[Introduction de la troisième partie]
- Type de publication : Chapitre d’ouvrage
- Ouvrage : Henri de La Tour (1555-1623). Affirmation politique, service du roi et révolte
- Pages : 307 à 307
- Collection : Bibliothèque d’histoire de la Renaissance, n° 15
- Thème CLIL : 3387 -- HISTOIRE -- Renaissance
- EAN : 9782406098652
- ISBN : 978-2-406-09865-2
- ISSN : 2264-4296
- DOI : 10.15122/isbn.978-2-406-09865-2.p.0307
- Éditeur : Classiques Garnier
- Mise en ligne : 22/04/2020
- Langue : Français
La période 1591-1606 est un moment charnière de l’histoire de France avec l’embrasement de l’ensemble du royaume par la huitième guerre civile, l’affaiblissement de l’autorité royale face aux gouverneurs et à la Ligue puis l’affirmation progressive d’Henri IV qui fonde la dynastie des Bourbons, pacifie le royaume et commence sa reconstruction. Pour Henri de La Tour, cette période est également décisive, comme en témoigne son changement de dénomination dans les sources après son mariage avec Charlotte de La Marck en octobre 1591 et sa réception comme maréchal de France l’année suivante. Pierre de l’Estoile, après l’avoir désigné comme « vicomte de Turenne » parle désormais de lui en le nommant « maréchal de Bouillon » ou le « duc de Bouillon1 ». C’est donc désormais sous cette appellation qu’il est le plus connu dans les sources. En devenant prince de Sedan, il jouit pour la première fois d’un double statut : il est à la fois un prince souverain allié au roi de France, dépositaire et défenseur des intérêts de la maison de La Marck, tout en demeurant un de ses sujets.
Les sources permettant l’étude sont plus nombreuses et variées que pour les périodes précédentes : mémoires de ses contemporains et journal de Pierre de l’Estoile, correspondance en pleine croissance avec 336 lettres écrites et 228 lettres reçues par lui entre 1591 et 1606 – soit respectivement 37,04 % et 27,5 % du corpus actuellement recensé de 1555 à 1623 –, des pièces comptables éparses, le dossier de succession de son épouse Charlotte de La Marck, des libelles portant sur son action comme chef de guerre et sur l’affaire Biron, et les pièces du parlement de Paris concernant cette dernière.
Le duc de Bouillon offre ainsi un visage complexe : à la figure classique du dissident au sein du parti protestant s’ajoutent celles du chef de guerre victorieux – à Stenay, Dun-sur-Meuse et en Picardie – et du prince souverain législateur, fondateur d’une académie, bâtisseur et défenseur d’une enclave calviniste face à la Lorraine. Il est ainsi possible de rendre compte de la diversité de ses échelles d’action – la principauté de Sedan, le nord-est du royaume, l’Europe – et de la tension dynamique issue de son double statut.
1 P. de l’Estoile, Registre-journal du règne de Henri III, éd. M. Layard et G. Schrenck, Genève, Droz, 1992, p. 114, 151 et 224 ; P. de l’Estoile, Journal de l’Estoile pour le règne d’Henri IV, t. I : 1589-1600, éd. Louis-Raymond Lefèvre, Paris, Gallimard, 1948, p. 185-186.