Présentation des auteurs et résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Koffi Kwahulé
- Pages : 311 à 318
- Collection : Écrivains francophones d’aujourd’hui, n° 6
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406077268
- ISBN : 978-2-406-07726-8
- ISSN : 2430-8080
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07726-8.p.0311
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 24/07/2019
- Langue : Français
présentation des auteurs
et résumés
Virginie Soubrier, « Une dramaturgie noire ? »
Virginie Soubrier est agrégée de lettres classiques. Elle a soutenu en 2009, à Sorbonne Université, une thèse sur le théâtre de Koffi Kwahulé, parue sous le titre Le Théâtre de Koffi Kwahulé : l’utopie d’une écriture-jazz. Elle a aussi contribué à différents ouvrages consacrés aux dramaturgies contemporaines afro-diasporiques.
Peut-on dire que la dramaturgie de Koffi Kwahulé est une « dramaturgie noire » alors que la plupart de ses textes ne font aucune référence à son origine ivoirienne et que les signes convenus de l’africanité en sont absents ? Ce chapitre analyse de quelle manière son théâtre témoigne d’une expérience particulière : celle de la condition afro-diasporique. Expérience du seuil, de la lisière, de la frontière, elle contribue à fabriquer une voix et une dramaturgie singulières au regard des écritures contemporaines.
Can we say that Kwahulé’s dramatic art is a “black dramatic art” ? This is a paradoxical question, as most of his texts make no reference to his Ivory Coast origins : common signs of « africanité » are absent. This essay analyzes a particular condition found in Kwahulé’s theater : the experience of the threshold, of the in-between, an experience that contributes to something we might call the diasporic situation.
Dominique Traoré, « Les masques poétiques du théâtre de Koffi Kwahulé »
Dominique Traoré est maître de conférences à l’université Félix-Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire). Il dirige la cellule « Dramaturgies et arts du spectacle » au sein du Crélis (Centre de recherches et d’études en littératures et sciences du langage). Membre associé du laboratoire SeFeA (Scènes francophones et écritures de l’altérité), il a publié plusieurs travaux sur les théâtres africains.
Les masques poétiques de l’identité, de l’écriture et de la réception organisent le système de création chez Koffi Kwahulé. Ce chapitre traite de cette 312identité en perpétuel mouvement, qui inscrit, de ce fait, l’écriture dans une instabilité féconde, marquée par un rapiècement radical des catégories dramatiques (la fable, le dialogue, l’espace-temps, l’action, les personnages). Ce qui entraîne une révision des modes de réception de ce théâtre.
The poetic masks of identity, writing and reception orient Koffi Kwahulé’s work. This chapter analyses a constantly changing identity. It imbues the writing with a fruitful instability and major dramatic categories are fragmented and incomplete (plot, dialogue, space-time, performance, and characters). This leads to a change in the mode of reception of this theater.
Christophe Konkobo, « Une esthétique de l’intermédialité et du dédoublement »
Christophe Konkobo est enseignant chercheur à Austin Peay State University (Tennessee – USA) où il enseigne les littératures et le cinéma francophones et anglophones d’Afrique. Ses recherches portent sur le théâtre burkinabé moderne et sur les dramaturgies francophones contemporaines. Il est membre asssocié du laboratoire SeFeA.
On constate chez Koffi Kwahulé le déploiement d’une esthétique de l’intermédialité aussi bien dans les pièces de théâtre que dans les romans. Ce chapitre examine les types de personnages et leurs quêtes identitaires, la configuration et le dédoublement de l’espace et des récits ou dialogues, ainsi que la mise en abyme de l’acte d’écriture à la lumière des valeurs discursives que leur imposent ces objets intermédiaux.
This essay examines Koffi Kwahulé’s works in light of the concept of intermediality (in theater plays and novels). Based on the writer’s consistent use of intermedial means to weave creatively the fabric of his works, this essay defines his most salient dramatic or literary categories, including doubling. One notable trait of this particular paradigm is the recurrence, at different levels, of self-reflexive representations of the creative process of writing itself.
Romuald Fonkoua, « Le corps de Monsieur Ki : une scénographie de la littérature »
Romuald Fonkoua est professeur de littérature francophone à Sorbonne Université, où il dirige le Centre international d’études francophones (Cief). Il est par ailleurs Fellow Teacher à l’école française de Middlebury College (Middlebury, Vermont, USA). 313Ses recherches portent sur les questions de littérature générale en rapport avec la francophonie.
La dimension palimpsestique du second roman de Koffi Kwahulé, Monsieur Ki, qui met en scène la littérature dans tous ses états est l’objet de ce chapitre. La lecture d’un testament du suicidé qui est le sujet principal de cette rhapsodie sert en réalité de prétexte à la mise en scène de l’écriture, à la répétition de ces manières d’écrire africaines qui ont marqué l’histoire de la littérature.
The second novel of Koffi Kwahulé, Monsieur Ki, is a staging of literature in its many shapes. Reading the will of a man who has committed suicide, which is the main subject of this novel’s rhapsodic prose, actually serves as a pretext for the author’s rehearsing of the many African styles of writing that have marked the history of literature.
Pierre Letessier, « La danse comme envers dramaturgique »
Pierre Letessier est maître de conférences et directeur de l’Institut d’études théâtrales à l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3. Ses recherches, menées dans une perspective anthropologique et dramaturgique, portent notamment sur les liens entre théâtre et musique. Formé à l’École supérieure d’art dramatique de Pierre Debauche, il a également signé plus d’une douzaine de mises en scène.
Ce chapitre interroge l’inscription paradoxale de la danse dans le théâtre de Koffi Kwahulé. Loin de faire l’objet d’une exploitation chorégraphique, la danse y est rarement donnée à voir : présente et absente à la fois, elle est plutôt ensevelie dans les corps. Elle constitue un « envers dramaturgique » et introduit des éléments d’altérité profonde – au sein des personnages, de l’espace, du temps et de l’action – qui construisent les pièces par/à l’envers.
Dance in the theater of Koffi Kwahulé is a conundrum : the author himself notes that his characters speak a lot and move very little. Dance seldom shows up in choreographic numbers. It is, however, both present and absent, and it is buried in the on-stage bodies. This essay shows that dance is a hidden dramaturgical aspect of many of Kwahulé’s plays : it introduces otherness, or radically different elements into characters, space, time.
Isabelle Elizéon-Hubert, « Ecriture et corps radicants chez Koffi Kwahulé »
Isabelle Elizéon-Hubert est metteuse en scène, dramaturge et chercheuse au sein du SeFeA de l’université Sorbonne nouvelle – Paris 3 et du CRAE de l’université de 314Picardie – Jules-Verne. Elle a soutenu en 2017 une thèse consacrée aux représentations et aux états de corps sur la scène contemporaine à l’heure de la mondialisation au travers des œuvres de Koffi Kwahulé, Robyn Orlin, Bernardo Montet et Pippo Delbono.
Les différentes formes d’écriture et de représentations du corps qui se manifestent chez le dramaturge Koffi Kwahulé constituent l’axe de ce chapitre. Son œuvre est étudiée ici au travers du prisme de ce que nous définissons comme un « Théâtre de la Mondialité », selon le terme glissantien ; un théâtre qui s’invente dans le respect et la richesse du Divers, dans une société marquée, elle, par la mondialisation et l’uniformisation.
The thrust of this article treats the different forms of writing and representation of the body found in the work of playwright Koffi Kwahulé. We study his work through the prism of what can be defined as a “Global or World Theater”. This is a theater that invents itself through respecting the richness of Difference in a society marked by globalization and standardization.
Agathe Bel-Frankian, « Une dramaturgie de la truculence pour penser au-delà des limites »
Agathe Bel-Frankian est artiste et chercheuse au sein du laboratoire SeFeA. Elle a soutenu en 2014 une thèse en cotutelle (universités de Bahia et Sorbonne nouvelle – Paris 3) consacrée à « La poétique de la truculence dans les théâtres contemporains des diasporas afro-descendantes en France, au Brésil et aux États-Unis ». Elle dédie son art à la pratique et à la formation du clown au sein de la Cie Fouxfeuxrieux.
La truculence à l’œuvre dans les pièces de Koffi Kwahulé est abordée dans ce chapitre comme une poétique de la relation dont la dynamique passe par la traversée, la subversion, le marronnage et la vibration-jazz et qui permet d’amener le lecteur-spectateur vers une pensée au-delà des sentiers battus en faisant appel à notre résonance émotionnelle.
Starting from the concept of truculence, this essay identify a poetics which is deployed in the work of Koffi Kwahulé in four main ways : through crossings, subversion, “marronnage” (or detours), and musical vibrations that leads the viewer-reader to a thought beyond the beaten path by appealing to our emotional resonance.
315Edwige Gbouablé, « Les quatre points cardinaux du théâtre kwahuléeen »
Edwige Gbouablé est maître-assistante à l’université Félix-Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire). Elle a soutenu en 2007 une thèse consacrée aux « Écritures de la violence dans les dramaturgies d’Afrique noire francophone », à l’université Rennes 2. Membre associée du laboratoire SeFeA au sein de l’Iret, elle poursuit des recherches sur les dramaturgies contemporaines d’Afrique et des diasporas.
Ce chapitre propose quatre points cardinaux pour explorer le théâtre de Koffi Kwahulé. Le dynamisme esthétique représente l’épicentre de cette dramaturgie transfrontalière où opère un déplacement permanent des lignes structurelle et sémantique, tandis que les écritures de la violence, de l’altérité et du politique en constituent les trois autres points focaux laissant entrevoir dans leur mutation, les traces d’une poétique composite.
The theater of Koffi Kwahulé is characterized by four cardinal points on which its specificity is based. Aesthetic dynamism represents the epicenter of this cross-border dramaturgy in which a permanent displacement of structural lines and semantic fields occurs. Violence, otherness and politics, which compose the three other focal points of his dramatic writing, suggest by their constant mutation a composite poetics.
Dominique Paquet, « Rire, c’est déjà de la musique »
Dominique Paquet est docteur en philosophie et en esthétique. Elle a notamment signé Miroir, mon beau miroir, une histoire de la beauté. Elle mène également une carrière de comédienne et d’autrice. Elle a publié une trentaine de pièces et est actuellement déléguée générale des Écrivains associés du théâtre. Elle a créé Jaz de Koffi Kwahulé dans une mise en scène de Patrick Simon en 2003.
Ce texte partage le regard complice d’une autrice sur l’énigme d’un écrivain et l’œuvre inclassable d’un dramaturge à la langue incandescente et charnelle qui convoque le sacré.
In this essay, a woman writer meditates on the riddle of a companion writer who moves her, on his unclassifiable work and his incandescent and carnal language which conjures up the sacred.
316Sébastien Bournac, « Le clair-obscur tragique de La Mélancolie des barbares »
Sébastien Bournac est metteur en scène. Il a créé en 2003 la Compagnie Tabula rasa et dirige aujourd’hui le théâtre Sorano à Toulouse. Il construit un projet artistique autour des écritures contemporaines et développe des compagnonnages dynamiques avec des auteurs vivants (Daniel Keene, Koffi Kwahulé, Jean-Marie Piemme…).
Cette réflexion rend compte de la fascination du metteur en scène pour ce tragique crépusculaire des temps contemporains que déploie Koffi Kwahulé dans La Mélancolie des barbares et qui l’a poussé à monter la pièce au théâtre national de Toulouse en 2012.
This essay discusses the fascination of the director for the modern-day twilight tragedy that Koffi Kwahulé unfurls in his play La Mélancolie des barbares, a tragic sense that inspired him to stage the play at the national theatre of Toulouse in 2012.
Alexandre Zeff, « Addict »
Alexandre Zeff est comédien et metteur en scène. Après avoir monté Harold Pinter à la sortie du Conservatoire national supérieur d’art dramatique et s’être confronté aux textes de Jon Fosse et Lars Norén, c’est la rencontre avec l’écriture de Koffi Kwahulé : il monte Big Shoot en 2016 avec le Mister Jazz Band, suivront Jaz et Blue-S-cat.
Ce poème témoigne d’une relation sensitive et obsédante du metteur en scène à l’écriture de Koffi Kwahulé et tente de nous faire partager une expérience sensorielle, celle d’une langue traversée par le souffle énigmatique du jazz.
In this poetic meditation, the director suggests his obsessive and affective rapport with Koffi Kwahulé’s writing. He shares his sensory experience of approaching Kwahulé’s texts as though they were traversed by the enigmatic breath of jazz.
Isabelle Pousseur, « Histoire d’une création. L’Odeur des arbres à Ouagadougou »
Isabelle Pousseur est metteure en scène, diplômée de l’Insas (Institut national supérieur des arts et des techniques de diffusion). Elle fonde en 1982 le théâtre du Ciel Noir, devenu en 1988 le théâtre Océan Nord dont elle est codirectrice avec Michel Boermans et qui s’installe dans un ancien garage du quartier populaire de Schaerbeek en 1996. Elle rencontre Koffi Kwahulé à l’occasion des Récréâtrales (Burkina Faso).
317Ces souvenirs se présentent comme la chronique d’une aventure de création menée aux Récréâtrales de Ouagadougou entre février 2014 et janvier 2015, d’où naîtra L’Odeur des arbres, une pièce que Koffi Kwahulé écrit à Ouagadougou pour des acteurs burkinabès et que la metteure en scène belge créera dans une cour d’habitation du quartier Gounghin, en plein cœur de la Révolution ouagalaise d’octobre 2014, avant de présenter le spectacle au théâtre Océan Nord de Bruxelles.
This essay relates a creative adventure which took place in Ouagadougou, at the Récréatrales festival which ran between February 2014 and January 2015 and resulted in the play L’Odeur des arbres. Koffi Kwahulé wrote this work for Burkinabe actors and the Belgian woman director staged the opening in the courtyard of a home in the Gounghin neighborhood of Ouagadougou in October 2014, the midst of a political revolution. She subsequently took the show to Brussels to the théâtre Océan Nord.
Kristian Frédric, « I am quiet with you Mister Kwahulé »
Kristian Frédric est metteur en scène et scénographe. Il dirige depuis 1989 la compagnie Lézards Qui Bougent. Lauréat de la Villa Médicis hors les murs 2005, il est l’auteur d’une trentaine de mises en scène jouées en France, au Canada, en Suisse, en Pologne, au Luxembourg, en Tchéquie, en Allemagne et reconnu par Routledge en 2010 comme l’un des vingt meilleurs metteurs en scène européens de sa génération.
À travers ce récit, le metteur en scène confie le choc de sa rencontre, lors de la création de Big Shoot à Montréal en 2005, avec l’univers dramatique de Koffi Kwahulé, qu’il compare à un boxeur de mots.
The director returns in this essay to the shock of his encounter with Kwahulé’s dramatic universe during the creation of the play Big Shoot in Montreal in 2005. He finds that Koffi Kwahulé’s writing is like boxing with words.
Judith Miller, « De l’autre rive du monde », entretien avec Koffi Kwahulé
Judith Miller est professeur au département de français de New York University. Elle enseigne le théâtre français et francophone et est l’auteur d’études consacrées au texte comme à la scène. Traductrice de Werewere Liking, Koffi Kwahulé, Hélène Cixous, Olivier Kemeid, José Pliya, Gerty Dambury…, elle a publié avec Chantal Bilodeau une anthologie en anglo-américain de pièces de Koffi Kwahulé.
318Dans cet entretien, Koffi Kwahulé, qui se définit comme « écrivain ivoirien de citoyenneté française », revient sur ses origines, son enfance, sa formation, ses influences musicales, littéraires et cinématographiques, la place de l’Amérique et du jazz dans son œuvre, la dimension politique de son théâtre et les enjeux diasporiques qui traversent ses romans.
In this interview, Koffi Kwahulé, who defines himself as an Ivorian writer of French citizenship, looks back at his beginnings, his childhood and his training ; at the musical, literary, and filmic influences and the place of America and jazz in his work ; at the political dimension of his theatre and the diasporic stakes running throughout his novels.