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Classiques Garnier

Résumés

  • Type de publication : Article de collectif
  • Collectif : Image, autorité, auctorialité du Moyen Âge au xxe siècle
  • Pages : 391 à 395
  • Collection : Rencontres, n° 522
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406119821
  • ISBN : 978-2-406-11982-1
  • ISSN : 2261-1851
  • DOI : 10.48611/isbn.978-2-406-11982-1.p.0391
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 13/10/2021
  • Langue : Français
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Résumés

Trung Tran, « Introduction. De lillustration de lauteur à lillustration du livre. Instaurer, partager, disputer lautorité »

Cette introduction présente les contributions réunies dans le volume en les réinscrivant dans un cadre historique et critique. Sont abordés les enjeux dautorité figurés ou suggérés par les représentations iconographiques de lauteur – envisagées dans leurs diverses modalités – et les partages ou conflits dautorité induits par la pratique de lillustration, au croisement entre poétiques auctoriales et créations éditoriales.

Aurélie Barre, « Quand Renart prend la place de lécrivain. Parcours dans le ms. 1581 de Renart le nouvel »

En même temps quil donne à voir le passage du livre (écrit puis lu) à la parole vive et brève, le programme iconographique du manuscrit L de Renart le nouvel, œuvre de Jacquemart Gielée, atteste celui de la renardie à la diabolie. Le dédoublement de limage auctoriale, qui montre Renart se substituer à lécrivain et prendre les rênes du récit, est un des premiers signes de lavènement de cet ordre nouveau, instauré par Renart, allégorie du Mal.

Philippe Maupeu, « Images de présentation, scène de lénonciation. Le manuscrit médiéval ou léloquence du corps »

Liconographie des scènes de présentation au xve siècle est ici interrogée à un triple niveau : en référence au contexte curial de production et de diffusion quelle reflète en partie ; selon la scène dénonciation quelle construit de concert avec le texte ; comme objet dune scénographie manuscrite dont elle participe avec dautres paramètres matériels. Sous les invariants iconiques se cache en réalité une grande plasticité sémantique, illustrant les rapports entre littérature et rhétorique.

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Didier Lechat, « Les enluminures du Valère Maxime français. Une glose en images de lactivité traductrice au service du pouvoir »

Dans la riche tradition littéraire manuscrite de la traduction par Simon de Hesdin des Faits et Dits mémorables de Valère Maxime à la fin du xive et au début du xve siècle, lenluminure de frontispice, dans sa variété (image unique, bipartite ou quadripartite), revêt des significations différentes, révélatrices non seulement de la fonction des acteurs représentés dans la scène doffrande et de leurs liens mais également des transferts dautorité entre eux.

Trung Tran, « Lautorité de lemblématiste. Scénographies auctoriales dans lImagination poëtique de Barthélemy Aneau (1552) »

Les premières pièces de lImagination poëtique, recueil demblèmes de Barthélemy Aneau, mettent en place les dispositifs dautorité qui président à la constitution et à la promotion de louvrage et de son auteur. Textes et images construisent une mise en scène des différents acteurs de léchange littéraire qui installe peu à peu le poète dans son rôle, lequel incruste dans le corps de lœuvre sa marque et signature.

Marie-Claire Planche, « Le portrait dartiste dans le livre »

Après les effigies de lauteur, cest au tour de celles des artistes de figurer au seuil du livre illustré au xviie siècle, comme dans des recueils destampes comportant lautoportrait du dessinateur ou du graveur qui en a composé les planches. Mais leurs portraits gravés, associés à des éloges, apparaissent également dans des compilations qui les élèvent au rang d« illustres » (Charles Perrault) ou consacrent leur réputation (Dézallier dArgenville).

Christophe Martin, « Invention figurale et poétique auctoriale dans le roman illustré au xviiie siècle »

Si la présence dimages dans les livres illustrés de lAncien Régime est souvent le fait de léditeur, la seconde moitié du xviiie siècle voit les romanciers simpliquer de plus en plus dans lillustration de leurs œuvres. Si cette mainmise sur linvention et la disposition des images répond à une volonté accrue de contrôle auctorial, elle manifeste également la défiance voire la 393défense de lécrivain à légard des pouvoirs du visuel, à lheure où lillustration a tendance à sémanciper du texte.

Olivier Leplatre, « Fénelon illustrateur de Prévost et inversement »

Parce quil aurait pu illustrer le Télémaque de Fénelon, le dispositif allégorique de la vignette de Pasquier, placée à louverture des deux parties de la réédition de Manon Lescaut en 1753, peut induire une interprétation morale du roman de Prévost. Or, faisant écho aux ambiguïtés du texte, les équivocités de limage, entre vertu et vice, révèlent la démultiplication de ses sens possibles et invitent à rebours à une relecture (érotique) de lhypotexte fénelonien.

Catherine Nesci, « “Un enseignement par les yeux”. Éditeurs et auteurs dans les frontispices de LHermite de la Chaussée-dAntin (1813-1815) et du Diable à Paris (1844-1846) »

Les illustrations liminaires (frontispices et vignettes de titre) des éditions successives de LHermite de la Chaussée-dAntin, en 1813-1815, font la part belle à la représentation de lécrivain, même si léditeur apparaît au travers de sa marque signature. Trente ans après, la comparaison avec le frontispice du Diable à Paris témoigne de lautorité croissante de ce dernier et de son statut de « co-auteur » de lœuvre, dans un contexte de mutation du champ éditorial et de la production littéraire.

Michela Lo Feudo, « Images de lartiste dans La Silhouette (1829-1831) »

La revue La Silhouette participe au débat sur la notion dartiste à une époque où lémergence du romantisme croise les transformations socio-culturelles liées à la révolution de Juillet. Dun corpus de représentations visuelles et textuelles de lartiste se répondant en écho et présentant un caractère autoréflexif remarquable, émerge la nécessité de renouveler les genres, les thèmes et les pratiques dans un contexte destiné à se transformer davantage suite à la diffusion du journalisme industriel.

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Marie-Ève Thérenty, « La plume, le crayon et le canif. Auctorialité et autorité dans Scènes de la vie privée et publique des animaux »

Illustrés par Grandville, écrits par un collectif dauteurs et dirigés par un éditeur autoritaire, P. J. Hetzel, les deux volumes des Scènes de la vie privée et publique des animaux parurent en 1842. Cet article décrit le dispositif éditorial complexe caractéristique de ce stade de lhistoire de lédition romantique et sinterroge sur le partage de lautorité au moment de la première parution de lœuvre, puis sous le Second Empire lorsquelle fait lobjet dune curieuse réimpression.

Marie-Astrid Charlier, « Le Château des Carpathes de Jules Verne “visionné” par Léon Benett. La fabrique dune illusion »

Illustré par Léon Benett pour lédition Hetzel de 1892, Le Château des Carpathes de J. Verne se présente comme un iconotexte dans lequel les récits textuel et iconique ne coïncident pas toujours. Benett « visionne » ainsi littéralement le roman et son intrigue, bâtie sur une question dartifice doptique, pour créer des images qui non seulement illustrent le texte en abymant sa problématique visuelle mais proposent surtout une autre lecture du roman et une autre vision de son auctorialité.

Yoan Vérilhac, « Images de Verlaine à La Plume. Mise en abyme dun support médiatique et dune âme collective »

Le numéro 163 de La Plume rend hommage à Verlaine, qui vient de mourir, en même temps quil publie les résultats du Congrès des Poètes, désignant Mallarmé comme successeur au titre de Prince des Poètes. À travers lagencement des textes et des images, La Plume met en scène la relation affective dune communauté à un maître et invente, contre la grande presse, une postérité propre à lavant-garde ; in fine la petite revue se représente comme lieu idéal de la fusion de la vie et de lart littéraires.

Philippe Kaenel, « Théophile-Alexandre Steinlen en dialogue avec Anatole France et les écrivains contemporains »

La trajectoire artistique de Théophile-Alexandre Steinlen dans le monde de lédition illustrée la conduit des milieux bohèmes montmartrois au livre dart 395ou de luxe, en passant par la presse mondaine, et amené à collaborer avec de nombreux écrivains de lépoque (Jehan-Rictus, Georges Courteline, Maurice Leblanc, Émile Zola…). Quatre publications, dont LAffaire Crainquebille (1901), sont nées de ses liens et affinités avec Anatole France, dont il partageait la conviction de promouvoir un art social.

Michel Collomb, « Paul Morand et ses illustrateurs, entre amitiés artistiques et stratégies éditoriales »

Paul Morand a largement bénéficié de la vogue du livre illustré qui marqua les années 1920-1935. Lui-même fils dun artiste-peintre, il sadressa soit à des artistes prestigieux de ses amis (Raoul Dufy, Marie Laurencin, etc.) pour des éditions de luxe réservées à des bibliophiles, soit à de petites maisons spécialisées et à leurs illustrateurs attitrés pour des tirages limités avant délargir le public de ses ouvrages en les éditant dans des collections plus populaires utilisant des bois gravés.

Serge Linarès, « Recueils à deux mains. Du Bouchet et ses peintres »

Lillustration de ses recueils ne relève pas de laccessoire pour André du Bouchet, qui y engage pleinement lévolution de sa poétique, surtout depuis Ajournement (1960). Il sagit ici de démontrer limportance des collaborations avec les peintres dans son accès à lintensité suggestive du blanc et du support. Cest aussi au contact de leurs images que cristallise progressivement son expérience de la réversibilité des signes, aussi tournés vers le monde que réduits à larbitraire de figures.

Catherine Soulier, « Orange Export Ltd. Une fabrique de “peintures de livre” ? »

Cofondée par Emmanuel Hocquard et Raquel Levy, Orange Export Ltd., microstructure éditoriale active de 1969 à 1986, est pour ses détracteurs léditeur qui publie le moins de mots par page. Cest oublier que ses fondateurs, lun poète, lautre peintre, ont non seulement privilégié la forme brève mais favorisé le dialogue entre texte et image. Dans le refus revendiqué des critères bibliophiliques et des images illustratives. Alors Orange Export Ltd., une « fabrique » de « peintures de livre » ?