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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : L'Humanisme au pouvoir ?. Figures de chanceliers dans l'Europe de la Renaissance
  • Pages : 393 à 398
  • Collection : Rencontres, n° 444
  • Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 107
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406100836
  • ISBN : 978-2-406-10083-6
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10083-6.p.0393
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 12/10/2020
  • Langue : Français
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Résumés

Loris Petris, « Introduction »

Cette introduction montre à quel point le statut de chancelier peut servir, entre le xive et le xvie siècle, de point dobservation significatif et dynamique des mutations de la société, quelles soient institutionnelles, idéologiques, économiques, techniques ou culturelles. Alors que lappareil administratif se développe, cette fonction adopte des contours variés selon les époques et les régions mais son lien avec lexercice du pouvoir demeure constant. Cette élite émergente des chanceliers entretient également des rapports profonds et constants avec lhumanisme, dont ils sont imprégnés de manière inégale, mais un humanisme juridique, chrétien et politique.

Jacques Verger, « Les chanceliers de luniversité de Paris au xve siècle. Hommes de savoir, hommes de pouvoir »

De Jean Gerson à Ambroise de Cambrai, la charge de chancelier de luniversité de Paris a été occupée au xve siècle par sept docteurs en théologie ou en droit canon. Leur rôle traditionnel était simplement de présider les jurys de licence mais ils détenaient aussi un certain pouvoir de juridiction et cétaient généralement des fidèles du roi de France qui sappuyaient volontiers sur eux pour contrebalancer lattachement persistant des universitaires parisiens à leurs libertés et privilèges.

Jean-Baptiste Delzant, « Des échanges de bons procédés. Seigneurs et chanceliers dans les villes dItalie centrale (fin xive – premier xve siècle) »

Les régimes seigneuriaux du centre de lItalie recrutèrent certains de leurs agents parmi des professionnels itinérants des affaires publiques. Certains devinrent leurs chanceliers. Ils ne durent pas leur recrutement à leur familiarité avec des pratiques humanistes (rhétorique, art épistolaire) offrant de nouveaux instruments de gouvernement. Ils furent choisis pour leur savoir-faire 394administratif à lintérieur du système notarial qui structurait les organismes communaux dont dépendaient les seigneurs.

Carla Maria Monti, « Pasquino Cappelli et le renouvellement humaniste de la chancellerie viscontéenne »

Comme Coluccio Salutati à Florence, Pasquino Cappelli eut à Milan non seulement un rôle politique absolument fondamental, mais également une activité culturelle importante. Véritable chancelier humaniste, il collectionna et étudia les livres des classiques, et, promouvant le culte des œuvres de Pétrarque, fit office de mécène et créa un réseau de contacts intellectuels. Enfin, avec la nouvelle culture, il renouvela la pratique de son activité professionnelle au service de la civitas. Il se modela sur Pétrarque lui-même, qui avait auparavant été chancelier et haut diplomate de la famille Visconti à Milan.

Clémence Revest, « ‘’Causer plus de tort que trente cohortes de cavaliers’’. Limaginaire du chancelier dans lItalie humaniste »

Lobjectif est ici de mettre en évidence les principaux ressorts de la promotion dun imaginaire du chancelier en homme de la Renaissance dans la littérature humaniste à partir du début du xve siècle. Nous revenons sur les deux phénomènes intimement liés que furent la réactivation de lidéal oratoire cicéronien et la production dun mythe des pères fondateurs, avant dobserver certains effets de cette double projection symbolique du point de vue des définitions institutionnelles de loffice.

Marc Boone, « Les chanceliers des ducs Valois de Bourgogne. Technocrates et/ou idéologues ? »

Du fait de ses responsabilités et de son autorité, mais plus encore parce quil devient la clef de voûte dune construction étatique fondée sur lutilisation de lécrit, le chancelier de « lÉtat bourguignon » incarne une tradition bien médiévale. Les premiers chanceliers combinaient souvent le statut dhomme dÉglise avec une formation technique de juriste. Avec lintensification des pratiques politiques et des échanges diplomatiques avec la péninsule italienne, des visions empruntées à la culture humaniste se sont graduellement manifestées aussi à la chancellerie bourguignonne.

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Isabella Lazzarini, « Lhumanisme au quotidien. Écrits et écritures de chancellerie dans lItalie septentrionale (xve siècle) »

Le texte porte sur linfluence humaniste dans le travail concret des chancelleries et des professionnels de la communication, cest-à-dire linsertion occasionnelle ou bien ladoption systématique dattitudes humanistes envers la parole, le texte et les formes et les contenus des pratiques politiques et documentaires. Où, dans quelle mesure et comment peut-on parler, dans les chancelleries des principautés de lItalie septentrionale au xve siècle, dune diffusion du langage humaniste des actes quotidiens du pouvoir ? Et, là où cela arrive, quel est lenjeu culturel et politique de cette innovation ?

Brian Jeffrey Maxson, « Les chanceliers entre privé et public. Les réponses adressées par Leonardo Bruni à Lucques en 1431 »

Cet article porte sur un échange polémique entre le chancelier de Lucques, Cristoforo Turrettini, et le chancelier de Florence, Leonardo Bruni, en 1430-1431. Dans les trois textes qui forment cet échange, dont la Difesa contro i riprensori del popolo di Firenze nella impresa di Lucca, Turrettini et Bruni ont tous deux joué sur les conceptions contemporaines des distinctions entre privé et public pour maximiser les effets de leurs écrits, à la fois pour eux-mêmes et pour leurs États.

Pierre Couhault, « Sous le sceau de la chevalerie. Les chanceliers des ordres auliques face à lhumanisme »

Comme bien dautres institutions, les ordres de chevalerie créés par les princes de la fin du Moyen Âge avaient leurs chanceliers. Au cœur de ladministration de lordre, ils en étaient les maîtres de la parole – pastorale, politique et diplomatique. A priori, ces cercles chevaleresques étaient aux antipodes de lhumanisme. Leurs chanceliers furent pourtant tous confrontés à la montée de cette nouvelle culture. Certains sy opposèrent, dautres en furent des protecteurs ou des praticiens

Pierre-Ange Salvadori, « Chasser le spectre gothique de Suède. Le chancelier Olaus Petri, Gustav Vasa et la mélancolie humaniste »

Identifiant les Suédois aux Goths de lAntiquité, lhumanisme leur fit porter la responsabilité dune parenthèse médiévale des Bonnes Lettres ouverte par 396les sacs de Rome. Les Goths formaient donc des spectres pour les humanistes suédois qui procédèrent à un exorcisme savant, soit en niant lancestralité (le chancelier Olaus Petri), soit en relisant ce passé comme âge dor. Le roi dut choisir entre la négation du passé gothique par son chancelier et sa sublimation par les humanistes catholiques.

Richard Cooper, « Stephen Gardiner et Thomas Wriothesley diplomates »

Létude porte sur deux futurs chanceliers anglais, Thomas Wriothesley, chancelier entre 1544-1547 (et donc le dernier chancelier dHenri VIII) ; et Stephen Gardiner, chancelier en 1553-1555, le premier chancelier de Marie Tudor la Sanguinaire. Il sagit de deux figures très différentes dans un premier sens : dune part, un juriste, partisan de la Réforme, qui aide Cromwell à détruire les abbayes, les tombeaux, les reliquaires, les images, les vitraux, et à séquestrer les biens de lÉglise ; et, dautre part, un prélat, adversaire de la Réforme, qui, par son expertise en droit canonique, se rend indispensable à un roi parfois lunatique.

Jean-Marie Le Gall, « Les gens de Lettres et les chanceliers de France (1480-1560) »

Les hommes de Lettres du xvie siècle, à la différence de la plupart de ceux du Moyen Âge, ont prétendu célébrer limmortalité des grands hommes en ce bas monde grâce à leur talent de plume. On imagine que les chanceliers, par leur office prestigieux, mais aussi par leurs compétences avaient tout pour inspirer poètes, orateurs, historiens et autres virtuoses des Belles Lettres. De fait, ces derniers nhésitèrent pas à appeler les chefs de la justice royale à protéger les bonae litterae, à défendre la justice, la patrie et même la langue française. Et pourtant, limmortalité ne leur est aujourdhui pas davantage acquise que leurs prédécesseurs médiévaux.

Laurent Vissière, « Jean de Ganay. Le chancelier à la mosaïque »

Chancelier de France de 1508 à 1512, Jean de Ganay fut un des hommes les plus en vue de la cour sous les règnes de Charles VIII et Louis XII. Proche du cardinal dAmboise, il anima, avec son frère Germain de Ganay, un brillant cénacle intellectuel à Paris, et nombre de traités leur furent dédiés par les plus grands noms de lépoque. Jean était aussi en contact avec les humanistes italiens et commanda à Florence non pas une mosaïque (celle du musée dÉcouen), comme on la dit jusquici, mais plusieurs.

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Séverin Duc, « En pleine tempête. Girolamo Morone, un “fidissimus nauta” devenu chancelier de létat de Milan (1499-1522) »

En mai 1522, après la restauration de Francesco II Sforza aux dépens des Français, une ordinatione de réforme innove avec la création de « grand chancelier de létat de Milan », considéré comme le « très fidèle naute, tenant le timon, pour traverser les tempêtes et éviter les naufrages ». Il sagit ici de restituer les ressorts de la création de cette charge, en montrant comment le pouvoir pouvait senvisager à la Renaissance comme un art de la navigation et comment Morone a pu incarner la figure de chancelier-timonier.

Laure Chappuis Sandoz, « Michel de LHospital, du pouvoir à la disgrâce. Itinéraire poétique et rétrospectif dun serviteur du roi »

Est abordée ici la question de la retraite et de la disgrâce du chancelier Michel de LHospital sous langle littéraire, humain et philosophique de la quête dune vie pour soi et de la (re)conquête dune liberté intérieure. Sont convoqués les modèles horatiens, pliniens, stoïciens et chrétiens pour examiner comment sopère une conversion des motifs de la retraite champêtre et de lataraxie vers un idéal de vertu chrétienne et délévation spirituelle par la grâce.

Olivier Spina, « Lhumaniste qui censurait les livres. Thomas More, Lord Chancelier dHenri VIII (1529-1532) »

Dans les années 1520, les idées réformées se répandent en Angleterre par le biais de livres luthériens et de traductions en vernaculaire des Écritures. Après sêtre révélé un redoutable polémiste contre Luther et les évangéliques anglais, lhumaniste Thomas More devient Lord Chancelier de 1529 à 1532. Constatant linefficacité de lÉglise à enrayer la progression du luthérianisme, More convainc Henri VIII de prendre en charge le contrôle des livres religieux et de mener une politique beaucoup plus répressive, révélant la désormais difficile conciliation pour les humanistes des lettres et de la foi.

Gérald Chaix, « Entre humanismes et réformes. Chanceliers et chancelleries des villes dEmpire »

Sur les quelque 85 villes dEmpire dénombrées au début du xvie siècle, une douzaine dispose dune chancellerie importante. Apparues au début du 398xiiie siècle, elles reflètent limportance de lécrit et la rénovation du droit romain. Une deuxième étape a lieu aux xive et xve siècles : essor des administrations, académisation des chanceliers qui adoptent des comportements humanistes (Peutinger, Augsbourg). Ils jouent un rôle essentiel dans ladoption des réformes religieuses. Spengler (Nuremberg) fait la synthèse entre humanisme, idéal réformateur et enseignement luthérien.

Mark Greengrass, « Conclusion »

Cette conclusion présente un bilan : les chanceliers et les chancelleries dune part points de rencontre entre la république des Lettres et la res publica lors de la Renaissance, et dautre part instruments permettant de considérer comme un ensemble les chanceliers des royaumes et ceux dautres institutions, et ainsi de descendre aux niveaux inférieurs de lhumanisme au pouvoir tout en esquissant des comparaisons sur le plan européen et en prenant garde au risque dune lecture trop italocentrée.