Aller au contenu

Classiques Garnier

Avant-propos

  • Type de publication : Chapitre d’ouvrage
  • Ouvrage : Histoire du monastère de Port-Royal
  • Pages : IX à XI
  • Réimpression de l’édition de : 2019
  • Collection : Univers Port-Royal, n° 33
  • Thème CLIL : 4027 -- SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES, LETTRES -- Lettres et Sciences du langage -- Lettres -- Etudes littéraires générales et thématiques
  • EAN : 9782406078302
  • ISBN : 978-2-406-07830-2
  • ISSN : 2491-2530
  • DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-07830-2.p.0017
  • Éditeur : Classiques Garnier
  • Mise en ligne : 24/09/2019
  • Langue : Français
17
AVE\TT-PROPOS




Nous causons de Port-Royal, Monsieur, disait eIL. 1840 Royer-Collard àSainte-Beuve. Mais savez-vous bien qu'il n'y a que vous et moi, en ce temps-ci, pour nous occuper de telles choses ? »
Après bientôt un siècle, pareille réflexion ne pourrait plus être faite, car ,notre époque s'est beaucoup occu- pée, s'occupe toujours de Port-Royal dont les ruines attirent chaque année des milliers de visiteurs.
Amis et ennemis, historiens et littérateurs, philo- sophes et théologiens ont donné des travaux savants, publié des études particulières qui prouvent quel inté- r~t s'attache au souvenir du célèbre monastère, et
ce qu'on appelle l'Ecole de Port-Royal.
Niais, comme traité d'ensemble, comme histoire gé- nérale inspirée de celles trop vieillies du xvllle siècle, l'ouvra^e de Sainte-Beuve demeure seul. Encore peut-- on dire qu'il est, plutôt qu'une véritable histaire, une encyclopédie littéraire faite, au sujet, autour de Port- Royal.
Il n'en est pas moins constant qu'au grand critique• revie.n~t l'honneur du réveil d'attention, sinon de gloire• qui s'est produit ; au point qu'à l'heure actuelle, bielr
18 x nv:~NT-yaoros
,des personnes, même instruites, ne connaissent Port- Royal qu'à travers les pabes de Sainte-Beuve.
C'est beaucoup, d'ailleurs, car, tout en faisant des réserves sur son esprit, il est impossible ~de ne pas ad- mirer, avec le charme de son style, sa prodigieuse, presque infaillible documentation. Cela rend son ou- vrage éternellement jeune et lui assure une place de choix dans toutes les bibliothèques de lettrés.
Il ,n'est certes pas 'à refaire, et le savant livre de DZ. Aubustin Gazier, sur le lilouvement janséniste, izllima verba ~1'un homme qui avait étudié cette his- toire toute sa vie, n'a jamais eu cette prétention ; il n'a voulu être que le complément, le correctif, surtout la .suite de Sainte-I3euve.
Après un pareil élobe, pensera-t-on peut-être, .pour- quoi aborder à nouveau un sujet si doctement traité ?
Fh bien ! — et l'on me pardonnera de répéter une critique souvent formulée devant moi — le Port-Royal de Sainte-I3euve a, malbré son incomparable valeur, un défaut très brave, capital même à notre époque c'est un trop pros ouvrage ; il demande, pour être lu, un temps dont nos contemporains, les jeunes surtout, deviennent de plus ~en plus avares.
Il effraie par sa lonbueur beaucoup de lecteurs qui., craignant de .ne le pas achever, préfèrent ne le pas
•commencer. 1Jt c'est ainsi qu'une belle pabe de notre Passé demeure lettre close pour plusieurs qui ne de- manderaient qu'à s'en instruire, s'ils le pouvaient, sans consacrer à cette étude u.n trop Brand nombre d'heures.
C'est àceux-ci que s'adresse le présent travail, à 't.ous ceux qui me l'ont souvent réclamé.
Puisse-t-il contribuer à faire apprécier des hommes et des femmes de France qui méritent tant de l'être. Et cela, ,indépendamment, je veux le préciser dès ici, des querelles théologiques heureusement périmcües au~- ~o~ard'hui, et dont je n'ai à dessein exposé que ce
19 AVANT-PROPOS XI
qu'il étau impossible de ne pas dire, pour l'intelli- ~-ence dn récit.
~e riches archives particulières inconnues ale S.ainte- Teuve m'ont permis d'utiliser un grand nombre de pièces manuscrites inédites, .notamment plus de huit Dents lettres de la l~lère Angélique de Saint Jean Arnauld d'Andilly, qui éclairent bien des points de- meurés obscurs.
C'est, appuyé sur ces documents certains complétant ]es imprimés connus, que cet ouvrage se présente au public, sîlr d'être ce que Montaigne disait de ses Essais azn livre de bonne foy.