Résumés

Julien Contes, « Introduction »

Ce texte introductif vise à présenter les enjeux historiographiques et problématiques de ce travail collectif qui entend explorer les coulisses rédactionnelles et éditoriales de nombreuses œuvres périodiques et met à jour un ensemble de réseaux et circulations, entre la Méditerranée et un espace européen plus septentrional.

Roberto Paiva, « Une avide curiosité. La circulation des journaux français en Espagne dans les premières années de la Révolution (1789-1793) »

À partir d’une étude quantitative des journaux francophones de la période révolutionnaire saisis par les autorités espagnoles, la contribution propose une interprétation de la curiosité que les évènements ont suscité en Espagne. Si les prohibitions successives ont conduit à associer ces titres à de la propagande, un examen plus serré révèle au contraire l’hétérogénéité des saisies, ce qui invite à distinguer pratiques de l’information et dynamiques de politisation à la fin de l’Ancien Régime.

Karl-Alexandre Zimmer, « Une république de papier. Dans les coulisses méditerranéennes du Courrier de la Sarthe (1831-1849) »

Le Courrier de la Sarthe est fondé dans l’enthousiasme des premiers mois de la monarchie de Juillet. Alors que sa fabrication et sa diffusion sont fragiles, le pouvoir cherche à le faire taire ; il devient une opposition de papier. Devenu, à la fin de la décennie 1830, l’une des principales tribunes provinciales de l’opposition radicale en France, il est aussi une petite entreprise à gérer, qui s’insère dans des réseaux médiatiques qui effleurent le monde méditerranéen.

Andrea Ceci, « Un journal fièrement provincial. La Mouche de Saône-et-Loire et de l’Ain (1843-1849) »

L’article se penche sur l’évolution de La Mouche de Saône-et-Loire et de l’Ain entre 1843 et 1849, en mettant en lumière le cheminement journalistique de son fondateur, le médecin Pierre-Casimir Ordinaire qui, bien que débutant, a su donner une direction notable au journal. En outre, l’étude met en relief les réseaux clés qui ont soutenu et influencé l’entreprise éditoriale, notamment le liens politiques d’Ordinaire et ses collaborations inter-rédactionnelles.

Luca Sandoni, « Jalons pour une histoire éditoriale du journal catholique L’Univers (1833-1860) »

L ’ Univers a été un des journaux catholiques les plus influents dans la France du xixe siècle, mais si ses idées et ses batailles ont déjà attiré l’attention des historiens, on connait au contraire très peu son fonctionnement éditorial et financier. Cette contribution propose d’explorer cette dimension opérative, en examinant notamment les oscillations de la propriété du journal, son évolution typographique et les enjeux de sa délicate gestion économique.

Julien Contes, « L’édition journalistique dans les espaces méditerranéens entre France et États italiens (1830-1850) »

L’essor de la presse dans les années 1830 et 1840 a entraîné une concurrence sur le marché éditorial. Si certains éditeurs y voient une opportunité, d’autres doivent s’adapter. À travers l’étude de plusieurs profils, dans un espace méditerranéen transnational entre la France, les États sardes et la Toscane, la contribution entend saisir les modalités de l’engagement journalistique des éditeurs, méconnus dans ce rôle, en croisant les historiographies de l’édition et de la presse.

Jean-Charles Geslot, « Éditer un périodique historique entre l’Algérie et Paris. Le cas de la Revue africaine (1856-1881) »

Fondée en 1856, la Revue africaine est un périodique spécialisé en histoire, emblématique de la production des savoirs coloniaux. De caractère semi-officiel, elle associe jusqu’en 1881 des imprimeurs et libraires de Paris, Alger, Oran et Constantine. Ceux-ci forment un embryon de réseau éditorial 237transméditerranéen associant éditeurs métropolitains colonialistes et hommes du livre algériens, mis en relation par des savants français apportant en Algérie les pratiques culturelles de la métropole.

Daniel F. Banks, « Une “civilisation du journal” coloniale en évolution. La presse des colons européens à Alger (1848-1871) »

Les années 1848-1871, de la Seconde à la Troisième République françaises, constituent un moment de développement pour la presse des colons européens à Alger. La période marque l’avènement de la presse en contexte colonial. Les journaux, même opposés politiquement, se montraient unanimes sur la défense du système colonial. Cela n’indique pas un monde journalistique uniforme, les trajectoires étant diverses, et parfois inscrites dans des réseaux transméditerranéens, vers l’Italie ou l’Espagne.

Alice De Matteo, « La “loyauté d’un journal républicain dans l’exil”. La rédaction de L’Homme entre 1853 et 1855 »

Après l’échec des révolutions de 1848-1849, les bastions de l’opposition antimonarchique s’établissent dans l’exil. Afin d’élaborer un nouveau projet commun, des révolutionnaires du « printemps des peuples » identifient la presse comme un canal privilégié de dialogue. Pour le saisir, la présente contribution vise à examiner l’expérience rédactionnelle de L’Homme, publié par des exilés qui, par le journalisme, ont contribué au renouveau du républicanisme européen du deuxième xixe siècle.

Raphaël Roché, « Juan Valero de Tornos entre Madrid et Paris. Une trajectoire panlatiniste »

Cette contribution retrace la trajectoire de Juan Valero de Tornos (1842-1905), journaliste, éditeur et fondateur d’un nombre important de périodiques de 1861 jusqu’à sa mort. Initialement conservateur et centré sur son pays, un exil parisien va profondément bouleverser sa vie et sa carrière, complexifier ses prises de position en y ajoutant une dimension internationale, de défense des intérêts des peuples latins face à la menace germanique.

Margherita Acciaro, « Les feuilles et les enfants. Les différentes représentations du gamin dans les pages des journaux du lungo Quarantotto milanais »

La contribution propose d’étudier les métamorphoses de la présence de l’enfance et de l’adolescence durant le Quarantotto milanais. Il s’agit de mettre en lumière la participation révolutionnaire des plus jeunes, passant d’une présence fortement limitée à une intervention sur les barricades et dans l’armée largement valorisée, en soulignant le rôle central de la presse – écrite et illustrée – dans ce retournement du discours sur le rôle politique de l’enfant et de l’adolescent.

Hernán RodríguezVargas, « Entre guerre impopulaire et quête du consensus. La guerre de Crimée dans le journalisme illustré (1853-1856) »

La guerre de Crimée, marquée par l’utilisation des navires à vapeur, des chemins de fer et du télégraphe, a été une des premières guerres modernes, aussi au niveau de l’information. Elle a impliqué le recours nouveau à des dessinateurs, photographes et reporters (war artists), alimentant une presse illustrée, favorisée par un développement technique. C’est dans ce contexte qu’a émergé une culture visuelle de transition entre d’anciennes façons de raconter la guerre, et des modes renouvelés.

Ginevra Villani, « Dans les coulisses de la célébrité. La revue de presse d’Adelaide Ristori »

Adelaide Ristori est l’une des figures les plus emblématiques du théâtre au xixe siècle. La définir uniquement comme interprète serait cependant réducteur ; également écrivaine et marquise, elle est surtout un cas italien emblématique de construction d’une célébrité, dans les coulisses de laquelle il est possible d’entrer grâce à la riche revue de presse qu’elle a tenue, avec son mari, et aux correspondances qui nous renseignent sur leurs liens avec les mondes artistique et journalistique.

Julien Contes, Gian Luca Fruci et Jean-Paul Pellegrinetti, « Conclusion »

Avec une diversité d’approches pour cerner les acteurs, pratiques et formes médiatiques dans des espaces, surtout méditerranéens, méconnus de la « civilisation du journal », le présent ouvre des perspectives nouvelles de recherche. Il n’est pas un achèvement mais le début d’un cycle d’étude qui se prolongera dans les années à venir pour explorer d’autres approches sur l’envers du décor de la rédaction, de la gestion, de l’édition des périodiques.