Introduction
à la deuxième partie

En 1631, Marie de Médicis nourrit de grandes ambitions. Dans son esprit, elle a quitté le royaume pour échapper aux vexations que lui faisait subir Richelieu. Par cette transgression libératrice, elle veut confondre l’ennemi public, le voir condamné juridiquement et rallier les princes d’Europe à sa cause :

Autrement pensez vous la Sainteté qui est le Père de la paix aussy bien que de l’Église ny vos sœurs les reyne d’Espagne et d’Angleterre et la princesse de Savoye vous laissent en repos sans crier avec moy faictes justice à vostre mère1.

Pour ce faire, elle doit se donner les moyens de faire entendre ses justifications et de tenir son rang sur l’échiquier politique international. La communication joue un rôle essentiel mais l’exil la rend complexe. Il nous faut donc étudier dans un premier temps les stratégies que la reine mère déploie tout au long de ces onze années pour trouver des interlocuteurs, créer, inventer des connexions depuis l’étranger car ce sont les premiers rouages indispensables pour « entrer en communication » avec les autres princes d’Europe2.

Marie de Médicis s’appuie sur les hommes et les femmes qui l’ont suivie en exil, ses domestiques, mais aussi des figures politiques et intellectuelles qui ont pu avoir une place au sein du gouvernement 160royal les années passées et jouent un rôle auprès d’elle. Car en ce premier xviie siècle, la frontière demeure floue entre des filières officielles et d’autres non institutionnalisées du fait du caractère inachevé de l’État3. Ces hommes et ces femmes, qui vivent l’exil avec la reine mère, deviennent les points de contact par lesquels peuvent transiter les informations au service d’une action politique. Leur parcours ainsi que les liens qu’ils tissent doivent être examinés pour pouvoir décrire, d’un point de vue spatial et temporel, le maillage qui se forme autour de Marie de Médicis, et en mesurer la force politique.