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Classiques Garnier

Résumés des contributions

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : L’Histoire du français. État des lieux et perspectives
  • Pages : 411 à 416
  • Collection : Histoire et évolution du français, n° 2
  • Thème CLIL : 3152 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage -- Linguistique diachronique (philologie)
  • EAN : 9782812429866
  • ISBN : 978-2-8124-2986-6
  • ISSN : 2264-4229
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-2986-6.p.0411
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 05/08/2014
  • Langue : Français
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Résumés des contributions

Thomas M. Rainsford, « Sur la disparition de lenclise en ancien français. »

Lenclise phonologique des pronoms personnels représente un trait caractéristique du très ancien français qui disparaît pourtant avant la fin du Moyen Âge. Basée sur un corpus électronique étiqueté, notre analyse indique que la règle phonologique denclise nest plus active depuis le xie siècle, et que les formes « enclitiques » du pronom se comportent comme des affixes en ancien français.

Richard Ingham, « Lancien français dialectal. Une comparaison du marquage du genre grammatical en anglo-normand et en wallon oriental. »

En ancien wallon oriental, le marquage du genre est devenu irrégulier lorsquil était signalé par lopposition phonologique zéro / « e » atone, mais il sobservait intégralement avec les déterminants possessifs, où laccord en genre se réalisait autrement. En anglo-normand tardif, on constate la même asymétrie. Il sagissait dans les deux variétés dun phénomène dordre phonologique ayant une incidence sur la grammaire, plutôt que dune neutralisation sopérant au niveau de la grammaire elle-même.

Julia Alletsgruber, « Une contribution à lhistoire du français écrit. Létude des scriptae médiévales de lEst. »

Les scriptae françaises médiévales sont un domaine de lhistoire du français peu étudié. Cette communication se propose de décrire des éléments des scriptae de deux corpus de chartes conservés dans les Archives Départementales de la Saône-et-Loire et de la Nièvre, et de donner quelques pistes pour des études linguistiques ultérieures. Nous étudierons notamment les traits grapho-phonétiques afin de donner un premier aperçu scriptologique des documents et de déterminer leur degré de régionalité.

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Jaroslav Štichauer, « La dérivation suffixale nominale en français préclassique et classique. Quelques pistes de réflexion. »

Larticle analyse lévolution, en français préclassique et classique, de deux patrons dérivationnels, à savoir celui des noms de qualité déadjectivaux (simplesse/simplicité, lasseté/lassitude) et de la nominalisation déverbale en -ment (retardement, assassinement). Pour rendre compte dun certain nombre de phénomènes morpholexicaux (concurrence suffixale, relatinisation), il propose des outils théoriques tels que la paradigmatisation et la restructuration des relations lexicales.

Magali Seijido, « Les questions syntaxiques chez les remarqueurs du xviie siècle. Quel apport ? »

Cet article propose un inventaire des principales questions syntaxiques traitées dans les recueils de remarques de Vaugelas et de ses principaux successeurs au xviie siècle (Buffet, Ménage, Bouhours, Bérain, Alemand, Andry et Tallemant). Après avoir déterminé la proportion des remarques consacrées à la syntaxe, les centres dintérêt et les questions récurrentes, à titre dillustration jexamine leurs observations sur lanaphore pronominale.

Gilles Siouffi, « Sentiment de la langue et histoire de la langue. Quelques propositions. »

Cet article explore quelques possibilités dexploitation de la notion de « sentiment de la langue » en histoire de la langue en présentant dabord un état des lieux de lusage de lexpression (ainsi que celle, en allemand, de Sprachgefühl), chez quelques linguistes parmi lesquels Ferdinand de Saussure ; en indiquant des domaines où la notion peut être opératoire, depuis les faits les plus particuliers jusquau plan de la langue en général ; et en illustrant lopérativité de la notion en prenant des exemples choisis chez les remarqueurs du xviie siècle.

Joseph Reisdoerfer, « Lexicographie diachronique du gallo-roman et philologie électronique. »

Notre contribution présente deux projets de lexicographie diachronique électronique : (1) une version électronique du FEW qui devrait mieux conserver ce

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monument de la philologie romane et améliorer en même temps sa consultabilité ; (2) un nouveau dictionnaire étymologique et historique du franco-roman visant à inscrire la lexicographie diachronique du français et des dialectes doïl dans la modernité technologique et scientifique.

Andres Max Kristol, « Dialectologie synchronique et diachronie, disciplines complémentaires. Ce que les études dialectales en synchronie peuvent apporter à la linguistique diachronique. »

Les langues dialectales, étudiées en synchronie, peuvent-elles nous renseigner sur la diachronie de lespace linguistique auquel elles appartiennent, une « diachronie dans la synchronie », comme une certaine vision romantique du fait dialectal la suggéré ? Cette hypothèse est examinée ici sur la base de deux cas concrets : la synchronie et la diachronie du passé simple dans lespace linguistique doïl, et le maintien dune déclinaison bicasuelle dans certains dialectes francoprovençaux valaisans.

Christiane Marchello-Nizia, « Limportance spécifique de l“oral représenté” pour la linguistique diachronique. »

Lhypothèse dune origine orale des changements linguistiques est validée par dinnombrables exemples. Pour les époques anciennes, nous considérons comme source privilégiée les énoncés d« oral représenté » insérés dans du récit, car lauteur les marque par lemploi de balises dédiées (annonce, incise, rappel), et plusieurs analyses confirment la spécificité de leur grammaire. Le réexamen des premières attestations de nombreux changements montre quelles se trouvent dans de tels énoncés.

Aude Wirth-Jaillard, « Histoire et histoire du français. Pour une approche interdisciplinaire des sources médiévales non littéraires. »

Les textes médiévaux non littéraires sont encore trop peu exploités par les linguistes travaillant sur lhistoire du français. Partant de ce constat, cet article tente de définir les raisons de cette situation avant de présenter un type de sources de cette nature, les documents comptables. Il expose ensuite lintérêt de les envisager dans une approche interdisciplinaire, pour se terminer sur une invitation à une interdisciplinarité effective.

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Cendrine Pagani-Naudet, « La langue des grammairiens est-elle une langue exemplaire ? »

Lobjectif de cet article est de réfléchir à larticulation entre lhistoire des idées linguistiques et lhistoire de la langue et de proposer une lecture des grammaires qui sattache à leurs caractéristiques linguistiques et stylistiques. Les grammaires sont en effet des textes qui apportent un témoignage sur la langue, dautant plus pertinent que certaines dentre elles prétendaient illustrer la langue française, et offrir à lusager un modèle à imiter.

Agnès Steuckardt, « Les dictionnaires anciens : De linformatisation à lépistémologie. »

Les dictionnaires anciens informatisés donnent un accès nouveau à lhistoire des idées linguistiques : ils permettent de suivre, selon des procédures encore à définir, lélaboration des catégories et leur évolution. Pour proposer une méthodologie, on prend ici comme exemple la catégorisation de lemprunt. On pourra partir des mots cibles (les emprunts), ou plutôt, dans une perspective épistémologique, des métatermes (emprunté de etc.), lune et lautre démarches étant complémentaires.

Corinne Féron, « N (être) censé / réputé X dans les dictionnaires monolingues (fin du xviie-xxie siècles). »

Lobjectif est de montrer quune double lecture des dictionnaires – comme textes métalinguistiques et comme corpus doccurrences –, permise par linformatisation, contribue, plus que la seule prise en compte des informations lexicographiques fournies sur les unités, à létude diachronique. Larticle porte sur deux modalisateurs présentés régulièrement comme quasi-synonymes, alors que létude des occurrences dans lensemble du texte lexicographique permet de repérer des évolutions divergentes.

Valentina Bisconti, « La langue française et son histoire dans les dictionnaires du xixe siècle. Comment évaluer les méthodes du passé ? »

Cet article analyse la description de la langue française dans trois grands dictionnaires du xixe siècle : le Dictionnaire de la langue française de Littré, le Grand Dictionnaire Universel du xixe siècle de Larousse et le Dictionnaire général

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de Hatzfeld et Darmesteter. La description du français dans ceux-ci est tributaire de lorientation historiciste qui marque la linguistique de lépoque. Cet article montre la difficulté à articuler une description fonctionnelle de la langue à lexplication de son histoire. Il se double dune réflexion sur la tâche quil incombe à lhistorien deffectuer dans lanalyse des méthodes anciennes.

Sabine Lehmann, « Cohésion et cohérence discursives en diachronie. Mise au point et perspectives. »

Dans cette étude nous nous intéressons au lien qui sétablit entre la cohésion et la cohérence dun ensemble textuel. La prise en considération dune perspective diachronique (du moyen français au français préclassique) permet de déterminer les modifications importantes dans la conception même de la phrase comme palier de traitement, et les relations qui sétablissent entre le texte et lunité phrastique. Elle contribue à la mise en place dune autre conception de la cohérence discursive agissant sur des fragments textuels plus vastes et nécessitant la mise en relation déléments macro- et microstructurels.

Mairi McLaughlin, « La traduction comme source de changements linguistiques dans lhistoire de la langue française. »

Cet article se situe au croisement de la linguistique et de la traductologie et il a pour objectif dattirer lattention sur le rôle joué par la traduction dans lévolution de la langue. La première partie de larticle offre un bref survol du rôle joué par la traduction dans lévolution du français (ancien français, moyen français et français contemporain). La deuxième partie propose un modèle théorique de la traduction comme facteur dans le changement linguistique en général.

Claire Badiou-Monferran, « Grammaticalisation vs Pragmaticalisation. Bref retour sur les éléments dun débat. »

Tandis que certains linguistes affirment que la pragmaticalisation est incluse dans la grammaticalisation, dautres semploient à désolidariser les deux notions. Ces prises de position sont largement tributaires de lidée, large ou étroite, que lon se fait de la grammaticalisation. Lobjet de cet article est de rappeler ce qui est visé, précisément, par « grammaticalisation au sens étroit » et « grammaticalisation au sens large », puis dinterroger la pertinence de lapproche désolidarisante.

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Thomas Verjans, « “Système de possibilités” et changement linguistique. »

Dans cet article nous examinons lhypothèse proposée par Eugenio Coseriu selon laquelle la langue peut être conçue comme un « système de possibilités ». Coseriu distingue la « norme » dune langue, ce qui comprend les formes attestées à un moment particulier de son évolution, de son « système de possibilités », capable de générer une multiplicité de formes conformes aux règles constructionnelles de la langue, mais absentes de la norme. Nous considérons les conséquences de cette hypothèse pour lappréhension du changement linguistique et pour la distinction traditionnelle entre synchronie et diachronie.

Peter Koch, « Phases et charnières. Modéliser lhistoire de la langue (élaboration – standardisation – coiffure – régression). »

Un modèle basé sur les oppositions fondamentales sous-tendant le champ de loralité et de lécriture est appliqué au territoire de la France septentrionale. Ce modèle savère apte à interpréter les phases de lhistoire externe de la langue selon des catégories applicables à nimporte quelle communauté linguistique et susceptibles de mettre en évidence des similarités ainsi que des divergences dans le déroulement de lhistoire de langues différentes : élaboration, standardisation, coiffure et régression.