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Classiques Garnier

Présentation

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Jeanne d’Albret et sa cour
  • Auteur : Babelon (Jean-Pierre)
  • Pages : 7 à 9
  • Réimpression de l’édition de : 2004
  • Collection : Rencontres, n° 219
  • Série : Colloques, congrès et conférences sur la Renaissance européenne, n° 44
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812453502
  • ISBN : 978-2-8124-5350-2
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-5350-2.p.0007
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 04/04/2007
  • Langue : Français
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La décision de réunir un colloque sur Jeanne d'Albret a été prise sans qu'aucun anniversaire n'ait donné l'occasion d'une célébration. C'est assez dire que l'approfondissement des recherches sur la reine grâce à la confrontation des historiens peut se passer de toute référence calendaire, tout en rappelant cependant que les commémorations de l'Édit de Nantes ont ravivé, si c'était nécessaire, l'attention portée à la crise des conscien¬ ces de la fin du XVP siècle. Dans l'histoire régionale et nationale de la société et du pouvoir comme dans celle de la Réforme française, mais aussi dans celle des Lettres, la reine de Navarre est sur le devant de la scène, elle fait partie de l'escadron des femmes fortes qui donnent au XVr siècle l'une de ses plus captivantes particularités. Chaque fois que l'on tente d'esquisser son portrait, on est conduit, si l'on n'y prend garde à ajouter un sous-titre à la légende, « Jeanne d'Albret, la mère d'Henri IV », au point que l'une de ses récentes biographes a jugé bon d'y ajouter un adjectif lourd de sous-entendus « la mère passionnée d'Henri IV » (Françoise Kermina, 1998). Ce sous-titre n'a pourtant pas été retenu par tous les historiens de Jeanne, qui sont en majorité des femmes, on l'aura remarqué : d'abord Mademoiselle de Vauvilliers, dont le solide ouvrage paru dès 1823 ouvre la carrière, puis Yves Cazaux en 1973, et surtout Nancy Roelker, dont l'édition américaine Queen of Navarre : Jeanne d'Albret, 1528-1572 parut à Cambridge en 1968, et l'édition française en 1979. Il n'est pas indifférent de noter que l'étude décisive à laquelle chacun se rapporte sort d'une plume anglo- saxonne. Plus que d'autres peut-être, américains et britanniques sont portés à s'intéresser aux femmes de pouvoir au siècle de la Réforme sur le modèle d'Elisabeth 1"®. Chez Jeanne, l'étude de la fille ou de l'épouse, face aux hommes Henri d'Albret et Antoine de Bourbon, ne peut conduire à de grands développements, l'un et l'autre trop éloignés d'elle, pour des raisons

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différentes. Les relations de la fille et de la mère, Marguerite, sont un sujet plus fécond, elles nous mènent à travers l'amour des Lettres sur les chemins de la Réforme. Ne considérer que les relations de Jeanne avec son fils, pour ne pas parler de sa fille Catherine, si bien étudiée par Raymond Ritter et par Pierre Tucoo-Chala, voilà la tentation majeure qui risque de nous égarer. La reine Jeanne n'aurait-elle eu qu'un rôle matriciel ; mettre au monde et éduquer ? Le fruit de ses entrailles, si abondamment célébré, risque d'offusquer injustement le regard que nous devons poser sur la femme, sa personnalité, ses goûts, son énergie, et la vocation qu'elle a voulu se donner. Au cours de ce colloque, le déséquilibre a été soigneusement évité. Certes l'étude devait porter aussi sur la formation intellectuelle du jeune prince, comme l'a fait Christian Desplat, mais dans une vision de critique historiographique, ainsi que sur l'engagement guerrier de la mère et du fils contre les forces de la Ligue, avec la communication d'Anne-Marie Cocula. Les autres contributions des différents intervenants, venus des universités françaises mais aussi de Férouse, Western Washington, Tel- Aviv et Melbourne, ont modifié et eiurichi notre connaissance de la reine régnante de Navarre et de son action sur la société de son temps, au cours d'une vie relativement brève -quarante-quatre ans- et dramatique. Les lieux choisis pour les séances étaient lourds de sens : Pau, le château familial, la capitale de l'indépendance béarnaise, et Orthez, la cité calviniste chère au cœur de la reine. La part importante faite à son entourage, sa famille, ses conseillers, les autorités régissant le Béam sous sa conduite, plus encore les directeurs spirituels et les pasteurs dont elle s'est entourée pour faire de ses États le nouveau pays de Canaan renouvelle heureusement notre connaissance et nous permet de cerner les points d'ombre qui subsistent, énumérés par David Bryson. Les grands secteurs de réflexion qui ont été traités, en utilisant une abondante documentation, sans cesse accrue depuis les précieuses publications du baron de Ruble, déterminent les cinq chapitres de ce volume : Jeanne devant le choix religieux, son entourage à Pau comme à La Rochelle, Jeanne et les arts, Jeanne et l'humanisme, Jeanne aux yeux de la postérité. Notre gratitude va à ceux qui ont recueilli et mis en forme les différentes contributions des intervenants, Évelyne Berriot-Salvadore,

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Philippe Chareyre et Claudie Martin-Ulrich. Par delà les joies satisfaisan¬ tes de la biographie sans cesse amendée et approfondie, la vie d'une femme nous permet de saisir les réalités d'une époque et les aspirations d'une société.

Jean-Pierre Babelon Membre de l'Institut Président de la société Henri IV