Résumés
- Type de publication : Article de collectif
- Collectif : Jacques Prévert, détonations poétiques
- Pages : 349 à 354
- Collection : Colloques de Cerisy - Littérature, n° 7
- Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
- EAN : 9782406083788
- ISBN : 978-2-406-08378-8
- ISSN : 2495-2788
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-08378-8.p.0349
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 07/05/2019
- Langue : Français
Résumés
Carole Aurouet et Marianne Simon-Oikawa, « Jacques Prévert, “comme une grenade dans le réel” »
Malgré la notoriété de son auteur, l’œuvre de Prévert est encore largement méconnue. Le présent colloque a pour but d’en donner une image plus complète et plus juste. Le rappel des étapes importantes de la vie de Prévert (liens avec les surréalistes et le groupe Octobre, écriture pour le cinéma, poésie, livres de peintre, collages) pose des jalons essentiels pour comprendre son cheminement créateur. On ne saurait oublier non plus le rôle joué par l’amitié qui le lia aux artistes de son temps.
Mots-clés : Surréalisme, groupe Octobre, cinéma, poésie, livres de peintre, collages
Patrice Allain et Laurence Perrigault, « Penser Prévert à partir des œuvres de Lou Tchimoukow et de Fabien Loris »
Jacques Prévert fut un homme de groupes : il adopta une logique centrifuge lorsqu’il côtoya les surréalistes, puis le groupe formé autour de Georges Bataille et de sa revue Documents. Par la suite, il répondit à une logique centripète en devenant le centre des Lacoudem, puis du groupe d’agit-prop Octobre. L’article porte sur la place qu’occupa la bande à Prévert sur l’échiquier artistique durant les années 1930 et l’influence mutuelle que ces artistes ont d’emblée exercée les uns sur les autres.
Mots-clés : Jacques Prévert, surréalisme, Georges Bataille, Lacoudem, groupe Octobre, Lou Bonin / Tchimoukow, Fabien Loris
Carole Aurouet, « Les textes engagés de Jacques Prévert. Appels, articles, pamphlet, protestations et tracts »
Dans ses œuvres, Jacques Prévert prend position sur les sujets qui lui sont chers. Parfois, il signe des tracts et des manifestes politiques. L’article 350appréhende cet aspect peu analysé de son œuvre, de « Hands off love » (1927) – qui prend la défense de Charlie Chaplin accusé de cruauté mentale et de goûts sexuels anormaux – à l’« Appel à l’opinion publique pour une paix négociée en Algérie » (1960), en passant par « Entendez-vous gens du Vietnam » pour L’Affaire Henri Martin de Jean-Paul Sartre (1953).
Mots-clés : Jacques Prévert, textes engagés, manifestes, pamphlet, tracts
Ise Akira, « La réception de Jacques Prévert au pays du Soleil levant. Du théâtre au film d’animation japonais »
Jacques Prévert est connu au Japon comme scénariste et poète, mais sa création artistique a exercé aussi une influence décisive sur le théâtre et le film d’animation. L’article témoigne de l’influence de Prévert sur le théâtre japonais et sur le « laboratoire théâtral Tenjô Sajiki » et le Takarazuka, avant de revenir sur les rapports entre l’artiste et l’animation japonaise à travers le Studio Ghibli. Il souligne la contribution importante de Prévert à la naissance et au développement d’une nouvelle tradition japonaise.
Mots-clés : Jacques Prévert, théâtre, film d’animation, Japon, Tenjô Sajiki, Takarazuka, Studio Ghibli
Roland Carrée, « Prévert et le cinéma d’animation. Inspirations, poétiques et prolongements »
Ce texte étudie les inspirations et le style d’écriture de Prévert pour le cinéma d’animation de Paul Grimault (ainsi que pour d’autres projets), dont le pouvoir des images permet au poète de s’adresser le plus intelligemment possible à un public essentiellement enfantin ; ainsi que les apports et influences de ce travail sur tout un pan d’un cinéma d’animation mondial qui est depuis parvenu à s’émanciper de son statut de simple divertissement pour intégrer celui d’art à part entière.
Mots-clés : Jacques Prévert, Paul Grimault, Hans Christian Andersen, Jean-François Laguionie, René Laloux, Jean-Pierre Jeunet, Joann Sfar, Isao Takahata, Hayao Miyazaki
Laurent Véray, « Y a-t-il un style documentaire Prévert ? »
À partir des douze documentaires auxquels Jacques Prévert a participé de 1932 à 1961, ce texte met au jour les caractéristiques de son style. L’analyse de ces documentaires révèle une vraie cohérence, à la fois thématique et formelle, 351avec le reste de son œuvre. Les textes de Prévert, proches de son écriture poétique, s’articulent parfaitement aux images du réel des cinéastes avec lesquels il a collaboré, souvent des amis. De cette complicité exceptionnelle sont nés des « commentaires-poémes » reconnaissables entre mille.
Mots-clés : Jacques Prévert, commentaire, poème, énumération, opposition, citation
Béatrice de Pastre, « Ce que la pomme de terre veut dire. Pour un manuel illustré d’économie politique »
Prix et profits, sous-titré La Pomme de terre, est un film d’Yves Allégret dont la production a été assurée par la Production des films de la coopérative de l’enseignement laïque. Au générique de cette fable moderne on trouve aussi les membres du groupe Octobre, Éli Lotar, Marcel Duhamel, Pierre et Jacques Prévert. Loin de n’être qu’un document éducatif de vulgarisation sur la circulation des denrées entre la campagne et la ville, il faut voir dans ce documentaire une expérience politique et cinématographique.
Mots-clés : Jacques Prévert, Prix et Profits – La Pomme de terre, Yves Allégret, mouvement Freinet, Éli Lotar, Marcel Duhamel, Pierre Prévert, Berthold Brecht, Slatan Dudow, Kuhle Wampe, Bulles de savon
Noël Herpe, « Prévert dialoguiste, ou la voix des autres »
On a tendance à réduire l’apport scénaristique de Jacques Prévert à sa collaboration avec Marcel Carné. Peut-être est-il temps de montrer une certaine constance dans l’univers cinématographique de Prévert, qu’il soit mis en images par son frère Pierre, par Jean Grémillon, par André Cayatte ou par Christian-Jaque (ou par d’autres encore). On pourrait par exemple identifier trois lignes de force : le manichéisme, le goût du stéréotype rhétorique, l’art d’adapter cette sensibilité aux acteurs chargés de l’incarner.
Mots-clés : Jacques Prévert, Marcel Carné, Pierre Prévert, Grémillon, André Cayatte, Christian-Jaque, acteurs
Carole Aurouet, « Le cinéma invisible de Jacques Prévert se dévoile. Nouvelles découvertes de scénarios détournés »
Une grande partie de la filmographie de Jacques Prévert reste méconnue. Après une vingtaine d’années d’enquête, de nouveaux scénarios détournés ont 352été découverts : scénarios restés sur le papier, ou tournés mais de manière si différente du projet initial que Prévert a refusé d’être crédité au générique. Les déclinaisons sont multiples : modeste synopsis de quelques pages, copieuse continuité dialoguée, création originale, adaptation d’œuvre littéraire, reprise d’un scénario existant… Cet article en éclaire quelques-uns.
Mots-clés : Jacques Prévert, scénario, scénario détourné, synopsis, adaptation, La Peau des autres, Paris calling (On vous parle de Paris), Le Voyageur de la Toussaint, Georges Simenon, La Fortune des Rougon, Émile Zola
Serge Martin, « Engagement organique du racontage des “paroles” de Jacques Prévert »
Jacques Prévert écrit-il « comme il parle », selon une remarque pertinente de Henri Michaux qui a tout fait pour la publication de Paroles ? L’importance de l’oralité de l’écriture chez Prévert ne résulte pas seulement des exploits d’un beau parleur ! Nourrie de vocalité, l’œuvre de Prévert défait le grand partage du populaire et du savant quant à la littérature. Cette contribution montre la force disruptive dans le champ littéraire d’une œuvre qui exige une écoute par le racontage, au sens de Walter Benjamin.
Mots-clés : Jacques Prévert, parole, oralité, voix, poème
Fabrice Thumerel, « À la fête Prévert »
Jamais Jacques Prévert ne s’est rendu chez le tailleur de pierre afin de faire « prendre ses mesures pour la postérité » (Paroles)… Jamais Grand-Homme, donc, mais mécréant habité par un imaginaire enfantin : que de fêtes – bals, spectacles et fêtes foraines – dans son œuvre ! Cette étude sociogénétique se concentre sur le poète de la ronde comme motif lié à la fête et comme forme (ritournelle) : contre le merveilleux surréaliste et contre les discours dominants, Prévert est bel et bien un empêcheur de tourner en rond…
Mots-clés : Jacques Prévert, fête, fête foraine, bal, spectacle, cirque
Francis Marcoin, « Prévert, crosse en l’air, crossover »
L’insistance de l’esprit enfantin dans l’œuvre de Prévert a nui à la reconnaissance d’un auteur qui a renouvelé la scansion de la langue française et l’a fait chanter, crosse en l’air. Cette enfance s’exprime par le lien avec une culture scolaire qui persiste dans l’âge adulte, mais c’est à cet âge adulte que 353s’adressent des textes classés dans la littérature pour la jeunesse, illustrant le phénomène que la critique anglo-saxonne appelle crossover. La détonation poétique, c’est donc la méprise délibérée, un public pour un autre.
Mots-clés : Jacques Prévert, crossreading, enfance, violence, école, album, L’Opéra de la lune, Lettre des îles Baladar
Alain Keit, « Une histoire de feuilles mortes »
Il est des chansons qui ne s’apprennent pas, elles nous viennent presque naturellement ; nous les avons toujours connues. C’est la nature de toutes les vraies chansons populaires. La mélodie des « Feuilles mortes » se fait entendre en 1945 dans Le Rendez-vous, ballet de Roland Petit. Puis se fredonne en 1948 dans Les Portes de la nuit de Marcel Carné. Pour réussir à les ramasser à la pelle, il faut d’abord les attraper. C’est seulement après que nous lisons ce qu’elles cachent au cœur de leurs nervures…
Mots-clés : Jacques Prévert, « Feuilles mortes », « Autumn leaves », Le Rendez-vous, Roland Petit, Les Portes de la nuit, Marcel Carné, Yves Montand, Nathalie Nattier.
Marianne Simon-Oikawa, « Jacques Prévert collagiste, ou l’image dans tous ses états »
Prévert est l’auteur de centaines de collages, dans lesquels il joue avec les images pour créer des scènes parfois cocasses et souvent irrévérencieuses. Le découpage et l’assemblage des images rejoignent son goût de poète pour la manipulation des mots. L’analogie entre les deux médias, l’un pictural, l’autre verbal, invite à réfléchir à une manipulation spécifique des images, et à une pratique littéraire qui accorde une place importante à la juxtaposition, au fragment, et à la surprise. Tel est l’objet de cet article.
Mots-clés : Jacques Prévert, photographie, découpage, collage, bricolage, hétérogénéité
Christian Lebrat, « Jacques Prévert et le livre d’art »
De Max Ernst à Tanguy, de Picasso à Miró, de Calder à Mayo, d’Asger Jorn à Gérard Fromanger, la relation de Prévert avec les artistes de son temps a donné lieu à de nombreux textes publiés dans des catalogues, des monographies, ou des livres illustrés. L’article montre comment la poésie de Prévert 354trouve un écho remarquable dans certaines productions l’associant à Ernst, Calder ou Miró. La mise en perspective des collaborations Prévert-Miró et Miró-Éluard restitue sa vraie place dans l’histoire du livre d’art.
Mots-clés : Jacques Prévert, Max Ernst, Raoul Tanguy, Pablo Picasso, Juan Miró, Alexander Calder, Mayo, Asger Jorn, Gérard Fromanger, Paul Éluard, artistes, livre d’art
Dominique Versavel, « Prévert, les photographes et la photographie. Histoire d’un paradoxe »
Par amitié et par sincère intérêt pour la photographie, Jacques Prévert a contribué après-guerre à promouvoir le travail de nombreux photographes. Ce faisant, il a été, sans le vouloir, l’un des artisans de l’accession de la photographie au rang d’œuvre d’art autonome et intangible. Une sacralisation à l’opposé de ses propres conceptions et usage de la photographie, qu’en collagiste et héritier des avant-gardes, il abordait comme élément d’échanges artistiques libres, spontanés et multiformes.
Mots-clés : Jacques Prévert, photographie, Brassaï, Izis Bidermanas, Édouard Boubat, Robert Doisneau, Gilles Ehrmann, Willy Ronis, Émile Savitry, André Villers, Wols