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Classiques Garnier

Présentation des auteurs et résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Jean-Jacques Rousseau et l’exigence d’authenticité. Une question pour notre temps
  • Pages : 461 à 470
  • Collection : Rencontres, n° 94
  • Série : Le dix-huitième siècle, n° 8
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782812430824
  • ISBN : 978-2-8124-3082-4
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-8124-3082-4.p.0461
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 24/09/2014
  • Langue : Français
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Présentation des auteurs
et résumés

Barbara Carnevali : « Rousseau et lauthenticité. »

Barbara Carnevali est maître de conférences en philosophie à lÉcole des hautes études en sciences sociales. Parmi ses publications figurent les livres Romantisme et reconnaissance. Figures de la conscience chez Rousseau (Genève, 2012), et Le apparenze sociali. Una filosofia del prestigio (Bologne, 2012).

Dans son étude « Rousseau et lauthenticité », Barbara Carnevali présente les termes dun débat qui remonte au gnôthi seauton et se poursuit jusquà notre époque. Le concept dauthenticité et ses satellites : autonomie, aliénation, reconnaissance est un excellent intégrateur des axes de la pensée de la vérité chez Rousseau. À un second niveau, elle décline lhistoire du « rousseausime » comme ultime avatar dune pratique de soi remontant aux exercices spirituels des écoles antiques.

Paul Audi : « Rousseau et la dénaturation de lâme. »

Paul Audi est philosophe (PHILéPOL, université Paris-Descartes). Il est lauteur dune vingtaine douvrages consacrés, pour la plupart, aux rapports de léthique et de lesthétique en Occident au cours des Temps modernes. Il a publié trois ouvrages sur Rousseau et, récemment, Qui témoignera pour nous ? Albert Camus face à lui-même (Lagrasse, 2013), LAffaire Nietzsche (Lagrasse, 2013) et Le Démon de lappartenance (Paris, 2014).

Paul Audi montre dans son étude « Rousseau et la dénaturation de lâme », que celui-ci place laffectivité au centre de lêtre comme immanence à soi de la subjectivité, cependant vouée à la duplicité du devenir civilisationnel ; linquiétude ontologique quelle suscite est examinée à travers le remords dont atteste Rousseau à légard de sa calomnie de jeunesse envers la servante Marion, et par une réévaluation de la perfectibilité selon lantinomie de ses possibles.

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Martin Rueff : « “La vérité que jaime nest pas tant métaphysique que morale”. Dire la vérité dans la correspondance avec Dom Deschamps. »

Martin Rueff est professeur à luniversité de Genève où il occupe la chaire de littérature du xviiie siècle. Il étudie lœuvre de Jean-Jacques Rousseau et la poésie contemporaine. Il est corédacteur en chef de la revue Po&sie. Il est notamment lauteur de Michel Deguy, situation dun poète lyrique à lapogée du capitalisme culturel, (Paris, 2012), Radical y separado, Lantropologia de J.-J. Rousseau y las teorias contemporáneas de la Justicia, (Buenos Aires, 2014) et de Grammaires de Rousseau (à paraître).

Dans sa contribution «“La vérité que jaime nest pas tant métaphysique que morale”, Dire la vérité dans la correspondance avec Dom Deschamps », Martin Rueff pointe chez Rousseau la tension de lexigence dun dire authentique de la vérité, avec limpératif de savoir respecter ce qui doit en demeurer celé. Le dialogue épistolaire de 1761 avec Dom Deschamps constituerait la pierre de touche de cette approche de la vérité où lassentiment prévaut sur lévidence.

Jean-Hugues Déchaux : « Lindividualisme de Rousseau : une analyse sociologique. »

Jean-Hugues Déchaux, professeur de sociologie à luniversité Lumière – Lyon 2, est directeur du Centre Max-Weber et membre du comité de rédaction de la Revue française de sociologie. Sociologue de la famille et de la parenté, il sintéresse aussi au traitement social de la mort et à la théorie de laction. Il a notamment publié Sociologie de la famille (Paris, 2009), Les Familles face à la mort (Le Bouscat, 1998), et Le Souvenir des morts (Paris, 1997).

Dans son étude « Lindividualisme de Rousseau : une analyse sociologique », Jean-Hugues Déchaux examine les concepts centraux, chez Rousseau, de liberté, dintérêt et de rationalité. Adversaire de lutilitarisme, celui-ci insiste sur la dimension proprement affective et morale de lintérêt subjectif au plan intentionnel comme à celui de laction, en faisant primer la relation dêtre sur la relation davoir ; ce qui fonde la possibilité dun vivre ensemble authentique.

Benoit Caudoux : « Quelle authenticité pour quelle modernité ? »

Benoit Caudoux, professeur agrégé de philosophie au lycée du Hainaut de Valenciennes, a soutenu en 2012 une thèse intitulée Écriture et Éthique chez Jean-Jacques Rousseau. Le Sentiment de lextériorité, à paraître aux éditions H. Champion. Il a publié La Migration des gnous (Paris, 2004), Géographie (Paris, 2008), Sur Quatorze

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façons daller dans le même café (Paris, 2010), Le Restaurant chinois (Blandain, 2007), La Vérité abstraite toute nue (Lille, 2012).

Dans sa contribution « Quelle authenticité pour quelle modernité ? », Benoît Caudoux tente de repenser la modernité de Rousseau en soutenant, contre Charles Taylor et dans la proximité de Lévinas, que lauthenticité de sa recherche de vérité procède dune attitude profondément dialogique. Des Lettres à Malesherbes jusquaux Dialogues, Rousseau invente une « écriture éthique » liant la vie authentique à la parole juste dans la relation sensible à autrui.

Laurent Jaffro : « Comment produire le sentiment de lexistence ? »

Laurent Jaffro est professeur de philosophie morale à luniversité Paris 1 – Panthéon-Sorbonne. Il est lauteur de travaux sur la philosophie britannique du xviiie siècle et sur la philosophie morale. Parmi ses publications les plus récentes : “John Toland and the Moral Teaching of the Gospel”, Philosophy and Religion in Enlightenment Britain (Oxford, 2012), « Language and Thought », Oxford Handbook of British Philosophy in the Eighteenth Century (Oxford, 2013).

Se demandant « Comment produire le sentiment de lexistence ? », Laurent Jaffro introduit les catégories d« identité pratique » et d« identité pathétique », la première engageant la liberté du sujet, la seconde sa visée du bonheur. Étudiant ce quil nomme « la stratégie de lîle Saint-Pierre » chez Rousseau, il montre que son entente de la liberté ninclut pas celle de la volonté mais uniquement la sphère des actions. Alors peut sexpérimenter une authentique pratique de soi selon la Nature.

Franck Salaün : « La violence et la discipline. Rousseau martyr de la sincérité. »

Franck Salaün est professeur de littérature française au xviiie siècle à luniversité Montpellier 3 et membre de lInstitut de recherche sur la Renaissance, lâge Classique et les Lumières. Il fait partie du comité de publication des Œuvres complètes de Diderot (Paris, 23 volumes parus) et a publié Le Genou de Jacques (Paris, 2010), LAutorité du discours (Paris, 2010), Les Lumières. Une introduction (Paris, 2011), et Besoin de fiction (Paris, 2013).

Selon Franck Salaün dans son étude « La violence et la discipline. Rousseau martyr de la sincérité », la question de lauthenticité ne procède pas de létat de nature mais de la duplicité des rapports sociaux, cest-à-dire aussi de leur violence. Il montre quincarner avec esprit de suite la figure de « martyr de la

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sincérité » est la solution adoptée par Rousseau pour authentifier son témoignage dans les circonstances où il lexprime.

Antoine Lilti : « Singe de Diogène ! Rousseau ou limpossible authenticité de la critique. »

Antoine Lilti est directeur détudes à lEHESS. Il est membre du comité de rédaction des Annales. Histoire, sciences sociales. Il a publié Le Monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au xviiie siècle (Paris, 2005).

Dans son étude « Singe de Diogène ! Rousseau martyr de la sincérité », Antoine Lilti souligne les contradictions de la posture publique de Rousseau. Si celui-ci engage sa « réforme » après le succès retentissant du Discours de Dijon, cest une façon de « médiatiser » sa personne et son œuvre : il y a là un « courage de la vérité » qui a frappé son temps mais qui enclenche une logique du soupçon : un écart se creuse entre ce que loriginal pense de lui-même et ce quen pensent les autres.

John C. ONeal : « Rousseau à lâge de facebook. Lauthenticité et le défi de lopinion publique dans les Dialogues. »

John C. ONeal est professeur de littérature française à Hamilton College (Clinton, New York, USA) depuis 1984. Il a publié The Progressive Poetics of Confusion in the French Enlightenment (Newark, 2011), Changing Minds (Newark, 2002), The Authority of Experience (Penn State, 1996), et « Seeing and Observing : Rousseaus Rhetoric of Perception », dans le volume 41 de Stanford French and Italian Studies (Stanford, 1985).

Selon John ONeal, dans sa contribution : « Rousseau à lâge de face book », cest lhistoire de la pensée confrontée aux mass media qui sinaugure dans les Dialogues de Rousseau : sengage au xviiie siècle un processus daliénation généralisée des consciences dans la circulation de leur image médiatique, dont le caractère hégémonique ne laisse que peu despaces de résistance : lœuvre de Rousseau en est un.

Saloua Adli : « Perfectibilité et authenticité : lexigence naturelle du devenir. »

Saloua Adli est doctorante en philosophie de léducation à luniversité Pierre-Mendès-France – Grenoble 2. La perfectibilité chez Rousseau, son mémoire de Master II,

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est en ligne sur le catalogue DUMAS. Elle réalise des ateliers de philosophie en école primaire avec lHexagone, scène nationale de Meylan.

Dans son étude « Perfectibilité et authenticité : lexigence naturelle du devenir », Saloua Adli interroge les antinomies du concept de perfectibilité : si la notion dauthenticité réfère à un absolu, la temporalité du devenir quengage la perfectibilité inclut la nécessité de laltération de lorigine autant que limpossibilité datteindre à une perfection. Doù il suit que si lauthenticité est bien une exigence, elle se dérobe à toute atteinte.

Claude Habib : « Lobstacle du style : remarques sur les contradictions. »

Claude Habib est ancienne élève de lENS de Fontenay-aux-Roses et spécialiste du xviiisiècle. Professeure de littérature à luniversité Sorbonne nouvelle, elle a notamment écrit Le Consentement amoureux. Rousseau, les femmes et la Cité (Paris, 1998), Galanterie Française (Paris, 2006), Rousseau aux Charmettes (Paris, 2012). Elle a dirigé Éduquer selon la nature. Seize études sur Émile (Paris, 2012).

Dans son étude « Lobstacle du style : remarques sur les contradictions », Claude Habib part de la multiplicité de contresens auxquels donne lieu lœuvre de Rousseau ; elle y voit une conséquence de sa netteté de formulation. Sil y a une authenticité de Rousseau comme écrivain, elle serait donc à lire dans ses contradictions ; pour autant, il ne faut pas négliger chez lui le rhéteur conscient de ses moyens et de ses effets : au lecteur dopter.

Jacques Berchtold : « Peut-on remettre en question lintention vertueuse des actions héroïques des Romains ? »

Jacques Berchtold, professeur à luniversité Paris-Sorbonne et directeur de la Fondation Martin Bodmer (Cologny), a codirigé (1996-2014) les Annales Rousseau (Genève) et il codirige lédition chronologique des Œuvres complètes de Rousseau (Paris, à paraître). Il a publié Rousseau, Calvin, Genève (Noyon, 2012) et codirigé les collectifs Lire la Correspondance de Rousseau (Genève, 2007) et Lamour dans La Nouvelle Héloïse (Genève, 2002).

« Peut-on remettre en question lintention vertueuse des actions héroïques des Romains ? » se demande Jacques Berchtold, en admettant que Rousseau ait menti par omission sur la violence de son père. Reprenant les exemples classiques de brutalité meurtrière paternelle, il montre que leur assomption stoïcienne est contredite par la tradition chrétienne. Ce que Rousseau tait

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peut-être dans Les Confessions serait donc lisible en dautres endroits de son œuvre où se trouveraient discutée les vertus héroïques antiques.

Michael ODea : « “Le lien puissant et secret des passions avec les sons”. Questions dauthenticité musicale. »

Michael ODea est professeur émérite de lettres modernes à luniversité Lyon 2 et membre de lUMR LIRE (Lyon 2 / CNRS). Il est lauteur de Jean-Jacques Rousseau. Music, Illusion and Desire (Londres et New York, 1995). Il a coordonné les volumes Rousseau et les philosophes (SVEC 2010 :12) et Jean-Jacques Rousseau en 2012 : « Puisquenfin mon nom doit vivre » (SVEC 2012 :1) ; il termine actuellement une édition de lEssai sur lorigine des langues pour les Œuvres complètes de Rousseau paraissant chez Classiques Garnier. Il travaille également sur Diderot et sur lEncyclopédie, ainsi que sur la presse au xviiie siècle (Journal de Paris).

Dans son étude « “Le lien puissant et secret des passions avec les sons”. Questions dauthenticité musicale », Michael ODea montre que la forme de lauthenticité chez Rousseau est recherchée dans le lien de lexpression à lémotion ressentie. Si Les Confessions mettent en scène un partage émotif à loccasion de lœuvre, plutôt quune célébration de lœuvre elle-même, les pages consacrées à la musique dans Rousseau juge de Jean-Jacques donnent lauthenticité comme intrinsèque à lœuvre musicale, celle-ci savérant la pierre de touche de lœuvre entière.

Amélie Tissoires : « La musique et lexpérience de lauthenticité. »

Amélie Tissoires est professeure agrégée de lettres modernes et membre associé de lUMR LIRE à luniversité Stendhal – Grenoble 3. Elle a soutenu une thèse intitulée « lOpéra mental, formes et enjeux de lécriture du spectacle chez Jean-Jacques Rousseau » sous la direction de J.-F. Perrin (à paraître). Elle est coauteur des Confessions, t. I à VI (Neuilly, 2012) et a publié plusieurs articles sur Rousseau.

Dans son étude « La musique et lexpérience de lauthenticité », Amélie Tissoires compare le premier préambule des Confessions avec la préface du Dictionnaire de musique. Suivent une analyse de lémotion musicale partagée comme paradigme de lauthenticité selon le récit de la représentation du Devin du village, et une relecture de lépisode de limposture du concert de Lausanne pointant linauthenticité virtuellement présente à lart comme produit civilisationnel.

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Dominique Hölzle : « Galanterie, confusion des sexes et spectacle authentique dans la Lettre à dAlembert de Rousseau. »

Dominique Hölzle, membre associé de lUMR LIRE à luniversité Stendhal – Grenoble 3, a coédité les Lettres athéniennes de Crébillon (Paris, 2010), et publié Le Roman libertin au xviiie siècle (Oxford, 2012). Ses recherches portent sur la politique des sexes à lâge classique, sur la poétique du roman galant et libertin, et sur la façon dont les questions esthétiques travaillent les théories de la sociabilité et la fiction romanesque.

Dans sa contribution « Galanterie, confusion des sexes et spectacle authentique dans la Lettre à dAlembert », Dominique Hölzle étudie la place problématique du féminin dans lantinomie quinstalle cette œuvre entre lauthenticité républicaine de la fête genevoise et les artifices théâtraux de la scène moderne. Lirruption des spectatrices dans le rituel militaire de Saint-Gervais paraît une alternative au confinement du féminin hors de lespace public dans lAntiquité.

Maria Leone : « “Je suis autre”, sur quelques figures de laltérité dans les Confessions. De la diffraction du moi à la mise en scène de lhétérogénéité textuelle. »

Maria Leone est enseignante en lettres en classes Préparatoires scientifiques à Lyon. Elle a publié sur La Nouvelle Héloïse, sintéresse au théâtre de Rousseau (« Jean-Jacques Rousseau : De Lucrèce à Julie », RHLF, no 1, 2003), et participe à lédition chronologique complète des œuvres de Rousseau chez Garnier.

Dans son étude « “Je suis autre”, sur quelques figures de laltérité dans les Confessions : de la diffraction du moi à la mise en scène de lhétérogénéité textuelle », Maria Leone étudie les enjeux du pseudonymat dans lécriture de Rousseau (selon un jeu singulier avec les pratiques de Voltaire). Souvre la possibilité que les Confessions trompent leur lecteur, limposture de Lausanne comme les amours du timide Dudding attestant virtuosité picaresque et goût de la mystification, plus quun exact souci dauthenticité.

Laurence Mall : « Écriture de soi et “syntaxe générale” chez Bergounioux et Ernaux (sur fond rousseauiste). »

Laurence Mall est professeure de langue et de littérature françaises à luniversité de lIllinois (Urbana-Champaign). Elle a publié Origines et retraites dans La Nouvelle Héloïse (Bruxelles, 1997) et Émile ou les figures de la fiction (Oxford, 2002). Elle a publié plusieurs articles sur Diderot. Louis Sébastien Mercier et ses Tableau de Paris et Nouveau Paris font lobjet de ses plus récents travaux.

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Dans sa contribution « Écriture de soi et “syntaxe générale” chez Bergounioux et Ernaux », Laurence Mall étudie les œuvres de ces deux écrivains contemporains comme méditation soupçonneuse de lexigence moderne dauthenticité. Chez Ernaux, celle-ci apparaît comme une mystification de masse relevant de la sociologie des discours ; chez Bergounioux, lenfance campagnarde inconsciente est scrutée selon la culture acquise à la faveur dune rupture de lHistoire. La généalogie critique dune identité personnelle les relie à Roussseau.

Catherine Mariette-Clot : « Stendhal et Rousseau : La Nouvelle Héloïse comme leçon de vertu. »

Catherine Mariette-Clot est professeure en littérature française à luniversité Stendhal – Grenoble 3. Elle a édité Simon pour les Œuvres complètes de George Sand (Paris, 2010) et participe à lédition en cours des Journaux et papiers de Stendhal. Elle a dirigé La Tradition des romans de femmes xviiie-xixe siècles (Paris, 2012), et le numéro 5 de la revue Romanesques (Paris, 2013).

Catherine Mariette-Clot rappelle dans son étude « Stendhal et Rousseau : La Nouvelle Héloïse comme leçon de vertu », que le Stendhal de la Vie de Henri Brulard sest découvert lui-même à ladolescence, à la faveur de la lecture passionnée de La Nouvelle Héloïse. Elle y trouve confirmation des thèses de Martha Nussbaum ou Stanley Cavell sur la portée éthique de la littérature comme invention de soi au contact des fictions de lAutre.

Martial Poirson : « Avatars de Rousseau. Ambivalences du “philosophe tardif” dans le roman du second xviiie siècle. »

Martial Poirson est professeur en lettres et arts à luniversité Stendhal – Grenoble 3. Il a notamment publié Spectacle et économie à lâge classique (Paris, 2011), Les Audiences de Thalie (Paris, 2013), Comédie et économie du classicisme aux Lumières (Paris, 2013), Politique de la représentation (Paris, 2013), Économie du spectacle vivant (Paris 2013).

Dans son étude « Avatars de Rousseau : ambivalences du “philosophe tardif” dans le roman du second xviiie siècle », Martial Poirson analyse La Jolie Femme, un roman à succès de la fin du xviiie siècle qui met en scène les charmes de la vie retirée à la campagne ; il y traque les signes dune « authenticité niaiseuse » pseudo rousseauiste, qui court depuis le Crispin animalisé de la comédie de Palissot jusquaux cosmétiques « naturels » de nos publicités modernes.

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Yannick Séité : « Point dironie. »

Yannick Séité est maître de conférences à luniversité Paris Diderot. Spécialiste des Lumières, il a publié de nombreux travaux sur Jean-Jacques Rousseau, auquel il a consacré sa thèse et dont il codirige les Œuvres complètes (en cours de publication). Il sintéresse également à lhistoire du livre, lautobiographie, la théorie littéraire, le roman, et la musique, en particulier envisagée dans ses rapports avec le texte.

Dans son étude « Point dironie », Yannick Séité médite une note de lEssai sur lorigine des langues qui déplore le défaut, dans la langue écrite, du « point dironie » pour qui se soucie de restituer la vie de la voix : une revendication qui bute sur léquivocité inhérente à cette figure. Plus que lironie, la spécialité de Rousseau serait le sarcasme, dont témoigne une lettre au comte de Lastic qui servit à former les consciences républicaines dans les manuels scolaires de jadis.

Jean-François Perrin : « Surprendre lauthentique ? Laveu quon ne voudrait dans les deux Surprise(s) de lamour de Marivaux. »

Jean-François Perrin est professeur émérite de littérature française à luniversité Stendhal – Grenoble 3. Il a publié Rousseau, Le chemin de ronde (Paris, 2014), Politique du renonçant, Le dernier Rousseau (Paris, 2011), Le Chant de lorigine, la mémoire et le temps dans les Confessions de Jean-Jacques Rousseau (Oxford, 1996). Il a également édité Rousseau, Lettres philosophiques (Paris, 2003) et prépare une édition critique de Rousseau juge de Jean-Jacques. Cofondateur de la revue Féeries, il a codirigé plusieurs ouvrages collectifs sur le conte littéraire de lâge classique, édité les Contes dHamilton et La Reine Fantasque de Rousseau (Paris 2008), et dirigé lédition critique des Contes de T.-S. Gueullette (Paris, 2010).

Dans sa contribution « Surprendre lauthentique ? Laveu quon ne voudrait dans les deux Surprise(s) de lamour de Marivaux », Jean-François Perrin rappelle que Rousseau a connu, lu et apprécié Marivaux, afin dattirer lattention sur les pièges que monte celui-ci pour surprendre la venue en dire de lamour à linsu des sujets : lanalyse de ces deux pièces suggère que cest dans la défaillance à la parole que savère lauthenticité de lêtre.

Yûji Sakakura : « Le soi se déguise-t-il à soi-même ? Ce que J.-J. Rousseau apprend dans la polémique théologique des xviie et xviiie siècles. »

Yûji Sakakura est professeur de pédagogie et de philosophie à luniversité Waseda, Tokyo. Il a notamment publié La Pensée pédagogique de J.-J. Rousseau (Tokyo, 1998) « Essai sur “lamour-propre” chez J.-J. Rousseau », dans le no 7 des Études J.-J. Rousseau,

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(Montmorency, 1995), « Le soi dans le regard des autres : un essai sur le système philosophique de J.-J. Rousseau », dans Réflexivité et autoréférence dans les systèmes complexes (Paris, 2005).

Dans son étude « Le soi se déguise-t-il à soi-même ? Ce que J.-J. Rousseau apprend dans la polémique théologique des xviie et xviiie siècles », Yûji Sakakura étudie la filiation reliant la théorie de lamour-propre et de lamour de soi chez Rousseau avec les polémiques chrétiennes classiques sur lamour-propre, lamour de soi et la Charité, de François de Sales à Marie Huber.

Yves Citton : « Postface. Le souci dauthenticité : vie soutenable et soin de la médiation. »

Yves Citton, professeur de littérature française du xviiie siècle à luniversité Stendhal – Grenoble 3, membre de lUMR LIRE, codirige la revue Multitudes et collabore à la Revue des Livres. Il a notamment publié Gestes dhumanités (Paris, 2012), Renverser linsoutenable (Seuil, 2012), Zazirocratie (Paris, 2011), LAvenir des Humanités (Paris, 2010), Lire, interpréter, actualiser (Paris, 2007).

La postface dYves Citton : « Le souci dauthenticité : vie soutenable et soin de la médiation », réactualise pour demain la question de lauthenticité, selon une optique anti-tragique. La médiation est réfléchie comme travail de soi dans le soin dautrui, afin de renouveler le tissu de relations spectacularisées de nos existences à lère de la médiatisation du monde : un engagement éthique vers une ingénuité consciente de sa visibilité est ainsi proposé, afin quune vie humaine digne de ce nom demeure en dépit de tout envisageable.