Conclusion
de la troisième partie

Ainsi, sous leurs formes multiples, les implantations de l’armée états-unienne sur le sol azuréen ont des répercutions diverses et contrastées sur les plans touristiques, économiques, sociaux et culturels. Incarnant tous les aspects de la puissance états-unienne, elles peuvent susciter tour à tour curiosité, fascination, espoirs, incompréhension, défiance et rejet. En retour, les populations locales tentent de répondre aux attentes des autorités militaires en termes d’aménités, tout en constituant, pour les militaires au repos, des sujets d’étonnement (face aux traditions locales), d’irritations (vis à vis des commerçants ou des édiles locaux), voire de fantasmes (vis à vis de la population féminine). Sur le court terme, ce que retirent de cette présence les populations locales est tout aussi conséquent que ce qu’en retire l’armée américaine elle-même. Lors des deux sorties de guerre, elle apporte indéniablement une amélioration du quotidien et une bouffée d’oxygène dans des contextes économiques difficiles, tout en forçant les professionnels du tourisme à se remettre en question en matière de qualité de l’offre. Les retombées économiques sont moins nettes dans les années 50 et 60, alors que la croissance du tourisme de masse devient l’objectif premier des professionnels du secteur. Du côté américain, la présence militaire permet de véhiculer des valeurs qu’on souhaiterait universelles et un american way of life censé être l’incarnation-même de la modernité. Certains éléments de cette modernité, dans les domaines sportifs et musicaux, reçoivent un accueil variable, et ne s’implantent qu’inégalement. Le jazz et le rock’n’roll connaissent un succès considérable, tandis que le baseball, suscitant plus d’étonnement que de fascination, peine à s’imposer localement, contrairement au basket-ball. Les unions franco-américaines, particulièrement importantes entre 1945 et 1967, contribuent à des circulations culturelles croisées, et à une meilleure compréhension mutuelle.