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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : L’Histoire à la Renaissance. À la croisée des genres et des pratiques
  • Pages : 445 à 450
  • Collection : Études et essais sur la Renaissance, n° 114
  • Série : Éthique et poétique des genres, n° 3
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812460418
  • ISBN : 978-2-8124-6041-8
  • ISSN : 2114-1096
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-6041-8.p.0445
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 12/02/2016
  • Langue : Français
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Résumés

Françoise Graziani, « Échanges polysémiques entre mythos et historia dans la tradition aristotélicienne »

Dans la tradition aristotélicienne, les mots historia et mythos sont irréductiblement liés par leur polysémie. Cet article analyse la relation entre les mots et les choses en confrontant la science poétique que revendique lancienne mythographie à linterprétation du mythos dans la Poétique dAristote, qui en fait la résolution complexe dun système doppositions entre le particulier et luniversel impliquant par corrélation une synthèse de léthique, de lhistoire naturelle et du politique.

Adeline Desbois-Ientile, « Polysémie dhistoire et allégorie de lhistoire dans lœuvre de Lemaire de Belges »

À partir de lanalyse du mot histoire, larticle entend contribuer à létude du vocabulaire de Lemaire de Belges et évaluer la conception que lauteur avait de lhistoire, ainsi que la place quil lui a accordée dans son œuvre. Létude révèle que le mot histoire, dans son acception métadiscursive, est réservé aux Illustrations, tandis que la figure allégorisée de lhistoire, présente dans différents textes, met en scène les enjeux du genre et son articulation problématique à la poésie.

Pascale Mounier, « Une preuve pseudo-historique à lépreuve de la fiction. La Donation de Constantin analysée par Lorenzo Valla »

Le Constitutum Constantini est un faux document qui a pourtant obtenu crédit pendant tout le Moyen Âge. Dans la De falsa credita… Lorenzo Valla démontre le premier en 1440 linauthenticité de lédit accordant à Rome le pouvoir sur lItalie centrale. Il recourt pour cela à un récit contrefactuel : cest paradoxalement la fiction poétique qui souligne ici linvraisemblance

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du texte prétendument historique. Lessai examine les notions de possible et dimpossible dans le récit imaginaire et lhistoire.

Olivier Guerrier, « Une “histoire parfaite” ? Lhistoire et ses fictions à la Renaissance »

En examinant lhistoire passée et laïque, cet article nuance lidée de G. Huppert selon laquelle il ny a « pas de place pour la fiction dans lHistoire nouvelle ». À limage de ce quon observe dans dautres champs, lélimination des données fabuleuses nempêche pas lexistence de foyers de résistance, en marge des pratiques officielles, influencés par le pyrrhonisme, ce qui conduit à sinterroger sur lusage de la fiction et sur les critères de validation alors mis en œuvre.

Marthe Paquant, « Les dénominations de lhistoire dans lœuvre de Guillaume Paradin »

Dans les titres de ses œuvres, Paradin emploie les termes dannales, chronique, histoire, et mémoires. Larticle sattache à montrer les différences de sens entre ces termes et parallèlement à retracer lévolution du travail de Paradin. Il démontre que Paradin nest pas seulement un annaliste ou un chroniqueur, mais aussi un historien à part entière et au sens moderne, comme en témoignent ses Memoires de lhistoire de Lyon.

Guilhem de Corbier, « Les apports de La Popelinière au renouvellement de lhistoire en France »

Auteur de deux histoires des guerres de religion, La Popelinière se heurte à la difficulté pour lhistorien dêtre impartial lorsquil traite un sujet dactualité : ses œuvres sont attaquées par les catholiques et les protestants. Il continue alors son engagement dans des réflexions sur lévolution de lhistoire depuis lAntiquité. La Popelinière prétend ainsi à une nouvelle vérité, inséparable à ses yeux dun engagement dans lhistoire de son temps.

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Xavier Malassagne, « LHistoire universelle dAubigné, un texte partisan »

Dans le contexte des guerres de religion, lécriture de lhistoire relève dun enjeu argumentatif majeur. LHistoire universelle dAgrippa dAubigné sinscrit dans cette perspective en valorisant le parti protestant. Larticle se propose donc de recenser quelques indices de cette défense partisane, parmi ceux qui détournent le récit dun exposé objectif et ceux qui contribuent à valoriser la figure centrale dHenri de Navarre.

Danièle Duport : « Loys Le Roy et lécriture de lhistoire. “Tant ont de force les escrits faicts aupres du naturel, que jamais nanéantissent” »

Loys Le Roy (1510-1577) construit un système du monde qui explique la vicissitude et la variété de lunivers. Lhistoire devient lisible selon une causalité naturelle, supervisée par la Providence. Lhistoriographie doit être conçue dans une étroite correspondance avec lhistoire, faute de quoi elle sécarterait de la vérité naturelle. De la vicissitude ou variété des choses en lunivers propose une histoire universelle surprenante, assortie dune écriture mimétique de la variété.

Claire Sicard, « Ronsard et son coup de Jarnac »

Larticle situe une ode de Ronsard sur la victoire du seigneur de Jarnac dans le contexte de sa composition : quelle latitude est laissée au poète dans le cadre dune écriture tenue de célébrer mécènes et puissants ? Lhistoire est-elle compatible avec la célébration ? Lélaboration dune mémoire collective passe dabord, à la Renaissance, par la commémoration des événements touchant la vie des Grands.

Adeline Lionetto-Hesters, « La poésie festive de la seconde moitié du xvie siècle, une forme décriture de lhistoire ? »

La poésie festive ne saurait se limiter à sa fonction de divertissement. Lun de ses principaux objectifs est en effet de participer à lélaboration de la mémoire dévénements et de personnages jugés de premier ordre. Elle joue ainsi un rôle proche de celui des chroniques. Mais la poésie festive est aussi tournée vers lavenir et elle se différencie également de la chronique par ses moyens puisquelle relève de la rhétorique et dune poétique du vraisemblable.

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Daniel Ménager, « Histoire et poème héroïque dans le Livre IV de La Franciade (1572) »

Les deux préfaces de La Franciade tentent de distinguer histoire et poésie. Tâche difficile quand il sagit dun poème héroïque. Pour saffranchir du poids de la chronologie, Ronsard accueille la prophétie dune magicienne qui transforme le passé en futur, privilégie les scènes, cultive les moments intenses. Il affirme alors se soucier fort peu de savoir si lon peut accorder crédit à la légende. À quoi bon, enfin, lépopée puisque le temps triomphe de tout, y compris des dynasties ?

Jean Vignes, « La méditation sur lhistoire dans la poésie de circonstance. La Complainte sur le Trespas du Roy Charles IX de Jean-Antoine de Baïf (1574) »

La Complainte sur le Trespas du Roy Charles IX (1574) tient moins de léloge convenu que de la confidence personnelle et de la méditation sur le sens de lhistoire. Poignant témoignage de désarroi, ce long poème illustre les incertitudes du poète confronté à un événement tragique perçu comme décisif pour lhistoire du royaume. Baïf nen impose pas une interprétation, mais semble hésiter entre une lecture rationnelle et psychologique, et une lecture providentialiste.

Jean-Louis Fournel, « Dire la politique et lhistoire à Florence pendant les guerres dItalie. La construction dun savoir républicain »

Dans la Florence des guerres dItalie, écriture de lhistoire et écriture de la politique tendent à se confondre pour former un type de savoir nouveau. Ce nest pas le passé qui sert à lire le présent mais le présent qui entraîne une relecture dun passé dont la compréhension sera dune aide précieuse à lanalyse de lhistoire en train de se faire et à laction politique afin de résister aux aléas de la guerre permanente.

Bérengère Basset : « Les “parcelles” dhistoire de Plutarque ou lécriture du fait divers à la Renaissance »

Létude sintéresse à la parcellisation de lécriture de lhistoire à la Renaissance. Elle compare la manière dont en traite La Popelinière dans sa réflexion historiographique et le réinvestissement dont cette parcellisation fait

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lobjet dans les Essais de Montaigne. Lécriture « parcellisée » de lhistoire, que lon attribue à Plutarque, fait alors émerger la notion de « fait divers », auquel lhistoriographie renaissante confère un sens bien particulier en fonction de sa structure.

Paul-Victor Desarbres, « LHistoire des troubles de Hongrie de Martin Fumée. Un exemple de chronique historique »

LHistoire des troubles de Hongrie de Martin Fumée éclaire deux modalités de la fabrique de lhistoire au xvie siècle. Comme lindique la préface, la narration de faits étrangers réfléchit lhorreur des guerres civiles françaises, selon une logique traditionnelle. En outre lœuvre savère la compilation dau moins deux textes différents, fidèlement traduits. Fumée, savant sans point de vue propre sur le conflit, a surtout cherché à accroître lefficacité et le pathétique du genre.

Laurence Giavarini, « Raconter lhistoire, dire le passé, transmettre les origines. Sur la matière historique dans LAstrée (1607, 1610, 1612) »

Dans LAstrée, la représentation des origines de la Gaule évolue avec le rapprochement dUrfé et du pouvoir monarchique entre 1607 et 1619. Le traitement et lamplification romanesques des sources historiques montrent que lunivers pastoral, par la décontextualisation quil opère, est un lieu de ressaisissement des questions politiques brûlantes du temps. LAstrée propose ainsi une interprétation de lhistoire, mais contribue à lécrire, tout en promouvant un nouvel ordre, noble, de la mémoire.

Caroline Trotot : « Lécriture des Mémoires de Marguerite de Valois, métaphore et fiction de soi dans lhistoire »

Dans les Mémoires de Marguerite de Valois, lutilisation des figures est révélatrice des relations quentretiennent, dans ce nouveau genre, fiction et histoire. Les figures de levidentia permettent lavènement de lidentité du sujet par la réflexivité quelles induisent, mais aussi la critique des images de la monarchie des Valois. Instruments de fictionnalisation de lhistoire, les figures y apparaissent moins comme artifices rhétoriques que comme traces dune énonciation subjective.

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Thibault Catel, « Chronique de lhistoire dans les histoires tragiques de Boaistuau et Belleforest. Des nouvelles historiques avant lheure ? »

En fondant lhistoire tragique, Boaistuau et Belleforest ninvoquent pas lhéritage de la nouvelle dont elle relève pourtant de plein droit. Ils tentent dinstituer lhistoire tragique comme sous-genre de lhistoire afin de lélever au sérieux de ce grand genre, de mettre en avant lexemplarité et la vérité de leurs récits contre linvraisemblance fictionnelle. Évidemment, ils usent aussi de lhistoire comme de simple caution et ne renoncent pas aux charmes du romanesque.

Suzanne Duval et Adrienne Petit : « Les “effets étranges de lAmour”. Le roman sentimental, une histoire poétique ? »

Analysant un corpus de fictions narratives en prose du xviie siècle, cet article montre comment ces textes revendiquent le caractère historique de leurs récits, tout en arborant les ornements de lélocution poétique. Les procédés dauthentification de la narration saccompagnent de latténuation et de lexhibition des artifices de lélocution. Est ainsi mise en évidence linvention dune écriture de la fiction qui capte la valeur de la vérité historique sans renoncer aux plaisirs de la poésie.