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Classiques Garnier

Résumés des contributions et présentations des auteurs

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : L’Ironie : formes et enjeux d’une écriture contemporaine
  • Pages : 285 à 291
  • Collection : Rencontres, n° 56
  • Série : Littérature des xxe et xxie siècles, n° 7
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812412066
  • ISBN : 978-2-8124-1206-6
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-1206-6.p.0285
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 17/07/2013
  • Langue : Français
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Résumés des contributions
et présentations des auteurs

René Audet – « Une poétique illusionniste »

Cet article, s’intéressant à des « romans-sous-la-forme-de… », cherche à établir la portée et le fonctionnement de l’ironie de la forme. L’examen de pratiques romanesques recourant à la mimésis formelle, en particulier L’œuvre posthume de Thomas Pilaster d’Éric Chevillard et Réussir son hypermodernité et sauver le reste de sa vie en 25 étapes faciles de Nicolas Langelier, conduit à identifier le rapport complexe qui s’établit entre la forme imitée, le récit sous-jacent de ces œuvres et leur force ironique.

René Audet est professeur au département des littératures de l’université Laval, chercheur au centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ) et titulaire de la chaire de recherche du Canada en littérature contemporaine. Ses travaux portent sur les poétiques narratives actuelles, la théorie du récit, la diffraction et la culture numérique.

Olivier Bessard-Banquy – « Écrits vains »

Depuis les années 1990, nombreux sont les romans français qui traitent de la vie littéraire, qui ont des écrivains pour personnages et dont les intrigues sont liées à la comédie des prix ou à la petite cuisine des éditeurs. Ces ouvrages ont à peu près tous en commun d’être d’une ironie franche tant la littérature ne semble plus pouvoir être prise au sérieux. Ces œuvres sur les coulisses de Saint-Germain-des-Prés qui s’amusent à révéler les facettes les plus grotesques des auteurs et des éditeurs prennent ainsi acte par le rire de l’adieu à la littérature tout en le dédramatisant.

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Olivier Bessard-Banquy est maître de conférences à l’université Michel-de-Montaigne – Bordeaux III, spécialiste des lettres et de l’édition contemporaines. Co-auteur de L’Édition française depuis 1945 (Paris, 1998), il a participé à la rédaction de Gallimard, un siècle d’édition (Paris, 2011). Il est entre autres l’auteur de L’Industrie des lettres (Paris, 2012).

Bruno Blanckeman – « L’ironie dans l’œuvre romanesque de Michel Houellebecq »

Dans les romans de Michel Houellebecq, l’ironie se met au service d’une satire de la société française travaillée par les effets de la société du spectacle, des technosciences high tech et de la mondialisation. Par là même elle exprime une crise de la conscience désabusée des valeurs culturelles, dont le progressisme, propres à la civilisation européenne depuis l’âge des Lumières. Elle s’apparente alors à quelque ressort interne à l’écriture romanesque telle qu’elle interroge, par le jeu spéculaire, sa propre capacité à faire sens dans un univers chaotique.

Bruno Blanckeman est professeur de littérature des xxe et xxie siècles à l’université de Paris Sorbonne nouvelle. Il est notamment l’auteur d’essais : Les Récits indécidables (Lille, 2000), Les Fictions singulières (Paris, 2002), Le Roman depuis la Révolution (Paris, 2011). Il a également dirigé Les Diagonales du temps (Yourcenar à Cerisy) (Rennes, 2007) et, avec Marc Dambre, Romanciers minimalistes (Paris, 2012).

Vicky Colin – « L’ironie dans les romans de Marie Darrieussecq »

Chez Marie Darrieussecq, ni la sagesse ni l’intelligence ne caractérisent la perspective de l’ironie. La voix féminine y témoigne non pas de naïveté, mais plutôt de folie et d’idiotie suite au cataclysme. Pourtant, nous sommes loin des jeux de mots et des récits dénués d’action des Minuisards : l’ironie est féroce et viscérale, ajoutant à la crise plutôt que de la détendre. Nous tâcherons d’exposer cette ironie inquiétante par une lecture approfondie de trois romans (Tom est mort, Truismes, La Naissance des fantômes).

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Vicky Colin est collaboratrice scientifique sur le projet FNRS « L’ironie dans le roman français contemporain (depuis 1980) » à l’université de Gand, sous la direction de Pierre Schoentjes. Elle est l’auteur d’articles sur des auteurs contemporains, tels Christine Montalbetti et Éric Chevillard.

Tara Collington – « La “scène” de l’ironie chez Amélie Nothomb »

En prenant comme point de départ la définition de la « scène » de l’ironie proposée par Linda Hutcheon, cette étude examinera l’interaction de quatre types d’ironie – verbale, situationnelle, intertextuelle et autoréférentielle – dans l’œuvre d’Amélie Nothomb. Une attention particulière sera prêtée à Stupeur et Tremblements afin de faire ressortir les enjeux socio-politiques et les relations de pouvoir au cœur de tout échange ironique.

Tara Collington est professeure agrégée au département d’études françaises à l’université de Waterloo (Canada). Elle s’intéresse aux théories de Bakhtine et a notamment publié Lectures chronotopiques : espace, temps et genres romanesques (Montréal, 2006). Ses recherches portent principalement sur le roman français du xxe siècle et sur les questions d’intermédialité, de réécriture ou d’adaptation.

Irina De Herdt – « Une gêne rhétorique à l’égard de l’ironie »

L’étude se penche sur la place ambivalente de l’ironie dans l’œuvre de Pascal Quignard. D’une part l’écrivain s’est explicitement distancié de l’usage de l’ironie, d’autre part il en a donné une interprétation singulière, qui n’est pas incompatible avec certains traits de son écriture et de sa pensée. À la lumière de ces éléments contradictoires, il s’agit de mettre en évidence le rôle de l’ironie dans l’évolution qui caractérise une partie de l’œuvre non romanesque de Quignard, des Petits traités jusqu’au Dernier royaume.

Irina De Herdt prépare à l’université de Gand une thèse en littérature française, dirigée par Pierre Schoentjes et subventionnée par le Fonds national de la recherche scientifique de la Flandre (FWO). Dans ce cadre, elle étudie ce qu’on pourrait appeler le « cabinet des lettrés » de la littérature contemporaine, au sein duquel Pascal Quignard occupe une place de premier rang.

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Laurent Demoulin – « Mauvaise foi narratologique »

La présente contribution s’inscrit en marge de l’éclairante étude globale de l’ironie chez Jean-Philippe Toussaint proposée en ces pages par Gianfranco Rubino. Il ne s’agira pour nous, ici, que d’analyser succinctement un cas particulier – une figure originale de l’ironie à laquelle l’auteur de La Salle de bain n’a recours que dans deux de ses romans : La Télévision (1988) et La Vérité sur Marie (2009). Cette figure, nous la désignerons sous l’appellation de « mauvaise foi narratologique » et nous tenterons de mesurer son impact sur la narration.

Laurent Demoulin est premier assistant à l’université de Liège et conservateur du fonds Simenon. Il est l’auteur d’un essai intitulé Une rhétorique par objet. Les mimétismes dans l’œuvre de Francis Ponge (Paris, 2011) et de nombreux articles portant sur le roman contemporain, notamment à propos d’Eugène Savitzkaya et de Jean-Philippe Toussaint.

Joëlle Gleize – « Les ironies post-exotiques »

La littérature post-exotique, dont Antoine Volodine se fait le porte-parole, ménage au sein de fictions très sombres des espaces décalés et instables, marqués par un « humour du désastre » qui signe la singularité de cette œuvre. En nous fondant sur les derniers volumes publiés, nous étudions les formes d’ironie mises en jeu par les auteurs fictionnels et par un auteur dont les voix se confondent : une pratique paradoxale de la mise à distance dans des ironies post-exotiques, irréductiblement « étranges et étrangères ».

Joëlle Gleize est professeure émérite à Aix-Marseille université. Ses travaux portent sur la lecture et le livre dans le roman des xixe et xxe siècles, sur la littérature et l’édition. Parmi ses publications, on compte un volume collectif, La Bibliothèque de la Pléiade. Travail éditorial et valeur littéraire avec Philippe Roussin (Paris, 2009) et un essai sur La Cousine Bette de Balzac (Paris, 2010).

Stéphane Larrivée & Andrée Mercier – « “Ça va v’nir pis ça va v’nir” »

Cet article compare le traitement ironique du discours prophétique dans deux romans québécois contemporains : Tarmac de Nicolas Dickner

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et La logeuse d’Éric Dupont. La forte présence de l’ironie produit, dans ces œuvres, une multiplication des signes interprétatifs qui conduit dès lors à une indifférenciation des valeurs, des discours et des identités. L’ironie problématise également la question de l’autorité narrative et, partant, des enjeux d’adhésion au récit.

Stéphane Larrivée est doctorant à l’université de Laval et à l’université de Rennes 2. Sous la direction d’Andrée Mercier et d’Emmanuel Bouju, il prépare une thèse sur l’influence de Thomas Bernhard en littérature française contemporaine. En 2010, il a déposé son mémoire de maîtrise portant sur l’autorité narrative dans deux romans d’Elfriede Jelinek.

Andrée Mercier est professeure titulaire au département des littératures à l’université de Laval et directrice du centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises. Ses recherches actuelles portent sur les formes de narrations problématiques en littérature contemporaine française et québécoise.

Katrien Liévois – « D’une ironie francophone à une ironie-monde ? »

Depuis les années 80, l’ironie se déploie dans la littérature francophone africaine avec une très grande diversité d’expression et une multiplicité d’enjeux. Trois auteurs africains, Sony Labou Tansi, Ahmadou Kourouma et Alain Mabanckou, qui peuvent chacun être considérés comme emblématiques d’une décennie d’abord et d’une forme et d’un enjeu particuliers de l’ironie ensuite, permettront de dégager quelques lignes de force.

Katrien Liévois est professeure de français au département des traducteurs et interprètes de l’ Artesis University College à Anvers. Ses travaux portent sur la traduction du texte postcolonial, ainsi que sur la traduction de la satire, l’intertextualité et l’ironie dans la littérature française et francophone. Elle a édité avec Pierre Schoentjes Translating Irony (LANS, 9, 2010).

Anne Roche – « “Ironie pour endurer la saison froide” »

Lichtenberg n’ayant laissé que des fragments, Senges imagine de forger un Grand Roman qui les relierait, et toute une équipe de chercheurs

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qui, pendant un siècle, s’y emploie. Chemin faisant, il relit les grands textes de la littérature occidentale, en un parcours ludique et baroque qui n’exclut pas les interrogations sur le tragique de l’histoire.

Anne Roche est professeure émérite à l’université de Provence et auteure d’une vingtaine d’ouvrages (théorie littéraire, romans, théâtre). Elle a notamment publié Exercices sur le tracé des ombres – Walter Benjamin (Cadenet, 2010).

Gianfranco Rubino – « Parcours de l’ironie chez Jean-Philippe Toussaint »

Quand on parle de la pratique de l’ironie dans la littérature contemporaine, on songe volontiers aux écrivains « minimalistes » et notamment à Jean-Philippe Toussaint. Les techniques narratives employées par celui-ci ont pu étayer son image d’« ironiste » dans la scène littéraire des années 80 et 90. Mais à partir de Faire l’amour, une sorte de romanesque de l’affect a modifié l’atmosphère de ses romans. Qu’en est-il de l’ironie ? Survit-elle ? Si oui, comment ? Avec quelle cible ?

Gianfranco Rubino est professeur de littérature française à l’université La Sapienza (Rome). Il a travaillé sur le roman des xxe-xxie siècles et publié des ouvrages sur Gide, Sartre et sur les rapports entre narration et imaginaire spatial. Il a également écrit Lire Didier Daeninckx (Paris, 2009) et collaboré à des ouvrages collectifs sur les rapports entre narration et histoire.

Pierre Schoentjes – « L’ironie contemporaine de la fugue à la fantaisie »

Partant du constat de l’actualité renouvelée autour de l’ironie qui s’observe à partir des années 80, cette étude propose une confrontation entre Michel Tournier et Éric Chevillard. C’est l’occasion de montrer comment l’accent passe d’une ironie joueuse mais relativement disciplinée à une ironie beaucoup plus débridée. De la fugue à la fantaisie c’est aussi le passage vers une nouvelle forme de virtuosité que nous observerons, dont nous montrerons qu’elle n’aboutit pas pour autant à une impasse.

Pierre Schoentjes est professeur de littérature française à l’université de Gand. Spécialiste de l’ironie et de la Grande Guerre, il a notamment publié Poétique de l’ironie (Paris, 2001) et interroge la littérature des xxe et xxie siècles dans

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une perspective européenne. Il a lancé, avec une équipe internationale, la Revue critique de fixxion française contemporaine. Ses derniers travaux portent sur l’écopoétique.

Sarah Sindaco – « L’ironie tragique des vies ordinaires »

L’étude du roman Dans la foule (2006) de Laurent Mauvignier s’attachera à montrer en quoi l’ironie de situation qui caractérise ce texte tranche avec l’ironie verbale et ludique de la dernière génération des écrivains de Minuit. L’ironie relève ici d’un mode sérieux, pensé à l’origine dans la tradition anglo-saxonne, mais qui trouve aujourd’hui sa place en France. Nous verrons également comment la singularité de l’ironie tragique mise en œuvre par Mauvignier tient au fait qu’elle concerne des vies ordinaires.

Sarah Sindaco est docteure en langues et lettres de l’université de Liège où elle a soutenu sa thèse : Ennui, violence, oubli. Le roman français de l’ère gaullienne à l’épreuve de l’histoire. Elle travaille à l’université de Gand sous la direction de Pierre Schoentjes sur le projet FWO « L’ironie dans le roman français contemporain ». Elle a dirigé, avec François Provenzano, La Fabrique du Français moyen (Bruxelles, 2009).

Jia Zhao – « L’ironie du sort dans Le Méridien de Greenwich d’Échenoz »

Le premier roman d’Échenoz montre, par métaphore, un mécanisme social qui opacifie de plus en plus le rapport de l’homme avec son milieu. L’idée de la transcendance étant évacuée, le jeu social s’y substitue comme générateur de lois absolues. L’ironie du sort ne se joue plus avec la transcendance comme dans la tragédie, elle devient un jeu de cache-cache entre l’individu et la société.

Jia Zhao est maître de conférences à l’université du Zhejiang (Chine). Elle a soutenu, à l’université de Paris Sorbonne nouvelle, une thèse sur l’ironie dans le roman français depuis 1980.