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Classiques Garnier

Épîtres du silence

  • Type de publication : Article de revue
  • Revue : L'Amitié guérinienne Revue annuelle des Amis des Guérin
    2022, n° 201
    . varia
  • Auteur : Longueira (Olivier)
  • Pages : 71 à 72
  • Revue : L'Amitié guérinienne
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406143598
  • ISBN : 978-2-406-14359-8
  • ISSN : 2554-8980
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-14359-8.p.0071
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 07/12/2022
  • Périodicité : Annuelle
  • Langue : Français
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ÉpÎtres du silence

De toutes les saisons de lâme,

Du soir à laube, du labeur jusquau rêve,

Elle vécut. Elle pensait, priait, en toute liberté.

Elle aimait sans faillir les êtres et les choses, éveillait le sourire et le pleur.

Et toujours, sans tricher, elle était lange blanc du passant au poète lointain,

Au plus près de son cœur, un frère en exil, doux nom que le sien,

Compagnon du temps palpable, confident plus intime delle-même,

Au cœur de limpalpable.

Solitude… Clôture du Cayla.

Pimprenelle épanouie au rayon du soleil

La neige la recoquillait au coin du feu

Pour penser toujours un livre ouvert, son ouvrage à portée.

Rien ne valait, au fil du temps dhiver, la noire terre à lécart,

Rêver et enchanter les fantasmagories du foyer

Doù les âmes absentes séchappaient fumerolles.

Le cœur à vif sécrivait de lui-même,

Le frère lappelait pour se régénérer.

Mais la place inoubliable, inoubliée demeurait,

Portait sa trace absente sans pouvoir ly trouver.

Rires et pleurs, humour aussi par-dessus les étangs

Par-dessus les vallées…

Une lettre senvolerait bientôt vers Louise, chambrette dEugénie.

Était-elle Maurice ? Était-il Eugénie ? Deux corps, une âme,

Sélèvent, grimpent les siècles passagers,

Échelle de Jacob ?

La tour dresse sa fierté passée dans le temps daujourdhui.

Ferveur 

Pures voyelles du Cayla, beauté solaire des êtres et du monde,

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Espaces infinis, univers céleste et regard dune sœur,

Âme envolée, déployée vers les cieux dAndillac, prés, champs, collines, forêts.

LArbre de vie monte en esprit vers le sommet despaces étoilés.

Il est bon de rêver, emporté par le vent :

Les nuages ont fui couleur du temps vécu.

Tout ce qui sourit nidifie dans le Verbe,

Les âmes dun frère et dune sœur

Composent le bonheur dun passé révolu.

Chaque mot a son visage unique, raconté, poli, nuancé, meublé

De moments déternité partagés à distance.

On vit et lon revit ces temps dune présence

Où seul lesprit répond aux nuances du cœur.

Les épîtres intimes sont poésie dalcôve, murmurée, agrégée aux nuages.

Le ciel rosit. Le jour se lève…

Olivier Longueira1

1 Olivier Longueira, méridional dorigine, lyonnais dadoption, trouve sa vie plénière dans la pensée toujours renouvelée de Dostoïevski, la Bible, la poésie. Il est agrégé de lettres modernes.