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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : L’Amérique au tournant. La place des États-Unis dans la littérature française (1890-1920)
  • Pages : 275 à 278
  • Collection : Rencontres, n° 456
  • Série : Littérature des xxe et xxie siècles, n° 38
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406101567
  • ISBN : 978-2-406-10156-7
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-10156-7.p.0275
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 10/06/2020
  • Langue : Français
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Résumés

Fabien Dubosson et Philippe Geinoz, « Introduction. Redécouvrir lAmérique »

De lécran de projection quils étaient au xixe siècle, les États-Unis deviennent au tournant du siècle une nation bien « réelle », dont il sagit désormais de prendre la mesure. Le pays se trouve désormais à la portée de nombreux écrivains-voyageurs français. Les « relations » quils publient à leur retour en France nous disent beaucoup de cette « Amérique au tournant », où cristallisent parfois danciennes antipathies, mais aussi une fascination nouvelle pour ce continent de l « énergie ».

Julien Schuh, « Le “vrai décor du siècle américanisé”. Les États-Unis des Symbolistes »

Alors que lAmérique incarne traditionnellement à la fin du siècle le matérialisme et le mercantilisme, sa représentation est moins négative quon pourrait le croire chez les Symbolistes, quon classe pourtant du côté dun idéalisme très critique de ces valeurs. Ce paradoxe apparent sexplique par les réseaux de revues entre France et Amérique et par la fascination des Symbolistes pour le Barnum médiatique et limaginaire du primitivisme des terres vierges de lOuest.

Luca Di Gregorio, « Wild West France. Lévolution de la réception française du western dune tournée de Buffalo Bill à lautre (1889-1910) »

Les deux tournées du Wild West Show de Buffalo Bill (1889-1891 ; 1905-1906) ont présenté à lEurope un imaginaire américain qui lui était foncièrement exogène. Larticle saisit ces deux moments comme deux « carottages culturels » : la réception de 1889-1890, encore conditionnée, faite de malentendus et damalgames ; puis celle de 1905-1910, début dappropriation, permis par lamplification médiatique et par lémergence de premiers passeurs indigènes de lAmérique de Buffalo Bill.

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Philippe Roger, « Lantiaméricanisme à 4 sous. La Conspiration des milliardaires »

La Conspiration des milliardaires de Gustave Guitton et Gustave Le Rouge marque un tournant dans les représentations françaises des États-Unis. Paru en feuilleton en 1899-1900, au lendemain de la guerre hispano-américaine, ce roman a pour thème linvasion militaire de la France projetée par les « Yankees », dont le « type odieux » devient lantagoniste-né des valeurs européennes. Il marque lémergence dun discours antiaméricain qui sadresse désormais au public populaire des romans « à 4 sous ».

Nicolas Di Méo, « Le cosmopolitisme américain, miroir ou antithèse du cosmopolitisme européen ? Réflexions sur Outre-mer de Paul Bourget »

Paul Bourget, dans Outre-mer (1895), distingue trois types de cosmopolitisme caractérisant la société américaine : celui des élites, celui des pionniers de louest et celui des masses issues de limmigration. Alors que les deux premiers, grâce à la vigueur des populations, ne présentent pas de risque de décadence, le dernier, selon lui, contient un danger de « guerre des races » qui nest pas sans rappeler lantagonisme franco-allemand / latin-germain menaçant également le continent européen.

Charles Plet, « La “jeune fille” américaine. Une menace pour les Françaises ? »

À partir de trois récits de voyage des années 1890 (La Femme aux États-Unis de Charles de Varigny ; Outre-Mer de Paul Bourget ; La Société américaine de Marie Dugard), cet article examine la vision ambivalente des mœurs de la jeune fille américaine propagée par les voyageurs français à une époque où lon craint la disparition de la « vraie » jeune fille française. Dans un tel climat, la jeune américaine constitue un réservoir fantasmatique partagé à la fois par réformateurs et conservateurs.

Sophie Pelletier, « Lapparition du flirt. Une Américaine à Paris ? »

Létude du personnage de la jeune fille et du processus menant à son mariage dans le roman Flirt (1890) de Paul Hervieu met en lumière une opposition entre des jeux de séduction réputés américains et un système matrimonial traditionnel français. Cette dichotomie renvoie à des enjeux économiques, ce 277qui indique, plus largement, que la thématique du flirt pointe vers tout un appareil axiologique, celui de la modernité cosmopolite, paradigme nouveau dans le Paris de la Belle Époque.

Virginia Ricard, « Edith Wharton au tournant »

En 1907, la traduction en français du premier grand roman dEdith Wharton, Chez les heureux du monde, donne limpression quelle est acquise à lantiaméricanisme, puisque, en présentant des personnages riches, brutaux et insensibles, elle contribue à diffuser une image négative des États-Unis en France. Après août 1914, elle parle même dun « retard » des Américains. Mais lentrée en guerre des États-Unis conduit Wharton à regarder dun autre œil la contribution de lAmérique à lhistoire humaine.

Anne Reynes-Delobel, « La littérature américaine face au mythe de laméricanisation. 1916-1925 »

Au tournant des années vingt, le mythe de laméricanisation est lobjet aux États-Unis dun intense débat parmi les écrivains, les artistes et les intellectuels, dont lenjeu est une forme de « nationalisation culturelle » qui ne peut senvisager que dans une perspective internationale et selon une logique du réseau faisant la part belle à la circulation transatlantique des idées, des textes et des hommes, notamment par le biais des petites revues.

Philippe Geinoz, « “La vérité sera toujours nouvelle”. Picasso, Apollinaire et le renversement pragmatiste »

Dans lhistoire de lémergence, en France, dun modernisme artistique et littéraire, on a peu tenu compte de limportance des discussions relatives à la pensée pragmatiste venue des États-Unis. Or certains aspects des « méditations » dApollinaire sur lart séclairent une fois quon les envisage à la lumière du renversement de perspective quopère le pragmatisme. Comme séclairent, en amont, les changements quon observe dans la peinture de Picasso, à loccasion de son Portrait de Gertrude Stein.

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Annick Ettlin, « Paul Valéry lecteur de William James ? Réflexions sur le fiduciaire »

Larticle, qui étudie la pensée de Paul Valéry de 1892 à 1912, double décennie pendant laquelle le poète renonce à publier des vers, interroge en particulier la manière dont il récupère la valeur de la poésie, notamment dans les Cahiers de 1910-1914, peu avant de sadonner à nouveau et bien plus massivement quauparavant à lart de publier. À cette reprise sarticule peut-être sa réception des textes du philosophe pragmatiste américain William James, qui circulent en France à la même période.

Amélie Auzoux, « La “vulgate antiaméricaine” de Valery Larbaud »

Cette étude entend démontrer comment lécrivain, critique et traducteur Valery Larbaud (1881-1957) hérite de la « vulgate antiaméricaine » des Romantiques, de sa création du personnage milliardaire de Barnabooth à son introduction de la littérature américaine dans la France de la première moitié du xxe siècle.

Christine Le Quellec Cottier, « “Les poètes daujourdhui ont pavé le trottoir”. Blaise Cendrars et Walt Whitman, une passion moderne »

Lunivers poétique de Blaise Cendrars a souvent été associé, par ses contemporains comme par la critique daujourdhui, à celui de Walt Whitman : ce lien à explorer permet dinterroger la réception de la littérature nord-américaine par Cendrars au début du siècle, alors que lui-même débarquait à New York en 1911. Lauteur de Feuilles dherbe ne la pas laissé indifférent et Feuilles de route, en 1924, est peut-être lultime salut à celui qui reconnaissait aux poètes le pouvoir de « paver les trottoirs ».

Alexis Buffet, « Laméricanisme, marqueur générationnel ou le tournant moderniste. 1917-1920 »

Lentrée en guerre des États-Unis en 1917 marque une révolution culturelle dans limaginaire français. Cette première vague daméricanisation témoigne dune disponibilité des avant-gardes pour la culture américaine et la modernité venue doutre-Atlantique. Pour une nouvelle génération décrivains, laméricanisme littéraire devient un composant essentiel du renouvellement poétique, en même temps quun indispensable critère de la modernité littéraire.