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Classiques Garnier

Résumés

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Résumés

Sabine Berger, « La mise en scène du pouvoir par les arts. Commandes artistiques et grands programmes édilitaires des conseillers des derniers Capétiens autour de 1300 »

La commande artistique des conseillers royaux à lorée du xive siècle révèle des personnalités cultivées et déterminées qui souhaitaient voir transposer, notamment dans la pierre, des messages à connotation politique. Témoignages matériels de la volonté affirmée de leurs commanditaires, déclinaisons dun certain style officiel et reflets des idées du temps, les commandes architecturales et artistiques de ces individus illustrent pleinement le rôle de lart comme outil de pouvoir.

Julien Lepot, « Reines et princesses dans un miroir enluminé du xive siècle : lAvis aux roys (New York, Pierpont Morgan Library, ms. M. 456) »

Contenu dans cinq manuscrits, lAvis aus roys est un « miroir des princes » méconnu, librement inspiré du De regimine principum de Gilles de Rome. Adressé à un jeune prince Valois au milieu du xive siècle, le manuscrit M. 456 de la Pierpont Morgan Library présente, dans son exceptionnel programme iconographique, un corps réginal en pleine métamorphose démontrant quune véritable réflexion sur la place que devaient occuper ces femmes a été entreprise par lentourage des premiers Valois.

Colette Beaune, « Les statues royales de Compiègne et leurs pancartes (xiiie-xviiie siècle) »

Du xiiie au xviiie siècle, labbaye Saint-Corneille de Compiègne a abrité des statues royales en bois peint et doré qui suscitaient la curiosité des pèlerins. Aussi, dans la seconde moitié du xiiie siècle, les moines dotèrent trois dentre elles de pancartes peintes sur bois. À lorigine en latin, ces « escritures » furent traduites en français et modifiées au milieu du xive siècle pour justifier larrivée au pouvoir des Valois.

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Franck Collard, « Des idées politiques aux images du pouvoir. Liconographie de la royauté dans le manuscript des Vigiles de la mort de Charles VII de Martial dAuvergne offert à Charles VIII »

Le manuscrit français 5054 de la BnF, offert à Charles VIII pour quil sinspire des hauts faits de son grand-père, contient une copie très richement illustrée des Vigiles de la mort de Charles VII de Martial dAuvergne. Après avoir présenté lœuvre littéraire et le manuscrit, produit sans doute en 1484, la contribution met en évidence la grande place des miniatures et les idées véhiculées sur la royauté, ainsi que les finalités assignables à un tel programme iconographique.

Benoît Grévin, « Color rhetoricus. Réflexions sur larticulation entre culture visuelle et rhétorique médiévale (fin xie – fin xvie siècle) »

De multiples tentatives ont été faites pour comparer les techniques rhétoriques et les réalisations artistiques médiévales. Il reste toutefois beaucoup à faire pour explorer la conceptualisation par les médiévaux du discours comme une peinture mentale. Larticle examine diverses sources en rapport avec lars dictaminis concevant les textes politiques comme une pictura traduisible en représentations picturales.

Gilles Lecuppre, « Images de la compétition royale à la fin du Moyen Âge »

Par opposition aux images de majesté usuelles, les enluminures qui mettent en scène la compétition royale aux xive et xve siècles montrent les dangers du pouvoir et la fragilité, voire la misère du gouvernant, à travers le spectacle de lexil, de lemprisonnement, ou de lexécution. Sa condition tient au moins autant de lorgueil, de lenvie et de la violence, que de la sage application des vertus.

Charles Brucker, « Philosophie du pouvoir et pouvoir de la philosophie. Double lecture du livre VII du Policraticus, texte et images »

Le livre VII du Policraticus (1159) de Jean de Salisbury est le seul livre à comporter des miniatures dans la traduction de Denis Foulechat (1372). Les manuscrits BnF, fr. 24287 et Bibliothèque Sainte-Geneviève 1145 mettent en évidence une certaine philosophie du pouvoir influencée par la Nouvelle Académie et, tout particulièrement, Cicéron.

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Martine Clouzot, « Les images de la folie et de la musique au miroir du pouvoir royal dans les manuscrits enluminés (1350-1480) »

Lassociation antique de la folie aux thématiques de la musique et de lart du prince et de gouverner a repris une acuité durant le conflit anglo-franco-bourguignon. Les images peintes dans les manuscrits entre 1350 et 1480 lexpriment à partir de principes mathématiques (proportio) et rhétorique (inversio). Certains princes ont fait lexpérience de la folie. La musique a alors été une pratique culturelle, thérapeutique et un modèle dharmonie au service dun ordre politique et universel.

Lindy Grant, « The Castle of Castile. An image of power, or the power of an image? »

Blanche de Castille eut recours aux armes de son père, le roi de Castille, afin de se présenter comme la fille dun héros de la chrétienté, plutôt quune princesse de la famille angevine. Bien que la simplicité puissante de limage transforme le château de Castille en un signifiant générique du pouvoir en France, plutôt quen une image spécifique du pouvoir de Blanche de Castille, elle reflète le pouvoir et linfluence exceptionnels de cette reine médiévale.

Anne D. Hedeman, « Le pouvoir des images saintes dans les Grandes Chroniques de France. Le cas de Saint Louis »

Cet article explore la manipulation de limage de Saint Louis pour affirmer le pouvoir royal dans deux exemplaires importants des Grandes Chroniques de France : le premier est le manuscrit des Grandes Chroniques présenté vers 1280 à Philippe III par Mathieu de Vendôme, abbé de Saint-Denis, le second est la luxueuse copie que Charles V fit faire vers 1375-1380, en partie daprès le modèle de manuscrit de Philippe III.

Olivier de Laborderie, « La représentation du pouvoir royal dans les manuscrits consacrés à lhistoire de lAngleterre du milieu xiiie siècle au milieu du xive siècle »

Cet article établit un inventaire des trois principales familles de manuscrits copiés en Angleterre entre 1259 et 1350 dont le sujet est lhistoire du royaume dAngleterre et qui ont été fréquemment illustrés (Flores Historiarum, 406généalogies en rouleau et « abrégés en images ») et analyse leurs principales caractéristiques iconographiques et leur mise en scène de la royauté.

Thierry Lassabatère, « Le connétable, la guerre et la paix. La geste de Bertrand du Guesclin dans les miniatures du manuscrit BnF Arsenal 3141 »

Le programme iconographique du manuscrit BnF Arsenal 3141 de la Chanson de Bertrand du Guesclin révèle de surprenantes leçons : concentration sur la période de la connétablie, faible représentation personnelle du héros dans les scènes guerrières, valorisation de ses gestes de paix. Malgré lapparente prééminence des princes, il semble promouvoir un rôle politique entier et autonome du connétable.

Lydwine Scordia, « La statue funéraire de Louis XI. Les trois corps du roi »

Dès 1467, Louis XI décide dêtre enterré dans léglise de Notre-Dame de Cléry et non dans la nécropole royale de Saint-Denis. Lélaboration du monument funéraire dure une dizaine dannées. Là encore, le roi rompt avec la tradition puisquil commande une statue de lui, habillé en chasseur, en position dorant, ayant ses traits, mais embelli. La méticulosité royale autant que lopacité des motivations ont intrigué. Larticle propose une exégèse visuelle superposant les interprétations des trois corps du roi.

Gisela Naegle, « Pouvoir, mémoire et imprimerie. Maximilien Ier forge son image »

Pour construire sa mémoire, à laquelle il attacha une importance centrale, lempereur Maximilien Ier sut utiliser les nouveaux médias et les inventions de son temps, dont limprimerie. Il inventa une architecture en papier sous forme de gravures en bois monumentaux. Ses œuvres autobiographiques combinant textes et images ont rendu sa mémoire plus vive que celle dautres empereurs.