RÉSUMÉS

Arnaud Genon et Fabio Libasci, « Introduction. Hervé Guibert, passion étrangère »

L’œuvre d’Hervé Guibert, trente ans après sa mort, fait toujours l’objet d’une fascination. En témoignent les diverses manifestations qui eurent lieu en décembre 2021, mais aussi l’influence qu’il exerce encore aujourd’hui sur de nombreux auteurs contemporains et la manière dont son œuvre protéiforme nourrit le travail de chercheurs venant de tous horizons, du Canada à l’Allemagne, en passant par l’Italie et la France. Écrivain atypique, son œuvre est celle d’un « plus que vif ».

Louis-Daniel Godin, « L’héritage d’Hervé Guibert dans la littérature québécoise contemporaine »

Catherine Mavrikakis, en tant qu’autrice et enseignante, a inscrit la figure d’Hervé Guibert dans la littérature québécoise. Cet article étudie l’héritage de Guibert dans la littérature québécoise contemporaine, héritage qui n’est pas seulement thématique : en fantasmant une communauté qui peut penser la filiation sans le poids imaginaire de la généalogie hétérosexuelle, Guibert a fourni un certain cadre à partir duquel une littérature québécoise contemporaine queer a pu se déployer.

Francis Desruisseaux, « Terrains autothéoriques. D’Hervé Guibert à Paul B. Preciado »

La « plaquette pornographique » Les Chiens s’est présentée à l’auteur de cet article à la manière d’un outil pédagogique, capable de lui rappeler le potentiel – les potentiels – des sexualités, la variété de ses pratiques, mais aussi de ses représentations. Une chose que n’était pas en mesure d’exprimer, de manière aussi parlante de vérité, les théories féministes et queer. Ainsi, cet article s’interroge afin de savoir si Les Chiens peut être considéré comme un outil théorique en soi ?

Benjamin Fellmann, « Les gisants. Hervé Guibert et Pier Paolo Pasolini »

Guibert n’est ni le premier ni le dernier à s’intéresser à la figure de Pasolini, qui exerce, depuis son assassinat en 1975, un attrait toujours plus fort sur un grand nombre d’artistes contemporains. Guibert, pourtant, nous apporte une perspective singulière sur cet attrait, qui prend forme à travers de nouvelles œuvres. Cette analyse se propose de mettre en lumière le rapport qu’il entretient à Pier Paolo Pasolini à travers ses œuvres littéraires et photographiques, suivant un ordre chronologique jusqu’à son séjour à la Villa Médicis.

Arnaud Genon, « Retour à la Villa. De L’Incognito à Hervelino »

L ’ Incognito, écrit au moment où il apprend qu’il est malade, est selon Guibert un roman « raté ». Roman des passions tristes, il relate sous forme de « blague » son séjour à la Villa Médicis et contient l’échec de livres en cours qu’il condamnera plus tard. Trente après sa disparition, Mathieu Lindon, qui avait été le co-pensionnaire de Guibert, revient sur leur aventure romaine. Avec Hervelino, Lindon éclaire d’un nouveau jour cette période sombre et lumineuse, cette dolce vita désespérée.

Fabio Libasci, « Hervé Guibert et l’Italie. Un panorama »

Hervé Guibert et l’Italie : ce qui peut être considéré comme un sujet de circonstance ou extravagant est une réalité qui circule de livre en livre et innerve toute la production artistique de l’auteur, de ses débuts, jusqu’à sa fin. Dans cet article, l’auteur souhaite esquisser le panorama de ce rapport de Guibert à l’Italie, à la fois poétique, érotique et fantasmatique.

Daniel Fliege, « L’île d’Elbe comme espace dans Le Protocole compassionnel d’Hervé Guibert »

Quelle est la relation entre le corps, l’écriture et le lieu ? Autrement dit, dans quelle mesure le lieu a-t-il une influence sur la condition physique et sur l’écriture ? Dans cet article, nous nous intéressons à la question de savoir comment l’espace, en particulier l’île d’Elbe, met en mouvement le processus d’écriture dans Le Protocole compassionnel. Il s’agit donc moins de constater la représentation de l’île d’Elbe que d’analyser la configuration spatiale et symbolique dans et par le texte.

Benjamin Gagnon Chainey, « Hervé Guibert au pays des amitiés monstrueuses »

En mobilisant des concepts foucaldiens, ce chapitre analyse la nouvelle « Sur une manipulation courante (Mémoires d’un dysmorphophobe) » et des entrées du journal intime de Guibert, Le Mausolée des amants, en explorant la question suivante : comment des expériences de Guibert en Italie, en compagnie de ses amis Thierry et Hans Georg, érigent-elles la monstruosité en principe performatif de partage de douleurs mais aussi, en moteur d’écriture tératologique, hétérotopique et hétérochronique ?

Liliane Ehrhart, « Hervé Guibert au “musée de cire anatomique de Florence” »

L’objet de cet article est d’analyser le texte « La chair labiale », extrait de La Mort propagande, où le narrateur guibertien décrit une visite de La Specola, le musée d’histoire naturelle de Florence, connu pour sa collection de modèles anatomiques de femmes enceintes. Ce texte, et plus particulièrement de la description de l’embryon, permet de mettre en lumière la manière dont Guibert prend pour point de départ l’observation d’éléments réalisés en cire pour engager un processus alchimique, par l’écriture.

Arnaud Genon et Fabio Libasci, « Hervé Guibert, d’hier à aujourd’hui : entretien avec Christine Guibert »

Cet entretien avec Christine Guibert – qui est un témoignage rare – commence par évoquer le séjour d’Hervé Guibert à la Villa Médicis mais est surtout l’occasion d’aborder plus généralement la relation de l’écrivain avec son entourage, l’annonce de sa maladie, le contexte d’écriture de certains de ses livres et l’importance de l’île d’Elbe. Christine Guibert revient sur les circonstances des publications posthumes, et nous parle de la manière dont son œuvre vit encore aujourd’hui.