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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : L’Histoire du concept d’imagination en France (de 1918 à nos jours)
  • Pages : 341 à 347
  • Collection : Rencontres, n° 361
  • Série : Littérature des xxe et xxie siècles, n° 34
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406077237
  • ISBN : 978-2-406-07723-7
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07723-7.p.0341
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 06/04/2019
  • Langue : Français
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Résumés

Jean-Jacques Wunenburger, « Introduction. Un siècle de rénovation des conceptions de limagination »

Prenant acte dune rupture avec la tradition faisant de limagination une faculté subalterne, cet article examine les conditions de la rénovation des conceptions de limagination en France au xxe siècle, dans le sillage ouvert par la psychanalyse, la phénoménologie, les sciences sociales et les avant-gardes artistiques. La revalorisation de limaginaire, a été rendue possible par labandon dune approche normative de limagination, au profit dune approche plus descriptive et compréhensive des productions imaginatives.

Henri Béhar, « Imagination nest pas don »

Cet article examine lemploi qui est fait du terme « imagination » dans un large corpus de textes surréalistes, sur une période allant de 1924 à laprès-guerre. Il dresse ainsi une cartographie des espaces de limaginaire conquis par cette faculté nouvellement consacrée, pour montrer comment le surréalisme entend substituer, aux traditionnelles oppositions de laction et du rêve, du réel et de limaginaire, du normal et de létrange, un espace utopique quil nomme le « point sublime », lieu de dépassement des contradictoires.

Émilie Frémond, « Documenter lécart. Limagination surréaliste ready-made »

Cet article sinterroge sur la manière dont le surréalisme a pu réactiver lidée dune imagination de la nature. Lobjet trouvé et le document sinscrivent dans une même volonté de déporter limagination pour définir une nouvelle esthétique, le réalisme virulent déployé contre limagination surréaliste par les auteurs de la revue Documents rejoignant paradoxalement en certains endroits la naturalisation de lœuvre et des produits de limagination opérée au sein du surréalisme.

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Annamaria Laserra, « Arguments pour une science de limaginaire »

Dans Approches de limaginaire, recueil détudes rédigées entre 1933 et 1945, Caillois pose deux sortes de problèmes, lune concernant lordonnancement unitaire de lunivers ; lautre, de nature sociale, lalternance entre comportements rationnels et irrationnels. Sur la base de ces questionnements, larticle analyse, à partir des « Arguments » du recueil en question, ce qui, avant Le Fleuve Alphée, ébauche déjà une autobiographie intellectuelle de Caillois, considérée sous langle de son rapport à limaginaire.

Riccardo Barontini, « La langue de limagination. Sur Armand Petitjean »

Cet article sintéresse à la trajectoire « météorique » dArmand Petitjean, collaborateur de La N.R.F. dans lentre-deux-guerres et auteur, en 1936, de louvrage Imagination et Réalisation. Ce texte hybride participe de plein droit dune réflexion sur le rôle de limagination dans la redéfinition du rapport entre élaboration intellectuelle et action : Petitjean se fait linterprète dune exigence générationnelle de renouvellement de la culture qui se fonde sur un questionnement des rapports entre imagination et langage.

Julien Lamy, « De la psychologie des images à lontologie du poétique. Vers une Métaphysique de limagination avec Bachelard »

Il sagit de pointer une nouvelle façon daborder la poétique bachelardienne et la conception de limagination qui lui est associée, visant à en expliciter la dimension métaphysique, et les retombées ontologiques. À rebours dune interprétation strictement psychologique ou exclusivement esthétique des travaux de Bachelard sur limagination créatrice et les images littéraires, on montre au contraire que la poétique bachelardienne conduit à dévoiler et à explorer le Règne du poétique.

Vincent de Coorebyter, « Sartre romantique. Du diplôme sur limage (1927) à LImaginaire »

Cet article rend compte de la manière dont Sartre appréhende lapport du romantisme à létude de limagination par une analyse du mémoire inédit intitulé « Limage dans la vie psychologique : rôle et nature », écrit en 1927 par Sartre pour son diplôme de fin détudes supérieures. Les deux livres qui 343sensuivent sont examinés dans le même esprit, et permettent de voir comment la phénoménologie a permis, dans le champ philosophique de lépoque, de perpétuer certains traits de ce que Sartre nomme le romantisme.

Frédéric Fruteau de Laclos, « Structure intentionnelle de limage ou construction de limaginaire ? Sartre face à Malrieu – et à lui-même »

Cet article vise à examiner le rôle et le statut du Diplôme détudes supérieures rédigé par Sartre en 1927, dédié à la fonction de limage dans la vie psychologique, au regard des développements ultérieurs que le philosophe a consacrés à limagination et à limaginaire. Il sagit notamment de tester lhypothèse selon laquelle la phénoménologie na pas réellement conduit Sartre à rompre avec la métaphysique de lesprit de ses années de jeunesse, mais au contraire à lassumer sans lafficher.

Renato Boccali, « Lespacement phénoménologique de limagination »

Partant du concept d« espacement de limagination » qui a été proposé par John Sallis pour rendre compte de la phénoménologie de limagination développée par Husserl, cet article montre à quelles conditions et dans quelle mesure la réception française de la phénoménologie se comprend à nouveaux frais dans lhorizon ouvert par la notion despacement. Il examine lespacement phénoménologique de limagination comme un trait distinctif de la phénoménologie de tradition française, à partir des œuvres de Sartre et Merleau-Ponty.

Stéphane Massonet, « Limagination agressive ou la phénoménologie made in France »

Un des temps fort de lhistoire du concept dimagination en France se cristallise autour dune rencontre : celle de la phénoménologie et de limaginaire. En suivant les étapes de cette rencontre, de la découverte de Husserl par Jean-Paul Sartre jusquà ses études sur limaginaire, des premières traductions de Heidegger par Henry Corbin jusquà lélaboration de son herméneutique de limaginal, cet article enquête sur la mise en place dun nouveau paradigme, celui de l« imagination agressive ».

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Étienne Klein, « Doù viennent les idées (scientifiques) ? »

Dans le sillage des travaux de Bachelard sur la raison scientifique et limagination poétique, cet article questionne le mythe de leurêka, qui reconduit à la question abyssale de la genèse de lidée nouvelle, ainsi quà la dimension de linstant fulgurant de la découverte, et à lintuition créatrice. Il sagit non seulement de comprendre comment des concepts nouveaux surgissent de lesprit des savants, mais aussi de déterminer le rôle possible de limaginaire dans le processus dinvention des idées nouvelles en science.

Ionel Buse, « Limagination symbolique chez Mircea Eliade et Gilbert Durand »

Cet article examine les thèses de deux penseurs représentatifs des théories contemporaines de limaginaire, Gilbert Durand et Mircea Eliade. En restituant les grandes orientations de la conception de limagination symbolique de ces deux auteurs, létude saisit certains traits constitutifs des logiques et des structures de limaginaire, tels quils se manifestent dans le domaine du symbolique. Elle montre dans quelle mesure létude des mythes et des religions a permis de révéler les composantes essentielles de limaginaire.

Daniel Proulx, « Henry Corbin et limaginatio vera »

Henry Corbin (1903-1978) est un acteur important de la reconquête de limagination au xxe siècle. Dans cette sphère, sa contribution consiste à avoir forgé les termes imaginal et mundus imaginalis permettant dexprimer la réalité des expériences spirituelles et des récits visionnaires vécus et décrits par les mystiques et théosophes. Dans cet article historicobiographique de limaginal corbinien, il est question de linfluence dAlexandre Koyré et de limportance de lunivers intellectuel et spirituel du Cercle Eranos.

Nicolas Piqué, « Limagination chez C. Castoriadis, entre symbolique et réel »

Partant dune restitution des thèses centrales déployées dans les ouvrages de Castoriadis, qui sont encore trop largement méconnus aujourdhui, il sagit ici de mettre en évidence la centralité du concept dimagination dans la pensée de cet auteur. Dans cette perspective, on sattachera notamment à rendre compte du caractère offensif de lusage du concept dimagination chez Castoriadis, qui se trouve clairement mobilisé comme outil critique contre diverses formes de réductionnisme.

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François Noudelmann, « Sartre et la nouvelle conceptualisation de limagination après 1945 »

Afin danalyser lévolution de la théorie sartrienne de limagination après 1945, il ne faut pas céder à lidée dune coupure nette, mais rendre compte dambivalences théoriques multiples. Lon peut tout de même observer chez Sartre une réévaluation du concept dans laprès-guerre, allant dune imagination négative, revendiquée contre les images, à une imagination positive qui détient une relative autonomie : à cet égard, lanalyse de sa production théâtrale fournit des indications particulièrement précieuses.

Florian Jehl, « Une “harmonie violente”. Limagination poétique dAndré Frénaud »

Cet article aborde le parcours du poète André Frénaud, qui appartient à une génération davant-garde qui entre en poésie par une mise en discussion de lhéritage surréaliste. Son travail réflexif, nourri de philosophie puis de psychanalyse et de mystique, converge en une approche holistique de limagination poétique qui prend le relais de ses préoccupations humanistes de limmédiat après-guerre. Il sagit de rendre compte de lintuition unitive de la totalité quest le « passage de la visitation » à lorigine du poème.

Ludovic Duhem, « La théorie du cycle des images de Simondon »

Cet article examine la conception de limagination que développe Simondon dans le cadre de sa théorie du cycle de limage, à laune des thèses déployées dans Imagination et Invention. Il sattache tout particulièrement à montrer que Simondon, héritier en cela de Bergson, de Bachelard et de Merleau-Ponty, a cherché à réhabiliter limagination en tant que faculté centrale de la psyché humaine, en relativisant sa dépendance aux données de la perception, mais aussi en repensant la dimension motrice et affective de limage.

Jean-Philippe Pierron, « Limagination, une fonction du possible pratique ? »

Partant du renouvellement de la théorie de laction et de la raison pratique déployé par Ricœur dans le cadre de son anthropologie de lhomme capable, cet article examine la thèse selon laquelle limagination peut se comprendre comme la « fonction générale du possible pratique ». Il montre dans quelle 346mesure la référence à limagination est indispensable pour rendre compte des capacités dinitiative du sujet, et repenser une liberté humaine en proie aux limitations qui lui sont imposées par les structures / contextes.

Christian Chelebourg, « Du mythe au mythogène. Fictions de jeunesse et réécriture »

Les fictions de jeunesse recourent constamment à la réécriture, que ce soit celle de mythes, contes et légendes, ou celle dœuvres antérieures. Cet article enquête sur une telle « matière » en perpétuel renouvellement, que limagination travaille pour approfondir des préoccupations sociétales dactualité. Ces fictions forment une mythologie nouvelle dont les variations diégétiques reflètent lhistoire des mentalités. Plutôt que de mythes, mieux vaut donc parler à leur propos de mythogènes.

Claude-Pierre Pérez, « “La fin de limagination”. Notes sur un motif historiographique récurrent »

Cet article étudie le motif de la fin de limagination dans la réflexion post-moderne : par une analyse critique de nombreux théoriciens contemporains, de Baudrillard à Kearney, de Weidlé à Augé, il sinterroge sur la représentation de limagination dans le contexte de lâge industriel, sur le conflit quelle entretient avec les images artificielles, et sur la survalorisation paradoxale quon opère de cette faculté dans les époques qui en annoncent la mort.

Valeria Chiore, « Analogie, homéopathie, sciences diagonales. Caillois et Bachelard, sous le signe de limagination matérielle »

Ce texte sinscrit dans le projet de déployer une nouvelle façon de concevoir le réel, sous langle de la complexité et de la multiplicité, prenant comme fil directeur les notions, de « sciences diagonales », d« imagination matérielle » et de « fantastique naturel » Il sagit de poursuivre les pistes de réflexion proposées par Bachelard et Caillois, dont les spéculations audacieuses sur limagination, la matière et la fantaisie ont ouvert la voie, pour saisir les cohérences subtiles et discrètes qui sont à lœuvre dans lunivers.

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Jean-Clarence Lambert, « Promenade bachelardienne à la recherche de loiseau Phénix »

À partir de limage mythologique du phénix, cet article sadonne à un dialogue avec le Bachelard des Fragments dune Poétique du Feu. En suivant un parcours qui traverse le temps et lespace, dOvide à H. C. Andersen, de Maurice Scève à J. Keats, larticle retrace la genèse de limage de loiseau de feu, « phénomène du langage » selon Bachelard, et analyse la richesse de ses différentes incarnations poétiques.

Françoise Py, « Bachelard et les chaumières de Van Gogh. Limagination matérielle »

À partir de lanalyse du rôle psychique des images de la maison développée par Gaston Bachelard dans La Poétique de lespace, cet article propose un parcours chronologique à travers les maisons peintes par Van Gogh. Cet article réalise une lecture bachelardienne de ces demeures oniriques, une « matério-analyse ». Il montre ainsi comment la confiance cosmique des premiers tableaux de Van Gogh va le plus souvent se muer, dans les toutes dernières œuvres, en sentiment de désintégration et de déréliction.

René Passeron, « Lanti-nature de Bachelard et léthique moderne »

Partant du pari que le dualisme apparent de lœuvre de Bachelard peut être relativisé dans lunité idéale dune double critique de la nature, cet article ouvre la voie dune critique sévère. Dans cette perspective, en faisant contre-point à la tradition héritée des sagesses antiques qui proposaient de suivre le modèle de la nature pour bien agir et être vertueux, létude insiste sur la nécessité de prolonger la philosophie du non de Bachelard dans le sens dune éthique progressiste récusant linféodation à lidée de nature.