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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Anne-Pascale Pouey-Mounou, « Introduction »

Du xvie au xviie siècle, les litanies de la fureur inspirée tentent de qualifier les dieux, plus encore que de les nommer. Cest sur cet affrontement à linqualifiable que se focalise cet ouvrage. En dressant un tour dhorizon des pratiques invocatoires et de leurs revendications conceptuelles et esthétiques, il aborde la circulation des divinités inspiratrices dans lEurope de cette époque comme une translatio à plusieurs voies, où chaque cortège a son itinéraire et son histoire.

Tobias Bulang, « Représentations hybrides de linspiration poétique et des conceptions de lœuvre chez Gottfried von Straßburg et Johann Fischart »

Larticle compare les figurations innovantes de linspiration (et de la littérature) dans le Tristan de Gottfried de Strasbourg (ca. 1210) et dans la Geschichtklitterung de Johann Fischart (1575, 1582, 1590). Gottfried illustre à travers lhybridation des figures une conception hétérodoxe de la littérature qui tend à revaloriser et à sacraliser lérotique. La poétique grotesque de Fischart est, elle, inspirée par la digestion et définit une narration basse où les instances de linspiration sont modifiées.

Donatella Coppini, « Des dieux et des papyrus. Figures de linspiration dans la poésie humaniste du Quattrocento »

Au cœur de linteraction des notions de furor poétique (platonicien) et de furor érotique (élégiaque) dans la poésie humaniste, les figures de linspiration sont le plus souvent traditionnelles (bien quelles apparaissent accompagnées de figures féminines, de figures chrétiennes et de figures de dédicataires), jusquà ce quAnge Politien réconcilie enthousiasme et imitatio en représentant la littérature ancienne, à travers les papyrus du Nil, comme inspiratrice de la littérature moderne.

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Nathaël Istasse, « Apollon au royaume de lépithétaire de Ravisius Textor (1518 et 1524) »

Larticle étudie les épithètes attribuées à Apollon par le professeur au collège de Navarre Ravisius Textor dans son épithétaire (1518 et 1524). Par une comparaison systématique entre les qualifications du dieu fournies là et celles attestées dans lensemble de la littérature latine antique, il met en relief le travail compilatoire de lenseignant et dégage les causes probables de ses choix et omissions, tout en sintéressant à dautres figures inspiratrices qualifiées dans le même recueil.

Giovanni Ferroni, « Les dieux des poètes. Sources dinspiration dans la lyrique italienne du xvie siècle »

Au moyen de quelques exemples choisis parmi textes vulgaires et latins, cette contribution propose un tour dhorizon de la fonction de lépiclèse profane et sacrée dans les recueils lyriques italiens du xvie siècle, en accordant une attention particulière aux poèmes liminaires et en cherchant à comprendre les implications philosophiques, littéraires et religieuses du topos de linspiration poétique.

Silvia DAmico, « “Apollo, sanchor vive il bel desio” au xvie siècle. Commentaires, réécritures et traductions du sonnet 34 du Chansonnier de Pétrarque »

Cet article étudie la réception du sonnet “Apollo, sanchor vive il bel disio” de Pétrarque au xvie siècle. En bon philologue, Pietro Bembo voit le lien entre ce sonnet et lhymne à Apollon de Dante (Par. I, 13-36), alors que les commentaires lignorent. Les traducteurs français négligent le potentiel métapoétique du sonnet au profit de la lecture biographique. Cest ce qui amène Ronsard à réduire à une seule épithète, « dieu médecin », les multiples qualités de la divinité.

John Nassichuk, « Vie et destin de linspiration poétique à Auxonne, ou la Nova novem sororum Metamorphosis de Jean Girard (Lyon, 1550) »

Dans son poème étiologique en trois livres, où Jean Girard, poète originaire dAuxonne, raconte comment les Muses de cette région, et les poètes qui dépendent delles, perdirent jadis la fureur apollinienne, lemploi des épithètes 429exerce une influence directe sur la structure et la portée significative du récit. Il sagit dun exercice de mythographie locale, dont les procédés poétiques ressemblent à bien des égards à ceux des poètes latins du Quattrocento, artisans de la translatio studii.

Benedikte Andersson, « Quelques remarques sur les épithètes pindariques dans les Odes de Ronsard »

Non content de traiter lépithète pindarique en source dinspiration intertextuelle, Pierre de Ronsard met en œuvre, dans les Odes, une poétique pindarique de lépithète. Létude des épithètes pindariques qui amplifient le chant et le méta-chant, dans leurs aspects sémantiques, syntaxiques, figuraux, énonciatifs et métapoétiques, met en évidence lambivalence dune poétique qui vise à acclimater la fulgurance pindarique dans la forme de la « douce langue natale ».

Daniel Maira, « Les mignardises folâtres de la Pléiade. Pour une poétique de la mollesse »

Les épithètes des mots-titres Folastries (de Pierre de Ronsard) et Gayetez (dOlivier de Magny) créent un univers cohérent au niveau du style, des sujets traités et des modèles poétiques. Les connotations genrées de ces épithètes définissent de plus lidentité amollie et lubrique dun je lyrique qui ne se conforme guère à lidéal aristotélicien de modération masculine. Le style mignard et leffémination de ces masculinités cristallisent ainsi une poétique de la mollesse.

Virginie Leroux, « Les épithètes de Bacchus dans les galliambes néo-latins »

Les galliambes à Bacchus que composèrent Marc-Antoine Muret dans son commentaire de Catulle (1554) et Jules-César Scaliger dans ses Poetices libri septem (1561) sont conçus comme des modèles destinés à rectifier les erreurs de leurs prédécesseurs néo-latins. Les deux poéticiens accordent une importance particulière aux épithètes du dieu dans une perspective archéologique et philologique, mais aussi esthétique, Muret privilégiant la vénusté et lélégance et Scaliger la nouveauté et létrangeté.

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Rachel Darmon, « “En cent mile lieux mile noms tu reçois”. Enjeux poétiques et épistémologiques des qualifications des dieux (Ronsard, Aldrovandi et les traités de mythographie) »

Laccumulation des qualifications qui est commune à la poésie, à la mythographie et à lhistoire naturelle crée un espace de circulation entre plusieurs langues où chaque auteur affirme la singularité de sa pratique décriture, régie ou non par la fureur. Elle fournit linstrument dune exploration sur la manière dont lhomme sinscrit dans la nature et la comprend par le langage. Elle revêt ainsi une fonction heuristique qui questionne, au moyen de la fiction, les secrets de la Création.

Anne-Pascale Pouey-Mounou et Nathalie Gasiglia, « La Porte, la Pléiade et Bacchus. Ce que le traitement électronique dun article des Epithetes nous apprend du travail de La Porte »

À partir de la structuration informatique en cours de lépithétaire de Maurice de La Porte (1571), larticle éclaire le travail mené par le lexicographe sur les litanies bachiques de la jeune Pléiade. Il expose la méthodologie délaboration dune édition numérisée des Epithetes, puis dégage de ses premiers résultats une analyse lexicologique et littéraire des sélections opérées par le lexicographe, de la méthode et de la genèse de ses relevés, ainsi que des poétiques quil consacre.

Élisabeth Rothmund, « Poète inspiré, prophète, prédicateur ? Expressions de la fureur poétique entre don des Muses et extase mystique chez Jan Van der Noot, premier vecteur de la Pléiade en Allemagne »

Jan van der Noot fut lun des principaux médiateurs des théories et pratiques poétiques de la Pléiade dans lespace germanique, néerlandophone puis allemand. Marquée par lexpérience de lexil et des persécutions, la version allemande de son Abregé des douze livres Olympiades, Das Buch Extasis (1576), double la conception néoplatonicienne de la fureur poétique dune expérience dextase mystique, transformant le poète inspiré en un poète résolument chrétien : prophète, prédicateur, propagandiste.

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Paul J. Smith, « Bacchus et ses épithètes dans lHymnus oft Lof-sanck van Bacchus (1615) de Daniel Heinsius »

Lœuvre poétique de Daniel Heinsius couvre trois formes denthousiasme, Amour, Bacchus et le Christ. Son Hymnus oft Lof-sanck van Bacchus (1615) diffère de son modèle ronsardien par son ampleur, ses illustrations et les commentaires de Petrus Scriverius, et ses abondantes litanies valorisent une créativité lexicale en néerlandais, tandis que son hymne du Christ (Lof-sanck van Iesus Christus, 1616) mobilise dautres moyens épithétiques.

Sarah Knight, « Eleganter fabulata est Antiquitas. Le problème de lautorité classique dans lécriture de Milton étudiant »

Dans les poèmes et discours en latin quil écrivit étant étudiant à Cambridge, John Milton évoque de nombreuses figures classiques associées à linspiration, notamment dans ses élégies et dans ses Prolusiones, les discours quil a faits pour remplir ses obligations scolaires et divertir ses condisciples. Cet article explore les représentations diverses et complexes quil donne de ces figures conventionnelles et sattache à les différencier selon le genre, le contexte et la visée rhétorique.

Aline Smeesters, « Fureurs poétiques, oracles prophétiques et horoscopes astrologiques. Les poèmes latins autour de la naissance de Louis XIV (1638) »

À partir dun corpus de poèmes et discours généthliaques néo-latins (le plus souvent jésuites) composés autour de 1638 pour célébrer la naissance du futur Louis XIV, cet article sintéresse aux conditions de légitimité du discours prophétique dans la France (et, plus largement, lEurope) des décennies 1630-1640, dun point de vue à la fois poétique et rhétorique, mais aussi scientifique, religieux et politique, ainsi quaux enjeux des diverses invocations aux Muses exprimées par les poètes.

Martin Granger, « Épilogue. Course de Muses ou Épreuves qualificatoires des figures de linspiration »

Inqualifiables, les muses ? Pour sen assurer, le meilleur moyen était encore dorganiser une course, dont le commentaire en direct a été retranscrit. Nous vous le livrons ici, pour le plus grand plaisir des amateurs de sensations fortes et de péripéties.