introduction
à la deuxième partie

Pour pouvoir aborder de manière globale les points de contact entre le droit dune part et lart et la littérature dautre part, lenquête a dabord été menée dans une logique quantitative à partir dun corpus de 46 décisions rassemblées sur les critères exogènes de lartisticité et de la littérarité. Cette quantité est très faible au regard du nombre de contentieux que la 17e arbitre. Cette chambre du TGI ne produit malheureusement pas de statistiques globales auxquelles comparer ce chiffre, mais on dispose de quelques données qui permettent de se faire une idée de ce quil représente au regard du reste du contentieux de presse. Pour la seule année 2010 par exemple, le juge Nicolas Bonnal indique que la 17e a rendu 237 décisions pénales1. On peut faire lhypothèse que ce chiffre reflète une moyenne annuelle, ce qui permet den déduire que la 17e a rendu environ 4740 décisions pénales en 20 ans. Le nombre de décisions pénales collectées pour ce corpus (15) apparaît donc restreint au regard de ce chiffre. Il est par ailleurs probable que le contentieux civil soit au moins équivalent dun point de vue quantitatif. En outre, si lon se fie aux chiffres donnés par lune des juges interrogées, la 17e donne environ cinq audiences par semaine, auxquelles il faut ajouter deux ou trois audiences hebdomadaires en référé. Le cumul de ces chiffres porte ainsi à quelque 450 le nombre daudiences annuel, ce qui représente environ 9000 sur la période étudiée (1999-2019). Avec 46 affaires instruites en 20 ans, les procès dartistes relèvent donc de lexception, ce que confirment les quatre juges et les huit avocats interrogés. Cependant, si ce total de 46 procédures en 20 ans semble faible rapporté à la masse 82daffaires instruites sur la période, il nen a pas moins suffi à marquer les esprits des acteurs des champs littéraire et artistique et a pu conforter le sentiment dune judiciarisation de lart et de la littérature.

Cette relative fréquence des procès de lart et de la littérature témoigne-t-elle dune évolution législative qui permet au monde juridique de davantage exercer son contrôle sur lart ? Il importe danalyser les modalités exactes de ces procès à partir de plusieurs entrées successives : les fondements juridiques, les genres des œuvres contestées, les parties qui sopposent ainsi que les peines et les mesures prononcées par les juges. Enfin, ce corpus népuise pas tous les points de contact entre le droit dune part et la littérature dautre part. Il existe en effet dautres lieux et moments où le droit rencontre lart et la littérature, comme la programmation dune exposition artistique, la production dun film, ou la publication dun livre. Le dernier chapitre de cette partie propose donc de présenter un panorama de ces lieux et des modalités dintervention du droit en se focalisant sur le seul cas de lédition.

1 Ce chiffre est donné par Nicolas Bonnal dans son article « Les chausse-trappes procédurales de la loi de 1881 : mythe ou réalité ? Essai détude statistique », Légipresse no 289, 1er décembre 2011, [en ligne] URL : https://www.legipresse.com/011-46290-Les-chausse-trappes-procedurales-de-la-loi-de-1881-mythe-ou-realite-Essai-d-etude-statistique.html, consulté le 4 avril 2022.