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Classiques Garnier

Préface

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : L’Expression des émotions et des sentiments en français
  • Pages : 7 à 15
  • Collection : Domaines linguistiques, n° 22
  • Série : Grammaires et représentations de la langue, n° 14
  • Thème CLIL : 3147 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Linguistique, Sciences du langage
  • EAN : 9782406145943
  • ISBN : 978-2-406-14594-3
  • ISSN : 2275-2803
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14594-3.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 31/05/2023
  • Langue : Français
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Préface

Le titre de cet ouvrage, Lexpression des émotions et des sentiments en français, fait allusion aux deux catégories entre lesquelles, aux yeux de la plupart des auteurs ayant travaillé sur le sujet1, se répartissent les lexèmes daffect2 :

les lexèmes démotion, que nous appelons aussi « lexèmes daffect de Catégorie I » et qui, comme les mots émouvoir et émotion eux-mêmes, dénotent des affects ayant la propriété essentielle de nêtre pas orientés vers un objet ; cest le cas dans cet exemple :

qqc_qq<Cause de lémotion> (déçoit, réjouit)qq<Siège de lémotion ou Experiencer>

les lexèmes de sentiment, que nous appelons aussi « lexèmes daffect de Catégorie II » et qui, comme le mot sentiment lui-même, dénotent des affects ayant la propriété essentielle dêtre orientés vers un objet ; cest le cas dans cet exemple :

qq<Siège du sentiment ou Experiencer> (admire, hait, méprise) qqc_qq<Objet du sentiment>

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Les noms émotion et sentiment ont donc été choisis comme dénominations métalinguistiques parce quils appartiennent eux-mêmes, respectivement, à la catégorie des « lexèmes démotion » et à celle des « lexèmes de sentiment ». Mais ce ne sont pas pour autant des hyperonymes ; la preuve en est que beaucoup de lexèmes dits d« émotion » peuvent revêtir la forme de nom composé « sentiment de N », tels sentiment de trouble, sentiment de joie, sentiment de déception.

Un objet lexicographique composite :
à la fois lexique-grammaire et thésaurus

En tant que lexique-grammaire, cet ouvrage, qui se situe dans la tradition des travaux de Maurice Gross et de son équipe, se présente sous deux formes complémentaires : une monographie, le présent livre, et deux tables Microsoft-Excel de 25 colonnes répertoriant en tout plus de 3 000 lexèmes associés aux différentes propriétés linguistiques sur lesquelles repose la classification. La monographie présente et détaille une version de la théorie des grammaires distributionnelles et transformationnelles initiée par Zellig S. Harris, lapplique aussi systématiquement que possible au cas particulier du lexique des affects et propose une grammaire de ce dernier. Dune façon redondante, cest la même grammaire qui sincarne dans les deux tables Excel, que nous appelons « Dictionnaire Informatisé des Mots dAffect », bien quelles nen soient quune esquisse. Les fonctions recherche et tri personnalisé du tableur permettent à lutilisateur de se livrer à une exploration approfondie du lexique des affects, notamment au moyen de tris croisés selon plusieurs critères. Cette ressource est installée sur la plate-forme doutils et de ressources linguistiques ORTOLANG accessible à :

www.ortolang.fr, https://hdl.handle.net/11403/dima (consulté le 15/01/2023)

Elle est formatée de façon à être disponible pour des applications au Traitement Automatique de la Langue (TAL).

Contrairement aux lexiques-grammaires de Maurice Gross et de son équipe, notre classification des lexèmes daffect est organisée en 9une hiérarchie de catégories syntactico-sémantiques, à lexemple de ce quont réalisé Jean Dubois et Françoise Dubois-Charlier dans Les verbes français (Dubois & Dubois-Charlier, 1993). À cet égard, elle a les propriétés dun thésaurus3, puisque nous avons divisé la description du lexique des affects en deux Catégories et avons subdivisé ces dernières en près de 70 Classes syntactico-sémantiques, éventuellement réunies en couples antonymiques. Les Classes sont à leur tour subdivisées soit en Sous-classes de lexèmes partageant le même radical, soit en lexèmes individuels ; et le vocabulaire des locutions nest pas séparé de celui des mots simples.

Lœuvre de Zellig Harris
et de ses successeurs pour lélaboration
dun modèle distributionnel
et transformationnel du français

Les noms de Zellig Harris, de Maurice Gross, de Jean Dubois et de Françoise Dubois-Charlier viennent dêtre mentionnés, ainsi que la théorie des grammaires distributionnelles et transformationnelles. Voici quelques informations sur cette dernière.

Entre 1940 et 1990, Zellig Harris (1909-1992) a élaboré, dans le prolongement des travaux des premiers linguistes distributionalistes Edward Sapir et Leonard Bloomfield, un modèle de langlais intégrant et articulant les aspects phonologiques, morphologiques, syntaxiques, sémantiques et discursifs4. Dans le domaine syntactico-sémantique, la notion théorique la plus générale est celle de prédicat, empruntée à la logique mathématique. Le prédicat (la constante), qui peut être un verbe, un nom, un adjectif, un adverbe, une préposition ou une conjonction, est un lexème ayant la particularité dêtre doté dune distribution, dite aussi structure argumentale, consistant en 1, 2, 3 ou 4 arguments (les variables), 10qui correspondent à peu près à ce quon appelle couramment le sujet et les compléments essentiels du prédicat. Cette structure abstraite convoque dautres lexèmes, prédicatifs ou non prédicatifs, ou dautres structures argumentales, notamment dans le cas de la phrase complexe, pour se réaliser en une infinité de propositions, phrases, syntagmes nominaux ou discours. Lautre notion générale de la théorie est celle de transformation : la plupart des structures argumentales sont susceptibles davoir des variantes de forme, notamment de permutation et deffacement, qui préservent lessentiel du matériel lexical et du sens. Quelques catégories particulières de lexèmes grammaticaux non prédicatifs sont en outre définies, comme les auxiliaires de conjugaison, daspect et de modalité, et les verbes supports ; ces derniers permettent à certains adjectifs et noms prédicatifs de se réaliser en phrases, à lexemple de ce que font les verbes.

Le linguiste français et ingénieur informaticien de formation Maurice Gross (1934-2001) avait été un élève de Zellig Harris à lUniversité de Pennsylvanie en 1964-1965 quand il créa à Paris, au début des années 1970, une unité de recherche, le LADL5, dont le projet consistait dans lélaboration dun modèle du français inspiré à la fois des travaux de Zellig Harris sur langlais et du modèle des grammaires de dépendance institué par Lucien Tesnière (1959). Loriginalité de lœuvre de M. Gross est dordre méthodologique. Les grammaires de Z. Harris ont certes selon lui le mérite dêtre axiomatisées, mais les règles ont le défaut dêtre privées de leur extension lexicale. Pour illustrer cette notion, prenons lexemple dune règle prescrivant quun verbe français ait un argument sujet humain, un premier argument complément dobjet direct nominal ou phrastique (cest-à-dire de forme verbale à linfinitif ou de forme que P), et un deuxième complément nominal humain prépositionnel en à ; cest le cas par exemple du verbe ordonner (qqc à qq). On dispose là de la définition syntaxique en intension de la classe lexicale à laquelle appartient le verbe ordonner. Mais on a besoin, de façon complémentaire, de disposer de la définition en extension de cette même règle, laquelle nest autre que la liste de tous les verbes qui ont les mêmes propriétés quordonner. Elle compte plus de 40 lexèmes, conseiller, commander, demander, dicter, dire, édicter, enjoindre, etc.6, dont la parenté sémantique est évidente.

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Ce sont de tels constats qui ont inspiré à Maurice Gross le projet délaborer un « lexique-grammaire » du français associant les règles syntaxiques à leur extension lexicale. Mais plus fondamentalement, étant donné que le travail du grammairien ne peut seffectuer que dans le cadre dune théorie adéquate de la langue, Maurice Gross soutient que toute théorie scientifique, dans quelque domaine que ce soit, ne peut faire léconomie dune accumulation aussi complète que possible de faits observables ou avérés. En pleine vogue structuraliste érigeant abusivement la linguistique en « discipline phare » des sciences humaines et alors que parallèlement les grammaires de Noam Chomsky reçoivent de puissants échos dans le monde entier, Maurice Gross écrit :

Lapproche très répandue que nous critiquons et que nous nous proposons de remplacer, consiste essentiellement à effectuer des observations isolées dans des régions différentes de la structure linguistique. Ces observations ne sont jamais systématiques, et les « trous » qui les séparent ne sont pas explorés empiriquement. Les constructeurs de modèles laissent à linduction le soin de combler ces trous. Cette foi dans linduction ne repose sur aucune base scientifique []. Toute construction théorique a toujours été précédée dun long travail daccumulation systématique des données et les chercheurs se sont toujours efforcés de combler les trous qui pouvaient se présenter dans leurs données avant davancer une règle générale (M. Gross, 1975, p. 9).

Dans la suite de lextrait, cette thèse est illustrée par lexemple de ce que Kepler, pour la formulation des lois qui portent son nom, dut à laccumulation de données astronomiques effectuée avant lui par Tycho Brahé.

Les travaux délaboration dune théorie ne pouvant pas prendre en compte tout dun coup la totalité des faits observables, les chercheurs du LADL durent se concentrer successivement sur différents fragments de la langue. Ces travaux parcellaires portèrent notamment sur les verbes à construction complétive (M. Gross, 1975), sur les verbes intransitifs (Boons, Guillet & Leclère, 1976), sur les verbes à construction locative (Boons, 1985 et Guillet et Leclère, 1992), sur les nominalisations (Daladier, 1978), sur les noms à verbes support faire (Giry-Schneider, 1987), sur les noms à verbes supports avoir et prendre (Vivès, 1984), sur les constructions de forme « être Prép N » (Danlos, 1980), sur les constructions adjectivales (Picabia, 1978), sur les nominalisations dadjectifs (Meunier, 1981), sur les constructions converses à verbes 12supports donner et recevoir (G. Gross, 1989), sur les adverbes (M. Gross, 1986), sur les conjonctions (Piot, 1995), etc. Le linguiste franco-américain Morris Salkoff, auteur dune grammaire en chaîne du français (Salkoff, 1980) joua également un rôle important au sein du LADL. Pour linformatisation des données du LADL, Maurice Gross confia à Max Silberztein la tâche délaborer la plateforme dingéniérie linguistique INTEX (Silberztein, 1989). En outre, dénormes inventaires de locutions furent dressés7.

De son côté, le grammairien Jean Dubois (1920-2015) travaillait dans les années 1980, avec plusieurs membres du LADL dont Alain Guillet, sur un fragment étendu du français : la totalité des verbes. Cette activité déboucha en 1993 sur la publication de Les Verbes Français (LVF)par Jean Dubois et Françoise Dubois-Charlier, sous la double forme dun dictionnaire informatisé et dun ouvrage-papier8. Dans LVF, 26 610 entrées verbales sont répertoriées. Chacune delles fait lobjet dune description syntaxique, sémantique et de morphologie dérivationnelle. Loriginalité de cette œuvre extraordinaire est sa structure de thésaurus ; cest ainsi que les quelque 26 000 emplois verbaux recensés se répartissent entre les 14 classes sémantiques suivantes :

Communication, Don-privation, Entrée-sortie, Frapper-toucher, État physique, Localisation, Mouvement, Munir-démunir, Psychologie, Mise dans tel ou tel état, Saisir-posséder, Transformation, Union-réunion, Verbes auxiliaires

Peu de temps après, Gaston Gross (1939-2022), ancien élève de Maurice Gross au LADL, fondait le LLI9 à la fin des années 1980 et le dirigeait jusque vers 2005. Sa contributionà la construction dun modèle distributionnel et transformationnel du français est importante en ceci que, grâce aux notions de classe dobjets et de prédicat approprié quil élabora et promut en collaboration avec Michel Mathieu-Colas, les noms non prédicatifs, par exemple les noms de métiers, de voies de communication, de moyens de transport, doutils, daliments et 13boissons, etc., furent intégrés au modèle, qui jusqualors ne prenait en compte que les lexèmes prédicatifs10. La notion de prédicat approprié se révéla également efficiente pour la description de certaines classes de noms prédicatifs. Dautre part, sur le sujet des verbes supports et des locutions, Gaston Gross sattacha à mettre en évidence lextension considérable de ces deux vocabulaires, qui ont longtemps été, le premier largement sous-évalué voire occulté par les syntacticiens, le second marginalisé par les lexicographes.

Intentions de lauteur

Notre intention principale est de présenter au lecteur un panorama, une théorie au sens étymologique aussi bien que technique du terme, du lexique des affects. Ancien élève de Maurice Gross à la fin des années 1980 et collaborateur de Gaston Gross dans les années 1995-2005, nous prétendons par le présent ouvrage nous situer dans le prolongement des travaux du LADL, du LLI et de Jean Dubois & Françoise Dubois-Charlier, dans le cadre général dun modèle distributionnel et transformationnel du français.

Au point de départ de notre recherche, il y avait non seulement le projet de produire la classification syntactico-sémantique dun vaste domaine lexical réunissant presque toutes les parties du discours (adjectifs, verbes, noms, adverbes, prépositions et conjonctions) et aussi bien les mots simples que les locutions, mais aussi celui dapprofondir les questions théoriques, et ce dans un objectif dillustration et en quelque sorte de vulgarisation, de « lécole française de syntaxe distributionnelle et transformationnelle ». Dans ces conditions, pourquoi avoir fait le choix de sintéresser au lexique des affects plutôt quà nimporte quel autre fragment du français ? La raison en est que le lexique des affects nous a paru être le domaine (ou peut-être seulement un des domaines) qui présente la plus grande variété de phénomènes syntaxiques ; nous étions par exemple impressionné par labondance des verbes supports de noms daffect. Très rapidement, les impératifs suivants se sont imposés :

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– les « lexèmes démotion » doivent être séparés des « lexèmes de sentiment » du fait de leurs différences importantes de propriétés syntaxiques, doù les deux grandes catégories, la Catégorie I et la Catégorie II, qui structurent lensemble de la classification ;

– chaque Catégorie doit être subdivisée selon des critères syntaxiques en un certain nombre de Classes, telles les Classes de Catég. I Décevoir et Inquiéter et les Classes de Catég. II Colère, Amour et Confiance ;

– au sein de chaque Classe, les entrées lexicales ne doivent pas être toutes des lexèmes individuels ; certaines dentre elles seront des regroupements morphologiques de lexèmes individuels, doù les différentes Sous-Classes qui structurent chaque Classe ; par exemple la Classe Décevoir sera composée des 5 Sous-classes suivantes : « décevant, décevoir, déception », « dépiter, dépit », « désappointer, désappointement », « insatisfait, insatisfaisant, insatisfaction » et « mécontent, mécontenter, mécontentement » ;

– les classes de lexèmes « euphoriques » doivent être reliées, autant que possible selon des critères syntaxiques, à des classes homologues « dysphoriques », doù des couples de Classes antonymes tels que « Bonheur-Malheur », « Amour-Haine » et « Plaire-Déplaire ».

La structure de la classification sera présentée au début du Chapitre 1. La classification elle-même sincarne, on la dit, tant dans le présent ouvrage que dans les tables du Dictionnaire Informatisé des Mots dAffect. Insistons sur le fait que ce dictionnaire nest pas de nature terminologique. En dautres termes, ce nest pas une ontologie11 : les entités quil classifie sont des lexèmes du français, et non pas des termesstandardisés, reconnus par la communauté les spécialistes de laffectivité et dénotant des entités individuelles, à savoir les affects eux-mêmes associés à leurs propriétés biologiques. Ce nest pas une taxinomie censée refléter la machinerie neuronale des affects, dans ses relations avec les autres parties du corps concernées par laffectivité. Du reste, la hiérarchie de classes à laquelle nous aboutissons na pas la structure typique dune ontologie, puisquelle na pas la forme dune arborescence fondée sur la relation genre-espèces12. Cette étude sur lexpressiondes émotions et des sentiments 15en français ne partage avec les ontologies que les propriétés suivantes : le fait dêtre dépourvue de définitions et dêtre disponible pour le TAL (Traitement Automatique des Langues).

En somme, en privilégiant la description des propriétés morphologiques, syntaxiques et sémantiques des lexèmes daffect et en utilisant une partie de ces propriétés comme critères principaux de classification, nous cherchons à obtenir une classification qui soit moins dépendante de lexpérience et de lintuition personnelles, de la fréquentation des arts et de la philosophie ou encore de la vulgarisation scientifique et des neurosciences, que de données purement linguistiques exploitées dans le cadre dune théorie linguistique déterminée.

1 Nous faisons allusion notamment à Nelly Flaux et Danièle Van de Velde (Flaux & Van de Velde, 2000, p. 87), qui utilisent les mêmes dénominations que les nôtres, ainsi quà Jean-Claude Anscombre, qui fait la distinction entre les sentiments exogènes (Cf. nos « lexèmes démotion ») et les sentiments endogènes (Cf. nos « lexèmes de sentiment ») : « Dans les constructions étudiées par Leeman, 1987, un événement est présenté comme lorigine du sentiment (exogène, donc). Alors que pour les sentiments endogènes, lorigine sen confond avec le lieu psychologique. Or il semble y avoir une manifestation syntactico-sémantique de cette différence. En se bornant aux verbes de sentiment qui sont transitifs [], on remarque quils se divisent en deux classes, selon que le lieu psychologique est le sujet syntaxique (Max méprise les pauvres gens, Marie hait les convenances, Sam dédaigne les honneurs)[] ou lobjet syntaxique (Cet accord satisfait Max, ces événements surprennent Marie, les serpents effraient Lia) » (Anscombre, 1995, p. 48).

2 Le terme de lexème a été préféré à celui de mot pour la raison que, dans lusage courant, le terme de « mot » ne fait guère référence quà ce quon appelle les mots simples. Or dans le lexique des affects, plus de 40 % des entrées sont des locutions, auxquelles convient la dénomination plus générale de lexème.

3 On entend par thésaurus, daprès le Rogets Thesaurus of English words and phrases de Peter Mark Roget (Roget, [1852] 1982), tout dictionnaire ayant la structure dun arbre de catégories sémantiques.

4 Cf. notamment Harris (1951, 1964, [1968] 1971, 1976, 1978, 1988, 1990, 1991).

5 Laboratoire d Automatique Documentaire et Linguistique (CNRS et Université Paris 7).

6 La liste complète fait partie de la Table 9 de Méthodes en syntaxe (M. Gross, 1975).

7 Les tables du lexique-grammaire du LADL sont accessibles sur un site de lUniversité de Marne-la-Vallée à : http://infolingu.univ-mlv.fr/ (consulté le 29/08/2022).

8 On trouvera au Chap. 3, Section 4.C, ainsi que dans la Bibliographie, les références des sites qui donnent accès par téléchargement aux dictionnaires informatisés de Jean Dubois & Françoise Dubois-Charlier : Les Verbes français (environ 26 000 entrées) et le Dictionnaire Électronique des mots (environ 150 000 entrées).

9 Laboratoire de Linguistique Informatique (CNRS & Université Paris 13).

10 Sur les travaux du LLI, Cf. entre autres Le Pesant & Mathieu-Colas (1998).

11 Selon John Sowa, the subject of ontology is the study of the categories of things that exist or may exist in some domain. The product of such a study, called an ontology, is a catalog of the types of things that are assumed to exist in a domain of interest D from the perspective of a person who uses a language L for the purpose of talking about D (Sowa, 2010).

12 Nous avons en particulier rejeté toute approche dune taxinomie fondée sur le postulat de lexistence dun noyau démotions dites « primaires » dont dériverait lensemble des autres émotions (Cf. larticle de Johnson-Laird & Oatley (1989), qui a beaucoup influencé les premiers travaux linguistiques portant sur les affects). Du reste, la notion démotion primaire en biologie est elle-même sujette à caution, si du moins on en croit un spécialiste du domaine, Joseph LeDoux (et nous attirons spécialement lattention du lecteur sur la dernière phrase de la citation) : In spite of being well known and widely applied in research, the basic emotions point of view has been challenged on various grounds []. For one thing, different theories have different numbers of basic emotions, and even different names for similar emotions. In addition, questions have been raised about the methods used to identify basic emotions []. Basic emotions theory has also been challenged on the basis of a lack of coherence of the phenomena that constitute individual emotions, and the diversity of states to which a given emotion label can refer. Others argue that emotions, even so-called basic emotions, are psychological/social constructions, things created by the mind when people interact with the physical or social environment, as opposed to biologically determined states (Joseph LeDoux, 2012, p. 654).