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Classiques Garnier

Note sur l’établissement du texte et la traduction

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Jephtias Tragœdia / La Fille de Jephté, tragédie
  • Pages : 47 à 49
  • Collection : Bibliothèque du xviie siècle, n° 35
  • Série : Théâtre, n° 7
  • Thème CLIL : 3439 -- LITTÉRATURE GÉNÉRALE -- Oeuvres classiques -- Moderne (<1799)
  • EAN : 9782406097181
  • ISBN : 978-2-406-09718-1
  • ISSN : 2258-0158
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09718-1.p.0047
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 13/01/2020
  • Langue : Français
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Note sur létablissement
du texte et la traduction

Nous avons utilisé dans un premier temps lédition la plus courante du texte de Jephtias Tragœdia, celle qui se trouve au tome VI des Opera poetica omnia de Balde en huit volumes publiée à Munich en 17291. Nous étant rendu compte quelle est très fautive, nous avons ensuite repris le texte au regard de la première édition de la tragédie, celle dAmberg, publiée en 16542, dune impression beaucoup plus soignée, beaucoup moins fautive, comportant en outre une page derrata. Nous avons reproduit le texte tel quel, respectant son usage dabréviations pour les noms des personnages, de capitales, non seulement en tête des vers, mais aussi parfois à lintérieur de ceux-ci, et de caractères italiques dont la fonction nest pas toujours très claire3. Nous avons choisi de numéroter les vers acte par acte. Nous indiquons dans la marge droite du texte latin le schéma métrique.

Nous avons assez souvent modifié la ponctuation dusage des xvie et xviie siècles, étrange voire déroutante pour le lecteur moderne : en particulier lemploi très fréquent des deux points, là où nous mettrions simplement une virgule. Nous avons également en certains cas substitué des points-virgule, ou même des virgules, à des points, quand le sens semblait lexiger. Nous avons respecté lalignement des vers, selon lédition de 1654, et harmonisé la typographie des didascalies. Les chiffres figurant entre crochets dans le texte latin renvoient à la pagination de lédition de 1654.

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Cette pièce na jamais été traduite en français. Il nen existe, à notre connaissance, quune traduction en allemand, à ce jour non publiée, due au Professeur Wolfgang Beitinger4. Nous avons choisi de traduire en vers blancs, chacun de nos vers correspondant à un vers de Balde (avec, de temps en temps, des inversions exigées pour la fluidité du français). Il nétait pas question, de toute évidence, de traduire en vers mesurés – sauf à traduire de façon très artificielle et sans respecter davantage les passages lyriques. Ce que permet lallemand (et encore, avec des accommodements dont sexplique W. Beitinger) est rendu tout à fait impossible par la nature rythmique de la langue française et ses règles de versification. Nous avons estimé lunité du vers blanc plus souple et propre à rendre au plus près le sens littéral tout en préservant au français son naturel.

Autant dire que nous navons pas pris parti entre “sourciers” et “ciblistes”, pour reprendre la terminologie de Jean-René Ladmiral et lintéressant débat quil soulève5. Nous avons constamment cheché un équilibre entre les deux positions, qui à nos yeux ne sont point incompatibles : il sagissait pour chaque vers, après nous être assurée de lexactitude absolue du sens littéral, de pratiquer cet écart minimal qui permet dagencer les mots autrement, afin de rendre la traduction fluide, homogène, et “française”. Par ailleurs, le texte de Balde étant 49largement une mosaïque de citations et réminiscences antiques, il fallait aussi rendre ces dernières transparentes au lecteur, fût-ce par un appareil de notes. Quant aux passages lyriques, et notamment les “polyphonies” à la manière sénéquienne6, ceût été une gageure de vouloir en rendre le rythme en français ; la seule solution était den préserver la brièveté, le cas échéant, en jouant sur la syntaxe, ce que les usages de la poésie moderne en français rendent aujourdhui tout fait possible. Lessentiel était de produire un texte lisible – y compris en ses longueurs, que seule lintention didactique excuse ! – et de nen point masquer la disparate, inhérente à ce genre particulier quest le drame jésuite et peut-être plus sensible encore chez Balde, qui juxtapose imitations quelque peu indigestes de lhypotypose antique (notamment les récits de bataille), et authentique virtuosité lyrique dans la veine sénéquienne.

1 Monachij, Typis Joannis Lucæ Straubij, Anno 1729.

2 Ambergæ, Typis Georgij Haugenhoferi, Anno M.DC. LIV. Disponible sur le site de la Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel.

3 Tantôt ces italiques désignent clairement des citations, tantôt ils distinguent certaines parties du texte sans raison apparente. Notre hypothèse est que ces italiques désigneraient un mode particulier, plus lyrique, de diction. Aucun commentaire à ce sujet dans larticle pourtant très documenté et complet de Norbert Tschulik, art. cité, p. 359-377. Il indique simplement, p. 362, que les chœurs intérieurs au texte, dans les pièces jésuites, nétaient pratiquement jamais chantés.

4 Wolfgang Beitinger (1928-2010) fut professeur de latin, de grec ancien et dallemand aux « Gymnases » (= lycées) de Mindelheim, Kempten, Donauwörth et Kaufbeuren. Cest grâce à son fils, M. Andreas Beitinger, que nous avons obtenu la version scannée de cette traduction dactylographiée, faite à partir de lédition de Cologne 1660 ; plus exactement, il en existe deux versions : une en prose, inachevée, qui sarrête au vers 4340 sur 4817 (= v. 967 de lacte V), avec quelques coupures ; une en vers, achevée mais avec également quelques coupures. Cette dernière, qui donne en marge la nature des mètres latins, sefforce dans la mesure du possible de les reproduire en allemand. (Da ich in Baldes lyrischer Tragödie noch den Willen des Autors spüre, ein DRAMMA MELICUM bzw. MUSICALE zu schaffen, war es mir Bedürfnis, die Fülle seiner rhythmischen Formen zu dokumentieren bzw. dem heutigen Leser mindestens einen Eindruck von ihnen zu geben (W. Beitinger, “Zur Wiedergabe der Metren”). Cette traduction ne comporte ni les Prolegomena, ni les Melodramatica, ces derniers absents de lédition de Cologne (alors que les Prolegomena y figurent). Wolfgang Beitinger est également lauteur de deux articles sur Balde : “Jacob Balde. Eine Würdigung seines Gesamtwerkes”, in [Coll.] Jacob Balde. Festschrift. Zur 300. Wiederkehr seines Todestages am 9. August 1968, Neuburg-an-der-Donau, 1968, p. 5-114, et “Thomas Morus in einer Ode Jakob Baldes (Carm. lyr. I, 3)”, Anregung, Zeitschrift für Gymnasialpädagogik 31, 1985, p. 312-321.

5 Jean-René Ladmiral, Sourcier ou Cibliste, Les Belles Lettres, “Traductologiques”, 2004 (avec reprise dun article de 1996 de même titre).

6 Voir infra, p. 585 sq.