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Classiques Garnier

Principes de traduction

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : L’Épinette amoureuse
  • Pages : 37 à 39
  • Collection : Moyen Âge en traduction, n° 5
  • Thème CLIL : 3438 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moyen Age
  • EAN : 9782812433351
  • ISBN : 978-2-8124-3335-1
  • ISSN : 2271-6963
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3335-1.p.0037
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 21/01/2015
  • Langue : Français
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Principes de traduction

La présente traduction repose sur lédition critique du texte original de LEspinette amoureuse procurée par Anthime Fourrier en 1963 (Paris, Klincksieck, 3e éd., 2002). Le texte fut établi sur la base du manuscrit Paris, BnF, français 831 (ms. A), sous le contrôle du manuscrit Paris, BnF, français 830 (ms. B). Nous nous sommes permis certains écarts par rapport à cette édition. En particulier, il nous arrive de ne pas suivre la ponctuation qui y est insérée, entre autres, pour des raisons syntactico-sémantiques (v. 177-178, 1273, 3104, 3112, etc.) ou en raison dune divergence dinterprétation (v. 94, 1250, 3588-3589, 3849-3850, etc.). Nous nous passons de systématiquement le mentionner, mais lorsque notre lecture de loriginal diverge profondément de celle de léditeur ou lorsque, au contraire, nous nous inspirons des gloses suggérées par nos prédécesseurs, A. Scheler et A. Fourrier, nous lindiquons en note de bas de page.

La traduction ici proposée est destinée à être lue en regard du texte médiéval. Elle est en effet conçue comme une passerelle, une voie daccès à loriginal, plutôt que comme un texte autonome et suffisant1. Pour ce faire, elle suit dabord autant que possible la disposition en vers du modèle, sauf lorsque le critère dintelligibilité exigeait un réagencement des propositions ou des syntagmes.

Le texte obtenu se veut ensuite un compromis entre traduction littérale et traduction libre. Ladaptation aux habitudes du français moderne est donc restée aussi limitée que possible et a été pratiquée

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soit par souci de lisibilité, soit par souci stylistique là où il simposait dalléger un tour ou de varier lexpression, pourvu que cela ne nuisît en rien aux effets recherchés par lauteur (v. 69-70, 2145, etc.). Ainsi, la traduction a pu rendre le coordonnant justificatif car par « en effet » afin dassouplir la syntaxe, ou encore le coordonnant mais par « cependant » ou « pourtant » selon la nuance de sa valeur dopposition. De même, il a pu être nécessaire de transposer des propositions concessives telles que qui qui sen taise en tours légèrement modifiés du type « bien quon nen fasse pas la remarque » (v. 2047), au lieu dune traduction littérale qui eût été par trop artificielle et eût constitué un obstacle à une compréhension immédiate.

En revanche, dès lors que lintelligibilité du texte moderne ne risquait pas dêtre entravée, nombre dexpressions ou de procédés rhétoriques ont été restitués à lidentique ou presque, en dépit des lourdeurs quune telle fidélité engendre inévitablement. Le français médiéval est, par exemple, coutumier des répétitions, que lon serait tenté déliminer en passant au français moderne. Mais, la répétition étant un procédé typiquement poétique et, la plupart du temps, le départ étant malaisé à faire dans le genre du dit entre répétition relevant de lusage personnel de lauteur et répétition avec intention stylistique, nous avons pris le parti de maintenir le procédé dans la traduction, de sorte à préserver la poésie originelle et, en dépit des difficultés de lexercice, à laisser entrevoir un reflet du style poétique de Froissart. Par exemple, cest dans cette optique que, conformément au modèle, le catalogue des divertissements de lenfance se déploie au rythme dune redondance du terme jeu et de son dérivé verbal jouer, tout en étant scandé par le schéma syntaxique jai souvent + participe passé. Le tout contribue à une restitution vive du plaisir quasi enfantin que prend le poète dans lénumération interminable de ces joies passées.

Dans les manuscrits, le refrain des rondeaux, des ballades et des virelais est généralement abrégé par le copiste, qui note etc. après le(s) premier(s) mot(s), ce que léditeur A. Fourrier a pris le parti de maintenir tel quel. Pour éviter tout décalage avec cette édition de référence dans la numérotation des vers et parce que, de toute façon, deux écoles sopposent sur les modalités de reprise du refrain dans le rondeau, nous nous sommes abstenue de tout développement dans la traduction des rondeaux et des virelais, en reprenant labréviation etc. Le lecteur est

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invité à reprendre le refrain selon les tendances du genre concerné2. En revanche, le refrain des ballades qui se compose dun unique vers a été transposé in extenso3, sans risque de bouleversement de la numérotation des vers.

1 Tout en présentant ici dans leurs grandes lignes les principes qui ont guidé la traduction de LEspinette amoureuse, nous réservons le développement de la question à un article à paraître prochainement : « Transposition du même au même, ou accès à une altérité préservée ? Traduire LEspinette amoureuse de Jean Froissart », De la traduction médiévale à la seconde main moderne. Théories, pratiques et impasses de la translatio contemporaine, Actes des journées détude organisées les 4 et 5 septembre 2014 à luniversité de Poitiers, CESCM-CESR, éd. Cl. Galderisi et J.-J. Vincensini, à paraître en 2015.

2 Voir D. Poirion, Le Poète et le prince. Lévolution du lyrisme courtois de Guillaume de Machaut à Charles dOrléans, Genève, [1965], rééd. 1978, p. 336-339 ; J. Cerquiglini-Toulet, « Le Rondeau », Grundriss der romanischen Literaturen des Mittelalters, op. cit., p. 45-58, p. 50 pour notre propos.

3 À vrai dire, seule la ballade des v. 1469-1493 présente un refrain à deux vers.