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Classiques Garnier

Introduction de la quatrième partie

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : L’Impératif de la voix, de Paul Éluard à Jacques Ancet
  • Pages : 225 à 225
  • Collection : Études de littérature des xxe et xxie siècles, n° 80
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406079958
  • ISBN : 978-2-406-07995-8
  • ISSN : 2260-7498
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07995-8.p.0225
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 22/04/2019
  • Langue : Français
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La voix est relation1 ou plutôt fait relation : liaison et histoire. Cest pourquoi lœuvre littéraire pleine de voix ne cesse de solliciter ses lecteurs à continuer le chemin et donc à faire chemin en voix : trouver sa propre voix en résonance avec celles que lœuvre a promues mais aussi répondre de ces voix en approfondissant des directions ou des orientations, des utopies ou des visions, des écoutes ou des reprises. Cest en lisant que lécriture advient et cest en écoutant que la voix devient : les métamorphoses du chemin de lœuvre sont ainsi celles dun cheminement qui népouse pas forcément une cartographie mais qui plutôt augmente les passages dun lieu à lautre, dune expérience à lautre, dune voix à lautre. Cest pourquoi lenjeu décisif dun impératif de la voix nest pas seulement celui dune écoute de la voix à proprement parler mais bien lassociation des voix par lécriture et la lecture pour faire société, ou mieux encore pour transformer tous les rapports, des plus intimes aux plus extimes, des plus singuliers aux plus collectifs. Je my essaie avec Jean-Loup Trassard (né en 1933) et Michel Chaillou (1930-2013) qui ont accompagné « Le Chemin » de Georges Lambrichs2 chez Gallimard ainsi quavec James Sacré (né en 1939) et Jacques Ancet (né en 1944) qui ont souvent ouvert lécoute vers des espaces étrangers entre voyages et traductions. Ces chemins sont alors ceux dune démocratie des voix : daucuns ont pu lappeler la République des Lettres3. Laquelle commence dans chaque chambre de lecture, dans chaque classe, séminaire ou centre de recherche, dans chaque revue ou maison déditions, bibliothèque ou fête du livre, bref dans chaque lieu dexpérience pour faire œuvre avec les œuvres.

1 Sur la congruence de ces deux notions, voir mon Voix et relation Une poétique de lart où tout se rattache, Taulignan, Marie Delarbre éditions, 2017.

2 Concernant J. M. G. Le Clézio, on peut lire « Le Clézio dans Les Cahiers du chemin (1967-1977) de Georges Lambrichs : chemins vers une anthropologie poétique avec des poèmes-relations », Les Cahiers le Clézio no 2 (« Contes, nouvelles et romances » sous la direction de Claude Cavallero et Bruno Thibault), Paris, Complicités, 2009, p. 171-184 ; et « Une relation critique : la voix du poème (Vers les icebergs de J. M. G. Le Clézio) », Roman 20-50 no 55 (« J.-M. G. Le Clézio »), Presses universitaires Septentrion, juin 2013, p. 103-111.

3 M. Fumaroli, La République des Lettres, Paris, Gallimard, 2015. Pour une histoire du syntagme, voir Fr. Waquet, « Quest-ce que la République des Lettres ? Essai de sémantique historique », Bibliothèque de lécole des chartes, vol. 147, 1989, p. 473-502.