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Classiques Garnier

Résumés des contributions

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : L’Humanisme juridique. Aspects d’un phénomène intellectuel européen
  • Pages : 421 à 425
  • Collection : Esprit des Lois, Esprit des Lettres, n° 14
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406118015
  • ISBN : 978-2-406-11801-5
  • ISSN : 2264-4148
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11801-5.p.0421
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 09/02/2022
  • Langue : Français
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Résumés des contributions

Bruno Méniel, Xavier Prévost, Luigi-Alberto Sanchi, « Introduction »

Comment définir lhumanisme juridique ? Les différentes approches sont dabord prises en considération, pour ensuite présenter le panorama des principaux juristes humanistes et de leur contribution à lhistoire de ce courant érudit. Est enfin abordée la production scientifique qui en a récemment renouvelé la connaissance.

Jean-Louis Ferrary, « Ouverture. Les collections de textes juridiques antérieurs au corpus de Justinien, de Sichard à Schulting (xvie-xviiie siècles) »

À partir de la première tentative, par J. Sichard en 1528, de percer la barrière chronologique du règne de Justinien pour cerner létat du droit romain précédent, sont étudiées les apports de la Renaissance et du xviie siècle à la connaissance de la jurisprudence antérieure aux Compilations, en particulier ceux dAlciat, de Cujas, des frères Pithou et de Godefroy, pour aboutir, en 1717 à lédition de la Jurisprudentia vetus ante-justinianea dAnton Schulting.

Diego Quaglioni, « LEpistola contra Bartolum de Laurent Valla (1433), fondation de lhumanisme juridique ? »

Cet article vise à reconsidérer de manière critique un épisode que lon juge classiquement comme relevant de la genèse de lhumanisme juridique, cest-à-dire la parution, en 1433, de la célèbre Epistola contra Bartolum de Lorenzo Valla (1433). Lédition critique du texte de Valla et celle du traité De insigniis et armis, objet de sa polémique, nous permettent de mettre en évidence lopposition de lhumaniste à lidée bartolienne de la primauté du droit civil sur toutes les autres sciences.

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Dario Mantovani, « Léloge des juristes romains dans le prologue du livre III des Elegantiae de Laurent Valla »

Léloge des juristes romains contenu dans les Elegantiae répond au programme de Valla de retrouver la précision de la langue latine comme un outil indispensable pour élaborer et communiquer avec exactitude toute discipline. Il récupère des évaluations que les anciens eux-mêmes ont données des juristes romains. Larticle démêle la trame de léloge et ses modèles, pour mieux saisir la pensée de Valla, et suit ses échos (et déformations) dans la culture européenne jusquau xxe siècle.

Xavier Prévost, « LEncomium historiae (1517) dAndré Alciat. De léloge de lhistoire à létude historique du droit »

À travers létude dun de ses premiers écrits, il sagit de sinterroger sur le projet intellectuel dAlciat, souvent présenté comme un fondateur de lhumanisme juridique. LEncomium historiae, épître dédicatoire de ses annotations sur Tacite, a connu seul une grande fortune éditoriale, mais doit être étudié dans son contexte dorigine afin de comprendre lambition de son auteur. Alciat y fait léloge de lhistoire tacitéenne, qui constitue alors une référence pour létude des textes juridiques.

Annalisa Belloni, « De linterprétation des épigraphes milanaises anciennes à la reconstitution des bureaux municipaux à Milan à lépoque romaine »

Œuvre de la maturité dAlciat, les Rerum Patriae libri se fondent surtout sur les épigraphes milanaises, rassemblées dans ses Collectanea epigrafica. Par leur interprétation, Alciat tira les éléments pour reconstruire les magistratures à Milan à lépoque romaine. Il les envisagea dans le cadre de ladministration centrale, en particulier judiciaire. Ses hypothèses parfois erronées sont toujours le fruit dune acribie dinvestigation et de nature à provoquer des progrès dans la recherche.

Géraldine Cazals, « Avignon, mos Italicus, mos Gallicus ou mos Tholosanus ? Un lieu majeur du développement et de la diffusion de lhumanisme juridique (premier tiers du xvie siècle) ? »

Nourri par lidée sous-jacente de questionner les géographies de lhumanisme juridique, larticle interroge le rôle qua pu jouer sous cet angle la ville dAvignon 423dans le premier tiers du xvie siècle. Sattachant à découvrir les préoccupations et activités des maîtres du studium et les témoignages laissés au cours de cette période par ses écoliers, il révèle quelle émulation intellectuelle a pu alors caractériser la ville, au sein de luniversité comme auprès des communautés hébraïques locales.

Luigi-Alberto Sanchi, « À lorigine du Mos Gallicus. Les Annotations aux Pandectes de Guillaume Budé »

Parues en 1508 puis enrichies au cours des décennies suivantes, les Annotations aux Pandectes de Guillaume Budé constituent lun des premiers essais philologiques humanistes consacrés au Digeste : lattention pour la langue, le texte et lexégèse des fragments de la jurisprudence romaine épouse ici une approche large du fait antique, mêlant un horizon encyclopédique gréco-romain et des questionnements politiques et philosophiques.

Giovanni Rossi, « Un manifeste de lhumanisme juridique naissant. Lépître Studiosis (1524) en préface du De legibus connubialibus et iure maritali dAndré Tiraqueau »

Lœuvre très originale dAndré Tiraqueau aborde le thème anthropologique non moins que juridique du mariage et des rapports conjugaux. Lhumanisme de Tiraqueau se traduit à la fois par une méthode juridique renouvelée par les études classiques des grands savants de lépoque et par lambition de mettre à jour la formation traditionnelle en droit.

Bruno Méniel, « Lhumanisme juridique est-il un humanisme ? Le cas du Catalogus gloriae mundi de Barthélemy de Chasseneuz »

Dans le Catalogusgloriae mundi de Chasseneuz, qui développe une réflexion sur les hiérarchies fondée sur des présupposés théologiques, les nouvelles autorités de lhumanisme juridique névincent pas les autorités anciennes de lécole bartoliste. Louvrage se rattache pourtant au mouvement humaniste par sa visée universelle, par la place essentielle quil accorde au savoir, et par son intention de donner aux hommes, quelle que soit leur condition, un sentiment de dignité.

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Raffaele Ruggiero, « François Baudouin, la “iurisprudentia muciana” et lédit provincial de Cicéron »

Le parcours intellectuel de François Baudoin (1520-1573) invite à approfondir le lien entre ses travaux philologiques et lanalyse historique du droit, jusquà sa conception dune coniunctio entre histoire universelle et jurisprudence et à la formulation de propositions politiques qui senracinent dans son interprétation du passé. Cas détude, sa monographie Jurisprudentia Muciana concerne le lien entre lédit provincial de Quintus Mucius Scaevola et le proconsulat de Cicéron en Cilicie.

Stéphan Geonget, « Prolégomènes à lédition critique de lAntitribonian de François Hotman »

Cet article entreprend dexaminer – dans la perspective dune édition – comment lAntitribonian de François Hotman, sinscrivant dans un projet de réforme des études de droit de vaste ampleur, nécessite un travail à plusieurs mains. Des compétences historiques, philosophiques, juridiques et littéraires sont nécessaires pour entreprendre de linterpréter pleinement. Cest ainsi notamment dans la langue de Rabelais et par le prisme de ses œuvres que se disent certains des enjeux juridico-politiques du moment.

Marco Penzi, « Le schisme des parlements “royalistes” en 1591. Théorie et application des thèses gallicanes »

Entre 1589 et 1595, les partisans dHenri IV eurent affaire à la Ligue, à lEspagne et à la Papauté. En 1591, pour défendre les droits du roi au royaume, les gens de sa cour nhésitèrent pas à proclamer le schisme. Ces catholiques défendaient une thèse dépassant les droits et libertez de lEglise Gallicane dont ils étaient les gardiens. Or le clergé qui suivait le Béarnais nadopta pas les positions des parlementaires, créant ainsi une scission dans cette alliance de catholiques navarristes.

Mathias Schmoeckel, « LHumanisme juridique en Allemagne. Depuis la Réforme jusquà lUsus modernus Pandectarum” »

Il faut préciser le rôle de lhumanisme allemand à côté de la Réforme protestante, qui assume un rôle dominant dans la vie, la politique et la science 425au Saint-Empire. La nouvelle théologie inspira une nouvelle approche méthodologique et épistémologique. Même la jurisprudence de ce siècle, dans son fondement scientifique, comprit et propagea les convictions confessionnelles de ses auteurs. Ces traditions différentes se laissent saisir à travers quelques biographies de juristes du xvie siècle.

Gaëlle Demelemestre, « Lhumanisme rationaliste de Diego de Covarrubias »

Cette contribution présente les apports méthodologiques dun juriste majeur du siècle dor espagnol, Diego de Covarrubias, dont la spécificité est dopérer la synthèse entre la tradition du mos italicus et la nouvelle méthode du mos gallicus forgée par les juristes français. À partir dune lecture discursive de son œuvre, on se propose dexpliciter la méthode inédite inventée par ce dernier, que lon peut appeler « humanisme juridique », pour concilier la théorie et la pratique du droit.