[Introduction]
- Publication type: Book chapter
- Book: L’Occident au regret de Jérusalem (1187-fin du xive siècle)
- Pages: 369 to 369
- Collection: Cultural History, n° 15
- CLIL theme: 3378 -- HISTOIRE -- Histoire générale et thématique
- EAN: 9782406106685
- ISBN: 978-2-406-10668-5
- ISSN: 2430-8250
- DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-10668-5.p.0369
- Publisher: Classiques Garnier
- Online publication: 04-29-2021
- Language: French
Les réactions face à la conquête de Jérusalem par Saladin révèlent combien celle-ci fut perçue avec effroi et regret ; combien l’Occident eut autant à cœur de s’en lamenter que de tenter de l’annuler, par la longue poursuite de l’effort de croisade. Mais, ce faisant, elles témoignent également de la nouvelle relation qui s’installe entre la chrétienté latine et la cité désormais perdue. C’est cette relation qu’il s’agit maintenant d’aborder, pour examiner, après l’attitude des Latins face à la chute hiérosolymitaine, le rapport nouveau que cette dernière induit à l’égard de Jérusalem elle-même – pour voir, en somme, comment la perte a transformé l’image de la Ville sainte.
En la matière, si la prise de la cité par les musulmans n’a pas réduit le désir de Jérusalem, elle entraîne pourtant, par la mise à distance mécanique qu’elle implique à l’égard des Lieux saints, une recomposition de la conception de ces derniers, marquée du sceau mythifiant de la nostalgie, qui approfondit la charge symbolique de la cité et contribue à en renforcer la grandeur sous les effets du regret. Dans cette perception de la Ville sainte qui suit sa chute, tout n’est pas neuf pour autant. Plutôt qu’à une véritable innovation, son premier trait saillant correspond d’ailleurs plutôt à une réaffirmation : celle de la nature chrétienne de la cité.