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Classiques Garnier

Résumés

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RÉSUMÉS

Carole Christen, « Introduction. Les vies de Jules Siegfried : éclairage sur un “moment républicain” de la société française et ouverture transnationale »

Le parcours de Jules Siegfried du Second Empire aux premières décennies de la IIIe République est au croisement de plusieurs champs historiographiques et le corpus de sources pour le reconstituer sont nombreuses – ego-documents comme son journal intime, archives publiques, imprimées, etc. Les regards interdisciplinaires portés sur cette personnalité et sa famille, en particulier son épouse Julie Puaux, permettent dappréhender le réformisme social et son expression politique.

Carole Christen, « Les voyages de jeunesse de Jules et Jacques Siegfried (années 1860) »

Les « impressions et souvenirs » de voyages consignés par Jules Siegfried dans son journal et louvrage publié en 1869 par Jacques Siegfried, Seize mois autour du monde, 1867-1869, ainsi que sa collection photographique, permettent de saisir leurs pratiques du voyage dans les années 1860. Le voyage éducatif et le voyage dagréments sont inextricablement liés au voyage daffaires. Ces voyages de jeunesse ont joué un rôle essentiel dans le parcours et lœuvre des frères Siegfried.

Jean-François Klein, « Faire face, souvrir au monde et faire fortune. La stratégie indienne de Jules Siegfried (1862-1865) »

De 1861 à 1865, la Guerre de Sécession ravage le principal producteur du « roi-coton », provoquant une réduction drastique de ses exportations jusquà menacer les fabriques européennes. Jules Siegfried, qui venait au Havre importer du coton américain pour approvisionner les industries mulhousiennes, fait le pari du marché anglo-indien. Après prospection il importe massivement du coton du British Raj. Un coup de poker qui établit sa fortune et sa réputation politique dans la Cité Océane.

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Claude Malon, « Le réseau Siegfried, entre affaires de place et monde ultramarin (1870-1920) »

Jules Siegfried, grand négociant cotonnier, est emblématique de la puissance havraise dans léconomie maritime des années 1870-1920. En termes de réseaux daffaires, linfluence des frères Siegfried est encore plus significative. Contrairement à ce quil laissait parfois entendre, Siegfried est demeuré présent dans les affaires négociantes, industrielles et bancaires. Il fut un grand prosélyte de laventure coloniale, du système concessionnaire en Afrique, et linventeur du concept de « La plus grande France ».

Lucie Prohin, « Jules Siegfried aux expositions. Un acteur au cœur des circulations transnationales dans le domaine de lhabitat ouvrier »

Des années 1870 à laube de la Grande Guerre, Jules Siegfried sest investi dans près dune dizaine dexpositions universelles, en tant quexposant, organisateur, ou encore congressiste. Tout en éclairant lévolution du rôle quil a joué dans le cadre de ces événements, cette contribution se propose de resituer son action dans le contexte plus large des échanges transnationaux qui marquent le domaine de lhabitat ouvrier à cette époque – et pour lesquels les expositions constituent un vecteur privilégié.

Christian Chevandier, « “Augmenter les garanties dordre, de moralité, de modération politique et sociale”. Jules Siegfried et la loi de 1894 sur les habitations à bon marché »

Hors de Mulhouse et du Havre, Jules Siegfried est passé à la postérité pour la loi de 1894 « relative aux habitations à bon marché » et semble un des promoteurs de ce que lon nomme le logement social. Or, cette loi voulait surtout encourager la propriété foncière individuelle. Néanmoins, sa mise en perspective avec les écrits et réalisations de Jules Siegfried en ce domaine montre que, sur le moment et in fine, son intérêt pour le logement des milieux populaires relevait de la réforme sociale.

Matthieu de Oliveira, « Les frères Siegfried et les institutions du commerce »

Le nom de Jules Siegfried renvoie à ses activités de négociant, maire et député, temps forts de sa carrière. Cette présentation commode occulte pourtant 503lengagement de ses frères, complémentaire du sien. Jules, Jacques et Ernest œuvrent au sein des institutions économiques (Société industrielle, Chambre de commerce) et bancaires (Banque de France, Comptoir national dEscompte, Crédit foncier colonial) et Jules, parlementaire puis ministre, demeure attentif aux enjeux sociaux de la République « sociale ».

Éric Saunier, « “Les Frères ne me reconnaissent plus comme tel !” Jules Siegfried et la franc-maçonnerie havraise »

Si lexploitation des sources maçonniques montre quil ne fut pas initié à la franc-maçonnerie, Jules Siegfried entretint cependant avec les francs-maçons du Havre des relations étroites, qui évoluèrent au fil du temps. Regardé par ces derniers comme « maçon sans tablier » au moment de la création du cercle Franklin en 1875, Jules Siegfried devint à leurs yeux, en 1894, en raison de leurs liens croissants avec les radicaux, un homme politique qui était hostile à la franc-maçonnerie.

John Barzman, « Jules Siegfried et Jules Durand »

La relation de Jules Siegfried aux ouvriers sest durcie au fil années. De 1910 à 1922, interpellé par laffaire Durand, sorte de nouvelle affaire Dreyfus dirigée cette fois contre un dirigeant ouvrier syndicaliste révolutionnaire, il a cherché à concilier son attachement à la justice et son hostilité à la lutte des classes. Malgré la « loi Siegfried » déposée en 1914, lalternance de ses silences, prises de positions ambigües et réprobations claires de linjustice, illustre cette difficulté.

Nicolas Stoskopf, « Les racines mulhousiennes de laction sociale de Jules Siegfried »

Jules Siegfried prend à Mulhouse deux initiatives, la création dun cercle ouvrier et dune école de commerce. Sa démarche est conforme à une méthode mulhousienne : au départ, le constat dun dysfonctionnement, la conviction dun devoir moral et une approche rationnelle ; les solutions sappuient sur lenquête, des références étrangères, laction collective à léchelle de la cité, lexpérimentation et lévaluation ; lobjectif de moralisation passe ici par la prévention, léducation et lémancipation.

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Yannick Marec, « Jules Siegfried et la lutte contre la misère au tournant des xixe et xxe siècles »

Jules Siegfried se préoccupe très tôt des questions sociales. En témoigne particulièrement son ouvrage de 1877 : Quelques mots sur la Misère, son histoire, ses causes, ses remèdes. Plusieurs de ses orientations futures y transparaissent, en particulier son intérêt pour lhabitat social et les questions dhygiène ainsi que son souci de combattre la misère aussi bien au niveau local que dans une perspective nationale. Il a cependant évolué dans sa manière denvisager la résolution de la question sociale.

Antoine Savoye, « Jules Siegfried au sein du microcosme des réformateurs sociaux. Une figure originale »

Simultanément à son activité de négociant international et dhomme politique, Jules Siegfried a été un réformateur social, engagé dans des changements pratiques. Cette contribution brosse un tableau densemble de son action réformatrice et met en lumière ses lignes de force : lhabitat, lhygiène publique et léducation. Elle dégage la logique daction qui lui est propre, comparée à celles de trois de ses confrères en réformisme : Charles Robert, Émile Cheysson et Georges Picot.

Michel Dreyfus, « Jules Siegfried, président du Musée social »

Un des fondateurs du Musée social en 1894, Jules Siegfried est son premier président jusquà sa mort en 1922. Jusquà la Grande Guerre, le Musée social est « lantichambre de la Chambre », le lieu où sont élaborées des lois sociales importantes. Jules Siegfried associe le Musée social aux composantes de la coopération – agricole, de consommation et de production – ainsi quà la mutualité : tous ces mouvements se développent alors rapidement.

Pierre Allorant et Walter Badier, « Georges Picot, compagnon de route du réformateur social Jules Siegfried »

Cette contribution sattache à souligner les points de convergence des deux réformateurs sociaux que sont Jules Siegfried et Georges Picot : leurs références idéologiques et intellectuelles forgées au sein des cercles où sélaborent les réformes sociales des débuts de la Troisième république, leurs engagements associatifs, philanthropiques et politiques communs au sein de la « nébuleuse réformatrice ».

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Victoria Afanasyeva et Didier Nourrisson, « Les Siegfried combattent le “dragon Alcool” »

La famille Siegfried a adhéré au mouvement antialcoolique français dès que celui-ci sest formé en France à la fin du xixe siècle. Après une réflexion sur le Havre et sur son statut de ville où lon buvait le plus, cette contribution passe en revue les démarches de Jules Siegfried au niveau municipal, ainsi que lactivité prolifique du Comité antialcoolique des dames du Havre. Elle se termine par lanalyse du concours de Jules et Julie Siegfried à la lutte antialcoolique au niveau national.

Marie Gaimard, « Un levier à la réforme sociale ? Jules Siegfried et larchitecture »

Larticle tend à considérer laction de Jules Siegfried et son influence dans le champ de larchitecture et la fabrication de la ville, plus particulièrement dans le logement social et lhygiène urbaine. Dès le début de sa carrière politique, Jules Siegfried entend larchitecture comme un outil puissant et concret pour la transformation du cadre de vie. Ses actions trouvent dailleurs un fort retentissement parmi les architectes soucieux de répondre aux enjeux de la ville moderne.

Marianne Thivend, « Lécole professionnelle de filles au Havre, témoin des engagements éducatifs et féministes de Jules Siegfried (1871-1900) »

Le 12 septembre 1880 au Havre, une École dapprentissage de filles est inaugurée par Jules Siegfried, maire de la ville depuis 1878. Si lécole incarne bien ce que fut le mouvement dinstitutionnalisation de lenseignement technique lors du dernier tiers du xixe siècle, elle témoigne aussi de lengagement de Jules Siegfried en faveur de lenseignement professionnel des filles, à un moment où la question du travail des femmes est débattue et que se développent des cours et des écoles visant à les y préparer.

Stéphane Lembré, « Un havre ouvert au monde ? Jacques et Jules Siegfried, observateurs et passeurs de lenseignement technique (années 1860-1910) »

Le Havre devient au cours de la IIIe République un foyer denseignement technique dynamique. Lengagement de Jacques et Jules Siegfried en faveur 506des écoles supérieures de commerce, des écoles professionnelles ou dune loi sur lenseignement technique, est guidé par une ambition de réforme sociale conjuguée à une expérience dindustriels et de négociants. Leur capacité à lier réalisations locales, débats nationaux et références internationales est au fondement de l« offre locale » de formation.

François Mathou, « “La moralisation par la distraction”. Jules Siegfried et le Cercle Franklin du Havre »

En 1876, Jules Siegfried crée le Cercle Franklin, un centre dinstruction et de récréation pour les ouvriers havrais. Très innovant dans sa conception, létablissement suscite un bref engouement de la population locale et de la presse républicaine mais se heurte rapidement au désintérêt des ouvriers en raison de sa programmation inadaptée et de son orientation paternaliste. Dès 1893, il disparaît. Un échec qui révèle les limites de lapproche de la question sociale par Jules Siegfried.

Clémence Poivet-Ducroix, « Le musée des Beaux-Arts du Havre et Jules Siegfried. Chambre décho de lexercice politique »

Létude des inventaires et des archives du musée des Beaux-Arts du Havre sous les différents mandats électoraux de Jules Siegfried comme maire adjoint délégué à linstruction publique, puis maire et député du Havre permet déclairer la manière dont cet homme, peu sensible à lart, sest impliqué dans la gestion de ce musée municipal. Le développement du musée et de ses collections devient à la fois le vecteur dune politique déducation populaire comme le reflet de ses idées, valeurs et priorités politiques.

Claire Saunier-Le Foll, « Julie Puaux-Siegfried, itinéraires dune femme politique »

Si les observateurs ont mis en avant lentente au sein du couple Siegfried, il faut souligner la dissymétrie de leurs carrières : la période havraise de Julie nest marquée que par des affiliations associatives de pure forme. Ce sont ses fonctions au sein du mouvement féministe national qui lamènent ensuite à se constituer au Havre un fief politique, puis pendant la guerre, un laboratoire de la solidarité féminine internationale, marquant ainsi, par un itinéraire très personnel, une carrière originale.

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Delphine Diaz, « Réunir les familles dispersées. Julie Puaux-Siegfried et la question des enfants réfugiés »

Le Conseil national des femmes françaises, présidé par Julie Puaux-Siegfried, mène à partir de lhiver 1914 des recherches de civils : l« Office de renseignement des familles dispersées » recueille des informations sur les enfants séparés de leurs parents en raison du conflit et de lexode. LOffice devient lun des rouages essentiels qui permet aux familles de se reconstituer. Julie Puaux-Siegfried joue un rôle décisif dans la prise en considération des enfants réfugiés en temps de guerre.

Christian Topalov, « Affaires de famille. Les Siegfried et les Puaux dans les réseaux réformateurs »

Cette contribution étudie la place de Jules Siegfried, de Julie Puaux son épouse et de leurs fratries respectives dans les réseaux réformateurs de leur temps. La base de données Reform-Paris, qui enregistre les personnes affiliées à 132 institutions, fournit une vision globale du monde réformateur parisien et permet de comparer les affiliations de Jules Siegfried à celles dautres personnalités majeures, mais aussi celles des femmes et des hommes au sein des parentèles Siegfried-Puaux.

Steve Deboos, « Jules et Julie Siegfried au regard de leurs successions »

Les successions des Siegfried montrent la transition dans la carrière de Jules, dune vie essentiellement consacrée aux affaires à un mode de vie où les activités politiques et la philanthropie tiennent une place importante en lien avec ses profondes convictions protestantes et républicaines. Larticle souhaite aussi éclairer ce milieu familial de grands bourgeois à travers les questions de transmission du patrimoine et des postes de pouvoir dans les entreprises.

Pierre Ardaillou, « Le Havre, le pays de Caux et Jules Siegfried dans les Tableaux dAndré. Entre absence et présence »

André Siegfried a tenté en vain, en 1906 et 1910, dêtre élu député de la 2e circonscription du Havre. Son échec à placer ses pas dans ceux de son père, élu de la circonscription voisine, fit quil ny eut pas de dynastie politique des 508Siegfried. Si André a fait le choix de ne pas parler du Havre dans son célèbre Tableau politique de la France de lOuest de 1913, sa douloureuse expérience électorale y est présente, tout comme dans dautres écrits, et nest pas sans influence sur ses analyses.